Je vais le dire un petit peu brutalement. Ce livre avait tout pour me plaire – l'histoire, le sujet, le contexte historique, la présence d'
Edgar Poe, convoqué comme l'un des personnages de ce drame… -, mais à aucun moment je n'ai eu l'impression d'être réellement « dedans ».
Et si, vraiment, les 30 dernières pages sont vraiment très bien trouvées, j'ai dû batailler avec les 650 qui précèdent. La proportion, forcément, au moment d'écrire cette chronique, ne joue pas en faveur de ce livre…
Ce n'est pas tant la construction du livre qui m'a posé difficulté. Pendant les 250 premières pages, on suit « le récit de Gus Landor » (c'est l'intitulé de la plupart des chapitres, avec, en général, l'indication d'une date), avec, parfois, intercalées, une lettre de Landor ou la réponse d'un de ses interlocuteurs. Puis, à partir de la page 250, « le récit de Gus Landor » alterne avec les « rapport[s] d'
Edgar Poe à Gus Landor ».
Sur la forme, pas de souci particulier, on suit l'affaire de façon relativement linéaire. Pas de problème. En revanche, j'ai trouvé le style extrêmement décalé. Désuet. Voire suranné. Je ne sais pas si c'est le choix de l'auteur, si c'est amplifié par la traduction. Peut-être est-ce volontaire et assumé, dans une double volonté de coller à l'époque (1830, je le rappelle) et/ou de rester dans la veine d'
Edgar Poe (je n'ai pas lu beaucoup de
Poe, et surtout en cours d'anglais, notamment la nouvelle
The tell-tale heart). J'ai eu par moment le sentiment que l'auteur voulait réutiliser la forme un peu « gothique » – je ne sais pas comment la définir autrement – de ces textes un peu mystérieux, un peu ésotériques, sombres, mortuaires, de
Poe. Quoi qu'il en soit, j'ai par moments trouvé que la volonté de « faire mystérieux » était assez lourde, et très délayée.
Certains passage sont carrément obscurs pour moi. Je ne sais pas ce que l'auteur veut dire, et je reste imperméable à certaines des images employées. Je prends un exemple :
« J'étais sur le point de répondre quand je me figeai. Un changement venait de se produire. Pas tout d'un coup, non. Ce furent d'abord ses yeux, bouillant dans leurs orbites. Puis ses joues se firent blanches comme le sucre et sa bouche s'ouvrit comme un piège à ours ».
Les yeux bouillants dans leurs orbites ? Brûlants, j'aurai peut-être mieux compris mais là, je ne sais pas. Les joues qui se font blanches comme du sucre ? La bouche comme un piège à ours ?
Et juste cinq lignes plus loin :
« Un rugissement de fond de gorge – sa bouche n'avait rien dit, mais l'air devant celle-ci parut se briser comme une vitre dont les tessons tournoyèrent sur eux-mêmes ».
Bref, c'est ce que l'on appelle un passage à travers… Par contre, je jetterai un oeil sur la série éponyme, voir quel traitement a été fait de ce texte ! Parce que la trame du récit reste maline…
Lien :
https://ogrimoire.com/2023/0..