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Citations sur L'Eglise verte (33)

Allons ! Plus loin ce sera propre, ce sera vraiment la sylve réservée à ceux qui ont des jambes et qui ne la hantent que pour la gratuite amitié qui unit l'homme, seul animal debout, à l'arbre, qui l'est aussi, mais qui ne saurait rendre visite, qui ne peut que nous recevoir, car notre domaine à nous, c'est l'espace, quand le sien, c'est le temps.
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C'est vrai, j'aime le noir, riche d'autant de variétés que le sont les bleus ou les gris du jour. Ne parlons pas des noirs de ville, rayés de néon, clignant de minuteries. Mais des noirs d'avril qui n'annulent pas les fleurs que leur parfum localise ; des noirs de juillet, plus courts, plus lourds, où s'entend le coup de dent des vaches restées dehors pour brouter de l'invisible ; des noirs d'hiver où la lune s'attarde au flanc pâle des bouleaux, mais ne réussit pas à s'infiltrer sous les sapins. Pour l'instant nous étions dans le noir de maison où c'est la mémoire qui loge les objets et au centimètre près, si besoin est, assure leur présence.
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(... ) j'ai donné le goût des longues randonnées dans ces bois où nous sommes parfois des cueilleurs de simples , de bolets , de framboises , de noisettes , mais surtout des voyeurs . Je veux dire : des gens qui savent voir , à l'inverse de tant d'autres passant à côté de tout , les yeux ouverts et le regard fermé; des gens qui appartiennent , en pleine nature , à l'ordre des contemplatifs , qui se conduisent comme dans une réserve , qui n'interviennent jamais , qui ne collectionnent rien , qui ne photographient même pas , qui se réjouissent seulement d'identifier cent variétés de papillons , d'oiseaux , de rongeurs et , plus encore , d'observer dans le silence des approches une biche camouflant sa rousseur , une couleuvre en train d'avaler un orvet , un pic à calotte rouge tambourinant ses noces au bord du trou foré pour sa femelle ...
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Claire sait bien que ce jour est l'un des rares où je m'en veuille de vivre ce qu'elle appelle une vie non seulement réglée comme du papier à musique , mais satisfait du refrain .
Un chagrin engourdi, qui se réveille à date fixe , ne mérite pas de ménagement . Cependant , s'il est vrai que les horaires m'ont à ce point mécanisé qu'aujourd'hui encore , retraité soumis sans motif à l'horloge , je me lève à six heures , je mange à douze et à dix-neuf heures , il y a là prolongation d'un règne .
Ma femme , de son vivant , je la trouvais répétitive , et ses habitudes , pourtant continuent à faire la loi .
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Allons ! Au pied des plus grands chênes, ligneux de grande lignée, dont le père dut faire gland voilà bien trois cents ans, pullulent et copulent les menues punaises rouges qui ne vivent que trois mois.
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- Le houret ? fit Claire .
Rien de moins sûr . Hormis , les petits furtifs - fauvette , mulot , lézard - , les bêtes étaient en grève . Il y a des jours où , sans explication , la forêt se dépeuple , n'offre plus que des colonnades : un désert de bois debout .
Un lendemain d'ouverture j'aurais dû m'en douter : la faune , qui a perdu son nom pour devenir gibier , s'évanouit , se motte , se clapit , n'est plus qu'un oeil dans un trou , une boule dans un gîte , un tremblement dans un roncier .
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C'est pieds nus dans la rosée qu'elle descend chaque matin au verger pour "se mettre enforme".
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"Nous ne faisons que changer d'âge, d'apparence physique, parfois de situation, d'habitation, d'idées... Qu'y a-t-il de commun entre tous ceux que nous sommes, du poupon au vieillard ? Un nom. Un repère arbitraire, mais fixe. Le rejeter, c'est vraiment le refus le plus radical, le plus paralysant pour les autres. Vous ne leur laissez plus de prise. Privé du mot qui doit vous qualifier, privé de raison sociale, vous devenez irréel, hors la langue, hors l'usage, hors la loi. Aux histoires qu'on me fait vous voyez, comme moi, à quel point ça déroute ! Je respire, je dors, je mange, je vis très bien, mais je ne devrais pas : je ne figure pas au répertoire !"
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"Chacun de nous est unique aussi, parait-il. Pourtant ce n'est plus l'être qui compte, mais l'avoir. Sommés de consommer, vous êtes accomplis, vous êtes possédés par ce qui vous appartient. Moi, c'est l'inverse qui m'intéresse : vivre sans biens, sans règle, sans sécurité, sans ambition, sans mémoire, sans nom...
- Presque sans toi, en somme !"
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- Bon , ça y est , il est en salle de réanimation . Mais franchement , c'est une histoire de fous .Voua connaissez l'ad-mi-nis-tra-tion ! Pas de nom , pas d'adresse , pas d'assurances sociales , pas de prise en charge ... J'ai cru un moment que le scribouillard de l'admission allait le refouler . Heureusement il était exsangue et il a eu la bonne idée de s'évanouir ou de faire semblant pour mériter l'urgence , sans devoir à décliner d'état civil.
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