Agatha Raisin enquête, tome 2 : Remède de cheval

- Il voulait parler du pub, le Feathers.
- Ah ! Le pub pour vieux. Celui de la dernière fois. J'en ai marre de l'eau minérale. Je vais essayer le jus de tomate, ce coup-ci. »

C'était un jour de grand vent ; les ombres énormes des nuages fillaient sur les champs de blé vert ondoyant dans la lumière intermittente de soleil. Agatha avait le coeur léger. Si léger qu'elle se mit à chanter, sur l'air de la comédie musicale Oklahoma ! : « Ah !quel beau matin !
- C'est l'après-midi », corrigea James.
Il alluma la radio, ce qui équivalait à une critique sans équivoque, et elle sombra de nouveau dans le silence.

La boîte, Rave On, était un club privé, mais ils n'eurent aucun mal à entrer en payant un modeste droit d'admission. « Amusez-vous bien, mamie », dit le videur à Agatha, qui lui rétorqua : « Va te faire foutre ! » en le foudroyant du regard, avant de se rendre compte que le visage de James avait revêtut le même air absent que tout à l'heure.

Ce qui l'irritait, aussi, c'était de voir que même si son voisin avait passé moins de temps qu'elle dans le village, il avait l'air de connaître un nombre remarquable de ses habitants.

L'enterrement lui-même fut tellement digne et émouvant qu'Agatha se fit la réflexion que revendiquer son petit carré de terre dans un cimetière de campagne était une très bonne idée.

Elle jeta son manteau sur ses épaule et descendit par l'escalier, plutôt que par l'ascenseur, en appelant : > Une femme ouvrit sa porte et demanda d'un ton glacial : > répondit Agatha, malade d'inquiétude. Si tu étais à Carsely, faisait une petite voix dans sa tête, tout le village viendrait t'aider. Elle ouvrit la porte donnant sur la rue. Dehors s'étendait Londres, anonyme et indifférente.

- Mais on tient quelque chose ! répondit Agatha avec enthousiasme. Elle ne nous a pas ri au nez quand je lui ai suggéré qu'il s'agissait d'un meurtre, si ?
- Vous voulez mon avis ? demanda-t-il en lui tenant le portail. Nous sommes deux retraités qui ne savent pas quoi faire de leur temps.

Je connais bien mal les gens de ce village, en réalité, songea Agatha. Je ne savais même pas que Miss Simms avait des enfants. La voiture, voilà la raison. En devenant mobiles, les habitants des villages sont devenus moins curieux de leurs congénères. Il y a ça, et la télévision. Et pourtant, c'est drôle comme les gens vous rebattent les oreilles de leurs histoires du bon vieux temps, quand ils devaient trouver eux-mêmes les moyens de se divertir. Si c'était si bien que ça, pourquoi ont-ils couru acheter une télé dès qu'ils ont pu ?

Il neigeait de plus en plus, et soudain, alors qu'elle arrivait en haut de la côte, elle franchit une sorte de seuil invisible et se retrouva à rouler sur une épaisse couche de neige.

Ils eurent à nouveau droit à du thé et des scones. Aux derniers ragots du village.