Pourquoi la femme est-elle considérée comme l'Autre ?
C'est à cette question que
Simone de Beauvoir se propose de répondre dans la première partie du deuxième sexe. A travers le Destin, l'Histoire et les Mythes, l'auteure montre à quel point la femme est une construction de l'homme remplie de contradictions.
Tout commence par son anatomie et son rôle de « femelle » : la femme moins forte physiquement et plus souvent indisponible au travail, se place dès le début de l'Humanité en position d'infériorité par rapport à l'homme.
Pour l'homme, la femme est un mystère, tantôt associée à la force créatrice de la Nature, tantôt associée au Diable par le secret de ses entrailles , il n'aura de cesse de vouloir l'opprimer car dans le fond elle lui fait peur.
Tout au long de l'Histoire, le rôle de la femme fluctue selon les attentes de la société créée par et pour les hommes. Lorsque la société a besoin de main d'oeuvre on n'hésite pas à lui accorder plus de liberté afin qu'elle produise, en revanche quand la société à des besoins démographiques, on la renvoie sans scrupules à son rôle de mater. Tout dans la société, que ce soit le mariage ou la religion, est fait pour que la femme reste sous la coupe de l'homme. Et elle a tendance à se conforter dans cet état plutôt que de s'y opposer :
"Le privilège économique détenu par les hommes, leur valeur sociale, le prestige du mariage, l'utilité d'un appui masculin, tout engage les femmes à vouloir ardemment plaire aux hommes. Elles sont encore dans l'ensemble en situation de vassalité. »
Les quelques tentatives féministes entre le XVIème et le XIXème siècle ne s'avèrent guère concluantes soit parce que leurs initiateurs ne convainquent pas, soit parce que la défense des femmes se base sur leurs différences avec les hommes : elles sont plus sensibles, plus enclines aux arts...
A la société patriarcale, s'ajoute des mythes, eux aussi créés par les hommes qui enferment la femme dans un rôle, une attente précis :
« Il s'ensuit que la femme se connaît et se choisit non en tant qu'elle existe pour soi mais telle que l'homme la définit. Il nous faut donc la décrire d'abord telle que les hommes la rêvent puisque son être-pour-les-hommes est un des facteurs essentiels de sa condition concrète. "
Tantôt désirée comme une vierge à posséder, tantôt comme une mère aimante dépourvue des affres de la chair, tantôt comme une amazone libre qui représente un enjeu, l'homme ne cesse de chercher dans la femme tout et son contraire.
La littérature a entretenu ces rôles contradictoires « ces carnavals où la Femme tour à tour se déguise en mégère, en nymphe, en étoile du matin, en sirène ».
Alors au final, ne serait-il pas plus simple de considérer la femme comme une égale sans aucune projection ?
Cet essai est une mine d'informations sur les origines et l'évolution de la condition féminine. Evidemment il y a un parti pris auquel on adhère ou pas et tout n'est plus d'actualité mais j'ai trouvé que l'argumentation de Simone de Beauvoir était complète et bien illustrée. J'ai particulièrement apprécié la partie Histoire.
Cela a été une lecture dense mais très intéressante. le texte demande de l'attention mais il reste accessible.