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3,4

sur 733 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Pourquoi ai-je lu ce livre ? Surtout après l'excellent " Les putes voilées n'iront jamais au paradis" de Chahdortt Djanvann ?

Je l'ai lu parce que j'avais zappé devant ma télé, étais tombée sur la Grande librairie, ils finissaient de le présenter, et je m'étais dit " Les paroles de prostituées permettent sûrement de prendre la température sociale actuelle dans ce domaine " en Allemagne en tout cas.

Flammarion et son titre me faisaient de l'oeil.

Je trouvais la démarche d' Emma Becker, écrivaine dont j'ignorais tout, à la fois curieuse et courageuse, même si je ne l'approuvais pas. S'enfermer deux ans dans une maison close pour écrire sur le sujet, il fallait quand même être motivée.

Dès les premières pages, j'ai failli abandonner : je n'avais pas demandé à lire un porno. ( Je comprends mieux la tête de ma bibliothécaire !) Et puis j'ai vite compris, puisqu'elle écrit sur ses aventures amoureuses, qu'elle était très encline à des pratiques particulières et libertines, , et jeune déjà n'avait pas hésité à recourir aux services d'une femme en la monnayant, pour faire plaisir à son chéri. (Je spoile si peu).

Je ne juge pas, mais j'ai compris qu'elle avait déjà des aptitudes et des appétences pour le commerce du sexe, ce qui changeait un peu la donne.

Le recours à l'alcool et à des substances illicites est souvent de la partie, de jambes en l'air mais pas seulement. Elle doit bien se donner un peu de courage, elle aussi. Car tout client n'est pas tiré à quatre épingles, tant s'en faut !

……J'ai repris cette lecture après une pause et hésitation, mais au final, cette dame qui a écrit en sautant parfois du coq à l'âne,( euh !) une histoire qui semble par moment n'avoir ni queue ni tête, et j'arrête là les jeux de mots, se défend de faire l'apologie de la prostitution, mais on peut se poser la question.
Certes, elle dresse des portraits attachants, de femmes apparemment libres d'ouvrir ou de refermer leurs cuisses si monsieur ouvre le porte-feuille, mais est-ce la majorité ?

Quand on sait le nombre de femmes prostituées contre leur gré, qui en meurent parfois, et qui n'ont pas d'autre choix que de continuer, droguées à mort sous le joug de proxénètes mafieux, on se dit qu'elle, elle a fait une petite expérience bien cadrée, dont elle se targue, mais elle a vite pu quitter la vilaine maison qui ne sentait pas bon, quand les copines ont dû y rester, et savait dès le départ qu'elle arrêterait quand elle voudrait.

En somme, elle s'est fait plaisir, non ?
Le livre n'était-il pas simplement prétexte à assouvir un fantasme, et là je vais peut-être loin, mais la question peut être posée, même si elle a raconté ces quelques prostituées et amies.

Son style m'a semblé très inégal, comme la réalité dans la prostitution, y compris celle des maisons closes légales.

Quant à certains hommes, les siècles passent, mais pas leurs besoins ni leurs obsessions !
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Qu'est ce qui peut donc bien pousser une jeune femme sans souci financier à exercer le "plus vieux métier du monde" ? L'envie d'assouvir un fantasme ou la tentation de vivre une expérience extrême sous prétexte d'écrire un livre sur la prostitution ?
Du fantasme au passage à la réalité, il y a un gouffre qu'Emma Becker, apparemment très portée sur le sexe et de son propre aveu sujette aux "idées à la con", n'a pas hésité à franchir en travaillant pendant deux ans dans une maison close.
Alors qu'elle s'envisage impératrice de l'amour, la voici devenue ouvrière à la chaîne découvrant la face obscure du désir et qui, pour examiner au plus près la mécanique érotique et sexuelle, doit baisser sa culotte dix fois par jour pour un salaire horaire quand même très largement supérieur à celui du SMIC.
Après une entrée en matière au style assez soutenu et élégant dans laquelle l'auteure explique son rapport à l'érotisme et les raisons de sa démarche assez singulière , le récit devient moins captivant quand elle décrit son expérience proprement dite.
Dans une langue plutôt familière, faisant fi de toute fausse pudeur et n'hésitant pas à appeler un chat une chatte, les anecdotes concernant les pensionnaires et clients de la maison close se succèdent de façon assez monotone, au rythme ennuyeux des passes, émoussant sérieusement l'intérêt éveillé dans les premières pages. Arrivée au 3/4 du livre j'en ai eu plus qu'assez de cette surabondance de chair triste et j'ai laissé tomber cette lecture qui ne m'apportait rien : pas le moindre plaisir et pas la moindre piste de réflexion. Avant de refermer définitivement la porte de la maison, j'ai quand même jeté un coup d'oeil à la conclusion qui m'a laissée... perplexe.
Si l'expérience d'Emma Becker est assez "soft", donc forcément réductrice, il ne faudrait pas en oublier pour autant que pour un petit nombre de femmes qui se prostituent de leur plein gré, choisissent leurs clients, en apprécient certains et à qui cette vie convient, beaucoup trop d’autres se retrouvent prisonnières de réseaux de proxénétisme, condamnées à une vie de misère et de violence.
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Manqué à sa sortie lors de la dernière rentrée littéraire, le jury du prix de l'Armitière me donne l'occasion de rattraper la lecture de la maison d'Emma Becker. Mais mon intérêt initial s'est très rapidement éteint au fil des pages, se transformant même en ennui dès la deuxième moitié.

Ce n'est pas tant cette plongée en forme de reportage vécu au coeur d'une maison close allemande, ni le langage réaliste, direct et cru qui m'ont déplu, car s'il faut bien appeler un chat un chat, il semble évident qu'il faut ici appeler une chatte une chatte. de même, rien de masculin dans cette lecture manquée, étant depuis longtemps convaincu qu'il ne peut y avoir d'appréciation genrée différenciée de la littérature.

J'ai juste été frappé pendant toute ma lecture de la tristesse de la chair qui émanait de ce récit, m'en tenant à distance très lointaine. L'auteure dit pourtant bien le contraire, assumant son expérience, défendant avec raison le libre choix des femmes et l'ambiance particulière de la Maison comparée à l'abattage réalisé dans d'autres bordels « concurrents ». Avec courage et sincérité, sans aucun doute.

Mais ce ne fut pas suffisant pour me faire entrer en empathie avec ces femmes ni partager les enseignements de l'expérience d'Emma Backer. Pourtant, sur le même thème, Les putes voilées n'iront jamais au Paradis ! de Chahdortt Djavann m'avait embarqué. Une nouvelle fois, un livre ne fait pas l'autre…
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AVERTISSEMENT : la critique qui va suivre va utiliser un vocabulaire encore plus argotique que d'habitude. Elle va également parler de violences sexuelles. Je vous encourage à aller lire autre chose si le sujet est difficile pour vous.

« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, on va parler d'un récit autobiographique avec La maison, d'Emma Becker.

Or donc, une odeur au début du livre plonge Emma Becker dans ses souvenirs… ceux d'une maison close où elle a travaillé pendant deux ans, en Allemagne. Elle raconte donc ce qui l'a conduite à intégrer cette maison en tant que pute (c'est son mot, je le reprends) nommée Justine et expose ce qu'elle y vit.

Je suis enchantée par l'aspect libération sexuelle ! Emma Becker assume ses désirs et ne juge pas les femmes qui baisent comme elles l'entendent.

-Ouaip. J'ai jamais lu un bouquin féministe aussi sexiste.

-Mais non, attends, le propos s'avère plein de tolérance et de tendresse…

-… qui ne s'appliquent pas à tout le monde, non. Bon ! Plein de choses m'ont énervée dans ce bouquin. Préparez-vous une boisson chaude, ça va long. Et je vais commencer par m'adresser directement au gars de la Grande Librairie.

M. Busnel, vous avez écrit sur la couverture (oui, je vous imagine avec votre stylo devant une pile de livres, je trouve ça rigolo) qu'il s'agissait d'un grand livre sur le désir féminin. Non, M. Busnel. Vous n'avez pas lu un livre sur le désir féminin, vous avez lu un livre sur le désir des personnes qui figurent dans ledit livre : les clients et les putes. le désir féminin est aussi varié, multiple et changeant qu'il y a d'âges et de femmes, et ce livre ne montre guère de tendresse envers celles qui ne désirent pas ou cessent de désirer.

Quant à celles qui n'aiment pas les mêmes choses que vous, on peut se moquer gentiment d'elles (« tu ne sais pas ce que tu rates » envoyé à une collègue, ça me reste en travers).

Je déteste ce genre d'attitude. Je déteste qu'on ait toujours tort en matière de cul, comme disaient Ovidie et Diglee.

Le livre se présente à la fois comme une expérience (ça, on l'a), et un hommage aux putes (ça, on l'a un peu moins). Je suis désappointée : je m'attendais à ce qu'on m'en parle un petit peu plus, des autres putes. Mais non. Rares sont les moments où elles ont la parole, et c'est dommage, l'expérience reste presque entièrement centrée sur celle de Justine.

Alors, je suis très contente de lire qu'elles sont belles, chacune à leur manière, mais l'intérêt ne semble pas aller beaucoup plus loin que leur beauté, leur rire, leur maquillage, leur odeur ou leur parfum. du coup, pour le côté hommage, je trouve ça un peu mince. Elles restent à l'état d'anecdotes, de présences plus ou moins fantomatiques. Je trouve ça dommage. Vraiment dommage.

L'aurratrice (pour « autrice-narratrice ») en elle-même… rhâââh, elle m'a énervée. Il y a une autocélébration qui me gêne. Elle fait du sexe de compèt', elle est devenue une déesse du plaisir, elle est capable de vivre sans malaise aucun des rapports sexuels qui feraient pleurer une amatrice.

Pleurer n'importe quelle fille ?!

Et ça ne pose pas problème, qu'un rapport sexuel puisse faire pleurer de détresse ou de douleur quelqu'une ? Y a pas un truc à se demander, genre, je sais pas, « quelque chose ne va pas, la violence c'est mal » ?

Non. Justine ne se pose pas du tout la question. Mais alors paaaas du tout.

Plusieurs fois j'ai repéré ce que je considère comme un cruel manque d'empathie, voire un mépris pur et simple envers les autres femmes, celles qui ne se prostituent pas et celles qui n'enfantent pas. Je ne digère pas les nullipares comparées à des « ombres grouillantes », à des femmes dont « le ventre est vide ». Je n'ai pas d'enfant, ne compte pas en avoir, et je vous assure : mon ventre n'est pas vide du tout. Il est rempli d'organes qui ne manquent pas de me livrer des informations sur mon état de santé.

Par exemple, un réveil à trois heures du matin, c'est mon utérus qui me dit, tout pétulant : « Hey, Déidamie ! Ca faisait un mois, quasiment ! J'ai refait de la soupe de crampes, tu vas voir, tu vas a-do-rer. Ce mois-ci, je t'ai mitonné des retrouvailles aux petits oignons, avec problèmes de transit et boiterie ! Et j'ai bloqué tous les récepteurs d'antidouleurs pour que tu en profites bien ! Non, ne me remercie pas, ça me fait plaisir ! »

Voilà, je ne suis pas toute seule dans ma tête, je ne suis pas toute seule dans mon corps non plus.

Les épouses et conjointes prennent quelques pointes sur leur manque d'empressement à satisfaire leurs hommes. Et jamais leur manque de désir n'est interrogé. L'épouse de Mark a accouché il y a six mois et ne voit « aucune urgence » à reprendre des rapports sexuels.

La tournure a beau être discrète, elle me révolte. « Aucune urgence » ?! Mais qu'est-ce qu'on en sait, des raisons pour lesquelles elle refuse les rapports ? Est-ce qu'elle est épuisée par la maternité, le travail que cela implique, les angoisses de son nouveau rôle ? Est-ce qu'elle ne reconnaît plus son corps, déformé par la grossesse, meurtri par l'accouchement ? Est-ce que Mark fait sa part de boulot ?

Aucune question chez Justine. En revanche, elle compatit aux souffrances de ce pôvre Mark, père comblé, mais époux négligé.

Ensuite, j'ai eu l'immense regret de trouver des clichés sur les violences sexuelles. le cliché « les maisons closes, ça aide les hommes à moins agresser. »

Vraiment ?

Comment cela se passerait-il, concrètement, dans la tête d'un violeur ? « Ca y est ! encore un ou deux verres et elle sera suffisamment bourrée pour ne plus pouvoir dire non ! Oh mais attends. Violer, c'est mal. Mince, je file à la Maison tout de suite, comme ça je ne viole pas ma copine étudiante. » « J'ai très envie de me faire ma gamine de six ans, mais c'est mal ! J'espère qu'il y a quelqu'un de libre à la Maison, sinon, je ne réponds plus de rien ! »



Quelqu'un y croit, sérieusement ?

Emma Becker voulait rédiger un livre loin des clichés, et elle expose le pouvoir ambigu qu'elle exerce sur ses clients. Elle a raison de le faire. Cependant, elle reste tristement à côté de la plaque sur le sujet des violences sexuelles. Un violeur, il veut quoi ? Il veut l'avilissement de sa victime, il veut la priver de son humanité, la réduire à un objet de masturbation.

Comment pourrait-il trouver satisfaction avec une pute qui énonce tarifs et limites, bref, qui maîtrise la situation ? A moins de la violer, ce qui n'entre pas dans le cadre de l'activité de la pute, je tiens à le préciser, il n'en trouvera pas. Et ce n'est pas un rapport tarifé qui soulagera un violeur de quoi que ce soit : comment fait-il pour avoir sa dose de déshumanisation ? le viol n'est pas un rapport sexuel, c'est un rapport de pouvoir.

Et là où je suis demeurée glacée, c'est lors la rencontre avec ce client. Et non, je ne mets pas de capitale, il n'en mérite pas. La pitié non plus.



Je ne peux pas développer. J'vais dire des gros mots sinon.

-Tu veux dire « encore plus de gros mots » ?

-J'veux dire « des que j'ai pas encore dits », nom d'une couille bleue !

-OK, OK, OK… tu as fini ?

-Nan. Mais si je dois lister tout ce que j'ai pas aimé, il y en a encore pour quatre pages. Alors vas-y, toi.

-Alors c'est à mon tour ! Tout n'est pas mauvais dans ce bouquin. Emma Becker manie la plume avec habileté, elle a le sens de la formule, ses images tapent juste. Elle montre également un humour redoutablement efficace ! Oh là là, le client qui vient en formation, qu'est-ce que j'ai ri ! Et le dominul, il m'a bien fait rire, lui aussi !

J'ai également apprécié les passages où elle analyse ce qu'elle fait, en quoi le travail consiste, comment elle accomplit sa tâche bien ou mal. Emma Becker dédramatise le rapport sexuel tarifé en le décrivant comme une tâche à achever, et pas n'importe laquelle : procurer un peu de bonheur aux hommes. Elle réhabilite ce travail en rappelant qu'il s'agit pour elle… d'un travail, avec ses exigences, son savoir-faire.

Méchante Déidamie trouve le côté « hommage aux putes » raté, cependant, il existe dans ce bouquin un hommage réussi : celui fait au sexe féminin en tant qu'organe, ce « con brave et travailleur ».

Emme Becker livre également des réflexions intéressantes sur la prostitution et la situation économique des femmes.

-Ouais, bon, je suis pas d'accord avec tout, hein…

-Non, certes, et il faut rappeler que l'expérience de l'aurratrice reste exceptionnelle. D'ailleurs, le livre reste explicite sur un point : la jouissance des putes représente un luxe dans cette Maison.

En résumé, la prose et le regard peuvent apporter de quoi méditer…

-… mais il y a trop de choses problématiques dans le propos même. »
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Avis mitigé pour ce livre qui m'a totalement déroutée pour sa description totale et sans filtre de l'envers du décor d'une maison close. L'auteur se livre sans ambages pour se raconter dans sa vie sexuelle, de femme, d'amoureuse, de journaliste et relate son passage dans des maisons closes en Allemagne. Ce livre est frappant, curieux et je pense d'une sincérité pleine et entière et véritablement crue sur un monde où le glauque se mêle à la misère sexuelle, à la souffrance. Malgré l'écriture talentueuse, c'est long et rempli de digressions où on finit par se perdre. J'ai du mal à trouver un sens à cette lecture que j'ai achevée dans un grand soupir de soulagement et où ma curiosité a été assouvie, où j'ai été touchée par les portraits de ces femmes qui se prostituent ainsi que par certaines rencontres avec des clients ; dans ces passages l'auteur relate avec humanisme et émotion ces tranches de vie.
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L'auteure décide d'écrire un livre sur la prostitution et d'exercer ce métier pendant deux ans dans une maison close de Berlin
Elle commence le livre par la fermeture de cette maison
Puis un chapitre sur sa relation avec un homme puis un autre chapitre sur une relation avec un autre homme
Puis elle commence à décrire les lieux de cette maison puis les patrons et les prostituées
Les derniers chapitres racontent son expérience et son ressenti
Le livre court ainsi que les chapitres mais je me suis ennuyée
Beaucoup de redondances
Par contre, j'ai apprécié l'écriture de l'auteure
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Je referme "La maison" avec un sentiment très inhabituel...je ne sais même pas comment je vais commenter ce livre...Voilà un livre dont on parle beaucoup, qui est notamment toujours en lice pour le prix Renaudot 2019.
Une immersion dans une maison close à Berlin, le récit d'une expérience vécue, ça m'a semblé intéressant.

D'emblée, le ton est donné par la description des activités sexuelles de l'auteure avec ses amants et il faut le savoir, même si le décor change (on sera desormais au sein de maisons closes) vous en avez pour 350 pages : je ne sais pas si une seule de ces pages ne contient pas au moins un des mots, je cite, "queue, bite, chatte, sucer, lécher..." C'est cru, assez porno et j'ai fini par lire en diagonale certains passages.
Je n'ai pas trouvé ce que j'attendais. Au delà des descriptions d'actes sexuels, je pensais trouver des portraits de femmes attachants. Mais non, la psychologie des hommes est même mieux explorée...

Le livre a des qualités littéraires, c'est indéniable. On peut le lire ne serait ce que pour cela. Mais cette succession de descriptions à caractère sexuelles m'a donné le sentiment de tourner en rond, de lire et relire sans arrêt la même chose...
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J'ai vu une interview de l'auteur et je me suis dis, "waouh ! Ça c'est de l'investissement, se donner corps et âme pour son oeuvre !" Se prostituer pour écrire un livre... Et puis j'ai lu son livre... Et je dirai plutôt, prendre le prétexte d'écrire un livre pour se prostituer. Je citerai juste une phrase de l'auteur : "C'est là que je réalise à quel point la frontière entre le journalisme et la littérature est finalement ténue. Que je ne suis pas du tout faite pour être journaliste, au fond. Aussi égocentrique que la profession puisse l'être, elle n'arrive pas à la cheville du narcissisme qui boursoufle un écrivain comme moi, incapable d'écrire sur qui que ce soit d'autre que lui-même". Voilà voilà !
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Je précise que je n'ai pas acheté ce livre, je l'ai emprunté à la médiathèque.
Livre de la rentrée littéraire 2019 qui a fait le buzz (puisque son autrice a décidé de travailler pendant deux ans dans une maison close berlinoise pour l'écrire) que je ne sais comment qualifier. On peut dire qu'elle a pas froid aux yeux, la demoiselle de 25 ans, qui, de son propre aveu, est totalement obsédée par le sexe. Qui se dit plutôt que d'aller me faire exploiter chez Lidl pour 1000 euros, autant faire ce que j'aime le plus pour 5000. Logique. Pour moi la démarche est faussée d'emblée, puisqu'elle a le choix de gagner sa vie autrement (et c'est le cas : journalisme et droits d'auteur de ses précédents bouquins, bosser au Lidl n'a jamais été une option pour elle et ne le sera jamais ; de plus elle n'a pas encore de progéniture à nourrir à ce moment-là).
Le livre démarrait bien car il commence par poser de bonnes questions (même si je n'ai rien appris) mais il ne tient pas ses promesses. le propos se dilue dans des réflexions généralistes sur ses relations sexuelles merdiques (hommes mariés, beaucoup plus vieux qu'elle). C'est trop bavard, trop long, trop de descriptions ennuyeuses et inutiles (la déco glauque, de mauvais goût : toutes les chambres de la Maison y passent... C'est bon on a compris), et finalement elle parle beaucoup des expériences de ses copines avec des clients mais assez peu des siennes... Elle s'évoque autrement. Elle, elle. Qui a du mal à écrire son lire. Qui rythme ses journées par des café-clope-pipe... Elle qui se croit au-dessus de la mêlée car elle peut partir de là quand elle veut... En tant que jeune Française, c'est une reine là-bas et personne ne lui fait la moindre réflexion. En plus Madame a tellement le cul bordé de nouilles qu'elle est tombée sur la meilleure maison close de Berlin, celle où les filles sont totalement libres, de venir, de partir, de travailler, d'accepter un client ou pas sans explications... Elle qui lit Zola entre 2 passes, elle qui se permet de ne pas venir travailler au dernier moment parce qu'elle a un livre à écrire (ou elle a trop la flemme, simplement), elle qui regarde ses collègues avec un regard lubrique de mec affamé, qui aurait voulu être un mec, mais qui est complètement blasée de tout, à commencer par le sexe puisqu'elle le pratique comme elle mangerait une pomme, y compris en dehors de ses heures de "travail" (oh et puis bon elle est crevée après 5 clients, elle se met en pyjama devant Netflix).
Certes elle interroge le désir et le plaisir féminins, masculins aussi. Bon il y a quelques passages intéressants mais l'ensemble se complaît dans la vulgarité ("chatte", "bite","cul" et "pute" à tous les étages, l'épisode du gode-ceinture où elle se retrouve avec de la merde partout sur elle...), comme pour choquer, ça sent la bourgeoise qui cherche à se faire peur (viol, SM, réseaux albanais... et si et si ?). Pour moi c'est surtout l'oeuvre (pas du tout littéraire, elle ne va pas au bout de sa démarche, c'est dommage, n'est pas Anaïs Nin qui veut...) de quelqu'un qui n'est pas à l'aise avec son genre et qui a un grand besoin de pouvoir et de contrôle, qui en use et abuse allègrement car elle se croit plus maligne que tout le monde, et franchement ça ne me l'a rendue ni sympathique ni talentueuse.
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Gynécée bourgeois.
Ces témoignages dans l'alcôve sont à priori une bonne nouvelle étymologiquement parlant mais son autrice n'est pas une parole d'évangile.

Tout commence très mal. Emma Becker assume avoir des fantasmes et aimer faire l'amour à foison. Très bien. Cela ne l'empêche pas de nous livrer une histoire personnelle dont on se fiche éperdument, que cela soit avec un vieux matou ou un jeune éphèbe qui ne tient pas la barre pour 700 euros (on s'en fiche). Dans le Jardin de l'Ogre sans talent en somme.
Le livre s'ouvre donc avec des envies de fermeture, pas celle de 1946 pour les maisons closes en France, plutôt de refermer ce journal intime d'une femme qui s'ennuie bourgeoisement.

Plus loin, tout commence: Emma Becker veut éprouver le métier de prostituée à Berlin. Pour cela elle va se décider à éponger des hommes dans une Maison. Laquelle? La plus respectable bien entendu ou plutôt la moins haïssable. On est pas au Bois de Boulogne ou, pire, dans les taules d'abattages types Fourcy avant-Guerre où les femmes devaient tenir jusqu'à 100 soldats, tirailleurs ou ouvriers émigrés par jour. Non, Emma Becker sera à 10 clients maximum, parfois de la haute société (ou des alcooliques violents c'est vrai). Dans tous les cas, il n'y a ici qu'un effet de vérité. Une vérité certes terrible mais adoucie. Bien plus, c'est peut-être la vérité (nous ne savons même pas si toutes ses aventures sexuelles sont vraies ni son parcours) d'une taule à Berlin où elle pouvait partir quand elle voulait, sans maquereau, sans racket massif.
Sa seule qualité est d'ouvrir le livre aux femmes croisées.

Le seul intérêt du livre réside ici. Dans les témoignages vivants de ces femmes payées autour de 5 000 euros par mois (revenu fluctuant) et venant majoritairement d'Europe de l'Est. Une donnée centrale est ainsi mise en avant, celle du temps et de l'attente du client. On y découvre des noms, des destins, des habitudes. Malgré la coquette somme, on voit bien que tout part dans la drogue, la fièvre acheteuse et le mécanisme vicieux d'un métier dont on peine à se sortir. Les expériences racontées sont plutôt bien amenées, c'est un fait.

Le reste est assez vain si ce n'est dérangeant. Quelque part dans le livre, une prostituée lui dit justement que elle, elle fait ce métier pour vivre et que Emma, elle, c'est pour... s'amuser? L'autrice annonce qu'elle parvient difficilement à écrire son livre dans ce contexte, perturbée qu'elle est. Pauvre enfant!

Le livre s'achève dans l'ignorance crasse en nous sermonnant sur la nécessaire histoire à écrire de ces femmes souvent oubliées. Elle ne se rend pas compte de toute la littérature qui précède sa démarche, De Maupassant à Boudard. C'est assez malin d'ailleurs. Personne ne doute de la nécessité de rendre visible des invisibles. C'est juste s'arroger la primauté, en bon évangile, de prononcer l'anathème ou la bénédiction sur ce que doit être la mission de l'écrivain... En oubliant ce qui a déjà été fait.

Pire, elle ne se rend pas compte qu'en réalité elle n'écrit pas pour Elles mais pour Moi, Emma Becker, bourgeoise dans le gynécée.

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