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EAN : 9782081470408
384 pages
Flammarion (21/08/2019)
3.41/5   727 notes
Résumé :
J’ai toujours cru que j’écrivais sur les hommes. Avant de m’apercevoir que je n’écris que sur les femmes. Sur le fait d’en être une. Écrire sur les putes, qui sont payées pour être des femmes, qui sont vraiment des femmes, qui ne sont que ça ; écrire sur la nudité absolue de cette condition, c’est comme examiner mon sexe sous un microscope. Et j’en éprouve la même fascination qu’un laborantin regardant des cellules essentielles à toute forme de vie.
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Critiques, Analyses et Avis (162) Voir plus Ajouter une critique
3,41

sur 727 notes
Pourquoi ai-je lu ce livre ? Surtout après l'excellent " Les putes voilées n'iront jamais au paradis" de Chahdortt Djanvann ?

Je l'ai lu parce que j'avais zappé devant ma télé, étais tombée sur la Grande librairie, ils finissaient de le présenter, et je m'étais dit " Les paroles de prostituées permettent sûrement de prendre la température sociale actuelle dans ce domaine " en Allemagne en tout cas.

Flammarion et son titre me faisaient de l'oeil.

Je trouvais la démarche d' Emma Becker, écrivaine dont j'ignorais tout, à la fois curieuse et courageuse, même si je ne l'approuvais pas. S'enfermer deux ans dans une maison close pour écrire sur le sujet, il fallait quand même être motivée.

Dès les premières pages, j'ai failli abandonner : je n'avais pas demandé à lire un porno. ( Je comprends mieux la tête de ma bibliothécaire !) Et puis j'ai vite compris, puisqu'elle écrit sur ses aventures amoureuses, qu'elle était très encline à des pratiques particulières et libertines, , et jeune déjà n'avait pas hésité à recourir aux services d'une femme en la monnayant, pour faire plaisir à son chéri. (Je spoile si peu).

Je ne juge pas, mais j'ai compris qu'elle avait déjà des aptitudes et des appétences pour le commerce du sexe, ce qui changeait un peu la donne.

Le recours à l'alcool et à des substances illicites est souvent de la partie, de jambes en l'air mais pas seulement. Elle doit bien se donner un peu de courage, elle aussi. Car tout client n'est pas tiré à quatre épingles, tant s'en faut !

……J'ai repris cette lecture après une pause et hésitation, mais au final, cette dame qui a écrit en sautant parfois du coq à l'âne,( euh !) une histoire qui semble par moment n'avoir ni queue ni tête, et j'arrête là les jeux de mots, se défend de faire l'apologie de la prostitution, mais on peut se poser la question.
Certes, elle dresse des portraits attachants, de femmes apparemment libres d'ouvrir ou de refermer leurs cuisses si monsieur ouvre le porte-feuille, mais est-ce la majorité ?

Quand on sait le nombre de femmes prostituées contre leur gré, qui en meurent parfois, et qui n'ont pas d'autre choix que de continuer, droguées à mort sous le joug de proxénètes mafieux, on se dit qu'elle, elle a fait une petite expérience bien cadrée, dont elle se targue, mais elle a vite pu quitter la vilaine maison qui ne sentait pas bon, quand les copines ont dû y rester, et savait dès le départ qu'elle arrêterait quand elle voudrait.

En somme, elle s'est fait plaisir, non ?
Le livre n'était-il pas simplement prétexte à assouvir un fantasme, et là je vais peut-être loin, mais la question peut être posée, même si elle a raconté ces quelques prostituées et amies.

Son style m'a semblé très inégal, comme la réalité dans la prostitution, y compris celle des maisons closes légales.

Quant à certains hommes, les siècles passent, mais pas leurs besoins ni leurs obsessions !
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Emma Becker, rencontrée grâce à la Librairie La Parenthèse, à Annonay (Ardèche), est forte d'un courage extraordinaire, courage qu'elle exprime au travers d'une écriture sensible, précise et sincère. La Maison, son troisième livre publié, est une autofiction, pas un roman et son récit n'est pas linéaire.
Pendant deux ans, elle a exercé le métier de pute, mot qu'elle revendique, même si, chez nous, il est complètement dévoyé. Ce mot qu'elle préfère, de loin, à prostituée, elle le trouve d'autant plus tendre qu'il inspire une certaine terreur aux hommes.

Dès le début, elle tresse des louanges à la Maison, ce bordel berlinois démoli depuis, où elle a trouvé un accueil, une compréhension, une humanité qui lui ont permis de vivre une expérience qu'elle nous fait partager avec talent. Elle se livre avec beaucoup de franchise, nommant tout par son nom, sans faux semblant. Ce qu'elle raconte est donc cru mais jamais vulgaire car elle détaille quantité d'aspects de notre nature humaine dont le sexe constitue une base souvent méprisée ou galvaudée mais pourtant essentielle.
Contrairement à ce que peuvent prétendre ceux qui n'ont pas lu son livre, La Maison n'est pas une apologie de la prostitution. Souvent, Emma Becker dénonce ses abus, ses déviations, l'exploitation de ces filles, tout juste majeures, amenée de gré ou de force depuis les pays de l'est : Ukraine, Bulgarie…
C'est dans le premier bordel où elle a travaillé, le Manège, qu'elle a vécu la terreur des filles, abusées par la perspective de gains mirobolants, se retrouvant prisonnières d'un système qui les écrase. Emma Becker parle aussi des putes qui travaillent dans la rue car elle les a observées longuement avant de sauter le pas. Elle détaille les tenues obligatoires, le froid, l'attente, le plaisir vendu à la sauvette, dans un recoin, une voiture ou une pièce sordide.
Puis, c'est le Manège et la terreur que lui inspirent les hommes qui en assurent la sécurité et pourraient la retrouver lorsqu'elle décide de partir. Avec infiniment de tendresse, elle parle des filles qui travaillent dans ce cadre légal en Allemagne, contrairement à la France. Elle précise d'ailleurs que le fisc y trouve son compte.
Enfin, il faut parler des hommes dont elle détaille les demandes, les perversions ou les exigences parfois dangereuses mais c'est toujours une solitude, une frustration sexuelle qui ressortent au fil de chapitres dont une chanson et le nom de l'interprète sert de titre mais je dois avouer ma quasi ignorance du monde musical anglo-saxon… Seuls Donovan, The Bee Gees, Janis Joplin, The Mamas and the Papas m'évoquent des souvenirs alors que Téléphone avec Au coeur de la nuit sauve l'honneur francophone. Par contre, l'auteure le précise plusieurs fois, les Françaises ont la cote dans les bordels berlinois.

Emma Becker ne veut pas être jugée mais, enrichie par l'expérience, elle rend hommage à la féminité, à la complexité du plaisir féminin et à sa richesse. Elle a ressenti au fond d'elle-même ce que la prostitution produit dans l'esprit d'une femme et j'admire la franchise dont elle fait preuve dans ce livre réussi aussi sur le plan littéraire.






Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Pour bien écrire sur un métier, il faut le vivre de l'intérieur : ce précepte qu'on prête à Hunter S. Thompson, l'inventeur du gonzo- journalisme mis en avant il y a quelques années par Terry Gilliam et Johnny Depp, n'en finit pas de faire des émules même auprès de jeunes diplômées de lettres françaises qu'on aurait pas forcément vu sur ce terrain là.

Et pourtant, Emma Becker, après deux premiers romans sortis plutôt discrètement, fait beaucoup parler d'elle en cette rentrée littéraire grâce à une technique largement influencée par gonzo -journalisme.
En effet, à 25 ans à peine, elle a décidé de partir il y a quelques années à Berlin, où, contrairement en France, les maisons closes sont autorisées, pour faire commerce de son corps dans deux établissements différents, d'abord le Manège, lieu sordide et peu avenant, puis à la Maison, qui donne son titre au roman et dont elle a ( elle l'assume totalement; on a donc envie de la croire) totalement apprécié l'experience.

Désirant tenter l'expérience de la prostitution dans un bordel allemand, et fasciné par ses personnalités hautes en couleur qu'elle a pu croiser notamment dans les romans de Louis Calaferte, Emma Becker évite largement le coté journalistique, frontal de son investigation.

Elle parvient à faire de son enquête immersive un objet littéraire d'une très grande beauté, enchaînant les portraits de femmes , dotée d'une vision très romantique - qui va totalement en opposition avec le coté glauque et sordide qu'on devrait attendre d'un tel sujet .
Endroit chargé d'odeurs, aux lumières tamisées et aux chambres poudrées, la Maison est le lieu de tous les fantasmes.

On suppose que tous les très beaux portraits dessinés par Emma Becker s'arrangent parfois avec la réalité, mais en les découvrant, on comprend un peu mieux la misère sexuelle des hommes et leurs grandes vulnérabilité et la féminité exacerbée de la figure de la prostituée qui en marchandant son corps, se met parfois en position de risque insensé (certaines situations décrites dans le livre font froid dans le dos) .

Cependant, celle ci se retrouve souvent avec un pouvoir énorme, celui de donner du plaisir et un peu de joie à des hommes qui en manquent cruellement ..

En explorant de fort belle manière la complexité des désirs et du rapport hommes femmes, ce roman aussi décomplexé que complexe est assurément un des grands livres de cette rentrée littéraire !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Qu'est ce qui peut donc bien pousser une jeune femme sans souci financier à exercer le "plus vieux métier du monde" ? L'envie d'assouvir un fantasme ou la tentation de vivre une expérience extrême sous prétexte d'écrire un livre sur la prostitution ?
Du fantasme au passage à la réalité, il y a un gouffre qu'Emma Becker, apparemment très portée sur le sexe et de son propre aveu sujette aux "idées à la con", n'a pas hésité à franchir en travaillant pendant deux ans dans une maison close.
Alors qu'elle s'envisage impératrice de l'amour, la voici devenue ouvrière à la chaîne découvrant la face obscure du désir et qui, pour examiner au plus près la mécanique érotique et sexuelle, doit baisser sa culotte dix fois par jour pour un salaire horaire quand même très largement supérieur à celui du SMIC.
Après une entrée en matière au style assez soutenu et élégant dans laquelle l'auteure explique son rapport à l'érotisme et les raisons de sa démarche assez singulière , le récit devient moins captivant quand elle décrit son expérience proprement dite.
Dans une langue plutôt familière, faisant fi de toute fausse pudeur et n'hésitant pas à appeler un chat une chatte, les anecdotes concernant les pensionnaires et clients de la maison close se succèdent de façon assez monotone, au rythme ennuyeux des passes, émoussant sérieusement l'intérêt éveillé dans les premières pages. Arrivée au 3/4 du livre j'en ai eu plus qu'assez de cette surabondance de chair triste et j'ai laissé tomber cette lecture qui ne m'apportait rien : pas le moindre plaisir et pas la moindre piste de réflexion. Avant de refermer définitivement la porte de la maison, j'ai quand même jeté un coup d'oeil à la conclusion qui m'a laissée... perplexe.
Si l'expérience d'Emma Becker est assez "soft", donc forcément réductrice, il ne faudrait pas en oublier pour autant que pour un petit nombre de femmes qui se prostituent de leur plein gré, choisissent leurs clients, en apprécient certains et à qui cette vie convient, beaucoup trop d’autres se retrouvent prisonnières de réseaux de proxénétisme, condamnées à une vie de misère et de violence.
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“Une nymphomane est une femme aussi obsédée par le sexe que l'homme moyen.”
Ces mots légers et plutôt souriants de Mignon McLaughlin pour donner d'emblée le ton de cette présentation du livre d'Emma Becker, présentation qui me pose plus d'une question et m'oblige à reconnaître que le nombre de mes réponses est si maigre et si enclin à un doute insistant qu'il est préférable de pas m'avancer masqué et de ne surtout pas chercher à faire le malin.
Lorsque cette jeune femme m'est apparue pour la première fois dans l'émission de François Busnel, La Grande Librairie, je me suis dit, mon sexe étant devenu à cet instant mon premier organe préféré avant mon cerveau : " encore une qui, sous l'alibi littéraire, vient nous raconter la énième histoire de c.., dont, je le reconnais, j'ai été un lecteur fidèle à ces prédécesseures depuis au moins cinquante ans..."
J'eus dès lors comme résolution de faire l'impasse sur ce nouvel exhibitionnisme en lice pour des prix littéraires... souvent, on nous fait le coup ; ça fait grimper les ventes et l'audimat des émissions de télé qui aiment s'encanailler et augmenter dans le même temps les tarifs de leurs publicités.
Son livre au final n'a obtenu que des prix réputés mineurs, dont celui du roman des étudiants, de France Culture, le prix Blù-Jean-Marc-Roberts et celui du Roman News... Mais il ne faut pas trop se fier à ce qui ressemble surtout à de mauvaises réputations !
J'ai laissé passer du temps et j'ai été l'un des nombreux téléspectateurs et auditeurs de quelques-unes de ses prestations télévisées et radiophoniques.
J'ai trouvé la demoiselle alerte, vive, intelligente et cultivée.
Alors je me suis dit... pourquoi pas ?
J'ai franchi le pas et je me suis retrouvé au bordel à Berlin.
Car, ce n'est un scoop pour personne : Emma Becker a travaillé, oui travaillé comme travaille n'importe quel travailleur du sexe dans un pays où cette activité n'est pas criminalisée, pendant deux ans et demi dans deux bordels berlinois : le Manège, où elle a officié quinze jours avant de prendre la poudre ( non, pas la coke... !) d'escampette et La Maison, où elle est restée deux ans et demi... c'est-à-dire jusqu'à la fermeture définitive de l'établissement et conjointement le début de sa grossesse.
De cette expérience et de ce travail, elle a fait un livre, sorte d'enquête journalistique, sociologique, anthropologique, psychologique et accessoirement ouvrage littéraire, dans lequel se mêlent de manière non linéaire, des anecdotes vécues par elles, ses compagnes de travail, l'encadrement des maisons, et les clients.
Si une part non négligeable du livre s'accorde à raconter l'épisode du Manège, le type même du bordel infréquentable... les patrons sont des Albanais plus ou moins maquereaux, plus ou moins trafiquants de drogue, plus ou moins mafieux, force est de constater que l'essentiel de l'ouvrage est centré sur La Maison, sacré bordel ou bordel sacré, havre de tolérance, de bienveillance, ilot d'humanité, d'amitié et de civilité, subsistant au milieu de l'asphalte jungle et des maisons closes où le maître mot est l'abattage, la rentabilité minutée à la seconde près.
La Maison nous est donc présentée comme ce qui devrait être l'idéal rêvé par les travailleurs du sexe. Idéal pour les conditions de travail que permet cet établissement, et idéal de vie au travail ; les cinquante ou soixante "pensionnaires", ces filles dites publiques, deviennent en ce lieu privé des camarades, des amies.
C'est un hymne à la sororité et à la famille recomposée.
Il y a dans le livre de Justine-Emma Becker le côté sombre de cette activité et un côté plus humain, le bordel du XIXème siècle débarrassé des craintes des maladies vénériennes et où les putes sont des travailleuses indépendantes en butte aux mêmes tracas du quotidien que les femmes dites "respectables"... pas plus, pas moins.
Je ne connaissais donc pas l'auteure avant - La Maison -, qui est son troisième livre ; le premier - Mr - aborde le thème de l'emprise érotique et passionnelle de sa protagoniste amoureuse pendant plus d'un an d'un chirurgien ami de ses parents et de son oncle... le second - Alice - " traite de la difficulté à s'extraire d'une relation d'amour étouffante avec des parents post-soixante-huitards envahissants, tout en analysant son propre rapport aux hommes, à travers la relation contrariée entretenue avec un amant de vingt ans son aîné."
Pas besoin d'être un grand "déducteur" pour comprendre qu'Emma Becker a centré son travail d'écrivaine sur la thématique de la mécanique du désir des femmes... et des hommes.
Où cela la mènera-t-il ? Trop tôt pour le dire.
Je dois admettre que - La Maison - est un livre que la plume fluide de l'auteure sait rendre attractif, facile et intéressant à lire ; sa nuit de défonce et de paranoïa au Manège, la scène du parc où Hildie jouit comme jamais, l'heure de cours d'éducation sexuelle donnée à un avocat et la mallette magique de Gerd sont parmi les chapitres les plus "intenses" et souvent jubilatoires de cette enquête qui, tout en voulant ne pas en être une, nous révèle bien des choses ignorées sur la condition humaine... c'est à dire sur vous et moi.
Je tiens à ajouter qu'il m'importe peu qu'Emma Becker aime le sexe ; on ne juge pas une femme sur la vie débridée de ses hormones et de ses neurones.
Je n'ai pas, me semble-t-il à juger non plus son tabagisme, son rapport aux stups à l'aune de mes totems et de mes tabous. Ou alors il me faut dès maintenant vider les trois quarts de ma bibliothèque... ce que je ne ferai pas ; je ne voudrais pour rien au monde me priver de Baudelaire, De Balzac, de Gautier, de Dumas, De Maupassant, d'Apollinaire, de Jules Verne, de Cocteau, de Radiguet et autres artistes addicts.
Par ailleurs, en ce dimanche de Pâques, je vous invite à songer qu'il serait sacrilège de ne pas "goûter au fruit d'Ève fendu".
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critiques presse (3)
LeMonde
23 décembre 2019
Dans « La Maison », paru cet été et succès critique et public, Emma Becker décrit deux années passées par choix dans des bordels de Berlin. Attaquée par des féministes, l’écrivaine revendique y avoir trouvé une forme d’émancipation.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Lexpress
13 septembre 2019
Avec La Maison, la romancière Emma Becker tente l'expérience de la prostitution à des fins... littéraires. Résultat : un roman hypnotique.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Bibliobs
27 août 2019
En 370 pages, cette petite sœur de Grisélidis Réal – même style lapidaire et même sidérante humanité – fait tomber tous les tabous, préjugés, médisances, hiérarchies, qui, des deux côtés du Rhin, s’attachent à ce très vieux métier.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (121) Voir plus Ajouter une citation
"Tu sais, le pire, quand on a une femme, des enfants et une maîtresse, ce n'est pas d'être amoureux de quelqu'un avec qui on ne pourra jamais passer plus de deux heures d'affilée. Ce n'est pas que cet amour soit unilatéral ou condamné d'avance. Le pire, c'est de devoir rentrer chez soi en portant sur ses épaules un monde écroulé et de faire en sorte que ça ne se voie pas. Trouver la force, Dieu sait où, de sourire et d'être normal, alors qu'à chaque seconde de cette comédie, ce monde écroulé s'émiette encore, inlassablement. Le pire, c'est que ce soit possible. Et faisable. Et qu'on le fasse. Des jours, des semaines, des mois entiers, avec ce trou béant dans le coeur."
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Certains soirs me manque mon âme telle qu'elle est vraiment, grivoise, malsaine et pourtant régie par sa morale à elle, préoccupée, en veille comme au repos, par cette science de la jouissance et les façons d'apporter ma pierre à ce bel édifice turgescent - le monstre que je suis certains soirs me manque.

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Il y aura toujours des gens, hommes ou femmes, pour vous soutenir mordicus le contraire - que la coke fait bander ou qu'elle augmente la libido. La vérité, c'est que s'il est possible d'obtenir une érection viable et une propension gênante aux confidences - entre autres sexuelles -, passé le premier rail, il est quasi impossible de jouir, et la soif de mondanités s'étiole dès qu'il s'agit de passer à l'acte et de lâcher prise. Faire l'amour, ou ressentir du plaisir, ne suscite plus qu'une indifférence crasse.
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- Ah, ne m'énerve pas, j'ai vu comme tu la regardais.
- Parce qu'elle était jolie !
- Je suis ravie de te l'entendre dire. Et tu me donnes raison ; peut-être que leur boulot, au fond, ce n'est que d'être jolies et désirables, mais la différence entre celles que tu regardes et celles que tu ignores, c'est le supplément d'âme qu'elles mettent à t'accrocher.
- Donc, ce sont des actrices.
- Potentiellement les plus grandes actrices. Une pute qui te donnerait l'impression de la posséder vraiment, une pute qui te ferait oublier ce qu'elle t'a coûté, c'est la quintessence de l'actrice, il n'en faut pas d'autre.
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La vie d'une pute au quotidien ne se trouve pas améliorée, ni même adoucie par un joli papier peint ou un point de lumière judicieusement placé ; mais parfois la cage est si coquette qu'on en viendrait presque à oublier le reste. On s'endort comme de vieille chattes, fuyant paresseusement dans les coins sombres lorsque le maître est d'humeur douteuse.
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Vidéo de Emma Becker
"C'est beau, un beau roman. Ce n'est pas méprisable, mais la vérité seule donne le ravissement parfait." Ces quelques phrases, écrites par Jules Renard dans son journal le 3 septembre 1902, montrent déjà l'importance de la question de la vérité du roman. Et pour notre invité du jour, Laurent Binet, qui invente de livre en livre de nouvelles manières de raconter L Histoire, c'est une question cruciale. Comment dire L Histoire sans la romancer ? Ou plutôt, comment la romancer en respectant sa véracité ? Voici une partie des questions que nous abordons au fil d'un entretien, qui est aussi un parcours dans l'oeuvre de Laurent Binet. Et pour la découvrir, nous entendrons aussi les voix de nos libraires Marion et Michaël, qui nous parlent de leur lecture jubilatoire des quatre romans de l'auteur.
Bibliographie : - HHhH, de Laurent Binet (éd. le Livre de poche) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/1251668-hhhh-roman-laurent-binet-le-livre-de-poche ;
- La Septième Fonction du langage, de Laurent Binet (éd. le Livre de poche) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/9969084-la-septieme-fonction-du-langage-roman-laurent-binet-le-livre-de-poche ;
- Civilizations, de Laurent Binet (éd. le Livre de poche) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/16139467-civilizations-roman-laurent-binet-le-livre-de-poche ;
- Perspective(s), de Laurent Binet (éd. Grasset) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22535980-perspective-s--laurent-binet-grasset ;
- Dans une coque de noix, de Ian McEwan (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/15057428-dans-une-coque-de-noix-roman-ian-mcewan-gallimard ; - Les Veines ouvertes de l'Amérique latine, d'Eduardo Galeano (éd. Pocket) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/368604-les-veines-ouvertes-de-l-amerique-latine-es-ve--eduardo-galeano-pocket ;
- Mémoire du feu, d'Eduardo Galeano (éd. LUX) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/3775616-memoire-du-feu-les-naissances-les-visages-e--eduardo-hugues-galeano--lux-canada ;
- Les Enfants des jours, d'Eduardo Galeano (éd. LUX) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/8926612-les-enfants-des-jours-un-calendrier-de-l-his--eduardo-galeano--lux-canada ;
- Une sortie honorable, d'Éric Vuillard (éd. Acres Sud) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/19971146-une-sortie-honorable-eric-vuillard-actes-sud ;
- L'Inconduite, d'Emma Becker (éd. J'ai lu) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22563715-l-inconduite-emma-becker-j-ai-lu.
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