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3,4

sur 733 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Vivre de l'intérieur pour ressentir au plus profond de soi ce que peut ressentir une femme qui exerce le plus vieux métier du monde et décrire ce métier au plus près de la réalité. C'est ce qu'a fait Emma Becker, sous le pseudonyme de Justine. Elle a vécu et fait commerce de son corps pendant deux ans, dans deux maisons closes de Berlin, autorisées en Allemagne. le deuxième établissement, La maison, donne son nom au roman.

Une immersion dans une maison close réussie à mon avis, un documentaire sociologique dense et intéressant sur la sexualité, le désir, les fantasmes, les rapports de domination et la psychologie sexuelle des hommes.

« [...] il faudrait en faire un bouquin. Ça, c'est une lecture qui me ferait rire. Qui ferait rire toutes les putes. Et toutes les autres, parce que le bordel, au fond, ce n'est qu'un miroir grossissant où tous les défauts, tous les vices des hommes tempérés par le quotidien deviennent assourdissants. »

J'ai regretté néanmoins les digressions sur l'écriture de son roman, sur son "métier de passage", sur son rôle d'écrivain, qui ont, à mon goût, alourdi la lecture de ce récit, et l'ont rendue de ce fait moins captivante par moment. Trop de longueurs.
Je n'ai également que très rarement compris le lien entre les titres musicaux cités en début de certains chapitres et la teneur de ces chapitres en question...un effet de style ?

Néanmoins une autofiction courageuse, audacieuse sur un sujet délicat, une plume savante et esthétique, des passages saisissants notamment les portraits de ses collègues, de ce

« nid de femmes et de filles, de mères et d'épouses, se confortant toutes dans la conscience d'oeuvrer aussi un peu, avec leur chair et leur infinie patience, pour le bien des individus qui composent cette société ».

Dans La maison, les femmes choisissent d'exercer ce métier, elles choisissent même leurs clients...

« Ceci n'est pas une apologie de la prostitution. Si c'est une apologie, c'est celle de la Maison, celle des femmes qui y travaillaient, celle de la bienveillance. On n'écrit pas assez de livres sur le soin que les gens prennent de leurs semblables. »

Même s'il en est autrement pour tant de femmes qui se retrouvent sous le joue d'un proxénète, et dont la vie est loin d'être celle "heureuse" décrite dans ce récit. Emma Becker mentionne d'ailleurs au début du livre, un autre bordel "Le manège" qui exploite les femmes et qu'elle a fui.
Le modèle prohibitionniste français envers la prostitution n'est-il pas paradoxal ? La loi pénalise les clients, mais ne donne aucun droit ni protection aux prostituées.

Un récit empreint de beaucoup d'humanité et de sincérité, c'est ce que je retiens avant tout, de cette lecture.

« Je parle d'un monde où les putes pouvaient choisir d'être des princesses, des elfes, des fées, des sirènes, des petites filles, des femmes fatales. je parle d'une maison qui prenait les dimensions d'un palais, les douceurs d'un havre.
Maintenant le reste du monde, pour les filles, c'est un abattoir. »
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Ne dites pas close ou de tolérance mais simplement Maison. le livre d'Emma Becker aurait pu s'appeler Bordel mais cela n'aurait pas reflété son contenu y compris dans sa deuxième acception, synonyme de foutoir. Dans ce récit immersif, au sein d'un établissement berlinois où elle a donné de sa personne pendant deux ans, l'écrivaine raconte son expérience, la cohabitation heureuse avec les autres filles, les rapports avec les clients mais aussi, quand elle s'élève au-dessus de la mêlée et des échanges de fluides, livre ses pensées sur la place des prostituées dans notre société. Que l'on s'entende, Emma Becker parle de ce qu'elle a connu, d'un endroit sécurisé et professionnel avec des filles de joie (!) volontaires et épanouies et donc fort éloigné de la prostitution de rue ou, si l'on prend un autre extrême, du monde des escorts. L'auteure livre une vision chaleureuse et familiale d'une Maison où la sororité ferait presque oublier les tâches qui s'y accomplissent. Trop angélique, Emma Becker ? En tous cas, elle assume pleinement cette façon de voir les choses. Pour autant, elle ne fait pas l'impasse sur le métier de pute (désolé pour le mot mais il est employé presque à chaque page de la Maison) avec pas mal d'humour et de tendresse, sans occulter le côté glauque de certaines situations. le naturel d'Emma Becker pour évoquer les relations prostituées/clients est désarmant et elle a parfaitement le droit de penser d'une façon qui est très éloignée de leur image auprès de ceux qui ne connaissent cet univers que de loin, d'après leur culture et leur environnement. Entre récit et essai sur la question, le livre d'Emma Becker manque cependant de structure et ne peut éviter d'être répétitif (dans les scènes de sexe) s'avérant en définitive trop long. le plus émouvant, clairement, c'est l'hommage rendu à ces femmes qui ont accepté et choisi, ne serait-ce qu'un temps, le plus vieux métier du monde. Elles méritent le respect et le droit à la dignité et qu'on ne les réduisent pas à leur seul métier en oubliant que ce sont êtres de chair, certes, mais aussi de pensées, de sentiments et de désirs. Cela va sans dire, mais cela va mieux en l'écrivant.

Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Intéressante, choquante et parfois drôle ou perchée.
L'auteure se donne comme mission de rendre leur humanité aux putes.
Ne plus les exclure au ban de la société comme des être cupides, sans âme, et plein de vices. Pour se faire, elle s'appuie sur sa propre expérience dans deux maisons closes allemandes. ( La prostitution étant légale en Allemagne).
Elle n'évoque donc que les femmes qui ont choisit de se prostituer (contrairement à celles issues de la traite des blanches par exemple). Et elle nous ouvre les portes de ce monde où le corps de la femme - exagérément féminin par sa tenue et ses poses - est un outil face aux divers clients.

Sa vision de la sexualité et du désir féminin ne fera certainement pas l'unanimité. Mais j'ai trouvé intéressant et souvent pertinent son regard sur le désir féminin. Et sur la place de celui-ci dans la société actuelle où il est souvent cantonné à des stéréotypes difficilement dépassables pour les femmes comme pour les hommes.

Un livre qui fait réfléchir que l'on soit d'accord ou non avec les vus de l'auteure.
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Qu'est ce qui peut pousser une jolie jeune femme de bonne famille se sentant un avenir d'écrivain à s'enfermer 2 longues années dans un bordel allemand? Maison accueillante certes, propre, travail au gré et à la volonté des femmes, une pension de famille en quelque sorte.Mais bordel quand même. C'est peut-être se dévoiler(si j'ose dire) et parler de ce que l'on connait le mieux de soi, en l'occurrence dans le cas d'E.Becker, son attirance , voire son addiction au sexe.
Elle raconte ses deux années de bonne intelligence avec ses collègues, elle ne parle pas d'amitié; de ses nombreux clients qui parlent beaucoup et qu'il faut écouter avec gentillesse, des retours chez soi, "en civil". Certes, E.Becker ne tombe ni dans l'angélisme, ne donne pas de leçons de morale, ne cache pas non plus la misère la tristesse et la violence de la prostitution , mais elle ne transforme pas non plus ses collègues en victimes, n'emploie pas de circonvolutions pour décrire les rendez vous et ce qui s'y passe, mais j'ai été conquise par l'écriture sincère et sensible, ses rapports aux écrivains qui l'accompagnent , elle peut vraiment écrire de superbes romans , de fiction peut-être! Lu sur kindle
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Emma Becker se retrouve à Berlin durant 2 ans dans un bordel (deux, en fait, le premier étant bien sordide) pour écrire un livre, témoignage de son expérience dans une maison close où elle s'appellera Justine.

C'est parfois drôle, des fois sexe, souvent intime et toujours très humain.

Un livre féministe ou celui d'un idiote utile cautionnant la prostitution, roman, récit, gonzo-journalisme ou autobiographie ? En tout cas, un vrai tendre moment
Lien : https://www.noid.ch/la-maison/
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Emma, alias Justine, se fait engager dans une maison close berlinoise pour engranger de la documentation pour son prochain livre. Après un bordel sordide où elle reste peu, elle découvre la Maison, un monde féminin de sensualité et de bienveillance. Une auto-fiction sociologique, anthropologique et psychologique sur le milieu de la prostitution, ses codes, ses douleurs et ses moments d'intensité. Une vision sans doute idéalisée en ce qu'elle n'aborde que sa pratique consentie et protégée, mais qui donne lieu à de belles pages sur le désir, la tendresse, la sororité et l'acceptation de l'autre.
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Ce livre est un bel ouvrage surprenant.
E.Becker dépeint de façon nuancée toute une palette de relations et sentiments entre un homme et une femme à l'occasion d'un usage du corps codifié et tarifé.
Elle fait également office d'ethnographe immergée dans la vie d'une maison close à Berlin en décrivant la vie du groupe qui l'occupe de façon à la fois régulière et temporaire.
Sans être égocentrique elle nous fait sentir les raisons personnelles qui l'ont conduite à vivre cette expérience et, parfois, les sentiments qui l'animent.
De plus, c'est bien écrit. Ce n'est ni graveleux ni misérabiliste malgré le naturalisme cru de certaines scènes.
Une grande liberté règne dans ce texte.
Les hommes n'y sont pas dépeints à leur avantage : des bourrins qui ne comprennent rien à rien, couards, ignares parfois des divers replis du corps féminin, quémandeurs ......pauvres bêtes !
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A Brive en 2019, Emma Becker m'a touchée par sa beauté et sa grande gentillesse. Cultivée, grande lectrice, trois livres publiés à trente ans. Elle me met en dédicace: " j' espère vous recroiser bientôt pour parler de ce qui nous intéresse-les livres!
Je viens enfin de lire La Maison. La construction un peu complexe ne nuit pas à la lecture mais différentes parties de la vie de Justine (Emma)se mélange. le livre commence quelques années après l'immersion en maison close qui a duré deux ans avec le projet d'en écrire un livre; elle a désormais un jeune fils et a récupéré de la Maison désormais fermée un couvre-lit et un lit (que la grand-mère admire). Elle évoque un amour perdu Joseph, à qui elle avait offert pour ses 21 ans, une partie fine à trois qui fut un fiasco (à 700 euros); Joseph est jaloux d'Arthur même s'il ne s'est jamais rien passé mais c'est Arthur qui s'exclame: " tu ferais une pute merveilleuse". Elle évoque aussi Stéphane qui a le double de son âge, marié...elle reste en contact avec lui pendant ses deux ans de prostitution.
Elle commence son histoire par la fin où La Maison ferme au grand chagrin des filles; puis elle décrit sa première expérience de bordel: le Manège, assez sordide. le reste du livre décrit les activités des "putes" dont les siennes. Elle a beaucoup de sympathie pour ces filles dont elle nous fait pénétrer la psychologie; elles sont toutes différentes , ne serait-ce que par leurs motivations pour faire ce travail.
Elle décrit aussi les clients aux comportements parfois étonnants; c'est parfois émouvant et souvent drôle. A aucun moment, je n'ai pensé à de la pornographie (contrairement à certains écrits de Houellebecq ou de Despentes) et cela aide à porter un regard plus humain sur les prostituées.
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J'ai été touché par ce roman autobiographique que nous propose Emma Becker. Un ouvrage qui sonne juste sur une tranche de vie que l'auteure a choisi. Pas une vie toujours facile, mais bien loin des lieux communs glauques et de l'image d'Épinal que l'on se fait de la prostitution et du quotidien des prostituées.

Elle y parle de femmes dans leur diversité, celles-ci prêtent leurs anecdotes à ce récit et l'on plonge avec elles dans la camaraderie, la sororité présente au sein de la Maison. Par petites touches Emma Becker nous décrit aussi les hommes, que tour à tour on comprend ou l'on déteste, qui nous inspirent compassion, pitié, désir ou haine en même temps qu'elle.

L'auteure réussit le pari compliqué de parler de sexe abondamment tout au long de son roman sans jamais tomber dans la vulgarité, avec justesse et sans fioritures ni euphémismes pudibonds. Elle fait aussi la part belle au désir, et à la sexualité des femmes, dans ce qu'il a de particulier pour une prostituée mais aussi plus généralement. Et c'est rafraichissant de lire une femme écrire sur ces sujets !

Ce roman n'est pas juste une expérience littéraire extravagante entreprise par amour de l'art et pleine de pédanterie parisienne comme un Dans les forêts de Sibérie, de Sylvain Tesson. L'auteure décrit et écrit ses années vécues à la Maison, une maison close berlinoise, pour qu'il reste quelque chose de ce temps passé dont elle chérit les souvenirs, comme les meubles et le couvre-lit qu'elle a conservés de cette époque.

Mais on peut aussi voir dans ce texte un côté politique qui dépasse l'intention d'un simple témoignage. Comme chez Virginie Despentes dans King Kong théorie, on sent non pas une ode à la prostitution, mais la description d'une prostitution choisie, qui si elle était légale et pratiquée dans de bonnes conditions comme à la Maison pourrait permettre une vie meilleure à des femmes en pleine possession et maitrise de leur corps, de leur décisions, et somme toute de leur force de travail.
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Bien difficile d'émettre un avis après la lecture de ce livre ...
Il est indéniable que l'autrice a une très belle plume, un style agréable et un sens du récit qui nous entraîne à la suite de son personnage Justine sans difficulté.
Mais que penser du propos et du point de vue sur la prostitution qui y est portraituré ?
Le regard du personnage y est distancié et subtil en nuances, mais le goût du plaisir charnel prend souvent le pas dans le récit. Ce qui en soi n'est pas un problème mais brouille les pistes sur le sens du roman.
Cela ajoute à la complexité de la narration mais m'a laissée sans avis tranché quand à l'histoire racontée ici.
J'aurai tendance à proposer de ne pas se contenter de cette seule lecture sur le sujet de la prostitution, mais d'aller explorer d'autres voix.
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