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3,4

sur 733 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Emma Becker, rencontrée grâce à la Librairie La Parenthèse, à Annonay (Ardèche), est forte d'un courage extraordinaire, courage qu'elle exprime au travers d'une écriture sensible, précise et sincère. La Maison, son troisième livre publié, est une autofiction, pas un roman et son récit n'est pas linéaire.
Pendant deux ans, elle a exercé le métier de pute, mot qu'elle revendique, même si, chez nous, il est complètement dévoyé. Ce mot qu'elle préfère, de loin, à prostituée, elle le trouve d'autant plus tendre qu'il inspire une certaine terreur aux hommes.

Dès le début, elle tresse des louanges à la Maison, ce bordel berlinois démoli depuis, où elle a trouvé un accueil, une compréhension, une humanité qui lui ont permis de vivre une expérience qu'elle nous fait partager avec talent. Elle se livre avec beaucoup de franchise, nommant tout par son nom, sans faux semblant. Ce qu'elle raconte est donc cru mais jamais vulgaire car elle détaille quantité d'aspects de notre nature humaine dont le sexe constitue une base souvent méprisée ou galvaudée mais pourtant essentielle.
Contrairement à ce que peuvent prétendre ceux qui n'ont pas lu son livre, La Maison n'est pas une apologie de la prostitution. Souvent, Emma Becker dénonce ses abus, ses déviations, l'exploitation de ces filles, tout juste majeures, amenée de gré ou de force depuis les pays de l'est : Ukraine, Bulgarie…
C'est dans le premier bordel où elle a travaillé, le Manège, qu'elle a vécu la terreur des filles, abusées par la perspective de gains mirobolants, se retrouvant prisonnières d'un système qui les écrase. Emma Becker parle aussi des putes qui travaillent dans la rue car elle les a observées longuement avant de sauter le pas. Elle détaille les tenues obligatoires, le froid, l'attente, le plaisir vendu à la sauvette, dans un recoin, une voiture ou une pièce sordide.
Puis, c'est le Manège et la terreur que lui inspirent les hommes qui en assurent la sécurité et pourraient la retrouver lorsqu'elle décide de partir. Avec infiniment de tendresse, elle parle des filles qui travaillent dans ce cadre légal en Allemagne, contrairement à la France. Elle précise d'ailleurs que le fisc y trouve son compte.
Enfin, il faut parler des hommes dont elle détaille les demandes, les perversions ou les exigences parfois dangereuses mais c'est toujours une solitude, une frustration sexuelle qui ressortent au fil de chapitres dont une chanson et le nom de l'interprète sert de titre mais je dois avouer ma quasi ignorance du monde musical anglo-saxon… Seuls Donovan, The Bee Gees, Janis Joplin, The Mamas and the Papas m'évoquent des souvenirs alors que Téléphone avec Au coeur de la nuit sauve l'honneur francophone. Par contre, l'auteure le précise plusieurs fois, les Françaises ont la cote dans les bordels berlinois.

Emma Becker ne veut pas être jugée mais, enrichie par l'expérience, elle rend hommage à la féminité, à la complexité du plaisir féminin et à sa richesse. Elle a ressenti au fond d'elle-même ce que la prostitution produit dans l'esprit d'une femme et j'admire la franchise dont elle fait preuve dans ce livre réussi aussi sur le plan littéraire.






Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Pour bien écrire sur un métier, il faut le vivre de l'intérieur : ce précepte qu'on prête à Hunter S. Thompson, l'inventeur du gonzo- journalisme mis en avant il y a quelques années par Terry Gilliam et Johnny Depp, n'en finit pas de faire des émules même auprès de jeunes diplômées de lettres françaises qu'on aurait pas forcément vu sur ce terrain là.

Et pourtant, Emma Becker, après deux premiers romans sortis plutôt discrètement, fait beaucoup parler d'elle en cette rentrée littéraire grâce à une technique largement influencée par gonzo -journalisme.
En effet, à 25 ans à peine, elle a décidé de partir il y a quelques années à Berlin, où, contrairement en France, les maisons closes sont autorisées, pour faire commerce de son corps dans deux établissements différents, d'abord le Manège, lieu sordide et peu avenant, puis à la Maison, qui donne son titre au roman et dont elle a ( elle l'assume totalement; on a donc envie de la croire) totalement apprécié l'experience.

Désirant tenter l'expérience de la prostitution dans un bordel allemand, et fasciné par ses personnalités hautes en couleur qu'elle a pu croiser notamment dans les romans de Louis Calaferte, Emma Becker évite largement le coté journalistique, frontal de son investigation.

Elle parvient à faire de son enquête immersive un objet littéraire d'une très grande beauté, enchaînant les portraits de femmes , dotée d'une vision très romantique - qui va totalement en opposition avec le coté glauque et sordide qu'on devrait attendre d'un tel sujet .
Endroit chargé d'odeurs, aux lumières tamisées et aux chambres poudrées, la Maison est le lieu de tous les fantasmes.

On suppose que tous les très beaux portraits dessinés par Emma Becker s'arrangent parfois avec la réalité, mais en les découvrant, on comprend un peu mieux la misère sexuelle des hommes et leurs grandes vulnérabilité et la féminité exacerbée de la figure de la prostituée qui en marchandant son corps, se met parfois en position de risque insensé (certaines situations décrites dans le livre font froid dans le dos) .

Cependant, celle ci se retrouve souvent avec un pouvoir énorme, celui de donner du plaisir et un peu de joie à des hommes qui en manquent cruellement ..

En explorant de fort belle manière la complexité des désirs et du rapport hommes femmes, ce roman aussi décomplexé que complexe est assurément un des grands livres de cette rentrée littéraire !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Pour de nombreux lecteurs, l'imaginaire de la maison close est celui De Maupassant : de Boule-de-Suif à la Maison Tellier. Les maisons de tolérance étant interdites en France depuis la fin des années 40, il n'y a plus guère de littérature à ce sujet. Mais il y a des débats, qui reviennent régulièrement, avec leur lot de polémistes, moralistes et autres éditorialistes pour nous livrer leur avis sur la question : doit-on autoriser des bordels en France ?
Emma Becker est une écrivaine en immersion. Pendant 2 ans, elle s'est prostituée dans une maison close de Berlin. Mais pas n'importe laquelle. La Maison. Petite entreprise familiale où les filles sont travailleuses indépendantes, décident de leurs horaires, de leurs tenues et parfois même de leurs clients. La narratrice est arrivée dans ce lieu par défi après une conversation avec son amant, et elle y est restée 2 ans parce qu'elle y était bien.
C'est un lieu féminin où l'on accueille des hommes. Ce qui donne un livre sur les femmes bien plus que sur les hommes. Parce que si l'on connaît dans les grandes lignes ce pourquoi les hommes franchissent la porte, on connaît beaucoup moins ce qui se passe entre les passes.
Pas d'apologie béate de la prostitution, mais un récit très personnel, bien écrit (et pourtant il n'est pas si simple de parler de sexe pendant 300 pages sans tomber dans la vulgarité ou dans une forme de monotonie), et qui se lit avec passion. Mention spéciale pour les dernières pages, notamment quand Emma Becker s'imagine dans la peau d'un homme et ce qu'elle ferait alors dans la chambre. le tout est émaillé d'une bonne playlist qui accompagne parfaitement la lecture du roman.
La part belle est donnée à la sororité et c'est plaisant de lire des pages sur la prostitution écrites par une femme. Parce que ce sujet nous appartient tout autant et qu'il est temps de livrer un regard féminin et contemporain sur nos soeurs du pavé.
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Elle me fait un de peine Emma Becker car elle a fait une grande arrivée dans cette rentrée littéraire, en lice pour plusieurs prix prestigieux et puis... rien, sinon des critiques assez sévères...
Est si difficile à accepter qu'une jeune femme puisse choisir de devenir prostituée, aimer ce métier et parfois en retirer de la jouissance?
Car oui, elle casse les images que l'on a de la prostituée exploitée comme une semi esclave.
Mais il faut dire qu'à Berlin où elle a exercé, les maisons closes sont légales et leurs pensionnaires ont le statut de travailleuses indépendantes et sont donc assez protégées.
Dans le but d'écrire un roman sur cette activité qui l'a toujours fascinée, Emma Becker choisit de travailler à la «Maison » durant 2 ans.
Elle nous décrit tous les aspects de cette profession, les bons, les moins bons, elle nous parle du désir, celui des hommes mais elle s'attarde surtout sur celui des femmes qu'elle interroge dans sa profondeur et sa complexité.
Elle évoque la féminité et surtout la sororité, cette complicité des prostituées entre elles.
Lorsque la Maison fermera, ce sera un grand vide et une profonde nostalgie d'une expérience qui lui aura été positive et formatrice.
Alors oui, le sujet est choquant, exprimé avec des images et des mots crus, mais c'est un témoignage honnête et sincère sur un sujet beaucoup trop tabou.
Alors respect Emma Becker.
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"La maison", prouve que mêmes les sujets a priori les plus crus, peuvent être traités, avec beaucoup de finesse, et non moins, de délicatesse, avec subtilité, et sans simplisme, avec humanité et humanisme, mêmes en ces temps, où la subtilité n'a pas de mise ( du moins, si on en croit, ce qu'on en entend, chez une grande partie de nos concitoyens, et, plus encore, sur les différents médias... ) !...
Récit tout en finesse et en réflexions, toujours proches de la réalité et qui respire la sincérité, la vérité, sans artifices, la vérité telle qu'elle est, tout simplement, infiniment plus subtile, infiniment plus complexe, que toutes les descriptions simplistes, qu'on entend, ci et là, "La maison", brille autant par son style, agréable, souvent soutenu, que, par sa représentation pleine d'intelligence, de la condition féminine, de la société.
Emma Becker livre une représentation, jamais prétentieuse, toujours vraie, pleine de sensibilité et d'empathie, que fait l'auteure, de ce phénomène de société qu'est la prostitution ( qu'elle connaît d'autant mieux, qu'elle a elle-même fréquenté les maisons closes ), une représentation jamais crue, d'une indéniable vérité humaine, sur lequel l'auteur adopte un regard réfléchi, et méditatif.
Elle montre, comment on vit cette expérience, de l'intérieur.
De quoi enrichir la réflexion sur la condition féminine !
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Plum… Plum… Plum pudding.
Au risque de choquer certains, je vais vous avouer que ce livre m'a littéralement fasciné et emballé ! Emma Becker connait son monde et sait parfaitement décrire les lieux, les ambiances, les situations et les personnes qu'elle a côtoyées. C'est un fantastique travail journalistique sur la société contemporaine en général et sur le microcosme berlinois des maisons closes en particulier qui, soit dit en passant, est loin d'être le pire au sein de notre petite Europe…
Autant ne pas (trop) se mentir, chacun de nous joue dans son coin un rôle assez bien rodé. Et même pour certains, une quantité de petits rôles ; à la maison, dans l'intimité, ou en famille le jour de l'anniversaire du petit dernier, au boulot, lors de l'entrainement de volley ou lors de la répet' du spectacle de danse avec les copines… On est, et depuis la tendre enfance, de sacrés bons acteurs...
Le costume que l'on choisit d'endosser à chaque moment parfait ainsi chacun de nous dans son rôle favori. Mais qui souhaite-ton tromper en premier ? Les autres, ou bien nous-mêmes ?
Dans la Maison, à l'abri des voilures d'organdi et des lieux communs, les masques tombent le temps d'un instant et le travail peut commencer... Et quel terreau incroyable se révèle soudain !
La narration est qualitative ainsi que la structure des questionnements ou les développements de l'auteur. Certains chapitres sont bien documentés et si bien écrits qu'ils sont comme des briques pour un futur travail de thèse. J'aurai apprécié davantage de développement sur l'expertise psychologique des personnages mais on se serait définitivement éloigné du roman pour entamer un vrai travail universitaire... Non, c'est juste très bien ainsi.
Quoi de plus fascinant que la compréhension et la connaissance de cet étrange ciment qui nous relie ?
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Le thème de ce roman pourrait choquer, rebuter ou diviser...

En effet, il est question de prostitution, de sexe, de corps mais taratata pas de chichi, inutile de se voiler la face, c'est un fait, ça existe, c'est même le plus vieux métier du monde si l'on en croit l'adage !

Et puis la force de la littérature ne réside-t-elle pas dans sa capacité à tout dire mais à le dire bien ? Si tel est le cas, alors le contrat est respecté ! Pour commencer, sachez que vous allez rire à gorge déployée autour de certaines scènes cocasses. Et derrière ces rires, Emma Becker donne matière à réflexion. Inévitablement, vous allez vous interroger et repenser votre rapport à « ce milieu-là », à ces femmes, aux rapports entre les hommes et les femmes de manière générale.

Au fond, ce n'est pas un livre sur la prostitution, c'est un livre sur les hommes et les femmes, c'est un livre qui aime les corps et les âmes qu'ils soient beaux, abîmés, pervertis. Il y a moins d'amour et d'humanité dans les romans qui se revendiquent comme tels que dans ce roman où une femme fait la pute…
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La maison est le récit que fait Emma Becker, une jeune auteur française, des 2 années qu'elle a passées dans une maison close berlinoise avec comme objectif d'écrire un roman à partir de son expérience. Autant dire que quand j'ai vu ce livre dans les rayons de ma librairie lors de sa sortie, je ne savais pas trop à quoi m'attendre, partagée entre curiosité et rejet (si le journalisme en immersion est assez fréquent il s'agit ici à la fois d'un sujet, disons, particulier et d'un roman et non d'une enquête). Ayant trouvé ce livre en rayon dans ma médiathèque, je me suis décidée à me faire ma propre opinion en me plongeant dans cette autofiction. Et bien finalement malgré le côté très hasardeux du procédé et du sujet, ce fut finalement une belle découverte et un presque coup de coeur.
Tout d'abord j'ai particulièrement apprécié l'écriture de l'auteur, son style est fluide, agréable, nous plonge dans l'atmosphère des lieux et arrive en quelques phrases à nous faire ressentir une ambiance ou les sentiments d'un personnage. Contrairement à ce que lui reprochent certaines critiques, je n'ai jamais trouvé son récit vulgaire ou pornographique : certes c'est parfois cru et certaines scènes sont explicites mais ce n'est jamais vulgaire et surtout elle réussit à éviter le principal écueil de ce sujet, le voyeurisme et la curiosité malsaine que pourraient susciter cette plongée dans les coulisses d'une maison close. J'y ai au contraire trouvé beaucoup de tendresse et de belles descriptions presque poétiques des corps, des moments de tendresse comme de tristesse et des émotions exacerbées que provoque un lieu comme La Maison.
Son récit est aussi une belle réflexion sur le désir, les relations hommes femmes, ce qui peut pousser un homme ou une femme dans ce type de relations tarifées, le métier de pute et les débats qu'il provoque. Je n'y ai trouvé aucune apologie de la prostitution : certes, elle éprouve une certaines tendresse et presque de la nostalgie pour les années passées à La Maison mais elle évoque aussi très clairement tous les moments difficiles et l'épuisement à la fin de certaines journées, sans oublier de préciser qu'elle est très bien tombée et que beaucoup de prostituées travaillent dans des conditions abominables.
J'ai finalement beaucoup apprécié cette lecture : c'est une vraie oeuvre littéraire qui transforme une expérience vécue en mots permettant de partager des ressentis et des moments pourtant difficiles à appréhender. C'est aussi un livre qui nous met face aux contradictions inhérentes de la prostitution sans donner aucune solution toute faite et sans prendre parti (c'est d'ailleurs sans doute pourquoi il suscite des réactions aussi vives) : à chacun de profiter de l'expérience décrite dans ce récit pour se faire sa propre opinion.
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Emma Becker nous immerge dans l'univers des maisons closes berlinoises. La technique d'écriture est pour le moins originale : pour en parler, l'auteure estime qu'il faut en avoir vécu l'expérience. Elle travaille donc dans un bordel pendant deux ans à Berlin : existe-t-il une documentation plus légitime ? Avec brio, elle arrive à faire de cette investigation, un objet littéraire inestimable.

Arrivée à Berlin, elle travaille d'abord au Manège qui s'avère être un endroit glauque et très restrictif ; avant de trouver son bonheur à la Maison. Elle se sent libre, indépendante et désirée. L'auteure ne se cache pas d'avoir adoré ces deux années. Elle fait l'éloge de ces filles de joie, des femmes de manière générale et de leurs désirs. Dans une société hyper sexualisée, on n'entend pourtant très peu parler du désir féminin. On parle du désir masculin considéré comme normal mais pas de celui des femmes alors avant de nous livrer son expérience inédite, l'auteure nous confie avoir eu beaucoup d'amants et avoir « un désir dirigé vers la totalité de l'espèce masculine ».

Tout dans ce roman nous invite au voyage : le lieu -Berlin-, l'immersion à la manière du gonzo journalisme et même sa forme puisque chaque chapitre commence par un titre chanson. C'est un voyage qui s'avère initiatique : plongés dans l'univers des maisons closes, nous découvrons avec émerveillement leur fonctionnement. Je parle d'émerveillement car l'auteure nous coupe de tous nos préjugés à ce sujet. de manière pédagogique, très implicitement, elle répond à toutes nos questions : est-ce un métier qu'on choisit ? Peut-on être heureuse ? Comment sont les clients ? Peut-on avoir une vie amoureuse à côté ? Et j'en passe. Tout au long du roman, elle nous livre son expérience et nous permet de nous faire une (autre ?) opinion sur le sujet.

La plume est libre. Alors bien sûr, on parle de sexe donc je pense qu'il ne faut pas trop s'offusquer par le vocabulaire choisi, au contraire, il sert au roman. Il s'insère naturellement. J'ai bien lu les critiques des opposants à ce vocabulaire mais n'aurait-il pas été hypocrite de parler de joli vagin fleuri quand on travaille dans un bordel ? Hormis ce vocabulaire sexuel un peu cru, la plume est sobre, assez distanciée et en même temps très intime. Elle réfléchit constamment à ce métier, aux désirs des clients, ce qui les mène ici et ce qui pousse les femmes à devenir des prostituées.

Ce livre est plein d'humour, l'auteure raconte avec plaisir et délectation comment elle s'est retrouvée pleine de « merde » après une sodomie, ou comment un plan à trois avec une escort-girl a viré du fantasme au pathétique. Il est aussi bienveillant à l'égard des clients mais surtout de ces femmes, qu'elle admire véritablement. C'est un roman pour les femmes : celles les plus maquillées, les moins habillées, les plus sensuelles. Elle les contemple. Il y a beaucoup d'amour, d'humanité et de compassion dans ce roman.

La Maison, c'est le nom du bordel dans lequel elle a adoré exercer à Berlin, puis, dans un autre sens, celui littéral et peut-être le plus proche de ce qu'a voulu l'auteure : c'est le lieu où l'on vit avec notre famille. Car, en effet, à Berlin, à la Maison, Emma Becker a été heureuse autour de ces femmes, qu'elle considère comme sa seconde famille. Est-ce assez pour rouvrir le débat sur la légalisation des maisons closes en France ?
Lien : https://littecritiques.wordp..
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Cette femme qui a décidé d'aller vivre à Berlin deux années et qui prend sa plume pour nous écrire un superbe roman sur les femmes. " Les prostituées qui travaillent dans une maison".

J'avais hâte de lire cette histoire, après en avoir entendu parlé à la rentrée littéraire de la librairie la cour des grands à Metz où l'autrice viendra dédicacer son livre et nous parler de son parcours.
Dès le début je me suis laisser emporter dans ce récit et je dois admettre qu'elle sait manier la langue française avec talent et beaucoup d'humour. Très belle plume que je découvre avec son troisième livre, il faudrait maintenant que je lise les deux premiers.

Qu'est-ce que j'ai ris à certains passages, je me suis dit que cette femme est un extra-terrestre, elle s'assume totalement, elle est franche, nature et directe, tout ce que j'aime.
Elle emploie des thermes crus et tranchants qui dans un monde où le sexe, l'alcool et la drogue font partis du quotidien, quelques mots comme bite, couille où nichons sont parfois maniés avec style et transformés en des petites choses très amusantes.

Il y a deux passages où elle taille bien le français qui pour elle est comparable à une épidémie de gastro, suite à une conversation avec sa collègue qui adore les écouter parler pendant l'acte car ça l'excite. Qu'est-ce que j'ai rigolé à certains moments de cette lecture.

Il y a aussi des passages beaucoup moins guais, par exemple quand certaines putes font de mauvaises rencontres avec des clients violents et teigneux.
L'histoire de ces femmes est vraiment très touchante et parfois très dure, pour un moment je me suis laisser aller et j'ai découvert d'autres vies parfois abimées où résignées. La maison ce n'est pas une prison, mais un lieu de rencontres, de discutions et des moments de sexe qui vont souvent avec le désire de l'homme qui paye.
Une expérience unique et un travail qui fait donner son corps et un peu de son âme à des inconnus, une part de soi, c'est un don de faire jouir ces hommes afin qu'ils ressortent repus sexuellement parlant.
Parfois c'est aussi très désespérant de devoir apprendre à certains comment manier sa langue jusqu'à devoir abandonner car il y a toujours des causes perdus.
Une pute c'est avant tout une femme, une vie, un coeur qui bat et qui aime, c'est un métier non reconnu en France.

Notre pays est encore arriéré, il préfère laisser les femmes dans les rues sans aucune hygiène et sécurité, il préfère punir les hommes qui osent aller faire leurs affaires.
Faire l'amour fait partie de la vie c'est un acte que l'homme doit assouvir afin de rester en bonne santé mentale et pour ceux qui sont seul parfois la main ne suffit pas.
En France, c'est surement préférable de les laisser abuser de certaines femmes sans leurs consentement, ni leurs autorisations.

Dommage, que l'on regarde toujours d'un mauvais oeil, cette femme qui donne du plaisir aux hommes et qui est jugée constamment par les autres de, " filles de mauvaise vie" ou "Catin".
Le mot pute est constamment utilisé par les gens de manière brutale, sale mot qui a remplacé le mot péripatéticienne où fille de joie
. C'est bien dommage car maintenant tout le monde devient la pute de tout le monde.

Le plus vieux métier du monde résiste au temps et grâce à Emma Becker, il sera peut-être vu différemment.

Respect pour ces femmes qui partagent leurs chairs et leurs dons de faire l'amour pour apaiser la gente masculine, l'argent c'est bien mais souvent les corps n'en sortent pas indemnes.

Elle nous a ouvert les portes de cette maison où j'ai découvert des belles femmes, chaleureuses, sensibles et pleine d'amour, des femmes qui se soutiennent et qui vivent à l'extérieur de cette maison, des personnes tout à fait normale.

Un grand bravo pour l'autrice qui a eu un immense courage et aussi les couilles de parler d'un sujet intime, sensible et de rester elle-même jusqu'au bout, elle m'a ouvert les yeux sur un monde très peu médiatisé et souvent caché par la société qui voit en la prostituée, le mal, le sale , le panneau sens interdit.


Lien : https://sabineremy.blogspot...
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