Citations sur La dernière bande (9)
KRAPP.
Pause.
Le grain, voyons, je me demande ce que j'entends par là, j'entends...(il hésite)...je suppose que j'entends ces choses qui en vaudront encore la peine quand toute la poussière sera - quand toute ma poussière sera retombée. Je ferme les yeux et je m'efforce de les imaginer.
MAGNÉTOPHONE : [...]Je lui ai demandé de me regarder et après quelques instants - (pause) - après quelques instants elle l'a fait, mais les yeux comme des fentes à cause du soleil. Je me suis penché sur elle pour qu'ils soient dans l'ombre et ils se sont ouvert. (Pause.) M'ont laissé entrer. (Pause.) Nous dérivions parmi les roseaux et la barque s'est coincée. Comme ils se pliaient, avec un soupir, devant la proue ! (Pause.) Je me suis coulé sur elle, mon visage dans ses seins et ma main sur elle. Nous restions là, couchés, sans remuer. Mais, sous nous, tout remuait et nous remuait doucement de haut en bas, et d'un côté à l'autre. [...]
Peut-être que mes meilleures années sont passées. Quand il y avait encore une chance de bonheur. Mais je n'en voudrais même plus. Plus maintenant que j'ai ce feu en moi. Non je n'en voudrais plus.
KRAPP - Viens d'écouter ce pauvre petit crétin pour qui je me prenais il y a trente ans, difficile de croire que j'aie jamais été con à ce point-là.
(Krapp jure, débranche l'appareil, fait avancer la bande, rebranche l'appareil) Mon visage dans ses seins et ma main sur elle. Nous restions là, couchés, sans remuer. Mais , sous nous, tout remuait, et nous remuait, doucement, de haut en bas, et d'un côté à l'autre.
Pause.
Passé minuit. Jamais entendu pareil silence. La terre pourrait être inhabitée.
Pause.
Ici je termine [...]
Nous restions là, couchés, sans remuer. Mais, sous nous, tout remuait et nous remuait doucement de haut en bas, et d'un côté à l'autre.
(La dernière bande)
Ada: Est-ce que ça t’aide un peu, Henry, ces sornettes ? (Un temps.) Non ? (Un temps.) Alors je crois que je vais rentrer.
Henry: Pas encore ! Tu n’as pas besoin de parler ! M’écouter pas plus ! Même pas ! Être à côté de moi ! (Un temps.) Ada !
(Cendres)
Des histoires, des histoires, des années des années d’histoires, tout seul, ça allait, puis le besoin, soudain, d’un autre à côté de moi, n’importe qui, un étranger, à qui parler, s’imaginer qu’il m’entend.
(Cendres)
elle était couchée sur les planches du fond, les mains sous la tête et les yeux fermés. Soleil flamboyant, un brin de brise, l'eau un peu clapoteuse comme je l'aime. J'ai remarqué une égratignure sur sa cuisse et je lui ai demandé comment elle se l'était faite. En cueillant des groseilles à maquereau, m'a-t-elle répondu . J'ai dit encore que ça me semblait sans espoir et pas la peine de continuer et elle a fait oui sans ouvrir les yeux. (pause.) Je lui ai demandé de me regarder et après quelques instants - (pause) - après quelques instants elle l'a fait, mais les yeux comme des fentes à cause du soleil. Je me suis penché sur elle pour qu'ils soient dans l'ombre et ils se sont ouvert. (Pause.) M'ont laissé entrer. (Pause.) Nous dérivions parmi les roseaux et la barque s'est coincée. Comme ils se pliaient, avec un soupir, devant la proue ! (Pause.) Je me suis coulé sur elle, mon visage dans ses seins et ma main sur elle. Nous restions là, couchés, sans remuer. Mais, sous nous, tout remuait et nous remuait doucement de haut en bas, et d'un côté à l'autre.