AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782707300553
95 pages
Editions de Minuit (01/03/1963)
3.65/5   417 notes
Résumé :
Oh les beaux jours : pièce en deux actes pour deux personnages, écrite en anglais entre 1960 et 1961. Traduite en français par l'auteur en 1962. La première représentation, avec Madeleine Renaud dans le rôle de Winnie et Jean-Louis Barrault dans celui de Willie, eut lieu en septembre 1963 au Festival du Théâtre de Venise, où elle remporta un immense succès. Fin octobre 1963, la pièce fut reprise par ces mêmes acteurs à Paris au Théâtre de l'Odéon. Elle a figuré ensu... >Voir plus
Que lire après Oh les beaux jours, suivi de Pas moiVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
3,65

sur 417 notes
5
7 avis
4
8 avis
3
5 avis
2
0 avis
1
2 avis
Oh les beaux jours de Samuel Beckett est une pièce à voir plus qu'à lire...les didascalies sont omniprésentes et projettent sans cesse vers une mise en scène, plus signifiante que les dialogues...un objet d'étude plus qu'un réel plaisir de lecteur.
Commenter  J’apprécie          561
Challenge Nobel 2013-2014

Pièce de théâtre en deux actes où le personnage principal est une femme d'une cinquantaine d'années. Elle est à demi-enterrée jusqu'au dessus de la taille au centre d'un mamelon. A ses côtés, un sac, où elle en sort des objets du quotidien ou presque puisqu'il y a un revolver également.
Début de la pièce, Winnie se réveille, puis on la suit dans ses gestes du quotidien (prière, brossage des dents...). Ensuite, elle entame un long monologue où elle s'adresse à Willie omniprésent sur la scène, mais qui ne répond pas à ses questions et remarques. Elle nous explique ce qu'elle va faire de sa journée, se remémore des souvenirs passés.

Les nombreuses didascalies accentuent le côté humoristique de la pièce. Un détour sur You tube, et j'ai pu visionner un extrait de cette pièce avec la comédienne Catherine Frot. On prend conscience de la difficulté d'incarner ce personnage magnifique, car il y a une gestuelle à maintenir tout le long la pièce. C'est vraiment une prouesse.

Samuel Beckett aborde les thèmes de la vie quotidienne, du temps qui passe, mais sans s'apitoyer sur sort. Au contraire, Winnie est une femme courageuse qui malgré le sort inévitable que nous réserve la vie garde toute sa joie de vivre. Elle utilise les moindres détails du quotidien comme motif pour se réjouir et continuer de vivre.

Cette pièce m'a vraiment plu, j'ai découvert un personnage, une vision de la vie, un auteur. Bref, un coup de coeur.
Commenter  J’apprécie          320
Le théâtre de Samuel Beckett, auteur avant-gardiste d'un théâtre de l'absurde, a de quoi dérouter. Il n'est pas aisé de comprendre où l'auteur veut en venir lors de la première lecture de cette pièce. Une analyse approfondie et une seconde relecture plus attentive est nécessaire pour dénicher les détails omis lors de la première rencontre avec le texte.

Cette pièce en deux actes ne met en scène que deux personnages, Winnie et Willie, dans un décor exceptionnellement étrange, qui semble clos, obscur, déserté par les êtres humains, étouffant et surprennant. Winnie est enterrée à demi jusqu'au buste dans le sol, sur un mamelon, tandis que Willie est caché à l'arrière de la scène, de façon à ce que Winnie et le spectateur ne puisse voir seulement que des bouts de son être, imprécis, camouflé (derrière un journal, par exemple). En survolant le texte, on peut décemment voir une multitude de didascalie, notamment la répétition incessante de "Un temps", didascalies qui servent à une représentation facilité de la pièce sur scène, pièce qui doit être lue et vue représentée pour être complètement appréciée.

Winnie, dans un monologue presque infini, essaie de meubler sa journée, de combattre le temps éternel, qui revient chaque jour, de la même manière. Elle essaie de casser cette monotonie, de déjouer le cours de sa vie... sans succès, comme le prouve les nombreuses répliques répétitives qu'elle récite et les actions identiques qu'elle effective (notamment au niveau de son sac). Ce personnage en devient tragique, douloureusement attendrissant pour le spectateur, qui s'émeut de l'énergie et de l'obstination dont fait preuve la vieille femme pour survivre. Mais sa perte de mémoire, combiné à la perte de ses jambes, à sa vue qui baisse et au peu de retour qu'elle obtient de son mari, mènent irrésistiblement vers la mort qui lui sera fatale.

Outre le tragique de la pièce, le lyrisme amoureux, très présent dans Oh les beaux jours, met en avant les sentiments décuplés et attendrissant de la vieille femme pour son mari. Prenant soin de lui sans cesse, s'inquiétant pour son état, lui parlant sans discontinuer, attendant des réponses qui ne viendront pas, elle ne se laisse pas décourager par ces retours silencieux et continuent à espérer le retour de son mari déchu, qui brille, si majestueux, dans le peu de souvenir qu'il lui reste. Ce genre de parallèle est également perspectible dans une autre pièce de Samuel Beckett dans Fin de Partie entre Nagg et Nell, vieux couple au destin identique, touchant dans leur situation et fou amoureux, malgré les difficultés de la vie.

Je ne fais qu'une courte chronique pour présenter brièvement les principaux thèmes qui recouvrent Oh les beaux jours, mais sachez qu'après des mois d'analyses et de travail sur cette pièce en cours de littérature française, je puis vous dire qu'il y a énormément de choses à déchiffrer à travers ces lignes. Samuel Beckett était un auteur bien mystérieux, qui a laissé l'entière responsabilité aux lecteurs de s'approprier ses textes pour en faire la conclusion qu'ils souhaitaient.

Au début de l'étude de cette oeuvre, j'avoue ne pas avoir été passionnée par ce livre (très original, je n'avais rien lu de tel jusqu'alors ; les didascalies très abondantes me dérangées, le style de l'auteur était énigmatique, aucune intrigue ne venait s'ajouter aux phrasés des personnages... tout cela me paraissait bien étrange). Néanmoins, après plusieurs relectures et une réflexion plus poussée sur le contenu d'Oh les beaux jours, je me suis prise à entrer dans le jeu de l'auteur, à trouver des significations aux personnages, à leurs paroles... et à aimer un temps soit peu ce récit.

Erudit ou non de pièces de théâtre, aux curieux qui souhaitent bouleverser leurs genres de lectures habituelles, aux originaux qui veulent découvrir une plume hors du commun, ou à tous ceux dont j'ai donné l'envie de découvrir ce récit... n'hésitez pas. Laissez-vous plonger dans l'univers oppressant de Samuel Beckett et laissez grand ouvert votre imagination, sans quoi la pièce se retrouverait sans saveur.
Lien : http://addictbooks.skyrock.c..
Commenter  J’apprécie          120
Oh les beaux jours est une pièce exceptionnelle.
Dans ce dialogue qui la plupart du temps se réduit en fait à un monologue de Winnie, Beckett réussit à donner une vision très complète de la vie humaine et de sa signification. A ce titre, la pièce peut être vue quasiment comme un traité philosophique ou anthropologique. Aussi est-il quelque peu illusoire de vouloir rassembler de manière exhaustive toutes les perspectives qu'elle offre. J'en mentionnerai quelques unes.
La vie y est d'abord vécue comme une expérience physique et corporelle de présence au monde. Et cette expérience est souvent douloureuse comme le rappellent les douleurs, les migraines ou la fatigue de Winnie.
La vie humaine est régie par des codes sociaux. Au travers de la relation entre Winnie et Willie, Beckett parle par exemple de la séduction et de ses codes, ou des normes autour des soins du corps.
L'amour et le lien entre deux êtres sont une thématique centrale de la pièce. le couple est une figure récurrente du théâtre de Beckett. La relation à l'autre est ce qui permet de tenir. C'est une consolation face à la solitude et au tragique de l'existence. Une anecdote rapportée par Ionesco à la mort de Beckett est à cet égard riche d'enseignement. Beckett passait de longues heures à la Coupole (café parisien de Montparnasse) avec son ami le peintre Bram van Velde. Ils restaient là assis, immobiles, sans presque échanger une parole. Au moment de se séparer, Beckett disait "on a passé un bon moment". Et c'était tout.
La pièce fait également souvent référence à la religion, notamment par des allusions à la prière ou aux flammes de l'enfer, ne serait-ce que par le décor, une étendue d'herbe brulée.
La vie est un mouvement permanent, obstiné, à l'image de la fourmi observée par Winnie, qui transporte avec son elle son petit oeuf blanc. Certes, à l'image des gestes anodins de Winnie sans cesse répétés, ce mouvement vital, cette pulsation se condensent bien souvent en quelque chose de monotone, de répétitif, dépourvu de sens et quoiqu'il arrive ils se concluent par la mort. Néanmoins la vision de Beckett n'est pas univoquement tragique. Oui, Willie est terré comme un rat dans sa tanière et Winnie est enfermée dans un mamelon de terre. Mais la vie offre de bons moments et des joies simples. La pièce est souvent drôle. Dans le deuxième acte, Willie apostrophe sa compagne par un 'Win' qui ouvre vers une lumière dans le tunnel, même si cette victoire ne peut être qu'amère et limitée.
Le temps est un thème très important : la passé chargé de souvenirs, le présent qu'il s'agit d'occuper et de transformer en 'beaux jours', et le futur qui offre une issue inéluctable mais peut-être aussi un soulagement.
Pour finir, j'aimerais aussi évoquer la réflexion sur le langage que propose la pièce. Winnie parle des "mots vides" et ainsi de la difficulté qu'ont ceux-ci à rendre compte du monde et de l'expérience humaine. le passage où Willie lit des phrases de son journal montre bien la complexité du rapport entre langage et réalité. Winnie fait souvent référence au 'vieux style', ce langage devenu inadapté à dire le monde.

En résumé, une pièce majeure et vertigineuse.
Commenter  J’apprécie          81
Beckett s'inscrit avant tout dans un travail sur la forme : jusqu'où peut-on réduire le théâtre ? Toujours le même minimalisme dans les décors et l'action mais des milliers d'interprétations. Peut-être la pièce ne représente-t-elle rien d'autre que deux personnages dialoguant plus ou moins ? Elle pourrait aussi montrer les stratégies qu'utilisent les humains pour contourner la tyrannie du temps qui passe, les entraîne vers la mort.
Commenter  J’apprécie          180

Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Et tu t'es déjà bien assez dépensé, pour le moment, détends-toi à présent, repose-toi, je ne t'embêterai plus, à moins d'y être acculée, simplement te savoir là à portée de voix et sait-on jamais sur le demi-qui-vive, c'est pour moi...c'est mon coin d'azur
Commenter  J’apprécie          220
Avoir été toujours celle que je suis - et être si différente de celle que j'étais. (Un temps.) Je suis l'une, je dis l'une, puis l'autre. (Un temps.) Il y a si peu qu'on puisse dire. (Un temps.) On dit tout. (Un temps.) Tout ce qu'on peut. (Un temps.) Et pas un mot de vrai nul part.
Commenter  J’apprécie          80
Hé oui, si peu à dire, si peu à faire, et la crainte si forte, certains jours, de se trouver...à bout, des heures devant soi, avant que ça sonne, pour le sommeil, et plus rien à dire, plus rien à faire, que les jours passent, certaines jours passent, sans retour, ça sonne, pour le sommeil, et rien ou presque rien de dit, rien ou presque rien de fait. (Elle lève l'ombrelle.) Voilà le danger. (Elle revient de face.) Dont il faut se garer.
Les éditions de minuit, p.42
Commenter  J’apprécie          40
le début
WINNIE. - (Fixant le zénith.) Encore une journée divine. (Un temps. Elle ramène la tête à la verticale, regarde devant elle. Un temps. Elle joint les mains, les lève devant sa poitrine, ferme les yeux. Une prière inaudible remue ses lèvres, cinq secondes. Les lèvres s'immobilisent, les mains restent jointes. Bas.) Jésus-Christ Amen. (Les yeux s'ouvrent, les mains se disjoignent, reprennent leur place sur le mamelon. Un temps. Elle joint de nouveau les mains, les lève de nouveau devant sa poitrine. Une arrière-prière inaudible remue de nouveau ses lèvres, trois secondes. Bas.) Siècle des siècles Amen. (Les yeux s'ouvrent, les mains se disjoignent, reprennent leur place sur le mamelon. Un temps.) Commence, Winnie, (Un temps.) Commence ta journée, Winnie.
Commenter  J’apprécie          20
Winnie : " (un temps long. Bas.) Étrange sensation. (Un temps. De même) Etrange sensation, que quelqu'un me regarde. Je suis nette, puis floue, puis plus, puis de nouveau floue, puis de nouveau nette, ainsi de suite, allant et venant, passant et repassant, dans l'œil de quelqu'un. (Un temps. De même) Étrange ? (Un temps. De même) Non, ici tout est étrange."
Commenter  J’apprécie          50

Videos de Samuel Beckett (132) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Samuel Beckett
Par l'autrice & un musicien mystère
Rim Battal propose une lecture performée de x et excès avec un grand musicien jazz et pop dont le nom sera révélé lors de la soirée. En ouverture Rim Battal invite cinq poétesses, Alix Baume, Camille Pimenta, Charlene Fontana, Esther Haberland, Virginie Sebeoun, qu'elle a accompagnées lors d'un programme de mentorat intitulé « Devenir poète.sse ». Cinq brèves lectures avant de plonger dans x et excès. Rim Battal y explore les zones d'ombre de l'ère numérique où l'industrie du sexe a une place prépondérante. Comment sculpte-t-elle nos corps et notre rapport à l'autre ? Dans une langue inventive, Rim Battal s'attaque au discours dominant sur la sexualité, le couple et l'amour pour mieux en révéler les failles.
Ce faisant, elle ouvre un espace de réflexion sur l'art. de Cabanel à Mia Khalifa, de Samuel Beckett à Grisélidis Réal, elle tisse des liens entre poésie, pornographie et oeuvres plastiques. Et dévoile ce que notre époque a de singulier et d'universel.
À lire – Rim Battal, x et excès, Castor Astral, 2024 – L'eau du bain, coll. « Poche poésie », Castor Astral, 2024.
+ Lire la suite
autres livres classés : théâtreVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (2176) Voir plus



Quiz Voir plus

En attendant Godot, on répond à ce quiz

En quelle année cette pièce a t-elle été publiée ?

1948
1952
1956
1968

10 questions
316 lecteurs ont répondu
Thème : En attendant Godot de Samuel BeckettCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..