Citations sur Oh les beaux jours, suivi de Pas moi (15)
Et tu t'es déjà bien assez dépensé, pour le moment, détends-toi à présent, repose-toi, je ne t'embêterai plus, à moins d'y être acculée, simplement te savoir là à portée de voix et sait-on jamais sur le demi-qui-vive, c'est pour moi...c'est mon coin d'azur
Avoir été toujours celle que je suis - et être si différente de celle que j'étais. (Un temps.) Je suis l'une, je dis l'une, puis l'autre. (Un temps.) Il y a si peu qu'on puisse dire. (Un temps.) On dit tout. (Un temps.) Tout ce qu'on peut. (Un temps.) Et pas un mot de vrai nul part.
Winnie : " (un temps long. Bas.) Étrange sensation. (Un temps. De même) Etrange sensation, que quelqu'un me regarde. Je suis nette, puis floue, puis plus, puis de nouveau floue, puis de nouveau nette, ainsi de suite, allant et venant, passant et repassant, dans l'œil de quelqu'un. (Un temps. De même) Étrange ? (Un temps. De même) Non, ici tout est étrange."
Heure exquise
Qui nous grise
Lentement,
La caresse,
La promesse
Du moment,
L'ineffable étreinte
De nos désirs fous,
Tout dit, Gardez-moi
Puisque je suis à vous.
"Quelqu'un me regarde encore. (Un temps.) Se soucie de moi encore. (Un temps.) [...] Des yeux sur mes yeux."
"Je parle de temps tempérés et de temps torrides, ce sont des mots vides."
Hé oui, si peu à dire, si peu à faire, et la crainte si forte, certains jours, de se trouver...à bout, des heures devant soi, avant que ça sonne, pour le sommeil, et plus rien à dire, plus rien à faire, que les jours passent, certaines jours passent, sans retour, ça sonne, pour le sommeil, et rien ou presque rien de dit, rien ou presque rien de fait. (Elle lève l'ombrelle.) Voilà le danger. (Elle revient de face.) Dont il faut se garer.
Les éditions de minuit, p.42
Et toi ? dit-elle. Toi, tu rimes à quoi, tu es censé signifier quoi ? Est-ce parce que tu tiens encore debout sur tes deux panards plats, ton vieux baise-en-ville bourré de caca en conserve et de caleçons de rechange, me traînant d'un bout à l'autre de ce fumier de désert...
Winnie.- (Regardant devant elle, toque à la main, ton de fervente réminiscence.) Charlot Chassepot ! (Un temps.) Je ferme les yeux – (elle enlève ses lunettes et ferme les yeux, toque dans une main, lunettes dans l’autre) – et suis de nouveau assise sur ses genoux, dans le clos à Fougax-et-Barrineuf, derrière la maison, sous le robinier. (Un temps. Elle ouvre les yeux, chausse ses lunettes, taquine la toque.) Oh les beaux jours de bonheur !
le début
WINNIE. - (Fixant le zénith.) Encore une journée divine. (Un temps. Elle ramène la tête à la verticale, regarde devant elle. Un temps. Elle joint les mains, les lève devant sa poitrine, ferme les yeux. Une prière inaudible remue ses lèvres, cinq secondes. Les lèvres s'immobilisent, les mains restent jointes. Bas.) Jésus-Christ Amen. (Les yeux s'ouvrent, les mains se disjoignent, reprennent leur place sur le mamelon. Un temps. Elle joint de nouveau les mains, les lève de nouveau devant sa poitrine. Une arrière-prière inaudible remue de nouveau ses lèvres, trois secondes. Bas.) Siècle des siècles Amen. (Les yeux s'ouvrent, les mains se disjoignent, reprennent leur place sur le mamelon. Un temps.) Commence, Winnie, (Un temps.) Commence ta journée, Winnie.