Ayant de nombreux ouvrages sur la CIA et le KGB et attiré par son titre et sa 4ème de couverture, je me suis procuré cet ouvrage me régalant par avance des nombreuses anecdotes sur l'espionnage que je pensais y découvrir. Mais après la lecture de quelques pages, force me fut de constater que ce très gros pavé (656 pages !) ne parlait pas d'espionnage mais du Liban et de son histoire liée au terrorisme depuis 1948 et la création d'Israël. Je me suis alors dit : continuons de lire, cela va peut-être m'éclaircir les idées sur ces problèmes du Proche-Orient dont j'entends parler depuis ma naissance et qui périodiquement touchent l'Occident par des vagues d'attentats.
On suit ainsi toutes les étapes de l'histoire du Liban de ces soixante dernières années : création d'Israël, arrivée massive de centaines de milliers de palestiniens qui trouvent refuge dans des camps, fondation d'organisations de libération de la Palestine (Fatah, OLP pour les plus connues) qui, surarmées, montent des opérations de guérilla contre Israël, guerres israélo-arabes, montée du terrorisme international dans les années 70-80 (Septembre Noir et les JO de Munich 72, nombreux attentats, prises d'otages, détournements d'avions...) et guerre civile, fondation par les chiites du Hezbollah qui finit par devenir l'organisation principale palestinienne de lutte contre Israël malgré sa mise officielle sur la liste des organisations terroristes, montée en puissance de l'influence de l'Iran d'Ahmadinejad.
Tous ces événements sont dus à la faiblesse du pouvoir politique libanais et surtout à l'imbrication des influences étrangères (USA et URSS pendant la guerre froide ; la Syrie d'Hafez puis de Bachar el-Assad qui ne veulent pas d'un Liban indépendant et passent des décennies à souffler sur les braises) et de celles des différentes communautés religieuses (chrétiens, chiites, sunnites, druzes, maronites, chrétiens orthodoxes). Toutes ces communautés, soutenues par tel ou tel pays, ont fondé des partis politiques (allant des ultra-nationalistes au communistes soutenus par l'URSS), des milices, des organisations terroristes qui vont s'allier, se trahir, se combattre entre eux, s'assassiner leurs leaders. Malheureusement, après quelques centaines de pages, ces alliances-trahisons sont tellement confuses que j'ai arrêté de les suivre précisément.
Cet ouvrage n'aborde finalement que très peu l'espionnage excepté les deux-trois chapitres pas si dispensables évoquant Victor, un mystérieux informateur de l'auteur, qui déflore à peine les actions entreprises par les barbouzes françaises issues du SAC et de l'OAS sous
De Gaulle et Mitterand.
Ce livre totalise 656 pages mais l'annexe en prend 115. Et cette annexe est une petite encyclopédie de toutes les personnalités triées par nationalité, ainsi que les localités, organisations, partis politiques, milices, et otages cités.
En résumé, si vous recherchez un ouvrage sur l'espionnage comme ceux de
Christopher Andrew ou de
Gordon Thomas, passez votre chemin. Par contre, si l'histoire moderne du Proche-Orient vous intéresse "
Beyrouth l'enfer des espions" est pour vous malgré son titre trompeur.