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L'auteur a su encore une nouvelle fois retranscrire les blessures et les drames qui sont universels mais dans une culture orientale ou beaucoup sont tabous et scellés. Rien n'est édulcoré, franc,sans détour, réaliste. Ça tape ou ça fait mal. A lire pour qu'on admette que nous sommes tous concernés par ses tragédies.
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[Extrait de la critique littéraire]

Tanger, 2000. Une maison abandonnée. Au sous-sol, un mari, Mourad, et sa femme, Malika. Ils se détestent. Ils se haïssent. Ils ne peuvent plus se supporter. Que s'est-il passé ? Qu'évitent-ils ? le roman de l'académicien marocain, Tahar Ben Jelloun, nous présente un coup de maître : ils nous forcent dans ce huit-clos, au milieu de ce couple âgé qui ont oublié même l'essence de la vie. Ils subissent leurs existences, s'empoisonnant tel le vénin qui se propage dans les murs de la bâtisse en ruine.

La question reste toujours la même : pourquoi restent-ils ici ? pourquoi se faire autant de mal ? le lecteur est pris en haleine dans ce long récit face à l'évenèment traumatique : le suicide de Samia. le sujet, à la hauteur de sa gravité, est évité tout au long du récit. Tel les parents, le lecteur est laissé à l'abandon, n'osant imaginer ce qui est arrivé à la jeune Samia. La division en chapitre métamorphose le conflit entre Malika et Mourad. Tant de voix s'élèvent : tantôt Malika dont les mots heurtent son mari, tantôt Mourad se sentant impuissant face à son âge, tantôt Samia qui – par son journal – retrace telle une Sylvia Plath les émois de sa vie remplie de poésie et de la vie qui s'échappe d'elle au fur et à mesure des jours…

La prose intime de Samia donne une perspective quant à la construction de la famille marocaine gouvernée par le silence et les faux semblants. Face à un tel sujet, c'est avec brio que Tahar Ben Jelloun vient briser le silence et crée une atmosphère mortifère. Une réfléxion est alors posée sur l'amour et le droit des femmes au sein de la société marocaine du début du millénaire.
Lien : https://sanaaquedeslivres.wo..
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Un roman choral, ça faisait longtemps.
J'aime ce choix narratif chez l'auteur. J'aime pouvoir me mettre dans la peau de tous les personnages, connaitre leurs pensées, leurs secrets.
Le secret ici est de taille.
Et vous ne l'apprendrez pas dans cette chronique car je n'ai toujours pas digéré le fait d'avoir été spoilé par la quatrième de couverture.
Mais pourquoi faire ça sérieusement ? (ok, poursuivons... 🙄)

Nous sommes donc dans le Tanger du début des années 2000. Un pays à la culture forte, où les coutumes sont respectées, un pays en plein changement, où la religion gagne en importance, où la corruption est omniprésente et où l'amour vient après le mariage.
Malika et Mourad d'ailleurs, ne semblent plus s'aimer. Ils se tolèrent, s'insupportent, et surtout, depuis la tragédie, vivent dans une sorte de prison où la lumière peine à passer.

La lumière c'était Samia. Et ils n'en n'ont plus besoin depuis qu'elle n'est plus là. Ce drame a scié la famille, l'a détruite pour toujours.
Jeune fille douce et calme, Samia se réfugiait dans la lecture et écrivait des poèmes qu'elle rêvait de voir édités. Elle rédige avec assiduité son journal où elle emprisonne ses projets et ses sentiments. Nous découvrons une jeune fille dotée d'une grande maturité qui a souvent tendance à se laisser aller à la mélancolie. Elle sent les choses. Autour d'elle, les secrets de son père, les silences de sa mère, elle sent aussi qu'elle va mourir jeune.

Avec une plume subtile, Ben Jelloun met des mots doux sur le plus grand des chagrins : la perte d'un enfant. La construction est si parfaite que l'auteur nous permet de bien nous imprégner des personnages, de leurs identités propres, de leur passé, de leurs regrets avant d'en apprendre davantage sur la tragédie. Il nous raconte comment un évènement peut détruire une famille, comment choisir le silence n'est jamais acceptable et surtout, comment avancer après ça. Des parents qui s'enferment, des frères qui fuient, des aidants qui se questionnent.

C'était mon premier Tahar Ben Jelloun et il est clair que ça ne sera pas mon dernier. Des recommandations ?
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L'amertume et le miel est un livre noir, amer mais beau à lire.
L'histoire se passe au Maroc avec ses traditions étouffantes, ses superstitions, sa corruption, ses contradictions et la religion qui veut tout contrôler.

Avec une écriture puissante, Tahar Ben Jelloun aborde des sujets difficiles tels que le suicide, le viol, le deuil, la solitude et la détestation mutuelle dans un couple.

Mourad est un modeste comptable que sa femme méprise pour son intégrité dans un milieu de corrompus. Mais son intégrité n'est pas assez solide ; elle cède sous les menaces et le tempérament inquisiteur de sa femme. Sa mauvaise conscience ne va plus le lâcher. Cette compromission loin d'arranger les choses avec sa femme, va l'éloigner d'elle.
Une tragédie va anéantir définitivement sa vie, le suicide de sa fille âgée de 16 ans. La vie de couple devient une monstruosité pleine de haine, de tumultes et d'affrontements.

La structure du livre m'a énormément plu. La parole est donnée à différents protagonistes pour raconter chacun avec son point de vue, la même histoire. La description méticuleuse du moindre détail est remarquable, jamais ennuyeuse.

Une lecture qui donne à réfléchir, qui dérange, que je recommande.
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Tahar Ben Jelloun est un écrivain et poète franco-marocain, connu notamment grâce à son premier roman « L'enfant de sable », avec lequel j'avais personnellement peu accroché. Je le trouvais dense, lourd, maladroit, bref.

Avec « le miel et l'amertume », dont j'avais entendu beaucoup de bien lors de sa parution, je me suis dit que j'allais tenter de renouer avec l'auteur et c'est mission réussie !

Ce récit à plusieurs voix se déroule à Tanger dans les années 2000 où l'on suit toute l'origine ainsi que la décadence d'une famille détruite par un drame touchant à leur fille aînée, Samia, alors âgée de 16 ans. Adolescente passionnée par la poésie, elle est victime d'un prédateur qui attire les jeunes filles en leur faisant miroiter qu'il va publier leurs poèmes dans son journal.

Ce roman déchirant et très bien écrit, nous plonge dans la société marocaine, sa corruption, ses tabous, dans les méandres de la religion musulmane. Cette famille et notamment les parents, sont rongés par la culpabilité, les non-dits, les remords. A maintenant 80 ans, ils ne se supportent plus, ne supportent plus la vie et attendent impatiemment que la mort les soulagent. Les fils cadets, eux, se sont éloignés de la cellule familiale, sans avoir jamais vraiment su ce qui était arrivé à leur grande-soeur…

Vous l'aurez compris, c'est un roman bouleversant, dramatique, empreint de poésie. Lisez-le si ce n'est pas déjà le cas !
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Samia adore écrire de la poésie, et rêve d'être publiée. En sortant du lycée, elle tombe sur un homme qui publie des poèmes de jeunes filles dans son journal. En le suivant, elle est victime de sa pédophilie et, incapable de s'en remettre, se suicide.

Des années plus tard et à cause de cette tragédie, l'amour a disparu entre ses parents, Malika et Mourad. Elle pense que tout le monde est contre elle (sa belle fille, son mari...) et lui n'en peux plus de la tyrannie de sa femme.

Une excellente découverte !
Les chapitres sur Samia montrent l'impact d'un viol sur ses victimes, encore plus dans une société marocaine où les filles doivent entre vierge pour le mariage, et donc où mes victimes sont considérées comme des coupables qui apportent la honte sur leur famille.

Le point de vue des deux parents témoignent des conflits et des oppositions qui surviennent suite à la mort d'un enfant, mais aussi d'une société entièrement corrompue, où il faut accepter de l'argent sale pour survivre.

L'écriture de Tahar Ben Jelloun est impossible à décrire : les personnages semblent plus "vrais" les uns que les autres, à la fois profondément touchants et détestables ; on ne peut s'empêcher de tourner les pages de ce livre à la fois dérangeant pour ce qu'il dénonce, mais beau par certaines actions des personnages.
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Je savais à quoi m'attendre en ouvrant ce livre. L'histoire n'allait pas parler de choses extrêmement positives. La narration sous forme de courts chapitres permet, je crois, une immersion plus importante dans cette histoire ou rien ne va : d'entrée de jeu, j'ai pu me re-créer l'image de cette maison de malheur. A ce propos, l'une des premières phrases du livre dresse d'une façon radicale le contexte : "nous étions même heureux et nous ne nous rendions pas compte de notre chance". Ainsi donc, Tahar Ben Jelloun prend le parti de nous révéler d'entrée de jeu l'évènement qui conditionne toute l'histoire: Samia s'est suicidée.
Au fil de l'histoire rédigée sous forme d'entrées dans une sorte de journal intime ou chaque personnage nous livre sa version des faits. Sur la forme, rien à dire. C'est sur le fond que ça coince pour moi. Et c'est la raison de ces 3 étoiles (seulement..) Sans en divulguer trop, je trouve ça dommage que l'auteur ne se soit pas plus saisi du contexte et des histoires de corruption d'argent (qui ne sont ma fois que - trop - peu exploitées) dans le livre.
je me aussi questionne sur la fin de ce récit qui pour moi arrive beaucoup trop vite. La "fin" de chaque personnage arrive beaucoup trop vite. J'ai eu la sensation que l'auteur en avait marre de ses personnages. Je comprends le fond de l'histoire: la famille est rongé par l'amertume et la culpabilité. Mais à mon sens cela ne justifie pas une fin si abrupte et des destins si vite "expédiés". Je regrette de n'avoir pas pu davantage saisir la complexité des personnages... Pourtant dans le contexte social et géopolitique de l'histoire du Maroc dans les années 2000, il y aurait eu à dire...

En bref, bof. C'est un livre intéressant, mais pas le livre de l'année non plus, je m'attendais à mieux.
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Bien plus d'amertume que de miel.

Je n'ai pas su entrer dans le récit, moi qui ai pourtant la larme facile et avec une histoire aussi dramatique, avec tant d'échos en moi, j'aurai dû plonger entière dedans. Cependant, je pense que le manque de miel m'a maintenue à distance du personnage de Samia et de sa sensibilité.
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Dans ce très beau récit à la fois fluide et très nourri, plein de douleur, de douceur, d'émotion et de colère, l'auteur à travers la destinée d'un couple et en particulier de leur fille, offre de façon lucide, en même temps qu'une histoire tragique, un regard très critique sur la société et son pays d'origine, le Maroc.
Je regrette que la 4e de couverture dévoile trop de choses.
Bien sûr "la tragédie" est le point central du roman, mais elle permet de s'attacher avec bienveillance aux personnes tout en comprenant les ressentis des un.e.s et des autres.
Ce sont l'éducation rigide, les coutumes religieuses, la puissance de la crainte du "qu'en dira-t-on" et l'habitude de la corruption qui pèseront sur cette famille empêtrée dans médiocrité, le chagrin et la culpabilité, la rancoeur.
Grâce aux voix de trois protagonistes en particulier, le père, la mère, la fille, qui s'expriment tour à tour, nous suivons et vivons le parcours de Malika et Mourad qui après un début de mariage paisible et amoureux, ont vite versé dans le ressentiment, l'ennui, l'avarice, puis dans la décrépitude progressive, due à "la tragédie" qui les a anéanti.e.s, la culpabilité et l'amertume. L'une reprochera à l'autre de se renfermer dans son égoïsme, l'autre reprochera à sa compagne de simuler maladies et malaises pour éviter de voir les choses en face ou d'affronter le monde tel qu'il change. Pendant ce temps, Samia, que l'on découvre tardivement, suit des études assez brillantes, lit beaucoup. Elle ne comprend pas les disputes et la médiocrité ambiante, elle préfère la solitude dans laquelle elle écrit son journal et de la poésie, poésie qui lui vaudra le malheur, sans en parler à personne. Jusqu'au jour où le drame arrive et où - même tentée par l'idée de se confier - elle résiste à cause de sa connaissance des façons de faire et de réagir chez eux lorsqu'une femme est victime. Sa solitude choisie deviendra alors un piège, elle se sentira de plus en plus mal.
Malgré leurs faiblesses, Malika et Mourad gardent un certain esprit de solidarité, c'est ainsi qu'ils accueilleront un réfugié sans papier, doux et positif, qui subit comme c'est habituel au Maroc le racisme ordinaire anti-noirs. Ils l'aideront à conquérir sa carte de séjour et il deviendra leur homme de compagnie à tout faire. C'est de lui que viendra le miel qui adoucira parfois la destinée. le miel viendra aussi des fils éloignés un temps par besoin de se préserver, mais restés tendres.
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Les chapitres alternent entre les points de vue de Mourad, Malika et Samia. Tour à tour, ils nous parlent du passé, du présent. On découvre le quotidien qui s'est enlisé avec Mourad et Malika, un couple moribond qui ne peut plus se supporter. Les jérémiades à longueur de temps de l'un et les insultes de l'autre rythment leurs journées moroses. Il ne se passe rien. Certes, l'auteur nous offre une vision d'ensemble de ce qu'étaient ses personnages avant la tragédie, mais pour le reste, nada. Je n'ai trouvé aucune consistance aux chapitres qui se succèdent et je me suis un peu ennuyée.

Mourad et Malika sont tout bonnement antipathiques au possible : elle aigrie, et lui résigné. Ils ont perdu leur fille et ont sombré progressivement dans une langueur sans nom. Au fil des années et de leur mariage raté, ils se reprochent tout un tas de choses que j'ai trouvé assommantes.

Première fois que je lis Tahar Ben Jelloun et malheureusement, je suis passée à côté de l'histoire..
Lien : https://loeildem.wordpress.c..
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