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Superbe et bouleversant, ce roman choral alterne les témoignages d'un père, d'une mère, des frères et des proches d'une lycéenne victime à seize ans d'un viol dont elle garde le secret avant de mourir, de se suicider, de briser ainsi sa famille victime d'un remords éternel et muet.

Un an après #MeToo et « Le Consentement » de Vanessa Springora dénonçant Gabriel Matzneff comme un prédateur, le journal intime de Samia accuse « Khenzir » (le cochon), un éditeur qui propose de publier ses poèmes « Pour être publiée il faut payer. C'est donnant donnant »…

La tombe de Samia est rapidement détruite, bien avant que Khenzir tire sa révérence à 73 ans et que les médias commettent un scandaleux éloge funèbre « Ainsi, ce militant de la culture, cet amoureux de la poésie, cet homme élégant et humble, a eu de belles funérailles. … La rédaction de notre journal présente ses condoléances sincères et émues à sa famille et à tous ses amis. » …

Cette tragédie fracasse la famille. le mère et la mère s'accusent mutuellement de n'avoir pas été attentif leur fille. Les deux jeunes frères s'échappent de la cellule familiale sans savoir ce qui est arrivé à leur grande soeur.

Tahar Ben Jelloum décrit avec pudeur et précision l'impossible communication et la culpabilité partagée des parents qui sombrent dans une vieillesse pitoyable et misérable.

« L'aigle noir » de Barbara plane au dessus de ces pages nourries de citations littéraires par un père, appréciant la littérature et connaissant ses classiques, et une fille curieuse et amoureuse de poésie. Mais il ne suffit pas qu'un enfant écrive et que son père lise pour qu'ils se comprennent … hélas !

Universel, ce drame qui pourrait se dérouler « ici et maintenant », est enraciné à Tanger, dans la région déshéritée du Rif, éternelle insurgée contre le pouvoir central, dont la corruption est vouée aux gémonies.

Ce détour ne doit pas occulter la torture subie par tant de femmes harcelées quotidiennement. En 2019, selon le ministère de l'Intérieur, 22 900 viols ont été enregistrés en France, un chiffre en hausse de 19% par rapport à l'année 2018.
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Ce roman est celui du grand écrivain franco-marocain, Tahar Ben Jelloun . Il s 'agit d 'un récit poignant et émouvant tellement il est dramatique ! Il touche une famille bien simple qui aurai bien pu vivre longuement heureuse si leur jeune fille, Samia n 'était tombée dans les rets d 'un obsédé sexuel .Ce dernier a fait miroiter à sa victime qu 'il peut lui éditer ses poèmes .Samia est victime de sa naïveté . Une fois que la fille a avalé les bobards de ce malade, il l' attira et abusa d 'elle ! C 'est la catastrophe pour elle .La fille nota et consigna tout son malheur dans son journal intime .Puis, elle se suicida .
La vie familiale est chamboulée et la haine et la désunion se sont installés dans cette famille malheureuse !
Grâce à une écriture simple mais combien poignante et
âpre l 'auteur nous fait mesurer le drame de cette famille et nous décrit ce que vivent les habitants de cette grande ville cosmopolite : corruption, société qui perd ses repères,honte, traditions obsolètes ...Un enfer !
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Le miel et l'amertume.... Un joli titre qui rappelle ces senteurs souvent associées.
Dans ce roman l'amertume domine. L'amertume de plusieurs vies gâchées, détruites, enchaînées à la haine de l'autre.
Maroc. Tanger. Aujourd'hui. Un couple d'octogénaires qui n'en peut plus de vivre ensemble, qui n'en peut plus de voir la mort les ignorer. Un secret, une honte.... Leur fille morte. Leur fille qui s'est suicidée à 16 ans.
Un couple qui se détruit autour de ce drame insurmontable.

Le livre est douloureux, empreint d'une tristesse lancinante. Un beau livre à lire.
*
Un regret : Gallimard ne fait pas un 4e de couverture digne de ce nom, l'éditeur résume le livre du début à la fin !
L'attente, les questions que j'aurais pu avoir en cours de lecture ont été rendues inexistantes par ce résumé scolaire. Dommage !
Attention c'est ce même 4e de couverture qui figure sur Babelio....
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Mourad et sa femme Malika sont des gens simples, honnêtes et modestes. Ils étaient disposés pour le bonheur conjugal, puis le malheur s'est immiscé dans leur petite vie tranquille, comme une fatalité. Leur couple parti pour vieillir avec sagesse est devenu une monstruosité, tant de haine, tant de hargne !

Mourad est intègre, jamais de sa vie il ne touchera un centime sale. Mais il n'arrive pas à s'en sortir, à joindre les deux bouts, sous la pression de son épouse il rejoint la cohorte des corrompus. Il devient un être quelconque. La corruption agit comme une drogue. Depuis le drame qui les a frappés, ils vivent dans le sous-sol de leur habitation, une maison qui les écrase, les nargue, les tue lentement. Elle a été la scène de leur bonheur, elle sera le témoin de leur malheur.

J'ai beaucoup apprécié ce roman. Tout d'abord dans sa construction, c'est un roman choral où viennent peu à peu se greffer de nouveaux narrateurs ; ensuite le lieu, la ville de Tanger, une ville cosmopolite où vivent en harmonie, Juifs, Catholiques et Musulmans. J'ai aimé la description sans concession que Tahar Ben Jelloun trace du Maroc d'Hassan II, une société basée sur la peur, « faire de la politique, c'est critiquer le roi », la religion qui interdit d'être soi-même et les traditions qui bâillonnent les femmes, où les mariages sont arrangés et où la corruption est devenue une économie parallèle et indispensable.
« Un pays où on construit plus de mosquées que d'écoles ou d'hôpitaux est un pays fini. Rien de bon n'en sortira. »

Au fil des pages, Tahar Ben Jelloun nous décrit avec une certaine dérision le couple formé par Mourad et Malika, détruit par le drame et qui se déchire jusqu'à la haine. Mais j'ai surtout été touché par le personnage de Samia, une jeune fille lumineuse, d'une grande sensibilité que personne autour d'elle n'entrevoit, sa fragilité et son besoin de solitude, elle compte sur les mots et la poésie pour la sauver de l'ennui et de la médiocrité de la société, elle ne supporte pas la pauvreté qui se manifeste partout dans la ville, trop de mendiants, trop d'enfants abandonnés, trop d'injustice. Une jeune femme à qui un être abject va prendre son corps et son âme. Un rayon de soleil dans ce récit douloureux et tragique.

Cette sombre histoire est portée par l'écriture légère, limpide et parfois souriante de Tahar Ben Jelloun.
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Tahar Ben Jelloun 'Le miel et l'amertume", une histoire déchirante, celle d'une jeune fille vivant au Maroc dans une famille traditionaliste et qui après avoir vécu l'horreur, sous le coup du traumatisme, décide de se suicider. Avec ce roman très bien écrit, on plonge au coeur des mentalités du Maroc, les méandres de la religion musulmane, vécu différemment selon les familles. On nous présente les mariages arrangés, le contrôle total et rigoriste de la foi islamique dans une société marocaine corseté, où les tabous sont nombreux notamment sur la sexualité. La virginité des jeunes filles qui sont mariées à des hommes qu'elles n'aiment pas forcément. Alors on serre les dents et l'on prie pour que le mari ne soit pas trop violent. le divorce dans ces familles traditionnalistes est inenvisageable. Samia à 16 ans, elle aime la poésie, la lire et l'écrire. Elle tient d'ailleurs un journal intime où elle expose son mal être et l'impossibilité de se réaliser pleinement, de vivre selon ses désirs, d'être soi-même. le livre nous parle de ces parents mortifiés suite à la perte de leur fille. Mourad, un père effacé, manquant de courage, de cran mais qui souffre terriblement. Les rapports avec sa femme Malika sont quasi impossible, chacun des deux rejetant la faute sur l'autre sur le drame vécu. Société du silence, où il ne faut surtout pas aborder par peur de la rumeur, du regard des voisins, de la honte face à tout comportement un peu différent des moeurs communément admise et défendu par un islam rigoriste. Cette immersion au coeur du Maroc, la corruption omniprésente et la difficulté pour les femmes d'assouvir leurs envies, de réaliser quelque chose qui leur appartiennent vraiment. C'est terriblement émouvant, profondément sombre avec tristesse lancinante d'un couple qui se déchire. Samia n'avait que seize ans. Son geste peut être perçu comme une sorte de pied de nez terrible aux traditions qui étouffent la société marocaine. C'est un roman que je vous recommande. Tahar Ben Jelloun a obtenu le prix Goncourt 1987 pour son roman "La nuit sacrée."
Lien : https://thedude524.com/2022/..
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C'est une histoire dramatique qui montre une famille déchirée par le viol suivi du suicide d'une jeune fille.

L'histoire se passe à Tanger. Malika et Mourad sont les parents de Samia qui aime la poésie. Pour son malheur elle rencontre un pervers pédocriminel (des faits réels ont inspiré ce livre). Ce criminel va utiliser la passion de Samia pour la poésie pour l'attirer dans ses filets.

L'auteur dans une récente interview déclare avoir porté cette histoire depuis longtemps, inspirée par un fait étant survenu dans sa famille.
Ce roman n'est pas seulement le récit d'un meurtre, c'est aussi le procès de différents traits de la société marocaine: la corruption (largement évoquée dans le livre) , la difficulté des couples face aux mariages arrangés, la promiscuité...

Le Maroc voit des associations qui éveillent les consciences mais aux dires de l'auteur les pédocriminels ne sont pas toujours punis.

"Une société qui ne protège pas l'enfance est coupable."
Tahar ben Jelloun souhaite se faire le porte-voix de ces victimes dans une société marocaine encore marquée par la tradition, la honte, la corruption.

L'auteur avait déjà évoqué ces thèmes de harcèlement et de pédophilie dans "la philo expliquée aux enfants". Pour lui il est essentiel de sortir du silence sur ce sujet.
"Le miel et l'amertume" est un livre fort qui dénonce l'impunité des pédocriminels dans le Maroc des années 2000.
C'est un livre qui fait avancer les choses et donne une image saisissante de la société marocaine.
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Lors du festival des écrivains du sud, fin juin, Tahar Ben Jelloun utilisait une image qui m'a beaucoup plu pour répondre à la question qui lui était posée de savoir s'il souhaiterait aujourd'hui ne pas avoir publié certains de ses livres : chaque livre est une pierre de l'édifice, permettant d'occuper à la fin la plus belle maison possible, avec différentes pièces, couloirs, corridors et jardins. À tort ou à raison, une rencontre, dans laquelle j'apprécie les réflexions de l'auteur, me pousse à découvrir son oeuvre…

Le roman "Le miel et l'amertume" s'inscrit dans la suite d'autres récits parus dernièrement sur la pédocriminalité et ses conséquences, avec la destruction d'une adolescente et de sa famille. Ce roman choral permet de comprendre le positionnement du père et de la mère ainsi que les risques que les non-dits font peser sur la fratrie.

L'intérêt de cette lecture réside dans le fait que l'histoire se passe à Tanger et que Tahar Ben Jelloun connaît très bien le Maroc. Il met en lumière le ressenti d'une victime qui aura d'autant plus de mal à parler que l'honneur et la honte occupent des places primordiales dans la société marocaine et que la sexualité est toujours un sujet tabou, sachant notamment que les relations hors mariage font encore aujourd'hui encourir des peines d'emprisonnement selon l'article 490 du code pénal.

À cette thématique centrale du viol d'une mineure s'ajoute des questionnements sur la corruption, sur la solitude et le suicide, sur le racisme qui existe également au Maroc face à leurs immigrés, sur la fin de vie, sur l'importance de la douceur et de la bienveillance, même de celui dont on ne pensait pas en obtenir, pour permettre de retrouver un peu de sérénité.

Il faut enfin souligner que Tahar Ben Jelloun a un réel talent de conteur qui ne peut pas laisser indifférent…
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Ce roman est une affirmation et attestation qui explique le viol d'une jeune fille dans la société bourgeoise marocaine. Dans cette fiction, l'écrivain “s'empare du sujet pour dire l'insoutenable blessure que provoquent les agressions sexuelles et pour dénoncer le silence, notamment au sein des familles.” qui pourrait être n'importe quelle famille maghrébine.
Le miel et l'amertume est un livre-témoignage qui dénonce les agressions sexuelles. “Tant qu'il n'y a que la littérature pour se faire entendre, alors les livres ont toute leur raison d'être
Comme dans tous les livres qui traitent de ce thème, les faits sont plus importants que la plume . “Ce sont des sortes de témoignages où la fiction s'empare du sujet pour dire l'insoutenable blessure que provoquent les agressions sexuelles et pour dénoncer le silence qui s'impose pendant des années, .”
un roman-pamphlet et opuscule contre les tabous du viol de Tahar Benjelloun a' me pas manquer .
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magnifique roman mais très realiste à la fois.
Roman choral le père la mère agés la fille qui va subir un viol. Tout est dit. La vie au Maroc, les relations de couple qui se supportent difficilement, les traditions, les émotions, les relations ou plutot les sentiments contradictoires père fille et mère fille. On ne lache pas ce roman. Puissant, âpre mais si beau. Ne loupez pas cette lecture.
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Je commencerai ce billet avec l'expression d'un très vif mécontentement contre les éditions Gallimard qui, sur la 4e de couverture, dévoilent dès la première ligne un élément important de l'intrigue qui intervient normalement vers la fin du livre. J'ai perdu une grande partie du plaisir de lecture alors qu'un des attraits de l'histoire aurait justement été de découvrir progressivement ces éléments. C'est un peu excessif peut-être, mais ce spoil grossier m'a vraiment contrariée et je ne trouve pas cela respectueux du lecteur.
Donc un conseil : si vous le pouvez, FUYEZ la 4e de couverture (ainsi que le résumé sur Babelio d'ailleurs qui est identique).
 
Parenthèse fermée, revenons au roman…
Le seul livre de Tahar Ben Jelloun que j'ai déjà lu est La nuit de l'erreur, il y a quelques années et j'en garde un souvenir vague mais mitigé. En tout cas, pas une lecture qui m'a marquée.
Aussi, c'est avec prudence et retenue que j'ai abordé cette lecture.

Il s'agit de l'histoire d'un couple de personnes âgées, qui vit littéralement confit dans l'aigreur et la détestation l'un de l'autre. On comprend qu'une tragédie, survenue il y a des années, les a peu à peu éloignés l'un de l'autre et a érigé un mur d'incompréhension et de haine entre eux.

J'ai aimé la trame narrative de l'histoire qui fait un double va et vient : à la fois entre les différents points de vue des personnages et également entre deux temporalités.

La grande qualité de Ben Jelloun est de nous faire, à travers l'histoire particulière de ses personnages, le portrait sans concession d'une société marocaine qu'il égratigne au passage : la corruption, le poids des traditions et de la religion, les violences faites aux femmes…

Il se dégage de ce livre une force qui m'a touchée. Les personnages, avec leurs imperfections, leurs lâchetés, leurs compromissions sont tellement émouvants dans leur détresse, tellement humains, empêtrés dans leur chagrin.

Un livre qui parle de deuil et de destins brisés mais aussi d'espoir et de résilience (d'où le miel et l'amertume). Presque parfait, en dehors du spoil éhonté que j'ai évoqué plus haut.
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