Sa mère l'a éduquée par vibrations.Sans le vouloir.Sans le savoir.Dans sa langue,on dit da sola pour les choses qui se font toutes seules.
Danser c'est altérer le vide.
Il faut bien que les mots d'amour se disent un jour. Même si personne ne vous prend dans ses bras pour les entendre.
Est-ce qu'aimer, ce n'est pas vouloir rejoindre, sans relâche ?
Le vin chaud lui fait une peau d’été à l’intérieur. Elle en commande un autre. Elle retrouve la sensation pénétrante de la chaleur que diffusaient de ses reins jusqu’à ses épaules les pierres saturées de soleil, quand, petite, elle restait adossée au muret qui entourait leur jardin, le regard perdu sur le chemin et la falaise.
Alors elle danse.Il faut qu'elle trace,avec son corps,les lignes qui permettent d'intégrer l'espace.Seule la beauté du mouvement peut la sauver.
Petite, elle a appris à guetter les signes de ce qu'on cache. C'est dans le corps que cela a lieu. Et cela se reflète aussi, partout autour. Les mots ne viennent qu'après. Ou pas.
Il n'y a pas de petits mouvements dans
une vie. Elle en est sûre. Ces gestes que per-
sonne ne réfléchit, qui n'ont l'air d'être que
des passerelles, sont le chiffre de tous les
grands mouvements du corps. Ils n'ont rien
de remarquable. Mais ils font traverser le
gouffre du vide toujours présent, dessous.
On le sait bien qu'on est tous voués, au bout
du compte, à l'immobilité du ci-gît. Alors
pourquoi bouger ?
Le verbe " gésir " ne se conjugue pas faci-
lement. Est-ce que la grammaire dit la peur ?
p.28-29
Elle a toujours eu besoin de l'eau dans une ville. C'est toujours vers le fleuve que ses pas la mènent. Il lui faut l'eau qui reflète les arbres, les façades, glisse, pour poser ses pensées.
Danser c’est écrire avec tout son corps.