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sur 306 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Laver les ombres
Jeanne Benameur
roman
Babel, 2008, 157p


En exergue, il est précisé que laver les ombres, en photographie, c'est mettre en lumière un visage pour en faire le portrait.
Lea a 38 ans, elle est chorégraphe, elle cherche la maîtrise absolue des muscles de son corps, et elle a peur. Pour se rassurer, elle a Tu, mio, de Erri de Luca, en version italienne, dans sa poche. Depuis toute petite, elle a peur, elle a perdu son père à l'âge de six ans, mais elle vient de remarquer un changement dans la voix de sa mère qui l'inquiète, une dissonance. de plus, une tempête s'est déclarée qui frappera la petite ville où cette dernière habite, en creux entre la falaise vive et la falaise morte, et qui frappera la fille déjà dévastée à l'intérieur. Sa mère est italienne, et elle lui a annoncé qu'elle avait des choses importantes à lui dire. Cette inquiétude l'empêche de voir Bruno, un peintre, l'homme de l'immobile, qu'elle aime, elle qui ne sait pas garder les hommes.
le prochain spectacle de Lea tournera autour de sa mère, du corps frêle de sa mère autour duquel graviteront les danseurs, mais aussi de ses yeux qui disent la peur et la menace.
le texte est composé de tableaux qui racontent la vie de la mère quand elle avait 16 ans à Naples et qu'elle était sous la coupe d'un maquereau qu'elle aimait, de la rencontre qu'elle a faite à l'hôpital où elle était soignée, d'une jeune religieuse de son âge avec qui une relation d'amour aurait pu naître. Entre ces tableaux s'intercale le récit à la troisième personne dont Lea est le personnage principal. Jeanne Benameur adopte toujours la pratique du paragraphe plus ou moins long qu'encadrent des phrases courtes et lestées du poids du sens, de la réflexion, de la quête. C'est que Lea, qui n'a pas de désir d'enfant, recherche ce qui, au fond d'elle, est inatteignable. C'est que le lecteur aura , comme Lea qui ressemble à son père, une terrible révélation. La deuxième révélation n'en est pas une, on l'avait tout de suite pressentie, mais elle est si entourée de mystère et d'obscur. Quant à la troisième, c'est un choc, et surtout pour la mère qui a aimé très fort et qui a douté tout aussi fort de l'amour de son homme.
Jeanne Benameur (s') interroge les fêlures et l'amour et le non-amour et la solitude et le vide. Est-ce qu'aimer, ce n'est pas vouloir se rejoindre, sans relâche ?Elle se demande comment on fait pour se redresser. C'est un livre sur la relation mère-fille, dont les corps sont l'un mort, et l'autre déséquilibré. Les mots qu'on dit sauront-ils rendre la vie et donner l'équilibre ? Jeanne Benameur parle avec une retenue tempêtueuse de transmission.

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La tempête fait rage. Au dedans, au dehors. Comment se dire ? Comment se donner ? J'ai aimé ce parcours d'une fille qui se cherche et de sa mère qui voudrait oublier. Tout en retenue d'abord, puis dans une violence salutaire. Sur ce point, l'histoire est bien construite, par un va et vient entre le présent de Léa et le passé de sa mère.

Quelques bémols pourtant, où je rejoins les remarques d'autres babéliens : trop de références à la danse (même là où on ne l'attend plus) , peut-être pas assez de profondeur dans la psychologie d'un personnage, Bruno. Et puis ce détail, souligné par Jcnb68 : que le père ait été proxénète, passe encore, mais la scène du baiser entre hommes on s'en serait bien passé!

Voilà, un bilan de lecture mitigé donc, et la nostalgie des Demeurées.
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Lea , la danseuse et Bruno le peintre , ils s'aiment pensent-ils mais leur rapport au corp n'est pas du tout le même . Léa et Romilda sa mère , elles s'aiment mais les terreurs latentes nées de l'omerta sur les drames passé trouble leur relation. Tout explose dans une tempête émotionnelle et météorologique. J'avais été séduit par la personnalité de la romancière lors d'une rencontre à ma librairie préférée mais je n'arrive pas à adhérer à cette histoire ni d'ailleurs à l'écriture très travaillée (dirai-je apprêtée ?) du roman. J'en vois les qualités de construction , l'intérêt psychologique ,la qualité de la langue mais je reste extérieur .
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Autant j'avais aimé ‘'Profanes'' autant cet autre roman de Jeanne Benameur me laisse une impression mitigée.


J'ai retrouvé son écriture ciselée mais les personnages m'ont paru caricaturaux. Pour Léa, chorégraphe et danseuse de 40 ans égocentrique et mal dans sa peau, le grand intérêt de l'auteur pour la psychanalyse donne d'interminables introspections qui finissent par lasser. Les deux personnages que je trouve plutôt bien traités (même s'ils me paraissent aussi un peu caricaturaux) sont Romilda, la mère et, dans une moindre mesure, Jean-Baptiste, le père.

Situer les révélations de la mère au cours d'une très violente tempête est un peu téléphoné : un parallèle évident avec le séisme qu'elles provoquent chez Léa.


Un roman sur le poids et le rôle désastreux des non-dits : il est évident qu'inconsciemment influencée par le désastre que l'amour a fait de la vie de sa mère (désastre qu'elle ne connaissait pas, mais qu'elle devait pressentir). Léa est incapable de développer une relation sentimentale durable.
Révéler ces non-dits, pour Jeanne Benameur, c'est ''laver les ombres''...

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C'est promis, j'arrête (enfin, pour l'instant) car je suis en train de m'"enquiller" tous les jeanne Benameur que je peux trouver et la vérité, c'est que ce n'est juste pas le moment et que je gaspille mon capital ;-)
Car dans celui-ci, le style est toujours aussi poétique (trop?), l'empathie avec les êtres toujours aussi belle et forte, mais... je suis encore restée dehors, presque à m'ennuyer à certains endroits, trouvant que ça n'avançait pas assez vite, qu'il y avait trop de redite, parfois contradictoire, sur un schéma syntaxique certes beau mais qui à force, manque de sens, de profondeur.
"Danser, c'est attirer le vide."(p.24) (p.96)
"Danser, c'est trahir l'espace." (p.11)
"Danser, c'est altérer le vide" (p.11)
"Danser, c'est suspendre l'équilibre du monde." (p.97)

Ce qui fait la force du style de Benameur, ce sont cette succession de phrases courtes à la structure simple et sonnante. Il me semble pourtant dans cet ouvrage que la proportion est trop importante par rapport au "récit", au mouvement du texte ; un peu trop d'immobilité quand le sujet (ou des sujets) est le rapport de Léa à la danse, c'est rigolo!
L'enchevêtrement des tableaux est intéressant, on découvre le mal-être de Léa en même temps que son explication (le récit de sa mère qui explique les douloureux rapports (dans tous les sens du terme) d'avec son mari, le père de Léa. On ouvre, comme toujours à la fin des romans de Benameur, vers beaucoup d'optimisme, une renaissance, la possibilité promie d'être heureuse et de s'épanouir dans l'histoire que vit Léa avec Bruno.
Oui, c'est vraiment un bon bouquin et si je suis passée à côté, c'est de ma faute : trop de Benameur!!!! Je vais donc faire une longue pause pour qu'elle me surprenne et m'émerveille à nouveau ;-)
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Léa est une jeune femme qui danse. Elle est chorégraphe. Elle est seule, mais il y a quand même Bruno. Elle rejette systématiquement ses amants. Elle éprouve une terreur, qui est liée à sa mère. Elle ne sait pas pourquoi. C'est lié au passé. On passe de la voix de Léa à celle de Romilda, qui a été Suzanne aussi. On comprend qu'il y a un passé glauque, peu glorieux pendant la guerre. Léa finit par rejoindre sa mère à l'océan et va apprendre ce terrible passé alors que la tempête fait rage. Dedans et dehors les éléments se déchaînent. Ce qui est révélé rapproche finalement les deux femmes en l'absence de tout jugement.

L'écriture est sèche, saccadée. Les phrases sont courtes et s'appuient sur des verbes. Il y a beaucoup de verbes qui décrivent les actes et les sentiments.
Il y a une similitude avec un autre roman "les Demeurées" du même auteur, c'est la relation mère/fille très forte. Mais aussi la mère isolée qui souffre.
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Un court roman fort dans son thème, construit de phrases courtes, de chapitres courts, dans la tête de trois personnages mais surtout dans la tête de la mère et de la fille, à différentes périodes, des pensées qui se renvoient et de juxtaposent, un style, une narration, une histoire forte . Mais.... je n'y ai pas cru et suis bien incapable de dire pourquoi et les personnages ne m'ont pas touchée du tout... une écriture et un style qui ne m'ont pas paru sincères? Je ne sais pas...
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Entrelacs de deux récits de vies qui entrent en résonances : celui de la fille, chorégraphe, qui n'arrive pas à s'abandonner dans une histoire d'amour et celui de la mère qui, pendant la guerre, a découvert dans le même temps l'amour et l'avilissement... Un livre de libération, de secret révélé dans la tempête, de transmission au delà des mots. Un livre pudique et poétique. Paradoxalement un peu trop désincarné et conceptuel à mon goût.
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Ce livre se lit très vite car si l'écriture n'est pas exactement celle que je recherche, il est captivant dès le début par des flashes back surprenants. La mère est attachante mais je n'en dirait pas autant du personnage principal Léa que je trouve assez fade. Sur fond de tempête, le secret éclabousse, démonte tout.
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