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4,04

sur 877 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La Varienne est une demeurée, une abrutie, se plaisent à dire les habitants du village. Habitant seule dans une maison isolée, de tout et de tous, elle s'est enfermée dans un profond silence, n'ayant que pour seule compagnie sa fille, Luce, son trésor le plus précieux. Elles ont construit leur vie en mode autarcie, ne se déplaçant guère et ne parlant à personne. Elles s'aiment très fort malgré le silence qui les entoure, ne se parlant même pas entre elles. Elles mènent une vie figée et laissent aux autres l'adage selon lequel les demeurés font des demeurés, car Luce ne sait ni lire ni écrire.
Leur quotidien va se trouver bouleversé le jour où Mademoiselle Solange, l'institutrice du village, va vouloir scolariser la petite Luce. La Varienne n'a d'autre choix que de laisser l'enfant partir vers l'inconnu et leur cocon familial va se briser. Car, c'est toute la vie des ces deux femmes qui va changer. Passionnée par son métier, Mademoiselle Solange va tenter d'enseigner la lecture et l'écriture à Luce. Mais, la petite fille est-elle réellement prête à s'ouvrir aux autres ? le travail acharné de l'institutrice va-t-il porter ses fruits ? Et à quel prix ?

Tombée un peu par hasard sur ce livre dont seule l'auteure ne m'était pas inconnue, j'ai été charmée par La Varienne et la petite Luce. Deux êtres inséparables, presque fusionnels, que Solange tentera d'ouvrir au monde. Un récit ramassé dont la profondeur n'a d'égal que l'humanité qui s'en dégage. C'est réellement une histoire poignante et bouleversante que nous raconte Jeanne Benameur. Toute l'intensité de ce roman se retrouve dans les non-dits et le silence qui entoure les deux femmes.
L'auteur pose un regard sur les limites de l'enseignement et la passion dévorante de certains professeurs pour leur métier, leur soif de faire partager leur savoir.
Un roman empli d'émotion, de sensibilité, d'amour et d'humanité.


Les Demeurées … ou la voix du silence..
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Entre elles, pas de mots, les gestes du quotidien suffisent à combler leurs besoins et dire leur attachement.
Elles sont mère et fille.
Elles s'appellent La Varienne et Luce, au village on les dit demeurées.
L'institutrice a décidé que Luce devait apprendre.
La petite fille quitte tous les jours sa maison pour l'école. Mais malgré les efforts de la maîtresse, elle transporte son silence dans la classe et n'apprend pas.
Comme on ne fait pas le bien des gens malgré eux, en voulant changer Luce, l'institutrice engendre déséquilibre et malheur.
La différence n’exclut pas l’amour, il est préférable d’accepter l’autre tel qu’il est, ne pas chercher à réformer ce qui ne peut l’être, c’est ce que nous suggère cette très belle œuvre poétique et émouvante, un message essentiel sur la reconnaissance de l’autre dans sa diversité.
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Demeurées dans le silence.
Demeurées dans l'autisme d'une bulle.
Demeurées dans l'ignorance.
Demeurées dans les regards pointés.
Demeurées sans rien.
Une institutrice, des mots, un prénom sur le tableau noir: Luce.
Une mère, la peur au ventre, le monde s'ouvre sur sa fille et reste fermé pour elle: La Valeriene.
La peur s'infiltre dans la bulle.
Mère et fille ensemble et contre tous, fermées, renfermées, enfermées.

L'ignorance contamine et emprisonne.
La mère, la fille, l'institutrice.
Un fil, une aiguille. Créer, broder les mots que la petite a attrapée au vol. Réveiller l'institutrice. Réveiller la bulle. Sortir, s'ouvrir, apprendre.

Les demeurées, ça parle de la demeure des ignorants. D'une demeure fissurée où s'infiltrent l'espoir, l'amour, le savoir.

Incisif, saisissant, silencieux, lumineux.
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Demeurées, abruties, idiotes, simples d'esprit..que de qualificatifs pour désigner ces personnes dont l'esprit a décidé de se cantonner à l'essentiel, de rester à l'orée de la société !
Là où nous avons à coeur de mettre des mots, Luce et sa mère opposent l'intensité d'une relation fusionnelle et instinctive, presqu'animale, silencieuse.
Tout est dans le geste, les mots sont inconnus et donc dangereux.
Et pourtant, la petite fille, obligée de fréquenter l'école, sent confusément que madame Solange détient une clef.
Une clef qui est à la fois menace et délivrance car tout ce qu'elle entend en classe tourne malgré elle dans sa tête.
Comment aller confiante vers ce qui bouleverse autant son univers, provoque tant d'angoisse chez celle qui représente tout pour elle ?
De son côté, madame Solange s'obstine, voyant dans cette opportunité de quoi nourrir sa vocation.
Son enthousiasme se heurte toutefois au mur que lui oppose Luce, et le doute qui l'envahit finit par avoir raison de sa santé.
C'est pourtant par le geste que la fillette parviendra à apprivoiser les mots, laissant la possibilité à une éclaircie de se glisser dans l'obscurité réconfortante de son quotidien.
Un style tout en dentelle, en émotion, en poésie.
Une première rencontre prometteuse avec Jeanne Benameur que je n'oublierai pas de si tôt !
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Je ne suis pas demeurée insensible au charme de la petite Luce et sa mère qui demeurent dans un masure à l'orée du village.

On les traite d'abruties et de demeurées et ces mots demeurent difficiles à supporter.

L'institutrice du village demeure convaincue que la petite peut apprendre et cette pauvre maîtresse sombre dans la dépression lorsque la fillette s'obstine à demeurer ignorante par solidarité avec sa mère. 

Car enfin, l'amour de sa mère ne demeure-t-il pas le plus important? Pourquoi mettre en péril le bonheur de la demeure en apprenant à lire?

Pour les protagonistes de l'histoire, l'espoir demeure…

Une plaquette qui se lit rapidement, mais n'en demeure pas moins un savoureux moment de lecture.
Ceux qui demeurent sceptiques n'ont qu'à en parcourir les pages…
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Jeanne Benameur m'a captivée un jour avec "Laver les ombres".
Elle me captivera toujours, j'en ai bien l'impression.
Les Demeurées est ma deuxième lecture de cette auteure à l'écriture franche, aux mots choisis, pertinents et si réalistes qu'ils touchent au coeur instantanément, aux phrases courtes, incisives et percutantes qui résonnent longtemps et vont toucher les sphères du plus intime.
Je suis complètement ébranlée par cette courte mais ô combien intense lecture. Les Demeurées ont gravé dans mon coeur une trace indélébile qui m'impose de me taire et de contempler.

(Pause silencieuse...)

La Varienne, c'est la Demeurée du village. Celle qu'on observe de loin, qui se glisse dans les conversations à la critique facile. Celle qui fascine les enfants et hante leurs cauchemars les plus horribles. Celle qui ne peut évidemment pas comprendre ni participer à la vie quotidienne du village.
Celle qu'on ne peut aimer.
Celle qui ne peut aimer.

Alors quand la Varienne met un enfant au monde, on s'interroge.
Comment un tel être peut avoir donné la vie ? Une vie lumineuse, magnifique et belle ?
Que peut-elle apporter à sa fillette qu'elle couve comme un oeuf ?
Comment peut-elle lui apprendre à vivre alors qu'elle-même ne sait pas vivre ?
Quand doit-on prendre le relais pour permettre à la fillette d'échapper à l'emprise étrange de cette mère tout aussi étrange ?

Quand l'école arrache la fillette des bras de sa mère, le monde s'écroule et nous avec.
C'est dur.
Ca fait mal.
On aimerait tout effacer.
Tout recommencer.

Pourtant la petite fleur va s'ouvrir au monde gentiment, étaler ses pétales jusqu'à devenir et offrir cet immense cadeau de la vie à sa mère : le lien vers les autres.

C'est sublime.
C'est bouleversant.
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Petit livre qui se passe dans le silence. le silence des journées des demeurées comme on les appelle. Les petits gestes d'amour quotidien entre La Varienne et la Luce : un petit mouchoir, des corps lovés dans le lit… Mais arrive Mademoiselle Solange, l'institutrice qui veut donner les mots à la Luce, lutter contre son ignorance.
Tout en douceur, Jeanne Benameur parle de la différence, de l'amour, de l'éducation… Très efficace car il lui faut peu de pages pour parler des différents sentiments qui agitent l'institutrice, la mère et la fille. Ceux de la Luce sont assez touchants. Pas facile d'aller au-delà du mur des différences… L'écriture m'a surprise mais je relirai sans doute l'auteur pour retrouver cette délicatesse dans d'autres histoires.
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Ah, difficile d'écrire un billet après cette lecture mitigée.

D'une part, j'ai vraiment aimé l'écriture de Jeanne Benameur, réduite à l'essentiel, très dense, très compacte. Une écriture aussi ouverte à plusieurs interprétations, et qui m'a fait beaucoup penser à la poésie. Mais peut-être est-ce parce que je connais surtout la poète Benameur.

D'autre part, je n'ai pas été convaincue par l'intrigue de ce roman d'émancipation. D'abord je n'ai pas compris pourquoi la petite Luce offrait un cadeau à Mademoiselle Solange (sans vouloir dévoiler l'intrigue). Rien dans les pages qui précédent ne prépare le lecteur à un tel geste, ou alors je suis passée à côté. Maintenant je peux vivre avec ça, nos gestes et nos décisions ne sont pas toujours raisonnables et justifiables, surtout dans les romans.

Mais ce qui m'a surtout dérangée, c'est l'ambiance entre la mère et la fille, c'est cet amour fusionnel, ce cocon qui rappelle le ventre maternel. J'ai trouvé cette atmosphère régressive très pesante. Tout le contraire de l'élan de vie qui nous porte vers les autres et nous incite à la découverte du monde et de soi-même. Oui, quitter sa zone de confort est toujours douloureux et – certes – risqué, mais c'est la condition essentielle pour se réaliser, éprouver sa liberté et vivre réellement.
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Malgré l'écriture magnifique de Jeanne Benameur, il m'a manqué trop de choses pour que j'apprécie pleinement son livre, Les demeurées.

Pas certaine que La Varienne a conscience d'exister. Au début de l'histoire, elle travaille pourtant, et elle prend soin de sa fille, Luce.
Luce doit aller à l'école et mademoiselle Solange ne comprend pas comment il est possible que cette petite fille si calme n'apprenne rien. Comment c'est possible, à vous de le trouver, la relation fusionnelle entre La Varienne et Luce y est peut-être pour quelque chose. Mademoiselle Solange refuse de s'avouer vaincue.
Les demeurées est un conte sur la vie, sur les mots aussi qui n'ont pas la même importance selon les personnes. Un conte poétique et cruel, dont je ne suis pas certaine d'avoir compris le message, sur le respect des différences ?

Le livre se déroule à une période indéterminée (l'école est obligatoire, mais les assistantes sociales sont inexistantes). Dans un village. Je crois que ça m'a manqué, cette absence de précision sur le lieu et l'époque.

Lien : https://dequoilire.com/les-d..
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Il fallait toute la poésie des mots de Jeanne Benameur pour lire ce petit livre sur la différence et accepter toutes ces injustices de notre monde moderne qui parle d'insertion de réinsertion d'intégration d'adaptation... L'amour est très fort dans cette histoire et les demeuré(e)s ne sont peut être pas ceux qu'on croit.... Et si on acceptait d'être tolérants avec des gens qui ne sont pas dans la norme et si on les laissait vivre comme ils veulent à partir du moment où ils sont autonomes ? Au nom de quoi impose t-on une norme ?


Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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