Demeurées, abruties, idiotes, simples d'esprit..que de qualificatifs pour désigner ces personnes dont l'esprit a décidé de se cantonner à l'essentiel, de rester à l'orée de la société !
Là où nous avons à coeur de mettre des mots, Luce et sa mère opposent l'intensité d'une relation fusionnelle et instinctive, presqu'animale, silencieuse.
Tout est dans le geste, les mots sont inconnus et donc dangereux.
Et pourtant, la petite fille, obligée de fréquenter l'école, sent confusément que madame Solange détient une clef.
Une clef qui est à la fois menace et délivrance car tout ce qu'elle entend en classe tourne malgré elle dans sa tête.
Comment aller confiante vers ce qui bouleverse autant son univers, provoque tant d'angoisse chez celle qui représente tout pour elle ?
De son côté, madame Solange s'obstine, voyant dans cette opportunité de quoi nourrir sa vocation.
Son enthousiasme se heurte toutefois au mur que lui oppose Luce, et le doute qui l'envahit finit par avoir raison de sa santé.
C'est pourtant par le geste que la fillette parviendra à apprivoiser les mots, laissant la possibilité à une éclaircie de se glisser dans l'obscurité réconfortante de son quotidien.
Un style tout en dentelle, en émotion, en poésie.
Une première rencontre prometteuse avec
Jeanne Benameur que je n'oublierai pas de si tôt !