Ce tome contient les chapitres 1 à 6 de Dark Avengers, l'équipe de super-héros assemblés par Norman Osborn pour se faire mousser après sa conquête de l'opinion publique dans
Secret Invasion. Sauf que les vrais super-héros ont presque unanimement refusé de travailler avec lui, mais qu'à cela ne tienne, il a recruté des méchants, des personnages moralement ambigus ou des mercenaires pour se faire passer pour eux. C'est le miracle des costumes et des identités secrètes.
L'équipe est constituée de "Iron Patriot" (Norman Osborn lui-même, dans une armure d'Iron Man repeinte aux couleurs de Captain America), "Hawkeye" (Bullseye), "Wolverine" (Daken, le fils psychopathe de Wolvie), "Mrs Marvel" (Moonstone), "Spiderman" (Mac Gargan, ancien Scorpion, puis Venom), "Captain Marvel" (Noh-varr, ou Marvel Boy), et Ares et Sentry dans leurs propres rôles, parce qu'Ares trouve que la dernière victoire au combat d'Osborn est une recommandation suffisante et Sentry a toujours eu des problèmes d'équilibre psychique de toute façon.
On peut y ajouter Victoria Hand, la secrétaire non-combattante mais douée en administration d'Osborn, qui remplit le rôle difficile et nécessaire de la personne avec du bon sens et toute sa santé mentale.
Les dialogues sont excellents. Bendis se débrouille très bien pour l'humour (parfois dérangeant, parfois juste drôle) basé sur le complet décalage psychologique et moral de tous les personnages. C'est aussi vrai pendant les combats que les petites scènes quotidiennes.
Le scénario est, quant à lui, plutôt faible, et on a parfois l'impression que c'est plus une mise en route de l'équipe qu'une histoire auto-suffisante. le combat contre Morgane, par exemple, est basé sur des règles magiques du voyage dans le temps, qui ne fonctionne pas comme on pourrait s'y attendre et n'a pas vraiment de logique. le combat contre les terroristes atlantes est l'occasion d'une discussion violente entre Namor et Osborn, et cela aurait pu être une bonne occasion de faire de l'ambiguité morale, sauf que c'est présenté superficiellement, on n'a le temps ni de se facher contre les terroristes ni d'être désolée pour eux.
C'est valable pour à peu près partout dans le tome, d'ailleurs : l'ambiguité morale d'une bande de super-méchants en train de jouer aux super-héros est utilisée pour des passages originaux et brillants, mais pas spécialement pour des analyses en profondeur de leurs personnalités ou de vrais sujets éthiques. En particulier, le point de vue de Noh-varr est traité trop brièvement.
Pour moi, c'est Osborn qui a le plus de présence dans ce tome. J'aime l'alternance de passages où on a l'impression qu'il a visé trop gros, qu'il ne contrôle plus la situation (surtout dans les passages avec la Cabale), et d'autres où il est totalement brillant. Mes passages préférés : celui où il se défend des accusations d'Hawkeye, en avouant "honnêtement" qu'il était le Bouffon Vert, mais en appelant avec ferveur à la capacité des gens à devenir meilleurs. Et, surtout, celui où il manipule complètement Sentry, donnant une vision totalement biaisée de ses (réels) problèmes de double personnalité avec le Bouffon Vert, réussissant en quelques pages de dialogues à lui faire croire qu'il peut l'aider avec les siens. Et le voilà avec un des humains les plus puissants du Marvelverse qui lui mange dans la main... Peut-être que certains fans de Sentry n'ont pas apprécié ce développement, mais pour moi, leurs dialogues sont mes passages préférés de ce tome, ceux qui lui donnent sa quatrième étoile.
Les dessins sont du genre réaliste et un peu sombre, très réussis à mon goût.