Ce tome fait suite à Moon Knight, tome 1 (épisodes 1 à 7). Il comprend les épisodes 8 à 12, parus en 2012, écrits par Michael Bendis, dessinés et encrés par
Alex Maleev, mis en couleurs par
Matt Hollingsworth. Ensemble, les 2 tomes / 12 épisodes forment une histoire complète.
Moon Knight a réuni des preuves sur l'identité du caïd de Los Angeles. Il attend l'inspecteur Paul Hall dans un parking et lui livre Sheoke Sanada (Snapdragon) hors d'état de nuire. Il lui remet également une clef USB contenant des preuves incriminant ledit caïd. L'inspecteur Hall n'arrive pas à se faire entendre par le commissaire qui estime que cette affaire relève de la juridiction des agents fédéraux. Buck Lime a concocté quelques armes supplémentaires pour Moon Knight dont un facsimilé énergétique du bouclier de Captain America, ainsi qu'un bâton renforcé au vibranium pour Maya Lopez (Echo). Moon Knight estime qu'ils sont parés pour pouvoir s'attaquer aux centres d'affaires illégaux du caïd afin de provoquer sa colère, d'entraîner son intervention personnelle, et de sortir vainqueur d'un affrontement direct.
Le premier tome se terminait par une confrontation à moitié concluante avec le supercriminel caïd de Los Angeles et pouvait présager soit une routine confortable pour les mois à venir dans un statu quo n'évoluant pas, soit une résolution rapide si les ventes n'étaient pas au rendez-vous (ou si les créateurs souhaitaient passer à autre chose). Dans le monde des séries interminables et des changements incessants d'équipes créatives, ces 12 épisodes forment une unité bienvenue et relativement brève. Marc Spector continue de s'appuyer sur la manifestation de 3 superhéros vivant dans sa tête pour faire face à ses propres obligations : Captain America, Wolverine et Spider-Man. Bendis se régale à composer des dialogues vifs et brefs entre Spector et ces 3 voix, manifestations de son esprit dérangé (ou au contraire preuve de sa capacité d'adaptation aux circonstances les plus extraordinaires). Alors que ce dispositif peut sembler un peu loufoque, Bendis le traite au premier degré avec une intelligence qui le transforme en une évidence perspicace.
D'un coté, Bendis se repose sur une structure narrative usée jusqu'à la corde, accumulant tous les clichés des histoires de superhéros, jusqu'à consacrer l'intégralité de l'épisode 9 à l'affrontement physique entre le caïd et les 2 superhéros (Moon Knight & Echo). de l'autre, l'épisode 9 constitue une lecture haletante du début jusqu'à la fin parce que Bendis ne se contente pas de lâcher la bride à Maleev pour qu'il remplisse une quinzaine de pages d'acrobaties plus ou moins bien chorégraphiées. Comme pour les autres épisodes, il bâtit une narration enjouée et pleine de surprises. Pour commencer Moon Knight et Echo ont eu la possibilité de se préparer et d'étoffer leur arsenal que le lecteur découvre au fur et à mesure. Il se sert des voix intérieures de Spector pour énoncer les stratégies et introduire une critique instantanée de ses actions par les autres superhéros. Par le biais de phrases concises, le lecteur dispose d'un commentaire fait par des professionnels qui ne mâchent pas leurs mots et qui n'hésitent pas à railler Moon Knight ou à le houspiller par des propos adultes (sans tomber dans les grossièretés).
Bendis maintient cette approche savamment dosée du début jusqu'à la fin : avant tout une histoire de superhéros qui se comportent en adultes intelligents, avec un fond de thriller, et quelques pointes de comédie. le deuxième affrontement important du récit (contre Madame Masque) ne dispose pas de la même verve, mais il reste bien construit. le résultat est rapide et enlevé, avec quelques clins d'oeil à une autre de ses séries. Lorsque l'inspecteur Paul Hall se met à interroger Sheoke Sanada, le lecteur peut se souvenir de scènes similaires dans la série Powers (par exemple dans Anarchie). L'autopsie comprend également une vue de dessus de la table d'opération partiellement occultée par les abat-jours dans un plan à l'identique de celui du premier tome de Powers, lors de l'autopsie de Retro Girl.
Maleev se prête au jeu, reproduisant ce cadrage, sans pour autant plagier le style de
Michael Avon Oeming. Il conserve le style un plus rapide que celui qu'il utilisait pour les épisodes de Daredevil, un peu griffé, inspiré par celui de Sienkiewicz dans sa deuxième période sur Moon Knight. D'une manière générale, il crée une ambiance urbaine crédible, et dessine ses personnages comme de véritables êtres humains. Parmi eux, le lecteur pourra estimer que les visages et de Spector et de Lopez sont étrangement lisses ; par opposition ceux de Hall et Sanada sont plus travaillés et plus spécifiques, avec une sensation de réalisme. Il insuffle du dynamisme dans les scènes de combats qui ne sont pas outrageusement spectaculaires, mais qui disposent d'une logique interne et d'un bon sens de la spatialisation. Les décors disposent de particularités qui les rendent uniques et crédibles. Comme pour le premier tome, Maleev effectue un travail d'une qualité supérieure à la moyenne des comics, mais il s'est astreint à un style plus direct qui met moins bien en valeur ses qualités de créateur d'images mémorables complétées par une composition de couleurs transcrivant des sensations.
Ce récit de Moon Knight en 12 épisodes se lit rapidement et procure un fort niveau de divertissement du fait l'implication de Bendis qui utilise à bon escient les voix intérieures de Marc Spector pour raconter son histoire d'une manière originale et savoureuse.
Alex Maleev réalise des dessins moins sophistiqués qu'à son habitude, tout en transcrivant avec habilité l'ambiance requise, les actions, et les échanges de dialogue.