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sur 1514 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
D'un coup, la Reine d'Angleterre m'a paru beaucoup plus sympathique.
Ce drôle de personnage à l'allure si revêche, ce symbole qui survit au temps, aux modes et aux futiles scandales, ce personnage désincarné qui tient une place d'honneur dans le grand spectacle du monde, a donc un coeur et une âme ?
Un beau matin, sa Gracieuse Majesté consent à se rapprocher de notre triste condition humaine, en entrant de son plein gré dans un bibliobus où elle emprunte un livre.
Ce simple geste va bouleverser son existence, car la reine va se découvrir une passion dévorante pour la lecture. Elle va boulotter comme une ogresse toutes les oeuvres littéraires qui lui tomberont sous la main, au risque d'écorner sérieusement auprès de ses sujets son image d'icône sacrée. Inutile de préciser que ses conseillers voient d'un très mauvais oeil ce funeste et subversif engouement qui chamboule le strict protocole de la « maison Windsor », et font tout pour l'en éloigner.
Car l'affaire est grave ! La reine, en effet, ne s'appartient pas, mais appartient à tous. A ce titre, elle ne peut avoir de hobbies, de passions, de préférences qui, ipso facto, excluraient certains de ses sujets de sa bienveillance royale. Et quoi de plus profondément égoïste que la lecture ?
Triste privilège. Affreux dilemme pour cette reine désireuse plus que tout de sortir de son immobilité de pierre, de sentir le sang couler sans ses veines, d'avoir une voix. La sienne.
Le final, où la reine décide de rejoindre le monde des mortels, est absolument prodigieux. Un princier doigt d'honneur.
Un court roman « so british », à l'humour grinçant et pince sans rire, une bouffonnade en gants blancs, mais aussi une intéressante réflexion sur le « pouvoir subversif de la lecture », et sur ce qui pousse les Hommes à écrire.






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C'est sur les conseils avisés de mon ami Patrice Salsa que j'ai ajouté ce livre dans mon pense-nouille sans fond et je me suis décidée à le lire hier.
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Nous sommes à Windsor et le récit démarre très fort puisque le président de la République française se ridiculise dès les premières lignes, aussi étonnant que ça puisse paraître.
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La suite du chapitre nous entraîne quelque temps auparavant, un jour où les chiens de la reine, au lieu de rentrer tranquillement au château après leur promenade, ont filé dans l'une des cours intérieures et se sont mis à aboyer, refusant de se calmer.
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La reine va voir ce qui met ses chiens dans un tel émoi et elle découvre un bibliobus garé près de la cuisine (et des poubelles).
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C'était la première fois qu'elle le voyait et elle monte à l'intérieur pour s'excuser du tapage. Et là... révélation...
Par courtoisie, elle se saisit d'un livre.
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Et c'est ainsi que la reine d'Angleterre se met à dévorer tous les livres qu'elle peut se procurer, délaissant les affaires du royaume qui la passionnaient jusque là.
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Vous l'aurez deviné, c'est un récit humoristique, mais pas le genre d'humour qui vous laisse sans souffle après vous avoir plié en deux.
Non, c'est un humour tout en subtilité, pour ne pas dire "so british".
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Quand on connaît le protocole et toutes ses contraintes ainsi que le comportement de la reine (avant son décès, n'est-ce pas) et des gens qui l'entourent, on a le sourire jusqu'aux oreilles tout au long de la lecture.
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C'est qu'ils sont tout perdus, son mari, les ministres, les secrétaires, et toute la basse-cour. La reine n'est plus elle-même, il faut faire quelque chose !
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Pour résumer, un récit qui se glisse aisément entre deux lectures plus ardues.
J'ai passé un très bon moment.
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J'ai bien beaucoup apprécié cette courte fiction.
D'abord, ce petit livre est imprégné de cet humour anglais tellement fin et reconnaissable chez les maîtres du genre.
Ensuite, l'interrogation vient à point sur la finalité de la lecture: de spectateur-lecteur, devenons acteur-écrivain... Et cela s'adresse à tous, par cette fiction de la reine! Devenons raconteurs, et non simples rapporteurs: là est toute la subtile nuance.
Par cette sorte d'évasion royale (la lecture, puis l'écriture), Bennett fait toucher du doigt, humer cette essentialité des livres qui ont manqué à la vieille souveraine... Une reine recluse en son de voir et sanglée dans un strict protocole. Une reine qui découvre un monde si vaste et si divers, avec une candeur et des maladresses de débutante... Mais la reine apprend vite!
... Au passage, Bennett va étriller quelques politiques et écrivains: La reiine a commis l'erreur d'effrayer les premiers et de réunir les second dans une réception-fiasco!
Décidément, un livre court mais dense et savoureux! Et la fin...mmmm.
À savourer pas trop rapidement et sans attendre.
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Il suffit parfois d'un simple bibliobus pour changer toute une existence. Tous les lecteurs qui attendent le passage du merveilleux véhicule comprennent cela. Mais il est des lecteurs qui s'ignorent et à qui il faut une franche rencontre avec les livres. C'est ce qui arrive à Elizabeth II quand elle croise le bibliobus de Westminster. « Lire n'était pas agir. Et elle était une femme d'action. » (p. 12) Mais on peut être reine et aimer lire, même si cela s'apprend, et tant pis pour le protocole et les obligations royales ! Conseillée par Norman, son tabellion personnel qu'elle a débauché des cuisines de Buckingham, la reine lit avec avidité et bonheur. Hélas, cette passion tardive n'est pas du goût de Sir Kevin, son secrétaire particulier, ni de celui du premier ministre ou de son époux. « Lire, c'est se retirer. […] Se rendre indisponible. […] / On lit pour son plaisir, dit la reine. Il ne s'agit pas d'un devoir public. / Peut-être cela serait-il préférable, rétorqua Sir Kevin. » (p. 49) Et si l'ivresse de lecture de la reine menaçait le royaume et le pays tout entier ? Pauvre Elizabeth II, elle connaît les affres de tout lecteur dérangé et arraché aux pages délicieuses qu'il voudrait continuer de tourner.

En quelque cent pages, Alan Bennett propose une satire absolutely fabulous de la monarchie et des obligations qu'elle impose à ses représentants. Mince, à la fin, laissez la reine lire tout son saoul ! L'humour fait mouche à chaque fois et j'ai pouffé à de nombreuses reprises devant les dialogues savoureux concoctés par l'auteur. « Ce n'est pas une romancière très populaire, Madame. / Je me demande bien pourquoi. Je l'ai pourtant anoblie. » (p. 14) Même si j'ai passé un excellent moment avec ce texte, je m'interroge : la lecture demande une disponibilité certaine de la part de ceux qui la pratiquent, mais je doute qu'elle soit incompatible avec le quotidien. Certes, la routine de sa gracieuse majesté est un tantinet plus formelle que mon métro-boulot-dodo, mais il faut savoir raison garder. Quand la lecture happe son sujet au point de le soustraire à la réalité, elle ne met plus cette dernière en perspective, mais prétend prendre sa place, ce qui est au mieux contre-productif, au pire très dangereux.

Mais oubliez mes tentatives de réflexion et ouvrez sans attendre le petit roman d'Alan Bennett !
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Imaginez, une petite femme proche des quatre-vingt ans, dans un tailleur en tweed maronnasse (le bleu, le rose et le jaune sont pour les sorties), les chaussures plates, les cheveux amidonnés… elle se précipite derrière ses petits trésors, des toutous qui s'en vont en jappant et bavant dans les couloirs qui mènent vers les cuisines du palais. Cette délégation, très peu ordinaire, débouche dans la rue et sur le bibliobus de la commune de Westminster. Elle, c'est Elisabeth II d'Angleterre and Co.

Sa Majesté fait alors la connaissance du chauffeur-bibliothécaire, Mr Hutchings, et d'un commis de cuisine, Norman Seakins. Par courtoisie et pour ne pas paraître dédaigneuse, elle parcourt du regard les rayonnages ambulants et saisit un livre…
… La semaine suivante, pour fuir une de ses obligations de souveraine, elle prend le prétexte de le rapporter et retrouve le jeune Norman et Mr Hutchings.
« - Comment l'avez-vous trouvé, Madame ? demanda Mr Hutchings.
– le livre de dame Ivy ? Un peu sec. Et tous les personnages s'expriment de la même façon, l'aviez-vous remarqué ?
– A dire la vérité, Madame, je n'ai jamais pu dépasser les premières pages. Jusqu'où Votre Majesté est-elle allée ?
– Oh, jusqu'au bout. Une fois que je commence un livre, je le termine. C'est ainsi qu'on était élevé jadis : qu'il s'agisse des livres, des tartines beurrées ou de la purée de pommes de terre, il fallait toujours finir ce qu'il y avait dans son assiette. Ma philosophie n'a jamais varié sur ce point. »
Une petite discussion s'engage sur certains auteurs de sa connaissance. Elle repart quelques instants après avec un second roman.

Ainsi s'amorce la nouvelle lubie de la reine. Proust, les soeurs Brontë, Nancy Mitford… romans, poèmes, essais, art… Elle lit, elle note des passages, des résumés, ses ressentis, elle commence à faire des LAL (listes à lire), envoie son nouveau clerc Norman, nouvellement débauché des cuisines pour l'assister dans sa découverte littéraire, chercher les bouquins… Elle traîne partout un livre, deux livres… un qu'elle lit, l'autre qu'elle offre… Elle devient livrophage et s'empresse de faire partager ce plaisir.
« - Vous avez entendu parler du site d'Ur, je suppose ?
Ce n'était apparemment pas le cas. Aussi, avant qu'il ne reparte, la reine lui passa deux ou trois livres qui devaient lui permettre de combler cette lacune. La semaine suivante, elle lui demanda s'il les avait lus (ce qu'il s'était bien gardé de faire).
– Ils étaient très instructifs, Madame, répondit le Premier ministre.
– Dans ce cas, je vais vous en passer d'autres. Je trouve ce sujet fascinant. (…)
Sir Kevin finit par recevoir un coup de fil du conseiller particulier.
– Mon patron m'informe que votre patronne commence à lui casser les pieds, attaqua celui-ci.
– Vraiment ?
– Oui, elle n'arrête pas de lui prêter des livres. C'est parfaitement déplacé.
– Sa Majesté adore la lecture.
– Personnellement, j'adore me faire sucer la b..e. Mais je ne demande pas au Premier ministre de me rendre ce service. Vous avez une idée, Kevin ?
– Je parlerai à sa Majesté.
– Excellente initiative, Kevin. Et dites-lui de nous lâcher la grappe. »

La reine étonne son monde, puis très vite énerve. Elle dérange le protocole et agace les gens qui l'entourent, de son valet de pied, en passant par son secrétaire particulier Sir Kevin, le Premier ministre, son duc de mari, jusqu'à ses chiens qui jalousent avec rage le dernier passe temps de leur maîtresse.
« - (…) La reine lit. Les gens n'ont pas besoin d'en savoir plus. J'imagine leur réaction, dans leur grande majorité : « Et alors ? La belle affaire. »
– Lire, c'est se retirer, dit sir Kevin. Se rendre indisponible. La chose serait peut-être moins préoccupante si cette recherche relevait d'une démarche moins… égoïste.
– Egoïste ?
– Peut-être aurais-je dû parler de solipsisme.
– Peut-être auriez-vous dû, en effet.
Sir Kevin se jeta à l'eau.
– Si nous étions en mesure de raccrocher vos lectures à un projet plus vaste – l'instruction de la nation tout entière, par exemple, ou la promotion de la lecture au sein de la jeunesse…
– On lit pour son plaisir, dit la reine. Il ne s'agit pas d'un devoir public. »

Cette escapade entre des pages est plus qu'un divertissement, c'est une survie. La reine lit et s'évade. Serait-ce une trahison envers la couronne ?
La panique désorganise les services, des directives sont prises et vont à l'encontre des désirs de la reine. Les livres deviennent une menace ! Que va-t-il se passer ?

I wish you good readings your Majesty !

Un petit livre très agréable à lire. Un humour fin, désopilant, grinçant, une histoire folle sur un ton très british. le cérémonial et la bienséance sont perturbés par une femme qui a décidé de lire, de s'accorder ce délice dans les dernières années de sa vie. C'est une fiction, mais j'imagine très bien cette femme contrainte toute sa vie à l'étiquette guindée, fuir sa condition dans la poésie et la romance. Encore empesée et circonspecte, elle arrive à paraître plus accessible et sympathique. Lui offrir un thé ? Oui, avec grand plaisir. Lui faire la bise ? Non, pas encore. Voyons, c'est la reine !!!
J'ai retenu deux jolis mots : Opsimath et tabellion. Je vous laisse le plaisir d'aller chercher les définitions.
Alors ? Oui, je vous le conseille… 122 pages rapidement lues avec le sourire.
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Que se passerait-il outre-Manche si, par le plus grand des hasards, Sa Majesté la Reine se découvrait une passion dévorante pour la lecture ?
Si, tout d'un coup, plus rien n'arrêtait son insatiable soif de livres, au point qu'elle en vienne à négliger ses engagements royaux ?

Dans ce court récit d'une drôlerie exquise, le protocole en prend un sacré
coup !...
Et au passage, l'auteur nous permet de redécouvrir plein d' auteurs que j'ai eu envie d'aller lire ou relire.
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J'ai tout simplement adoré!! Jusqu'à cette fin très originale et inattendue ! En quelques mots et rien que cela.
L'histoire était en elle même un beau défi : se mettre dans la peau de l'une des plus célèbres femmes du monde, Sa majesté La Reine Elisabeth II .
Grand défi plus que réalisé ! Avec beaucoup d'humour ainsi que des réflexions sur l'apport dans nos vies de la lecture et de l'écriture.
La Reine nous apparaît plus banale plus proche de nous.
C'est un régal ! A lire ABSOLUMENT !
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Ce roman est facile à lire, et on se plonge rapidement dans l'histoire de la reine d'Angleterre qui se prend de passion pour la lecture.
En soi, rien de dérangeant... sauf quand ça prend le pas sur ses obligations de reine !

Cette fiction est très réussie, je ne suis pas une grande amatrice de l'humour anglais au départ, mais là je dois avouer que j'ai adorée.

J'ai dévorée ce roman, il est bien écrit, l'histoire se tient de la première à la dernière page et je ne peux que vous inviter à le découvrir à votre tour :)
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Une fable drôle et réjouissante sur le pouvoir de la lecture que l'on dévore comme une véritable friandise littéraire!

L'histoire est toute simple: la reine d'Angleterre en suivant ses chiens lors de leur promenade quotidienne rentre dans un bibliobus qui s'est arrêté dans une cour de Buckingham Palace. Elle y croise un valet de cuisine, son futur assistant littéraire, qui va l'initier au monde des livres. D'abord réticente à la lecture, la reine va peu à peu attraper le virus et devenir une lectrice compulsive au point d'en oublier ses devoirs de monarque, les cérémonies et ses engagements mondains.

Si les lectures la passionnent, la reine comme tout bon lecteur va s'interroger sur ces choix littéraires, sur l'apport de ces lectures, sur l'existence ou non d'un lien entre écriture et lecture... Désireuse d'en faire profiter les autres et d'en parler, la reine va bouleverser l'ordre établi par le protocole en n'hésitant pas à demander à ses sujets leurs préférences littéraires ou en parlant du dernier roman qu'elle a lu...

Cette nouvelle passion déstabilise son entourage qui ne voit pas d'un très bon oeil la lecture. L'auteur n'hésite pas à décrire les familiers de la reine comme des personnes incultes en matière de littérature ce qui en dit long sur le peu d'intérêt qu'ils portent sur les romans classiques ou contemporains. Si l'auteur critique directement la société anglaise et ses travers en matière de littérature, il donne à la reine un rôle à la fois réel et fictionnel. Certains aspects du personnage renvoient à Elizabeth II et d'autres à une reine du siècle des Lumières comme Catherine II de Russie qui se plaît à s'interroger sur le pouvoir monarchique et sur sa fonction dans la société contemporaine... Ses lectures vont aussi modifier sa perception d'elle-même et de ses relations aux autres.

Lectrice passionnée, la reine ne s'arrête pas là puisqu'elle va découvrir une autre passion pour l'écriture. Elle commence par prendre des notes sur ses lectures et les commente puis se décide à écrire sa vie et celle de la monarchie actuelle. Ses écrits auront une conséquence sur son règne que l'auteur nous dévoile en guise de conclusion comme un dernier pied de nez.

Certaines scènes du roman sont mémorables mais ma préférée reste le dîner que la reine organise pour rencontrer des auteurs mais qui se révèlent un fiasco. Ces derniers étant trop imbuvables, cancaniers et imbus de leurs personnes ce qui fait dire à la reine qu'il faut mieux les connaître à travers les livres.

Drôle et fantasque, ce roman est un véritable plaidoyer pour la lecture d'une érudition légère et savoureuse à mettre dans toutes les mains.

Ma vision de la reine Elizabeth II est désormais plus la même surtout si elle a un sac entre les mains. Il contient probablement un livre mais lequel????

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Que dire après 113 critiques!!!
J'ai beaucoup aimé, c'est un délicieux moment de lecture. L'humour anglais est un régal et puis pour les passionnés de littérature, ce livre est bourré de références et d'auteur Anglo-saxon a découvrir ou redécouvrir!!!
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