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4,08

sur 612 notes
Un récit émouvant sur une quête des origines qui débute soudain au décès du père. le fils, de retour pour l'enterrement après des années de non-dits et de silence. le point de départ, ce sont des cassettes qui permettent au fils de découvrir des pans surprenants de la vie de son taiseux de père. La construction du roman est très intéressante, la lecture des cassettes dans l'ordre chronologique entraîne le fils sur des pistes à la recherche de personnes qui ont connu ce père. La musique se révèle, de façon étonnante, un lien plus profond que ce que le fils soupçonnait entre lui, devenu pianiste professionnel, et son père, ouvrier immigré. Un très beau roman, tout en sobriété.
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Un livre empreint d'émotion.
Amine, pianiste international, vient de perdre son père avec lequel il était en froid depuis des années. En vidant l'appartement le fils découvre des cassettes enregistrées par son père qui envoyait ainsi des nouvelles à son propre père resté "au pays". le fils alors va tout comprendre des silences de son père ou du moins une grande partie.
Un bien joli roman: on a tous envie que les défunts nous aient laissé des messages posthumes. Bravo à l'auteur d'avoir si bien saisi ces envies! La mienne en tout cas!
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Ce livre m'a beaucoup plu comme tous les romans de Rachid Benzine.
Les pères taiseux sont légion, ce sont leurs fils ou fille qui les font parler d'une façon ou d'une autre. Ici, c'est grâce aux cassettes trouvées lors du décès de son père que le fils va découvrir la face cachée de celui qu'il a fui.
La vie dans les mines, dans une cimenterie puis chez Lip ne fut pas facile mais ce père était courageux.
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Rachid Benzine poursuit son inventaire des drames arabes contemporains. Après la misère sexuelle, les enfants apatrides retenus en Syrie, il s'attaque à l'héritage mémoriel des premières générations d'immigrés maghrébins.
J'ai reconnu ces anciens au visage ridé, taiseux, dignes, le regard perdu dans l'horizon voilé de leurs souvenirs douloureux. Ce sont des bibliothèques oubliées, des drames enfouis sous la pudeur.
Le père d'Amine est de ceux-là, enfermé dans sa peine et ses regrets, alourdi par le poids d'une vie d'efforts et de renoncements. Après la mort de son père, Amine retrouve des enregistrements sur lesquels il s'adresse à son grand-père.
Chaque cassette augure une découverte, un pas de plus vers la vérité de ce père méconnu. le labeur infini, des Charbonnages de France aux champs de melons du Sud. L'engagement auprès de ses camarades ouvriers, et le dévouement, toujours et partout.
Tant d'épreuves ignorées des plus jeunes. Pourquoi ? « Parce que les vieux comme ton père ils ont voulu que toutes les souffrances, tout ce qu'ils ont subi, s'arrêtent avec eux ».
Souvent émouvant, « le silence des pères » n'a pas la profondeur et l'intensité de ses précédents romans. le sujet nécessitait un plus grand développement. On reste un peu sur sa faim, par exemple lors de la brève évocation du concert d'Oum Kalthoum (p97), de la mort du frère (p102), sans parler du final qui, à lui seul, méritait un long chapitre.
Intéressantes considérations sur la promesse et la lâcheté qui consiste à ne pas savoir dire « je ne peux pas » (p113).
Bilan : 🌹
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A la recherche de la musique entre les silences de son père…

Le narrateur, pianiste concertiste, vient d'apprendre la mort de son père.
Un père plein de silences assourdissants. D'un mutisme intrigant.
Mais qui était-il vraiment ce père arrivé en France en 1965 depuis son Maroc natal.
« le silence résonne. Et mon père emplit chacune des pauses ».

De l'incompréhension aux interrogations, le fils va se retrouver sur les traces d'un père dont il s'était éloigné et qu'il se surprend de découvrir autrement.
Et alors, tout fait sens pour lui et c'est la musique intérieure de son père qui va l'atteindre.

« Et si le silence était notre dernier espace de liberté ? Là où s'appréhende notre savoir, ce que nous avons appris de l'existence. Se taire pour accéder au vrai, au beau, au juste ? »

Des mines de charbon du nord de la France aux camps de harkis dans le sud, en passant par les usines d'Aubervilliers, le fils entend alors les silences de son père, leurs significations, leurs poids.
Il réalise qu'il n'avait pas les clés pour décoder les silences de son père provoquant incompréhension et éloignement, et qu'en réalité il ne le connaissait pas.
Mais connaît-on jamais assez nos parents ?

Une réflexion sur la transmission, la relation père-fils, l'exil, les non-dits, et avec l'expression d'une dignité et d'une pudeur touchantes et prégnantes dans l'histoire de ce roman.
*
« La véritable musique est le silence et toutes les notes ne font qu'encadrer ce silence. » (Miles Davis).
*
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J'avais découvert Rachid Benzine, en 2020, avec "Ainsi parlait ma mère" qui était une très belle déclaration d'amour émouvante d'un fils de 53 ans à sa mère de 93 ans qui s'éloignait doucement des berges de la vie.
Ce roman, c'est la quête du père qu'Amine, le narrateur, a laissé derrière lui pendant 22 ans après un malentendu, une incompréhension, une absence de communication. Amine est devenu un pianiste mondialement reconnu et son père est resté dans son appartement de cité à Trappes. Amine revient pour l'enterrer sans jamais plus avoir eu de contact avec lui.
A la faveur de cassettes audio cachées dans la salle de bain, il découvre trop tard quel homme et quel père il fut; il part rencontrer tous ceux qui l'ont connu et dont il parle sur les enregistrements. Derrière l'homme taiseux, qui ne montrait jamais ses sentiments, il découvre un homme généreux, honnête, un ami fidèle, un amoureux, un père qui ne pensait qu'au bonheur de ses enfants, fier de son fils.
Ce roman est aussi un hommage appuyé à tous ces immigrés d'Afrique du Nord en particulier, qui ont permis par leur sueur, leur labeur mal payé, souvent sous le mépris, le rejet, que la France profite des Trente Glorieuses. Hommage aussi au père qui a sacrifié ses rêves pour que ses enfants aient une vie meilleure que la sienne et qui a réussi.
C'est aussi une critique mêlée malgré tout d'une certaine admiration du poids très lourd des traditions et du respect aux parents qui a empêché le père d'Amine de se marier avec celle qu'il aimait car il n'avait pas obtenu l'autorisation de son père.
Le ton est empreint de tendresse, de regrets, de nostalgie sans jamais être larmoyant. Ce chemin vers le père mal connu nous remplit d'émotion car comment ne pas penser à nos propres parents que l'on ne voit souvent que comme un père ou une mère mais rarement comme un homme ou une femme avec ses bonheurs et ses peines, dont parfois on s'éloigne à cause d'une incompréhension.
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J'ai lu en apnée, d'une traite. Pas vite mais concentré.
Les silences des pères m'ont renvoyé au silence subit du mien, l'année de mes vingt-deux ans. Plus rien jusqu'à sa mort, sans raison connue. Notre fils m'a offert ce voyage au pays de la mémoire ; le titre s'était imposé à sa vue, dans une nouvelle librairie, "Le page d'après", comme une évidence, avec l'espoir que j'y glane quelque chose...
"L'enfant est le père de l'homme. Il est aussi le fils du père." Rachid Benzine rend aussi hommage à une génération sacrifiée.
Amine est revu à la cité pour enterrer un père quitté il y a plusieurs décennies. le fils a pris le large à Boston afin d'embrasser une carrière de concertiste, "sans attaches ni contraintes. Sans compagne ni enfant."
L'exil du père était moins prometteur, émigré du sud Maroc - là où les hommes sont travailleurs et dociles - aux mines du nord français, terre de chair à charbon. le travail dans la mine donne lieu à des pages dignes de Zola.
Amine va découvrir un versant inattendu de son père en écoutant des cassettes audio cachées dans la salle de bain, journal parlé de 1965 à 2006.
" Je m'assois sur banc dans un parc. Je place le casque sur mes oreilles et glisse l'un des enregistrements dans l'appareil. La voix de mon père est désormais très proche."
Il l'entend parler à son père toujours au bled. Amine ne saura jamais si son grand-père répondait au fils exilé, sauf une fois tragique. le fils, à la rencontre d'un père méconnu, reporte son retour, pressé de revenir par une assistante aux abois. Neuf jours durant, il tombe des nues, à dérouler une personnalité insoupçonnée, éclairée des souvenirs émus de compagnons paternels toujours vivants.
Le pianiste touche du doigt la voix devenue atone lorsque le patriarche au Maroc refuse le mariage (à 37 ans) avec une Française.
Puis c'est le mutisme intégral après la mort brutale du frère d'Amine. le père effondré, continue à bosser pour le bien-être de la génération suivante, son unique raison de vivre. Amine en a marre, il largue les amarres.
"La réussite de leur exil ce n'est pas la leur mais celle de votre génération."
Les cassettes défilent, le silence devient assourdissant et lourd de sens. Il prend un tour nouveau, brouille les croyances du fils virtuose sur le retrait de son père, interprété jusqu'alors comme la figure traditionnelle de l'immigré qui courbe l'échine. le père est tout l'opposé, militant, enjoué, solidaire, lecteur et même documentariste à ses heures.
Outre la charge émotionnelle de ces retrouvailles post mortem avec un père lointain, la puissance évocatrice d'une écriture dépouillée m'a tenu en haleine, tant j'espérais qu'Amine parvienne à se réconcilier avec cet homme incompris, tant je souhaitais qu'il reconstruise un sens aux silences des pères, ce que je n'ai jamais réussi avec le mutisme inexpliqué et inexplicable du mien.
J'ai renoncé, j'ai transmuté mon incompréhension en mystère assumé, seule façon de vivre en harmonie avec ma descendance.
Merci mon fils !
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Une lecture exceptionnelle.
Et le terme n'est pas galvaudé.

Un très beau livre, dans son écriture, pudique et solaire à la fois. Dans les thèmes qu'il aborde, aussi et peut-être surtout.

C'est très probablement ce qui m'a le plus touché, le plus marqué. Sans doute parce que cette histoire, au moins dans cette relation qui s'est distendue entre un père et son fils, c'est aussi beaucoup la mienne.

Une suite de malentendus, de non-dits, de maladresses. La vie passe, on s'éloigne en se donnant des nouvelles de loin en loin. Et puis un jour, la disparition. Et il ne reste que les souvenirs. Et des traces parfois inattendues.

J'ai souvent eu l'impression d'être à la place du narrateur.
Et j'ai souvent vu dans ce père qui parle au travers de ces cassettes l'image de mon propre père. Mais je n'ai pas de cassettes. Et je reste donc avec bien des interrogations.

Mais malgré une forme de douleur, que cette lecture fût belle et apaisante. Merci M. Benzine.
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Lors d'un concert , Amine, pianiste de renom, apprend la mort de son père.
Il se rend à Trappes, retrouve ses soeurs qui lui annoncent qu'en tant que fils c'est à lui que revient l'obligation de faire la toilette mortuaire. C'est un choc! Il ne connaît pas les rituels et n'a pas revu ce père depuis des années.
En vidant l'appartement de son père il trouve des cassettes. C'était le mode de communication que son père avait choisi avec son propre père marocain.
En écoutant tous les enregistrements, le narrateur va refaire le chemin de ce père taiseux ( en famille). Il avait décidé en partant aux Etats Unis de ne plus le revoir.
Ce qu'il va apprendre entre les enregistrements et les visites auprès de ses anciens amis, c'est l'histoire d'un homme qu'il ne connaissait pas .
Comme tout immigré maghrébin des années soixante, son père a connu le racisme, les humiliations, la pauvreté. de Lens à Aubervilliers, de Besançon au Gard il va découvrir un homme aimé, adulé par tous, le parfait bon samaritain.
Deux grandes douleurs ont marqué sa vie: l'interdiction de son mariage avec son grand amour, une française ( religion oblige !) et la perte d'un fils.
le livre est bien écrit, parfaitement construit, très instructif ( l'histoire des immigrés marocains et l'intransigeance de l'éducation musulmane).
Mais il y a un truc qui ne colle pas.
Comment aimer un père mort qui n'a jamais témoigné son amour au narrateur alors qu'il en faisait des "tonnes"en dehors de sa famille? Pour elle il a fait son devoir!
On nous ressert encore le " il était fier de son fils mais ne lui a pas dit "!
Il y a peut-être un passage qui pourrait ( à la rigueur) expliquer une partie des silences: " Mon petit Ibrahim est mort. Il est mort papa, je suis détruit. Mon amour ne s'est pas reporté sur mes autres enfants. Je leur donne déjà tout mon coeur. Je ne peux rien leur offrir de plus si ce n'est le silence de mes souffrances."
Je n'ai pas ressenti grand-chose . Une lecture bien décevante (pour moi...).
J'avais été tellement émue par" le voyage au bout de l'enfance" !


Commenter  J’apprécie          2021
Qu'est-ce qui peut expliquer un tel silence, justifier toutes ces années de mutisme qui mettaient tellement en colère Amine ?

Ne trouvant pas de réponse à cette question, le jeune homme quitte sa famille plein d'amertume pour voler de ses propres ailes, entre au conservatoire, part faire des études de musique aux Etats-Unis et devient un grand pianiste.

Mais quand, 22 ans plus tard, son père décède, il laisse de côté ses concerts pour partir sur les traces de cet homme dont il ne sait rien.

Au fil des rencontres avec ses complices d'autrefois, il reconstitue sa vie depuis son arrivée du Maroc jusqu'à sa mort à Trappes. Et avec le parcours de cet immigré arabe, c'est toute l'histoire de l'immigration des Trente Glorieuses que retrace Rachid Benzine dans ce beau roman social.

Il nous dévoile un parcours tortueux qui le conduisit à travers toute la France au fil des emplois. Gueule noire dans les mines de charbons, gueule grise dans les cimenteries, travailleur à la chaîne en usine ou ouvrier agricole dans des fermes, cet homme mélomane et syndicaliste, a vécu mille vies de misère mais a aussi connu l'amitié et l'amour.

Lorsqu'il fonda finalement une famille, le silence fut son choix. Celui de ne pas raconter, de ne pas faire porter à ses enfants un fardeau de rancoeur qui aurait entravé leur vie et les aurait entraînés dans une révolte destructrice. Car si son exil fut une malédiction, il se refusa de parler du sacrifice qu'il fit en toute conscience, afin de préserver leurs chances de réussite.

Avec ce voyage de mémoire, Amine comprend que ce qu'il prenait pour de la lâcheté, du renoncement, était un cadeau que ce père leur faisait à eux, les enfants de la deuxième génération.

Dans son roman, Rachid Benzine, comme Milan Kundera, raconte sans juger, sans analyser, juste pour dire : voilà, cela s'est passé comme ça, faites-vous votre propre idée, il n'y a pas de morale autre que la votre. Tout ce que j'aime.
Je ne peux que recommander ce roman sensible et tout à fait passionnant.
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