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4,08

sur 612 notes
Merci pour le pluriel.

Première lecture.

Il y a une première lecture des plus émouvantes d'un fils rejoignant son père dans le mérite de ce qui a été fait et d'une affection retrouvée.

Amine, la quarantaine est un pianiste reconnu. Son père était un émigré marocain. Sa mère une femme du pays. Une fratrie des filles et deux garçons mais l'un des deux est décédé à 17 ans.
La mère est également morte et le père vient de mourir à un peu plus de 80 ans.
Mais Amine avait coupé les ponts avec son père, pas vu depuis 23 ans, tout en restant en contact avec ses soeurs.
Le père s'était réfugié dans le silence, laissant à son épouse le soin de dire ce qu'il fallait ou ne fallait pas aux enfants. C'est le grief principal du fils envers son père, les silences étant pris pour une lâcheté et une dérobade envers ses responsabilité de père.
Mais tout de même revenu pour les funérailles, Amine découvre tout un lot de cassettes. Classées par années c'était le mode de correspondance entre le père et son propre père, cassettes envoyées au Maroc et récupérées au décès du patriarche.
Et Amine écoute.
D'un père qui n'en était pas un, celui ci devient exemplaire et socialement un homme plus que bien. Ajoutons la musique que je vous laisse découvrir ainsi que les cassettes.

Deuxième lecture.

Ou plutôt posons des questions et quelques commentaires.

Un fils coupant les ponts avec son père pour ne le revoir que mort. le fils aurait dû se poser des questions plutôt que d'être dans un rejet guère justifié.

Merci en ces temps me too de redorer l'image de l'homme mais celles des femmes ici n'est guère reluisante comme ci elles n'avaient que peu de poids. Ceci dit le père renonce à un amour de vie, le patriarche ayant mis son véto.

Les raisons du refuge du père dans le silence ne me paraissent pas suffisantes.

Enfin, pourquoi les pères se taisent, ne racontent pas leur histoire surtout si celle ci peut expliquer des dysfonctionnements. Priorité à l'éducation et au travail pour vivre si possible bien, lorsque les enfants sont petits peut être, mais après. Et n'en est il pas de même pour les mères ?

Ce père modèle a t il vraiment existé car cela semble trop beau ?

Les silences des pères, Un livre qui se lit rapidement. Bien écrit. Bien construit. Des développements plus amples auraient été les bienvenus. Quelle est la part du vrai et de l'imaginaire, on ne sait pas.

La phrase de la fin ainsi que j'aime à les citer. Mais en entendant les notes soutenues, il ( le père ) saura que ses silences auront ému le ciel.

Commentaire, trop beau pour être vrai ou l'auteur de ces lignes est il un peu trop négatif ?
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Un jeune virtuose du piano qui a coupé les ponts avec son père pendant près de 10 ans, reviens chez lui pour le décès de ce dernier. Suite à l'enterrement il part sur les traces de ce père qu'il croyait connaître taiseux et indifférent à ses enfants.
Il va découvrir un autre visage de son père au grès des rencontres de son passé et surtout grâce à un enregistrement trouvé dans ses affaires.
Comment apprendre à mieux connaître ceux qui nous ont élevés, qui se sont parfois sacrifier pour nous sans qu'on le sache.
On part du Maroc, où est né son père, en passant par le nord de la France, la Camargue et en passant par Trappes ville de son enfance.
Voilà un très beau road tripe sur les routes du passé qui appaise et nous offre un regard différent sur nos parents.
Un très beau livre, qui m'a embarqué et va longtemps raisonner en moi.
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Quel livre magnifique.
Un vrai coup de coeur pour moi. Un bijou d'émotion pure. de finesse, de silence intelligent, de sobriété.
Je crois qu'un roman ne m'avait pas autant percuté depuis "Les vertueux" de Khadra.
Mon unique reproche serait qu'il est trop court. Mais en fait cette concision en fait sa force car le livre est aussi épuré que le sujet principal qui est le père. Un père qui transmettait par ses silences et par ses actions dont la discrétion échappait aux siens.
Ce livre est d'autant plus formidable qu'il dit mieux et en peu de mots et quelques exemples, ce que n'arrivent pas à faire certains livres bavards sur le sujet de l'exil et du déracinement. du grand écart entre la culture qu'on quitte et qui est celle des ascendants et celle qu'on essaie d'adopter et qui est naturelle aux descendants.
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A la lecture de la dernière page, l'emocion m'a submergé, j'ai pleuré !
Ce court récit poignant, authentique de Rachid Benzine est un véritable cadeau. Une très belle écriture sur un sujet très fort … qui me concerne, même de loin.
Quel retour dans le passé ! Sous une forme originale que celle des cassettes audio. C'est lumineux d'amour, de tendresse, de dignité et de respect.
Le père a fait le choix de taire sa propre douleur de l'arrachement à sa terre natale, choix guidé par l'espoir rivé au coeur que ses enfants puissent s'élever en tant que Français sans la transmission due à l'exil.

Nos vies ne sont que la succession de nos choix. Ils assurent la construction de notre chemin.

En filigrane de ma lecture, les mêmes moments ou presque, vécus par mon grand-père. le Mezzogiorno italien ne pouvant nourrir ses enfants … 1901. Angelo et son cousin Guiseppe ont accepté le contrat d'un rabatteur agissant pour les forges de Lorraine. le prix du voyage aller et d'une semaine d'hôtel est avancé, à rembourser sur les premiers salaires. La France, ce sera toujours mieux d'y vendre ses bras que rester ici à vivre la misère. Au matin, ils sont descendus par la route de terre jusqu'à la gare où les rails dessinaient déjà leur nouvel horizon, celui de l'exode rural internationalisé. L'industrie européenne avait besoin de leurs bras.

Les raisons du départ sont toujours d'actualité, toujours une question de survie, avec à l'arrivée le même besoin de main d'oeuvre à exploiter au moindre coût.

D'où mon implication politique pour créer les conditions de non départ, ou de moins départs, car bientôt, si rien n'est fait, les immigrés climatiques vont submerger nos terres émergées.

Ancelle, le 1er novembre 2023
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Avant de parler du roman, une petite parenthèse sur l'auteur : une sacrée palette de talents.
Trois livres savourés, tous, bien différents.
« Dans les yeux du ciel » : la puissance, l'intensité, le cri, le prix de la liberté.
« Voyage au bout de l'enfance » : la lucidité et l'incompréhension d'un gamin emmené en Syrie par ses parents. La force du regard de l'enfance
Et « Les silences des pères » : un livre tout en retenue, en justesse et en émotions. Lui aussi, suscite la réflexion. Pour lui aussi, les personnages continuent de vivre dans ma tête, une fois le livre refermé.

L'histoire :
Le fils revient à Trappes au décès de son père. Ils ne se parlent plus depuis de nombreuses années. le fils, grand pianiste, est aussi le narrateur.
Son père est un « taiseux » et son fils n'a jamais compris, jamais accepté son silence lors de la mort accidentelle de son frère en mobylette. Quand il a été pris en chasse par deux motards.
« Craignant un contrôle d'identité, il avait accéléré. Un coup de guidon trop vif et l'accident était arrivé. L'absence de casque fit le reste. Il agonisa 10 mn sur le bitume, et c'en fut fini de mon frère. »
« Je tenais mon père responsable de tous les malheurs de ma famille. Dès mon adolescence, je l'ai rejeté. La mort violente de mon frère avait été une telle meurtrissure. Son silence avait été une forme de lâcheté. »

En rangeant ses affaires, il va découvrir des cassettes étiquetées par date et par lieu. C'est la voix de son père qui s'adresse à son propre père resté au Maroc. Il lui raconte sa vie, lui demande conseil.
Le fils va alors repartir sur l'histoire et la personnalité de son père : rencontrer ses amis dispersés en France, revenir sur ses propres souvenirs et écouter attentivement les cassettes.

Et si son silence était chargé de sens ? S'il exprimait justement un trop plein de sacrifices, d''amour, impossible à exprimer ?
Surtout, quand on a été habitué à taire ses émotions, à pourvoir aux besoins de sa famille, à faire le maximum pour ses enfants, à obéir aux ordres des parents.
Cette réflexion s'ouvre sur la parentalité en général. D'où – je pense – le titre au pluriel : « les silences des pères ». Faire le maximum pour les enfants. Sans toujours être compris en retour, sans chercher à valoriser leurs efforts. C'est normal, on aime les enfants, on cherche le mieux pour eux.

C'est une belle histoire (sans doute autobiographique) sur la mémoire, la compréhension, le regret et bien sûr le silence.
« Et si le silence était notre dernier espace de liberté ? Là, où s'appréhende notre savoir, ce que nous avons appris de l'existence. Se taire pour accéder au vrai, au beau, au juste ? »

Ce qui m'a émue, c'est l'incommunicabilité entre les deux générations, deux éducations bien différentes. le père qui obéit, comme un gamin, à la voix de son père, quand ce dernier n'accepte pas la femme qu'il aime en France.
A rapprocher du roman d'Alice Zeniter : « L'art de perdre ».
Quand l'absence de communications ressemble à la haine…

Et ce qui m'a encore plus émue, parce qu'il fait ressortir le sentiment de honte, c'est l'extrait où le Père sort prématurément du bus pour ne pas faire honte à son fils.
« Un jour, après le conservatoire, je me souviens, il pleuvait des cordes. Je m'étais précipité dans le bus avec mes camarades. Mon père s'y trouvait déjà, monté à un arrêt précédent, il rentrait du travail. En me voyant, il avait baissé la tête et était descendu à l'arrêt suivant, si loin de notre cité. (…) Une heure plus tard, il était arrivé trempé à la maison. Je n'ai pas su ni même lui demander pourquoi il était descendu. Mon père redoutait que sa seule présence me fasse honte devant mes amis musiciens ».

Avec en arrière-plan, l'histoire de l'immigration des premières générations, les difficultés mais aussi la solidarité, les amitiés fidèles.

Un livre pudique et bouleversant.

Lien : https://commelaplume.blogspo..
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Rachid Benzine continue à explorer les relations familiales et creuse ici la difficile communication père-fils. Cette vague qui part de l'admiration aveugle à la honte, l'incompréhension ou la colère…
Mais un jour c'est la fin. Et… ? S'était-on tout dit, avait-on réussi à parler, avait-on quelque chose à se dire ?

Une histoire de toute beauté qui m'a laissé vidé. Une écriture magnifique pour dévoiler toutes ces émotions qui n'avaient jamais pu naître.

Une merveille
Lien : https://www.noid.ch/les-sile..
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Un roman vraiment émouvant, intense sur des relations filiales, père-fils, sur l'immigration et sur la difficulté à communiquer en particulier pour les hommes, les pères.
Un fils revient enterrer son père qu'il n'a pas vu depuis vingt ans. Il s'est éloigné de son milieu populaire immigré maghrébin devenant un "transfuge de classe" . Il ne connait pas son père, le juge soumis comme tous les chibanis ( première génération d'immigrés maghrébins). Un jugement hâtif et erroné, il s'en rend compte lorsqu'il découvre un lot de cassettes audio que son père envoyait à son propre père, le grand-père du narrateur donc. Il lui reproche également sa froideur voire son indifférence à la mort de son deuxième fils, frère du narrateur.
Son père a vécu, souffert, milité, aimé mais a dû composer avec sa famille, son propre père. Son silence est lié à la souffrance, la pudeur, un silence lié à l'immigration, au masculin en général. le fils découvre qu'il ne connaissait pas son père. le souvenir est-il réalité ou fiction ? Comment dire les malentendus ? Les silences ?. Un récit bouleversant
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Je n'avais pas été particulièrement touchée par Voyage au bout de l'enfance qui pourtant avait reçu un joli succès lors de sa parution. Néanmoins j'avais envie de revenir vers l'auteur dont la plume ne m'avait pas laissée indifférente.
Il, le narrateur, est un pianiste reconnu. Nous ne connaitrons son nom qu'à la toute dernière page. Il a depuis longtemps quitté le domicile familial, certes pour aller se perfectionner à l'étranger et bâtir une carrière, mais sans doute aussi pour échapper à son milieu, à ses origines, et au climat familial. Son père est arrivé tout jeune du Maroc pour aller à la mine dans le nord.
Alors que son père vient de mourir, et qu'avec ses soeurs il lui faut vider le modeste appartement de banlieue, il retrouve quelques cassettes dont il ignorait l'existence. En réalité, il ignore beaucoup de choses ; en particulier de son père, grand taiseux, et grand blessé de la vie. Ces cassettes, sont celles que son père envoyait au Maroc en lieu et place des lettres qu'il n'était pas en mesure de lire.
Au fil des enregistrements, le narrateur est entrainé sur les pas de son père et de ceux qu'il a côtoyés et croisés. Il comprend chaque jour un peu plus les silences, et souffrances de son père. Il apprend ce que fut sa vie ; et nous, lecteurs, voyons défiler l'histoire de ces gens venus travailler à la faveur d'un dynamisme économique sans précédent ; d'une communauté qui a eu du mal à s'affranchir de l'emprise familiale.
J'ai beaucoup aimé ce recueil écrit tout en pudeur, dignité et profondeur. J'en ai également aimé la construction grâce à laquelle il amène son propos avec intelligence.
Un livre touchant !

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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cc les amis , il y a des livres qui touche plus que d'autres et ce livre en fait partie . ce livre ces l'histoire d'un fils qui après le décès de son père retrace son parcourt et rencontre ces amis et ce qu'il découvre est incroyable . ayant eu un père taiseux comme celui du personnage principal et ayant voulu s'élever socialement comme lui , j'ai aussi compris que le père n'ai jamais loin .ce livre est d'une écriture magnifique , j'y ai plonger dedans des les premières pages et quelle histoire fantastique . n'hésiter pas a lire ce livre car il est top .bonne lecture les amis
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Si j'avais déjà entendu parler de Rachid Benzine, je n'avais encore rien lu de lui. C'est grâce à une membre de mon club de lecture qui a présenté ce roman que j'ai eu envie de le découvrir.

Amine, né au sein d'une famille d'immigrés marocains, a grandi à Trappes. Devenu un pianiste de renommée mondiale, il a rompu toute relation avec son père depuis vingt ans. Au décès de celui-ci, Amine revient pour l'enterrement et aider ses soeurs à vider l'appartement.

Par hasard, il va découvrir, cachées dans la salle de bains, une grande quantité de cassettes audio. Ces cassettes ont été enregistrées par le père d'Amine comme des lettres orales et envoyées à son propre père au Maroc.

A leur écoute, Amine va découvrir la vie de son père de 1965, année de son arrivée à Lens, jusqu'à la dernière en 1991. La voix de son père, à qui Amine reprochait ses silences, va lui révéler ses souffrances de l'exil, l'exploitation au travail, le poids de la famille qui, même à des milliers de kilomètres, interdit un mariage avec une Française, la construction d'une vie de famille avec une Marocaine, les enfants, les drames et les chagrins.

Bien plus touché qu'il ne veut l'admettre au début, Amine décide de partir à la rencontre de ceux qui ont côtoyé son père. L'homme qu'il va ainsi découvrir est bien plus complexe et riche que l'image qu'il s'en faisait.

» Les silences des pères » est un roman touchant qui soulève la question des choses tues, cachées, des sentiments non exprimés générant des malentendus et des souffrances qui pourraient être évitées.
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