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Citations sur C'est moi qui souligne (64)

Tout était en place quand je suis arrivée. Autour de moi s’étalaient des trésors, il n’y avait su’à les ramasser. Je suis libre de vivre où et comme je veux, de lire, de penser ce que je veux, d’écouter qui je veux. Je suis libre dans les rues des grandes villes lorsque, perdue dans la foule, je déambule sans but sous une pluie battante en marmonnant des vers, quand je me promène en forêt ou au bord de mer dans une solitude bienheureuse, bercée par ma musique intérieure, quand je referme derrière moi la porte de ma chambre.
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Personnellement, je ne ressens pas le passé comme un "paradis perdu" qui tiendrait son charme davantage de ce qui n'est plus qe de ce qui fut. La mort ne peut jamais être supérieure à la vie. Seule la féroce immanence de l'instant est impérissable car elle contient à la fois le passé, le présent et l'avenir. Je suis prête à sacrifier mes souvenirs les plus chers à cet instant où mon crayon court sur la page et où l'ombre d'un nuage passe sur moi.
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Au printemps à Paris, fleurissent les marronniers. Les premiers à s'épanouir sont ceux du boulevard Pasteur, là où le métro jaillit de dessous la terre et où l'air chaud s'élève par vagues jusqu'aux arbres. En automne, sur les Champs-Élysées, les feuilles avant de tomber prennent une teinte brun-foncé, couleur cigare. En été, durant quelques jours, le soleil se couche en plein centre de l'Arc de Triomphe, vu depuis la place de la Concorde. Les jardins des Tuileries sont les plus beaux de Paris parce qu'ils font partie d'un ensemble ; et face au globe ardent du soleil qui inonde de ses rayons la dalle de L'Arc, on finit par se confondre avec cet ensemble, comme devant le tableau de Rembrandt, Aristote contemplant le buste d'Homère. Il n'y a pas à proprement parler d'hiver à Paris. Il pleut et les gouttes d'eau clapotent et chuchotent contre les vitres et sur les toits. Soudain, en janvier, vers la fin du mois, vient un jour où tout resplendit : il fait bon et le ciel est bleu. Sur les terrasses des cafés, les clients ont quitté leur manteaux et les femmes, vêtues de robes légères, transfigurent la ville. On a beau savoir qu'il reste encore deux mois de mauvais temps à passer, personne n'y fait allusion. Chaque année, ce jour revient telle une fête mobile qui tomberait entre le 20 janvier et le 5 février, laissant sur son passage un parfum de promesse
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''L’honneur est plus précieux que la vie''. Je n’ai jamais compris ce que cela voulait dire. Comment une chose peut-elle être plus précieuse que la vie ? Sans la vie, il n’y a rien. Cela reviendrait à dire que les trous valent mieux que le gruyère. Rien ne peut se comparer à la vie.
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A cette époque (la fin des années 20), dans l'ensemble du monde occidental, il ne s'est trouvé aucun écrivain éminent pour intervenir en notre faveur, prêt à élever la voix contre les persécutions que subissent les intellectuels en U.R.S.S., contre les répressions, la censure, les arrestations, les procès, la fermeture des journaux. La vieille génération, Wells, Shaw, Rolland, Mann, était entièrement gagnée à la "Nouvelle Russie" et à "l'expérience intéressante" qui avait liquidé "les horreurs du tsarisme". Elle soutenait Staline contre Troski, comme elle avait soutenu Lénine contre les autres chefs politiques. Dreiser, Sinclair Lewis, Upton Sinclair, André Gide (jusqu'en 1936) et Stefan Zweig prenaient la défense, dans tous les débats, du parti communiste contre l'opposition. Puis venait la génération intermédiaire, avec le groupe de Bloomsbury et Virginia Woolf, Valéry et Hémingway, qui ne montraient pas d'enthousiasme à l'égard du communisme, mais restait indifférente aux événements des années trente en Russie. Jean Cocteau écrivait: "Les dictateurs contribuent à promouvoir la protestation dans l'art, sans laquelle celui-ci meurt". On avait envie de lui demander si cela était également valable pour la balle que l'on recevait dans la nuque.
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«  Plus les gens prennent l’habitude de vivre ensemble, plus sûrement perdent- ils le besoin de parler d’eux- mêmes » .
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Dans son poème inachevé À pleine voix, Maiakovski lança d'abord des imprécations, ensuite un cri éperdu sur toute la Russie. Puis il se tut. Un coup de feu retentit et cette vie qui paraissait infinie se termina. Il n'avait pas l'habitude de céder, il ne savait ni ne voulait le faire. Un poète de cette trempe n'a pas de "position de repli". En se brûlant la cervelle, il a anéanti toute sa génération.
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Je cherche le mot juste, mais je ne le trouve pas. Il y a longtemps que je le cherche .Au début je l'ai cherché en si russe puis me suis dit : assez, je ne le trouverai jamais, cette langue ne me servira pas, je nagerais dans les approximations romantiques et les euphémismes. Mais la langue française, en revanche me paraissait si précise, trop précise même pour moi qui étais dans le vague...Et pourtant il devrait bien exister ce mot , un mot précis, solide, acéré.
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Les montagnes Rocheuses étaient toutes proches et j'arrivais dans des lieux où bientôt il n'y aurait plus ni routes goudronnées, ni poteaux téléphoniques, ni antennes de télévision, rien que des truites. dans le torrent qui coulait à nos pieds, elles étaient roses et lilas, tandis que dans le lac en forme de cœur, au-dessus de nous, elles avaient les couleurs de l'arc-en-ciel. Nous étions à trois mille mètres. Au sommet des Rocheuses vivait un homme qui possédait quarante-cinq chevaux et trois femmes mexicaines, l'une plus menue que l'autre. Il n'avait jamais vu Chicago, et New York ne l'intéressait pas plus que Pékin ou Le Cap.

Le soir de nôtre arrivée, je me suis jetée au lit sous l'édredon. Au moment de m'endormir, j'ai senti un animal gratter sous l'oreiller, mais je n'avais pas la force de rallumer la bougie et de laisser s'échapper cette bête inconnue. D'après les bruits qui me parvenaient, je devinais qu'elle devait être petite et active. Elle ne grignotait pas comme une souris, de façon monotone, ennuyeuse et obstinée. Elle jouait sous mon oreiller et explorait les contours de ma tête. Je décidai que, de toute manière, elle ne pouvait pas me manger et m'endormis, épuisée.

Je fus réveillée, le lendemain matin, par une sensation curieuse. Quelque chose mordillait doucement les doigts de mon pied droit. C'était le tamias qui s'était amusé durant la nuit sous mon oreiller. On trouve partout en Amérique ces petites bêtes enjouées à la queue touffue qui, lorsqu'elles aperçoivent un homme, se dressent sur les pattes postérieures et les saluent de leurs pattes antérieures. Le mien s'installa le matin même dans la cuisine, puis il disparut pour reparaître de temps à autre dans la cabane, en compagnie d'une demi-douzaine d'autres.

Le soir, quand nous grillions nos truites, on entendait les pas légers d'un daim et le bruit sec de ses bois contre le montant de la porte. Il me présentait d'abord sa tête soyeuse sur laquelle brillait un énorme œil. Puis , il me regardait de face avant de disparaître fièrement sans rien demander. Il s'éloignait à pas légers et soudain se mettait au galop en frappant le sentier de ses sabots qui résonnaient sourdement dans le silence du soir.
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Je sais fort bien que je ne peux pas me prendre éternellement au sérieux, car je participe inévitablement de l'absurdité universelle. Les Grecs se moquaient de leurs lieux sacrés et les Sefardim adoraient un dieu qui savait plaisanter. Seul le renoncement au sentiment de mon importance me donne la possibilité de développer des aspects inattendus de ma personnalité et la liberté de me transformer au cours de cette vie qui passe si vite. J'ai appris à sourire: je suis sortie de la tragédie de ma jeunesse pour entrer dans une maturité qui porte la marque de l'humour.
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