Citations sur C'est moi qui souligne (64)
Une seule chambre, un seul lit, une seule couverture. Qui ne comprend pas ça ne comprend rien au mariage. Le jour, la vie peut nous séparer , nous refroidir, nous ébranler, nous déchirer. Mais la nuit nous réconcilie. Un corps ranime l'autre par sa chaleur, sinon par son ardeur
Nous nous aimions l'un l'autre au-delà des frontières qui nous séparaient : lui redoutait le matin les catastrophes du soir, moi j'attendais la nuit les joies du lendemain.
Bien des fois par la suite, j'ai retrouvé cette idée de la « survie » dans les sens les plus divers de ce mot et avec toutes les nuances imaginables, depuis l'instinct de conservation jusqu'à l'antique « affirmation de soi face à la destruction », depuis le désir animal de s'échapper des griffes de l'ennemi jusqu'à l'aspiration sublime de conserver l'ultime liberté de parole. La part animale et la part spirituelle en l'homme ont souvent la même racine.
La vie passe, emportant les petits événements comme les grands. Des noms et des époques illustres, il ne reste que cendres.
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Léon Chestov et, pendant un temps, Rémizov habitaient à Boulogne, les Zaïtsev
et nous à Billancourt. Les faubourgs où vivaient les russes étaient nombreux :
Berdiaev habitait Clamart et Tsvetaïeva à Meudon. A Noisy résidaient des "vieux
croyants" et à Ozoire le Général Skobline, qui avait kidnappé le général Miller.....
Nous vous demandons, de toutes nos forces, de faire votre possible pour arracher partout, à chaque instant et avec énergie, le masque hypocrite et rusé de ce visage terrifiant que présente le pouvoir communiste en Russie. Nous-mêmes sommes impuissants à le faire. Notre unique arme, notre plume , nous a été confisquée , la littérature qui est l'air que nous respirons nous a été enlevée et nous-mêmes sommes en prison.
Vous ne pouvez pas nous lancer ces mots cruels que chaque peuple a le pouvoir qu'il mérite. Vous savez bien que, sous les régimes despotiques, la concordance entre le peuple et le pouvoir ne s'établit qu'au terme d'une longue histoire , ces deux entités pouvant s'opposer de façon tragique durant de brèves périodes de la vie d'une nation.
Si vous le savez, pourquoi vous taisez-vous? Nous avons entendu votre protestation bruyante contre la condamnation de Sacco et de Vanzetti et d'autres défenseurs de la liberté d'expression, mais de toute évidence, vous ne voyez pas les persécutions allant jusqu'à la peine capitale dont sont victimes les meilleurs hommes russes, qui ne peuvent même pas propager leurs idées en raison de l'absence totale de liberté d'expression. Nous, en tout cas, nous n'avons pas entendu au fond de notre goêle vos voix indignées, ni votre appel au sens moral des peuples.
L'un de nos spécialistes en sciences politiques, le professeur Lazarevski, a été fusillé uniquement parce qu'on a trouvé chez lui, à l'occasion d'une perquisition, son projet d'une constitution pour la Russie.
Comment expliquer que des gens comme vous, qui avez su avec tant de perspicacité sonder les profondeurs de l'âme humaine et pénétrer au coeur de l'histoire des peuples, puissent nous ignorer , nous les Russes, condamnés à ronger nos fers au fond de d'une abominable prison dressée contre la liberté d'expression? Pourquoi restez - vous silencieux, vous qui avez été également façonnés par les oeuvres de nos génies, lorsque dans ce grand pays on étouffe la littérature, ses fruits mûrs, comme ses jeunes pousses?