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Citations sur Le Naufragé (39)

Nous étudions une œuvre grandiose, disons voir l’œuvre de Kant, et cette œuvre se réduit finalement à une petite tête de Prussien de l’Est, en l’occurrence celle de Kant, et à un monde tout à fait vague de nuit et de brouillard qui s’avère au bout du compte aussi inopérant que tous les autres, dit-il, pensai-je. (...) Les grands penseurs, nous les avons enfermés dans nos bibliothèques d’où ils nous regardent fixement, à jamais voués à la dérision, dit-il, pensai-je. Tous ces gens ont violé la nature, dit-il, ils ont commis le crime capital contre l’esprit, c’est pourquoi ils sont enfermés par nous pour toujours dans nos bibliothèques. Car dans nos bibliothèques, ils étouffent, voilà la vérité. Nos bibliothèques sont en quelque sorte des pénitenciers où nous avons enfermé nos grands esprits, Kant naturellement dans une cellule individuelle, de même que Nietzsche, de même que Schopenhauer, Pascal, Voltaire, Montaigne, tous les très grands dans des cellules individuelles, les autres dans des cellules collectives, mais tous pour toujours et à jamais, mon cher, pour l’ éternité et jusqu’à l’infini, voilà la vérité. Et gare à celui qui, coupable du crime capital, prend la fuite, gare à celui qui s’évade, il est aussitôt mis à mal et tourné en dérision, voilà la vérité.
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Beaucoup se suicident dans leur cinquante et unième année, pensai-je........ Très souvent, la cause en est la honte que, passé cinquante ans, le quinquagénaire éprouve, précisément pour avoir franchi cette limite. Car cinquante ans, c'est amplement suffisant, pensai-je. Nous tombons dans la vulgarité quand nous passons la cinquantaine et continuons néanmoins à vivre, à exister. Nous sommes assez lâches pour aller jusqu'à la limite, pensai-je...
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Nous tombons dans la vulgarité quand nous passons la cinquantaine et continuons néanmoins à vivre, à exister. Nous sommes assez lâches pour aller jusqu'à la limite, pensai-je, et nous devenons doublement lamentables une fois que nous avons franchi le cap des cinquante ans.
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Mais en fait, la catastrophe, pour Wertheimer, s’est déjà manifestée au moment où Glenn a dit à Wertheimer qu’il était «sombreur» ; ce que Wertheimer avait toujours su avait été formulé par Glenn Gould, soudainement et sans prévention, comme je dois le dire, à sa manière bien canadienne-américaine ; Glenn a porté un coup fatal à Wertheimer avec son «sombreur», pensai-je, non pas parce que Wertheimer a entendu alors pour la première fois ce concept, mais parce que Wertheimer, sans connaître ce mot de «sombreur», était depuis longtemps familiarisé avec le concept de sombreur et que Glenn Gould a formulé le mot sombreur à un moment décisif, pensai-je. Nous disons un mot et nous anéantissons un homme, sans que cet homme anéanti par nous s’aperçoive, au moment où nous l’anéantissons d’un mot, qu’il a reçu un coup fatal, pensai-je. Un tel homme, confronté à un tel mot fatal en tant que concept fatal, est loin de se douter alors de l’effet fatal du mot et du concept en question, pensai-je (...) Nous disons un mot fatal à un homme et nous ne sommes naturellement pas conscients sur le coup que nous lui avons effectivement dit un mot fatal, pensai-je.
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"Je [Wertheimer] n'arpente que l'asphalte, la campagne, je ne l'arpente pas, cela m'ennuie prodigieusement et je reste assis dans la cabane." Il appelait cabane le pavillon de chasse de quatorze pièces hérité de ses parents.
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Mais cela ne signifie pas que nous sommes seulement malheureux, notre malheur est la condition préalable en vertu de laquelle nous pouvons aussi être heureux, il n'y a que par le détour du malheur que nous pouvons être heureux, disait-il, pensai-je.
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Plus que quiconque, notre Glenn Gould était capable de cette sorte de rire irrépressible, pensai-je, et donc il n'y avait d'homme à prendre davantage au sérieux. Celui qui ne sait pas rire ne doit pas être pris au sérieux, et celui qui ne sait pas rire comme Glenn ne doit pas être pris au sérieux comme Glenn.
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Tout écrit, pour peu que nous le laissions reposer un certain temps et le reconsidérions encore et encore depuis le début, finit par nous paraître insupportable et nous n'avons de repos que nous ne l'ayons détruit, pensai-je.
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Si je n'avais pas fait la connaissance de Glenn Gould, je n'aurais probablement pas renoncé au piano et je serais devenu un pianiste virtuose, et peut-être même l'un des meilleurs pianistes virtuoses du monde, pensai-je dans l'auberge. Quand nous rencontrons le meilleur, nous devons renoncer, pensai-je.
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Nous tentons encore et toujours de nous faufiler hors de nous-mêmes mais la tentative échoue et nous prenons encore et encore un coup sur la tête parce que nous ne voulons pas reconnaître que nous ne pouvons pas nous faufiler hors de nous-mêmes si ce n’est par la mort.
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