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EAN : 9782746526235
Le Pommier (11/01/2023)
4.03/5   32 notes
Résumé :
« Seuls quelques gestes démodés suscitent encore l'intérêt du public, ceux du tailleur de pierre par exemple, du stucateur, du cintreur. La main du bâtisseur moderne est ennuyeuse. Sa tâche est rebutante même si son entêtement à la poursuivre quelle que soit la saison, qu'il pleuve ou qu'il vente, mérite le respect ou l'admiration. Le maçon éprouve son savoir-faire jour après jour. Il l'améliore discrètement, en silence. Il affine sa technique sans revenir sur les e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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La beauté de ce recueil commence par la couverture signée Mélinda Fiant. L' illustration qui préfigure le texte d'ouverture, intitulé « La confiture des rois », fait saliver. Yves Bichet met en valeur un savoir faire d'antan :
celui des ouvrières de Bar-le-Duc, à la dextérité immémoriale pour délester les groseilles de leurs pépins, munies de rémiges d'oie pour obtenir
«  le caviar de Bar » !

Le texte 2 a été inspiré par une rencontre ( dans un train) de l'auteur avec un aveugle accompagné de son Labrador. Il restitue des bribes de leur conversation ainsi que ses hésitations pour choisir les sujets à aborder au colloque auquel il est invité. Il focalise notre attention sur les mains du non-voyant effleurant son arcade sourcilière: «  un geste simple et beau », puis sur les caresses qu'il prodigue à son chien. On est touché par la communion entre le chien et l'homme. «  Ces deux êtres vivaient l'un pour l'autre. » On perçoit «  le gémissement de plaisir » de la bête, qui pose délicatement le museau sur les genoux de son maître.

Le troisième texte Toucher l'écran s'avère une sorte de diatribe contre l'addiction aux écrans, aux portables, où ne s'inscrivent que des images et des sons. Yves Bichet invite à mieux utiliser notre odorat.
Ceux que les sonneries intempestives insupportent ne peuvent qu'approuver. D'ailleurs dans un de ses récits flotte une puissante fragrance de lavandin.

Dans l'une des nouvelles, Yves Bichet décline les multiples activités qu'il a exercées dont celle de maçon. Il met en lumière le geste de l'artisan.
Ses mains ont troqué la truelle pour le stylo et le clavier, titillé par le besoin d'écrire. Il compare les deux activités au niveau des mains.
L'artisan cherche le résultat, l'écrivain l'inspiration.
Ce qui rappelle le geste d'écrire dont parle Stéphane Mallarmé.
Mais il a aussi travaillé à la ferme et «  griffonné au tracteur des hectares de lavandin ». Il sait que reculer avec un chargement de lavande demande de la dextérité. Il autopsie le geste de manoeuvrer une remorque en marche arrière. «  Recul délicat », car « la remorque n'obéit pas aux intrus ».

Si l'andaineuse lui a causé des frayeurs, elle a aussi été un déclic
pour s'essayer à la poésie. Pour l'auteur, « la poésie pourrait ressembler à un geste, un premier mouvement du corps, une rencontre fortuite des mots qui célèbrent le quotidien, des mots capables de stopper notre fuite en avant ».

Qui n'a pas été ému devant un bébé qui «  frotte ses paupières avec ses poings » ?
Si la vie s'invite dans cette nouvelle, une suivante évoque les trépassés, la lecture de poésie au vieil homme défunt, et en particulier les derniers instants d'une mère.
Le narrateur partage « le cadeau rare, le privilège » d'avoir pu profiter du « restant de chaleur » en caressant son visage avant que le froid gagne, une scène qui prend à la gorge, avec une portée universelle.
Le narrateur sait transcender une nouvelle où la maladie a ruiné un couple par un moment d'illumination. Comment ne pas vibrer en imaginant cet enfant myopathe, la main levée, hypnotisé, tout extasié, devant l'apparition de la lune. «  La beauté du monde se concentre parfois dans de tels surgissements de lumière nacrée, il faut s'arrêter, se taire.. ». Car ce geste qui lui a coûté tant d'efforts, il n'a pas pu le refaire.

La vie est cocasse, lit-on dans une autre nouvelle.
C'est la blague de Mounir que l'auteur nous relate qui fait se bidonner ses acolytes, qui se «  fendent la poire ».

Impossible de commenter chacun des récits , mais Yves Bichet offre une succession de variations autour de la beauté du geste , de témoignages, en 22 textes de longueur inégale. Si on s'extasie sur les performances d'excellence d'un pianiste, d'un footballeur, l'auteur veut réparer l'injustice et célébrer les petits gestes du quotidien dont des gestes de tendresse, d'amour, de complicité. Pour cela, il nous convie à mieux observer ceux que l'on croise, à savoir lever les yeux.
L'écrivain, ancien maçon et agriculteur nous rappelle dans ce récit que, comme le disait Rimbaud, "La main à plume vaut la main à charrue". 






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Il y a des gestes que l'on fait par habitude, d'autres qui demandent de la concentration pour un travail plus précis ou encore ceux qui sont le résultat d'une attitude positive en faveur d'un tiers…

En ouvrant le dernier ouvrage d'Yves Bichet, j'ai pu découvrir une plume très belle et poétique qui plonge dans la contemplation du geste, mouvement pouvant paraître insignifiant et pourtant si important que ce soit pour avancer, tel un moteur ou dans notre rapport aux autres.

Finalement, « La beauté du geste » est une sorte de leçon de vie que l'auteur a pu nous offrir en prenant lui-même le temps d'observer ce qui l'entoure pour mieux l'apprécier.

Je tiens à remercier Babelio et les Éditions le Pommier, maison d'édition que j'affectionne, pour m'avoir offert la possibilité de lire ce beau texte très personnel d'Yves Bichet qui m'a beaucoup touché et qui m'a incité à moi aussi prendre le temps pour mieux ressentir et savourer les choses…
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Redire qu'Yves Bichet, poète et romancier, a travaillé longtemps comme ouvrier agricole et maçon, sans doute la raison pour laquelle il parle du geste avec justesse, porté par une belle écriture.
Geste du travailleur manuel, geste de l'écrivain.
Ce livre s'ouvre sur un texte magnifiquement écrit et imagé. Comment aidé du bout acéré d'une plume d'oie, enlever les six pépins des groseilles sans abîmer leur chair, et cela afin que les fruits allégés flottent aériens dans la confiture. Geste ancien, habile et « aberrant » dans lequel peut se voir la beauté.
Geste émouvant, cruel, celui d'un jeune homme enfermé dans son corps, levant le bras vers la lune naissante, dans l'effort et la douleur : il désigne à ceux qui ne la voient pas « la beauté du monde ».
Gestes tendres, sensuels, attentifs, répétés, gestes efficaces ou malheureux. Gestes échappés au quotidien. Ils sont au centre de courts récits. Certains nous ramènent aux très beaux textes d'Yves Bichet, Les Terres froides et La Part animale.
À lire, à offrir.
Varinia Oberto
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Quel beau livre que ce récit de vie "La Beauté du geste" !... On y retrouve toutes les qualités d'écriture de cet auteur, Yves Bichet, dont j'ai déjà lu certains livres : un style plein de poésie mais doublé d'un côté charnel, très prosaïque, aux résonnances vertigineuses quand il mentionne par exemple un aveugle frottant amoureusement les yeux de son chien, un ouvrier du bâtiment qui tombe de son échafaudage et se retourne en plein vol, un nouveau-né qui agrippe le doigt du premier-venu, un fils qui recueille les dernières parcelles de chaleur de sa mère mourante, etc... Tous ces gestes sont admirablement décrits et font oublier - un peu - les temps sombres qu'on traverse. A lire absolument. Cécile Clanche
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Ouvrage très intéressant, on reconnait la plume du grand auteur qu'est Yves Bichet. Jamais déçu par ses prouesses littéraires, il a le talent de toujours conter une histoire de manière métaphorique. D'un point de vue personnel, j'ai été tout particulièrement touché en lisant cet ouvrage, on y découvre réellement ce que peut être "La beauté du geste", bien évidemment cela aurait été avec joie que je vous raconte plus en détail mes passages préférés.
Mais je préfère ne pas gâcher la surprise aux nouveaux lecteurs qui ne l'auraient potentiellement pas encore lu, c'est donc pourquoi je recommande chaudement ce livre de tout coeur, à toute personne.
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critiques presse (1)
SudOuestPresse
21 mars 2023
En 22 récits aériens, Yves Bichet scrute et décompose comme un algorithme le détail du mouvement de l’ouvrier, de l’artisan, du paysan.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Seuls quelques gestes démodés suscitent encore l'intérêt du public, ceux du tailleur de pierre par exemple, du stucateur, du cintreur. La main du bâtisseur moderne est ennuyeuse. Sa tâche est rebutante même si son entêtement à la poursuivre quelle que soit la saison, qu'il pleuve ou qu'il vente, mérite le respect ou l'admiration. Le maçon éprouve son savoir-faire jour après jour. Il l'améliore discrètement, en silence. Il affine sa technique sans revenir sur les erreurs du passé. Il se fiche de la beauté. Ce qui est fait est fait. Que dire de plus ?...
Qu'avec les mots, bien sûr, c'est l'exact opposé. Qu'on n'en finit jamais de retravailler les phrases, qu'on rature et corrige indéfiniment et que vouloir concilier ces deux activités est une illusion...
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La poésie pourrait ressembler à un geste, un premier mouvement du corps, une rencontre fortuite de la danse, de la musique, et des mots qui célèbrent le quotidien, des mots capables de stopper notre fuite en avant, de rappeler le murmure du ruisselet derrière la maison, le lacis des ridules sur la joue de l'aînée,le nourrisson qui agrippe le doigt un index inconnu, l'amandier en fleurs, l'aveugle qui caresse l'arcade sourcilière de son chien...
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La beauté de l'écrit s'impose à travers ce qui est raconté, non ce qui est tracé.
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L'artisan cherche le résultat, l'écrivain l"inspiration.
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Oui, le quotidien peine à nous éblouir mais parfois, après l'embuscade, un simple geste, un livre ou un poème suffit à tout illuminer...
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Videos de Yves Bichet (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yves Bichet
Et si la poésie était dans le geste, dans le travail des mains, que celui-ci serve à élaborer un poème, ou pour constituer n'importe quel autre objet ?
Les deux poètes Christophe Claro et Yves Bichet expliquent au micro d'Olivia Gesbert ce qui fait selon eux l'essence de la poésie.
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