Affligeant. Pathétique. Lamentable.
Ce livre est à oublier, mais je prends quand même la peine de rédiger ce commentaire, puisque je m'y suis engagée en tant que « lectrice Librinova ».
Je me suis d'abord demandé quelle est ma légitimité pour commenter ce livre : je ne suis pas française... Or, ce livre prétendument politique est surtout très franco-français, car il nous parle essentiellement d'un des candidats aux élections présidentielles, qui ont eu lieu entre-temps. Certes, depuis ma Belgique francophone, nous suivons ces élections avec un certain intérêt. Pour ma part, il s'agit d'une vague curiosité envers ces voisins si proches, géographiquement, culturellement aussi (au moins en partie), et j'ai donc suivi cette campagne électorale qui nous a fait bien un peu sourire, parfois frémir.
Bref, six amis ex-hauts fonctionnaires, issus de l'ENA, ayant occupé les hautes sphères du pouvoir à différents postes, se retrouvent chez l'un d'eux, pour passer un week-end pêche, pétanque et bouffe. Si la pêche est évoquée avec détails, comme si l'auteur avait eu besoin de démontrer qu'il sait de quoi il parle, la pétanque est à peine mentionnée, mais alors les repas… Oh ! ils auraient pu me mettre l'eau à la bouche, car tous ces plats confectionnés par (ou inspirés de) grands chefs, donnent réellement envie. Mais là, on est à tel point dans la surenchère, avec en plus des vins et autres Champagne absolument hors de prix, que ça devient indigeste.
Comme disait une autre lectrice sur Babelio, MaggyM que je me permets de citer : «Une bande de bourgeois retraités qui pensent donner une leçon de démocratie tout en se goinfrant de produits dont le prix d'achat ferait vivre une famille de Français moyens pendant une semaine. », ; je la trouve même gentille : avec ce que cette bande de copains ont sur la table, ma maman, petite retraitée belge, vit pendant un mois entier, voire davantage !!
Oui, bien au-delà de l'aspect « on bâfre parce qu'on aime ça et on en a les moyens », ce livre prétend donner une leçon de démocratie… en dénonçant en long, en large et en travers l'émergence d'un certain monsieur Z, alias Emeric Zoummar, qui ne sera jamais nommé autrement. le problème, c'est que tout l'argumentaire, si seulement il y en a un, repose sur du vent : on répète encore et encore que Z est un nazi(llon), un facho, ce qu'il assumerait mieux que « Marraine le Pine », désignée quant à elle comme « la pouffe blonde » qui a eu le malheur de dédiaboliser l'extrême-droite. On nous affirme que monsieur Z dit des bêtises, réécrit l'Histoire à sa façon etc. On le sait (plus ou moins), mais pourquoi l'auteur n'a-t-il pas pris la peine de donner au moins l'un ou l'autre exemple concret ? Citer un extrait de discours ou de livre du personnage, mais non : on se contente de déblatérer, encore et toujours en reposant sur du vide. Et à part ça, on a une (très) longue tirade sur le physique ingrat du personnage… mais comme c'est constructif !
Ajoutez à cela que le tout est enrobé d'une couche bien grasse de grossièreté, que l'auteur semble confondre allègrement avec de l'humour ou de l'irrévérence.
Voyez par exemple ces six hommes d'âge mûr s'appeler constamment « les copains » - dans la bouche d'un
Jean Lefebvre, dans « le gendarme en balade », c'est rigolo ; ici, c'est pathétique.
Et ils jurent à tour de bras. Il y a 31 occurrences de « putain » (y compris dans la narration) – pour un livre de 171 pages, ça fait quand même beaucoup ! Je n'ose compter le nombre de « nom de Dieu » et, pire encore, de « cons » qui apparaissent dans ce livre – ce dernier terme désignant tous ces gens qui se sont tournés vers monsieur Z, trop déçus des autres candidats, et surtout de celui que l'auteur encense comme seul intelligent (c'est aussi le seul ancien énarque) et capable de diriger la France, malgré quelques défauts : j'ai nommé Macron (le seul qui aura droit à son vrai nom).
C'est certain qu'en insultant ainsi tous les déçus du système, on va régler les problèmes de la France, n'est-ce pas ?
Ah ! et j'oublie : sur la fin du livre, Poutine a envahi l'Ukraine, ça tombe bien, car ça permet à l'auteur d'aller encore plus loin dans l'innommable. Il paraît que les Américains auraient dû envoyer quelques bombes sur Moscou et d'autres villes importantes, car ça aurait calmé la Russie, comme le Japon nous « fout la paix » (sic) depuis Hiroshima. Non mais je rêve ? (Au passage, l'auteur n'a peut-être pas été informé que le Japon d'aujourd'hui a pris fermement position, lui aussi, contre la folie de Poutine ?)
Ce livre prétendument politique se veut irrévérencieux … mais quand on voit comme il aborde un sujet grave, avec des allégations qui reposent sur du vent, en un concentré de vulgarité et autres grossièretés, il donne surtout envie de vomir au moins autant que cette extrême-droite tant dénoncée. À oublier ! car avec un tel déchet, je regrette vraiment d'avoir postulé pour être « lectrice Librinova » !