Les élégies de Dufrénoy évoquent les tourments amoureux et la mort de l'amour en particulier, lente dans le coeur de l'amante qui en porte un deuil douloureux, soudaine dans le coeur de l'infidèle. Les alexandrins dominent mais alternent fréquemment avec des vers plus courts, la variation des mètres accompagnant la variation des sentiments, selon que l'amante espère ou désespère (quelques "élégies" sont plutôt de simples poèmes de bonheur amoureux). L'amitié par ailleurs est célébrée, mais toujours menacée par des sentiments plus forts. le ton est parfois plus solennel et docte lorsqu'il s'agit de faire référence aux Anciens et à la mythologie.
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L'amante du poëte. (extrait)
Elle seule a connu le suprême bonheur,
Seule des voluptés elle épuisa l'ivresse,
Celle qui dans les nœuds d'une fidèle ardeur
Captive un favori des nymphes du Permesse.
Pour elle, au milieu des hivers,
De ses dons embaumés Flore emplit sa corbeille,
Cérès de ses trésors étale la merveille ;
Les champs ont des ombrages verts,
Pour elle, en se jouant, Zéphire
Adoucit dans l'été les feux brûlants du jour,
L'astre rêveur des nuits prolonge son empire,
Et dans les bois émus Philomèle soupire
Un chant mélodieux d'amour.
Journée d'une amante
L'aurore brille, et je m'éveille,
Je m'éveille songeant à lui,
Et je me répète aujourd'hui
Tous les discours qu'il tint la veille.
Je me rappelle ce regard
Qu'au bal où cent beautés déployaient tout leur art,
De fixer j'eux seule la gloire.
Ce serrement de main, que j'ai besoin de croire,
Ce souris, que l'amour dut peut-être au hasard,
Tout est présent à ma mémoire.
Je me lève, et, charmant, par d'heureux souvenirs,
Du départ au retour le pénible passage,
Je m'entoure dans mon veuvage
De l'image de nos plaisirs.
Le billet doux.
Billet charmant, où d'un tendre retour
Mon œil ému lit la douce assurance,
Console-moi des ennuis de l'absence ;
Viens sur mon cœur, rest-s-y nuit et jour ;
Et si jamais cet amant que j’adore
D'un autre amour doit connaître l'erreur,
Billet charmant, sur mon cœur reste encore :
Et fais encor que je croie au bonheur.
Ah ! tremble d'allumer une flamme imprudente ;
Mon cœur contre l'amour n'est que mal affermi ;
Ne fais pas de moi ton amante,
Si tu n'es pour moi qu'un ami.