Les «bordels militaires de campagne», plus connus sous l'appellation "BMC", sont généralement évoqués de façon allusive dans les livres sur les guerres modernes de la France. Ces bordels particuliers, créés dès le XIXe siècle lors des conflits coloniaux en Afrique et contrôlés par l'armée, devaient satisfaire aux besoins des soldats et éviter les maladies vénériennes.
Jean-Marc BINOT examine ces institutions hors normes en Indochine et analyse cette pratique du bordel militaire qui paraîtra aujourd'hui plus que contestable mais qui rendit à l'époque des services parfois insoupçonnés.
Il nous présente, dans un style plaisant et de manière très documentée, ces jeunes femmes des BMC qu'on surnomme alors les «congaïs» qui n'ont pas fait qu'offrir leur corps aux militaires car certaines ont été bien au-delà de leur mission en offrant leur bras à la médecine militaire qui les utilisa parfois comme aides-soignantes de fortune, notamment à Diên Biên Phu. Ce qui confère une dimension humaine souvent insoupçonnée à ces "anges" dans une guerre cruelle et force le respect en particulier pour les autochtones qui furent massacrées par les partisans d'Ho Chi Minh.
J'ai apprécié cet ouvrage traitant d'un sujet que je connaissais peu. le seul défaut que je lui ai trouvé est son caractère parfois un peu itératif. Mais il n'en demeure pas moins un ouvrage à lire car une chose est sûre: beaucoup de congaïs ont contribué chez certains Français à la nostalgie de l'Indochine, le fameux «Mal jaune».