Deux dans Berlin

On meurt beaucoup dans Berlin en cette fin de seconde guerre mondiale. Mais pas que de la guerre.
Deux hommes se poursuivent sans relâche, animés par des motifs bien différents. L'un sort de Buchenwald dont il s'est évadé, l'autre est un haut responsable nazi qui commence à s'interroger sur son avenir. Les deux hommes feront bien des victimes sur leur passage, jusqu'à l'inévitable affrontement final. Ils sont deux, mais on sent dès le début qu'il n'y aura à la fin de la place que pour un seul.
L'histoire avance vite, laissant peu de répit au lecteur. En plus des deux personnages principaux, les auteurs font apparaître de nombreux personnages secondaires. C'est cet aspect qui m'a le plus intéressée dans ce livre : Birkefeld et Hachmeister sont historiens, et ça se sent. Ils nous offrent un portrait très réaliste de Berlin à cette époque, à travers des portraits variés de ses habitants, de toutes conditions sociales, de toutes opinions politiques. On partage leur quotidien, entre les difficultés liées à la guerre, les bombardements anglais et la peur des Russes qui avancent de jour en jour.
En ce qui concerne l'aspect roman policier proprement dit, je suis restée sur ma faim. Alléchée par un début très prometteur, j'ai vraiment été déçue par une fin que j'ai trouvée bien banale et décevante par rapport à ce que j'attendais.
Une lecture intéressante, donc, mais pas exceptionnelle.

Richard Birkefeld dresse un bilan intéressant des horreurs subies par le peuple allemand pendant la guerre; de l'intérieur du ventre de la terreur...

La violence des bombardements et des raids sont décrits de façon chirurgicale. La vie quotidienne des berlinois est ponctuée par les alertes et par la peur de perdre ceux qui leur sont chers.
La chasse à l'homme qui va rythmer tout le récit permet de poser le décor et d''aborder la souffrance enduré par les allemands. On pense à tous ceux qui n'ont pas eu le choix et qui ont payé de leur vie, à ceux qui au contraire ont choisi; regretté leur choix et qui ont tout de même payé le lourd tribut d'une guerre épouvantable.

Un travail d'historiens digne de ce nom!

A travers ce récit, les auteurs retracent les derniers jours de Berlin, ville anéantie par les bombes et les tirs des Russes, les conditions de ville des Berlinois.
Les auteurs donnent une description hallucinante de Berlin pendant les six derniers mois du régime nazi.

Haas profite d'un raid aérien allié pour s'enfuir de Buchenwald. Il rentre à Berlin et compte bien régler ses comptes avec ses voisins qui l'ont dénoncé.
Kalterer accepte de quitter quelques temps l'uniforme SS pour retrouver celui de policier et résoudre une affaire de meurtre. Ca l'arrange parfaitement car il sent bien que cela sent le roussi pour le grand Reich et il espère bien en profiter pour se refaire une virginité.
Dans un Berlin en ruine, pulvérisé par les bombardements, chacun cherche à sauver sa vie, à se cacher, à échapper aux jusqu'auboutistes du régime...
Le mérite de ce roman est de montrer comment les anciens nazis chercher à se recaser dans la société civile après la guerre que ce soit au service des Etats Unis ou même de l'URSS..

Trajectoire de deux allemands liés à l'essor et la chute du nazisme
Le premier quitte la police pour la SS en y voyant le moyen d'une ascension sociale et celui d'une amélioration de sa situation économique, quitte à cautionner le pire ou du moins essayer d'y prendre part le moins possible, tout en restant en vie et profitant du système. Cela en affrontant les allemands, qui restés silencieux bien longtemps et donc complices de ce fait, et qui se découvrent une conscience, alors que tout est trop tard et que tout est déjà joué.
De l'autre, un commerçant typique, caution, sympathisant, qui a laissé faire et qui finira dans un camps pour une raison non pas idéologique, mais pas pure pragmatisme économique. Ne voulant pas profiter du système, il en est écarté.
De fait, après s'être miraculeusement sauvé d'un camp, il rentre à Berlin, pour se venger de son arrestation.
La découverte de Berlin en 1944-1945 sous la menace permanente des bombardements alliés est d'un intérêt certain.
Les deux personnages poursuivent leurs objectifs en dépit du chaos : se venger et survivre quel que soit le régime.
Certains y verront une analyse de critique du nazisme, n'oublions pas tous nos chers démocrates d'avant guerre " responsables, mais bien sur pas coupables" de tout cela.

Nos choix en matière de lectures réservent parfois d'amusants clins d'oeil… j'ai ainsi lu « Deux dans Berlin » de Birkefeld et Hachmeister juste après avoir lu « Seul dans Berlin » de Hans Fallada. Véridique !

L'histoire se déroule à Berlin début 1945, alors que l'avancée des russes apparaît inexorable, et retrace les trajectoires de deux hommes (un ancien SS recruté dans la police pour élucider le meurtre d'un haut dignitaire nazi, et un évadé des camps de concentration revenu se venger de ceux qui l'ont dénoncé), lesquelles vont inévitablement finir par se croiser.

Difficile de ne pas faire le rapprochement entre « Deux dans Berlin » et les histoires de Philip Kerr mettant en scène Bernie Gunther. Sauf que j'ai eu le sentiment que c'était du Philip Kerr… en moins bien. Certes, sur le plan historique, c'est très bien documenté, rien à dire. En revanche, l'intrigue policière en elle-même s'avère moins emballante…

Berlin sous les bombes alliées. Roman passionnant, surtout pour sa reconstitution hallucinante de l'atmosphère délétère des derniers soubresauts d'un pays qui va à sa perte. Intérêt historique du point de vue allemand qui explique aux contemporains de ce pays, ce qu'ont pu être les motivations, l'engrenage où beaucoup se sont fourvoyés et combien il est difficile d'y échapper. Même si vous n'appréciez pas le polar, même si vous pensez « encore la guerre », c'est un roman à découvrir sans faute !