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Je suis étonnée de constater que ce roman suscite si peu d'intérêt chez les lecteurs de Babelio (86 à ce jour). Pourtant ce récit autobiographique d'un bandit de grand chemin du début du XXe siècle en Amérique est captivant en plus d'être formidablement bien écrit.
Jack Black est né en 1871. Orphelin de mère et délaissé par son père, il va, dès sa sortie de pensionnat, errer sur les routes parmi les "hobos", partager leur quotidien fait de petites rapines, de beuveries, mais surtout de solidarité.
De fil en aiguille, il va devenir un "yegg", c'est-à-dire un perceur de coffre "professionnel". Mais cette activité va l'emmener bien souvent dans les divers pénitenciers du pays, riches eux aussi de rencontres en tout genre.
C'est un panorama du tournant du siècle en Amérique que nous raconte en filigrane Jack Black: la ruée vers l'or, les saloons, la corruption, l'évolution de la prise en charge des détenus, etc. L'auteur a toujours choisi de vivre en marge de la société dans son idéal de vivre libre, et on se prend réellement d'affection pour lui parce qu'il ne triche pas avec le lecteur.
Bref, je n'hésiterais pas à dire que, pour moi, c'est l'un des meilleurs romans américains à lire en ce moment!
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Thomas Gallaghan (1871-1932) alias Jack Black raconte « le sourire au lèvre », sa vie de bandit de grand chemin, d'errance dans les bas-fonds, de Yegg « Ce voleur dont on ne sait rien. Silencieux, méfiant, dissimulé ; un voyager sans attache, « un travailleur » de la nuit qui fuit la lumière, s'éloigne rarement des siens et reste sous la surface. », une vie à la Jesse James.

On le découvre gamin, déjà avide d'aventures et de voyage. On suit son long et consciencieux apprentissage.
Il tracera ensuite sa route au gré de tous les crimes possibles et imaginables contre la propriété privée, une route le long de laquelle Jack Blake écrit n'avoir eu que rarement l'occasion de boire du bon vin, écrit-il.

Jack Blake est un "bon voleur", faisant partie du cercle des gens bien, un voleur aux bonnes manières et un très grand conteur.
Il nous raconte ses aventures avec une telle passion, une telle fougue, avec un langage simple et sincère, qu'il ne nous faut pas grand chose pour sauter dans le train en marche et devenir à notre tour un véritable Yegg à ses côtés !
Passionnant.
Un chapitre de l'histoire des Etats-Unis qui aujourd'hui a disparu à tout jamais.
Une belle description des conditions carcérales de l'époque et une intéressante réflexion sur l'importance de l'éducation.
Lao Tseu, un contemporain de Confucius, a écrit : « Gouverne ton royaume comme tu ferais cuire un poisson », pour nous recommander la modération en toute chose. « Plus les lois sont sévères, plus il y a de criminels. »

« Les honnêtes gens prennent le problème à l'envers. S'ils s'intéressaient plus à l'éducation des enfants, ils se désintéresseraient vite de la chaise électrique. Ils ne voient que les crimes et jamais les raisons qui poussent les criminels à agir ; ils ne voient que ce qu'ils sont devenus et jamais ce qui a fait d'eux ce qu'ils sont. »

« J'imagine que les actes d'un homme sont le fruit de ses pensées, et que ses pensées sont le produit de son environnement et des conditions dans lesquelles on l'oblige à vivre. Mettez un jeune homme de l'âge que j'avais dans une prison telle qu'elles étaient à l'époque, et je vous garantis qu'il deviendra un criminel aussi vrai que la nuit suit le jour ou que le jour suit la nuit. »
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Jack Black a grandi aux Etats-Unis dans le Missouri. Orphelin de mère, délaissé par son père, il se laisse gagner par ses rêves de liberté et une vie d'aventure aux côtés d'autres vagabonds, et de fil en aiguille, de petites arnaques en vol de diamants, finira par devenir un cambrioleur de haute volée. Des passages répétés en prison en plus d'une addiction à l'opium finiront par mettre un terme à cette carrière, avant qu'il ne décide de la raconter dans « Personne ne gagne ».

Ce qui frappe d'emblée et peut paraître contradictoire avec sa « vocation », c'est la droiture du personnage : Jack Black était certes un gangster, mais il ne travaillait pas de n'importe quelle façon ni avec n'importe qui : pour être bandit on n'en est pas moins loyal, et toute son existence il prendra soin de n'entraîner personne avec lui dans les embrouilles. Ensuite c'est cette écriture : précise, fluide et érudite, elle raconte sans s'appesantir (des mois de planque peuvent passer en trois mots comme l'humiliation ressentie après des coups de fouets peut sembler fort longue – c'est là qu'on voit que l'homme n'est prisonnier d'aucune frontière, ni du temps ni de l'espace) une vie de rencontres, de voyages et de « coups » plus ou moins réussis. Il raconte son long apprentissage du mode de vie des hobos, des rôdeurs, des voleurs auprès de mentors impressionnants guidés par un code d'honneur, une hiérarchie, un vocabulaire, une solidarité tacite à laquelle il faut rajouter une grande lucidité sur le seul avenir envisageable.

Le problème étant qu'après avoir goûté à cette liberté, impossible de revenir en arrière, du côté des honnêtes gens. Globalement, on découvre un point de vue singulier et absolument fascinant : ce que Jack Black a fait et ce qu'il est devenu, il l'assume complètement sans remords ni regrets, ou presque. Il rend hommage à tous ceux qui ont fait un bout de route avec lui, et n'éprouve que peu le sentiment de vengeance.

Plus sombre est la partie du récit consacrée au temps qu'il fera dans différentes prisons (15 ans sur les 30 qu'il passera sur la route), aux mauvais traitements qu'il se verra infliger, à ces coups qui transforment un prisonnier en monstre de colère. « Blackie » finira, non sans difficultés, par devenir une personne respectable, avec semble-t-il tout de même un peu de nostalgie, pas seulement pour cette vie d'aventure mais surtout pour une certaine époque qui a bien évolué : ainsi exhorte-t-il les jeunes gens tentés par l'aventure à ne pas sortir du droit chemin, puisque « personne ne gagne », d'autant que les méthodes pour pister les voleurs s'améliorent très vite, que la peine capitale et autres châtiments sensés servir d'exemple ne font selon lui qu'aggraver les choses (« la cruauté engendre la cruauté »). Autant dire que les chances de mener une vie d'aventure à la Jack Black n'appartiennent plus qu'à sa légende.
Lien : https://cestquoicebazar.word..
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Merci aux éditions Monsieur Toussaint Louverture d'avoir sauvé de l'oubli cette petite pépite.
J'ai été transporté par cette chronique de l'Amérique au tournant du xxème Siècle, par les qualités narratives de ce témoignage : une aventure humaine chez les hobos, les oubliés, des gens qui ont fait le choix de vivre dans le mépris des lois.
Un livre unique, le témoignage bouleversant d'un homme qui marche sur la corde raide.
Entre roman (de par son sens du récit) et autobiographie, ce texte est aussi émouvant qu'instructif. J'en suis sorti ébourifé.
Chapeau monsieur Black, des bandits comme vous, j'en veux bien comme amis.
Et pour ne rien gâcher, le livre est un objet de toute beauté. Grammage, typographie, tout est subtil.
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Tjrs très difficile de mettre des étoiles, de noter un livre. Comme si les lettres et les chiffres ne faisaient pas bon ménage...3ème réédition sous trois titres différents (je l avais acheté puis échangé (!!) sous le titre "Yegg")? Il me revient dans les mains sous cette superbe présentation (Toussaint Louverture est une maison d édition que j aime bcp, où les ouvrages sont aussi des objets de plaisir et de trouvailles..voir aussi Karoo par exemple). Bref, autobiographie d un "Yegg" donc, voleur perceur de coffres vagabond...une vie de dingues, prison, multiples voyages en train (dedans ou dessous), rencontres variées, villes traversées, anecdotes en tous genres...un voleur doté d une morale hors norme à mes yeux, une sorte de gentleman sans une goutte de sang sur les mains..et tout cela raconté avec une normalité qui accroche vite le lecteur (moi en tous cas). Terrible aussi l enseignement de Joe Black au "métier", via deux philosophes qui l apprennent à réfléchir, à préparer ses coups, mais aussi à assumer. Ça se lit très bien , je me suis surpris plus d une fois à espérer que ses cambriolages réussissent, tendu sans doute bien plus que lui...très attachant, très intéressant pour les moeurs de l époque, surprenant, amusant même, "personne ne gagne" est un bonbon acidulé plein de surprises et d émotions diverses.
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Celui qui gagne, c'est Monsieur Toussaint Louverture: avec des bouquins comme celui ci, dans une jolie collection qui plus est, cette maison d'éditions me gagne moi comme nouvelle lectrice, et ça m'étonnerait que je sois la seule!
Le monde des voleurs et des perceurs de coffres continue d'intriguer les générations, les légendaires bandits de grand chemin ayant traversé les décennies. Il suffir de voir l'engouement des cinéphiles à la sortie des films tels qu'Ocean 11 ou les suivants pour s'en convaincre.
C'est sans aucun doute cette fascination du voleur non violent, qui m'a fait plonger dans le récit de ce repenti. Lui-même un as en son art, contemporain de la "grande époque" où la ruse était la qualité primordiale pour exceller, livre un roman d'aventures entre voies ferrées et prisons.

Le travail de traduction est remarquable et ajoute à l'intérêt par l'ironie et la fausse nonchalance de l'auteur. La gentillesse, le respect de leurs codes et cette sorte naïveté non feinte face au bien et au mal sont transcrites de telle façon qu'on se retrouve dans la zone grise du Bien et du Mal. Jack Black reprend d'ailleurs la plume en post face, sous forme d'explication de texte concise du comportement humain face à la criminalité.
J'ai particulièrement apprécié ce dernier chapitre, très clairvoyant: rien n'a beaucoup changé depuis.

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Attention, pépite :

Dans "Personne ne gagne", Jack Black raconte sa vie : comment il est devenu cambrioleur, longtemps sans intention de se ranger malgré plusieurs séjours très difficiles en prison, pour devenir finalement archiviste au San Francisco call.
Mais ce n'est pas pour autant le livre d'un ancien cambrioleur devenu écrivain pour faire une carrière littéraire. C'est un livre témoignage, vrai, qui veut en réalité dénoncer les conditions vie et de détention dans les prisons.
C'est un livre vivant, servi par une écriture pleine de réalisme, d'humour et de tension - tant je me suis surprise à me ronger les ongles pendant le récit détaillé de ses cambriolages!!

"Personne ne gagne" cela veut dire pour Jack Black qu'il ne sert à rien de répondre à la violence par la violence. Que ce sont les mauvais traitements subis en prison (camisole, isolement, épreuve de l'eau...) qui créent les récidivistes, car ceux-ci sortent des pénitenciers encore plus endurcis qu'à leur entrée. D'ailleurs, il avance que "les actes d'un homme sont le fruit de ses pensées, et que ses pensées sont le produit de son environnement et des conditions dans lesquelles on l'oblige à vivre"

Pour lui, la notion de "deuxième chance dans la vie d'un homme" est capitale.
Dans son cas, c'est suite à un acte humain de la part d'un juge en sa faveur -venant à un moment de sa vie où il n'attendait plus rien de ses semblables- qu'il choisit d'entrer dans le droit chemin en cherchant un travail et menant une vie "normale".

En lisant ce livre, on vibre au coeur du 19 ème siècle, au moment de la ruée vers l'or, des coups faciles et des emprisonnements arbitraires. Ceux-ci engendrèrent quantité de criminels puisque le credo consistait à dire "Rien de tel qu'un noeud coulant pour faire respecter la loi". Or, il est clairement démontré ici , grâce à Jack Black, qu'au jeu de la violence, personne ne gagne!

A noter, enfin, une très belle préface de l'excellent Thomas Vinau, qui met l'eau à la bouche.
A lire sans aucune hésitation.
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Qu'est-ce donc que ce livre ?
Une leçon d'histoire ? Un roman ? Une autobiographie ?

En tout cas j'ai trouvé que cela se lisait tout seul...
J'ai appris des choses sur cette époque (toute fin du 19e, début du 20e siècle), j'ai eu droit à une autre vision des voleurs, cambrioleurs et vagabonds voire même à des distinctions (entre ceux qui restent dignent, qui gardent leur honneur en ayant des principes sur qui/comment voler et ceux qui perdent toute humanité aux yeux des autres voleurs).

J'ai trouvé la plume de ce hors-la-loi repenti très agréable et j'ai aimé suivre son chemin de pensée et ses réflexions sur son "métier".

Agréable et instructif !
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Jack Black nous permet, à travers le récit de sa vie, de prendre conscience de qui peut se cacher derrière un vagabond : une manière parfaite de déconstruire les idées reçues et généralisées. Ici, pas de truand sanguinaire qui veut s'en prendre à tous, sans peur et sans pitié. C'est un homme profondément empathique que l'on rencontre, un homme qui a envie d'aventure et de découvrir le monde autrement qu'avec une vie bien rangée.

On se laisse emporter par sa vie remplie de rencontres incroyables, bonnes (et mauvaises).

Mais c'est aussi un livre qui dénonce, à sa manière, les dérives des systèmes policier/judiciaire et carcéral de l'époque. Certains actes sont violents et l'on peut se demander comment ces actes ont pu avoir lieu en toute tranquillité.
Tout n'est pas noir bien sûr, et, je dirais même que les rencontres faites en prison sont probablement celles qui m'ont le plus marquées. Il est d'ailleurs important de souligner à quel point l'entraide et la bienveillance sont deux sentiments qui prévalent dans tout le récit. C'est peut-être ce qui m'a le plus dérouté : je m'attendais à voir le récit des aventures d'un vagabond solitaire mais il s'avère qu'il ne passe que peu de temps seul.

En bref, j'ai passé un très bon moment et j'ai encore mis une tonne de post-it tant certains passages m'ont marqués. Un très beau choix de texte pour la collection Grands animaux.

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Ah, ce bouquin fait partie des ces petites trouvailles étonnantes vers lesquelles on revient toujours. Imaginez : l'autobiographie d'une cambrioleur professionnel de l'avant 1914, toxicomane, qui a passé des décennies derrière les barreaux et qui a pris la plume soi-disant pour s'amender et pour remercier ses juges de lui avoir donné une dernière chance. Son propos est donc de convaincre ceux qui seraient tentés par le crime de rester dans le droit chemin (d'où le titre original "You Can't Win").
Néanmoins, cette autobiographie est beaucoup moins moralisatrice qu'elle n'y paraît. D'une part, lauteur donne des renseignements très précieux sur les moyens de voler sans se faire prendre et, dans l'ensemble, ce livre est un documentaire inestimable sur la pègre de l'avant-guerre. D'autre part, il souligne à plusieurs reprises que s'il a rompu avec le crime et l'opium, ce n'est pas grâce au système judiciaire, mais bien en dépit des affres carcéraux qui n'ont pas réussi à le briser : le "You Can't Win" s'adresse également aux juges auxquels était dédié ce livre. L'aveu se transforme en réquisitoire.
Enfin, il ne faudrait pas réduire cette oeuvre à sa seule valeur documentaire : le syle, la narration et la construction sont admirables en bien des points. Entre autres choses, le jeu sur la narration à la première personne qui connaît un splendide retournement, digne des expérimentations du Nouveau Roman - avec 50 ans d'avance. Rien d'étonnant à ce que ce livre fût une référence majeure de William Burrough pour "Junky".
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