Ce tome comprend les épisodes 0 à 5 de la série lancée dans le cadre de la remise à zéro de l'univers partagé DC, opération baptisée New 52 (en anglais). Mais dans le cas de quelques séries, ce redémarrage s'est limité à réinitialiser la numérotation de la série, c'est le cas pour Batwoman. Cette histoire est donc la suite directe de Elégie qu'il vaut mieux avoir lu avant (même si les scénaristes font de gros effort pour rendre ce récit accessible au plus grand nombre). Les scénarios des 6 épisodes sont de
J.H. Williams III et
W. Haden Blackman ;
J.H. Williams III réalise les illustrations qui sont mises en couleurs par Dave Stewart.
Épisode zéro - Batwoman se bat contre un gang de gugusses (dont 1 équipé de gadgets émettant des décharges) pour essayer de récupérer une relique. Tout du long du combat elle est observée par Batman qui évalue en douce ses capacités. Épisodes 1 à 5 - À Gotham, plusieurs enfants ont disparu et d'autres disparaissent encore. Batwoman est sur la trace des kidnappeurs. du coté de la police, l'enquête a été confiée à Maggie Sawyer. Cette dernière se lie d'amitié (et même plus) avec Kate Kane. Cette dernière ne parle toujours plus à son père. Mary Elizabeth "Bette" Kane (la superhéroïne appelée Flamebird) a décidé d'aider Batwoman dans sa lutte contre le crime. Batwoman n'arrive pas à prendre dune décision concernant cette aide, l'accepter ou la refuser. Au sein du DEO (Departement of Extranormal Operations), le directeur Bones a décidé de d'affecter Cameron Chase à la découverte de l'identité secrète de Batwoman.
La lecture de ce tome constitue une expérience étrange. Pour commencer il se lit très vite, moitié moins de temps qu'un autre tome de même pagination. Ensuite il est évident que l'intérêt principal de ce récit réside dans les illustrations de
J.H. Williams III. Il a tout illustré, sauf pour l'épisode zéro, où la moitié de chaque page est illustrée par lui (pour le fil narratif centré sur Batwoman), et l'autre moitié par Amy Reeder (pour le fil narratif centré sur Kate Kane). C'est avec un grand plaisir que le lecteur retrouve les illustrations sophistiquées et léchées de Williams III (et celles d'Amy Reeder qui avait illustré la série Madame Xanadu, en anglais). Il continue d'utiliser 2 styles différents, l'un pour les pages consacrées à Kate Kane, l'autre pour celles consacrées à Batwoman. Ces 2 styles différent assez pour qu'il ne puisse pas y avoir de confusion, sans pour autant créer une impression de conflit. Pour les pages dédiées à Kate Kane, il utilise un style réaliste, détaillé sans être surchargé, avec une mise en page assez sage, à bases de cases rectangulaires. Dave Stewart emploie une palette de couleurs vives et claires. Quand un élément superhéroïque intervient dans la vie de Kate Kane, il est dessiné avec le style réservé aux pages dédiées à Batwoman. Dans ces dernières les couleurs de Dave Stewart se font plus sombres et sont déclinées en plusieurs nuances dans une même surface. le monde Batwoman est plus complexe, plus opaque. Pour ces pages, Williams III utilise des mises en page reposant sur des cases dont la forme épouse un élément de la narration : lambeaux de brume, nappes d'eau, ailes de chauve-souris, etc. le style de dessine reste réaliste, avec des aplats de noir plus importants et des contours délimités avec un trait plus fin, que dans les pages de Kate Kane. Chaque page est un enchantement pour les rétines et les images comportent plus d'éléments narratifs que les dialogues.
J.H. Williams est avant un illustrateur de haut vol qui raconte son histoire plus avec les images qu'avec le texte.
Malgré la rapidité de la lecture, il apparaît que l'histoire est loin d'être creuse. le mystère principal lié à la disparition des enfants n'est pas très palpitant, il sert essentiellement à introduire une supercriminelle aux apparitions très visuelles, à l'histoire tragique, mais à la personnalité très superficielle. Par contre, le lecteur éprouve rapidement une forte empathie pour Kate Kane et ses soucis. le test de l'épisode zéro où Batman jauge Batwoman sans se faire voir permet à la fois de provoquer un sentiment de sympathie immédiat pour Batwoman devant ces méthodes indélicates, et également de prouver qu'il s'agit d'une combattante impressionnante puisqu'elle mérite le respect de Batman. Au fil des épisodes cette sympathie va en grandissant devant le caractère bien trempé de cette jeune femme aux principes bien arrêtés qui n'est pas sensible au compromis. Williams III et
Blackman savent faire exister leur héroïne de papier.
En repensant à ces aventures, il est facile de sourire au fait que Williams III ait ramené Cameron Chase dans cette série, dans la mesure où il avait participé à sa création dans Chase (en anglais). Elle avait également été utilisée par Mark Andreyko dans la série Manhunter (Kate Spencer) où apparaissait également le DEO. Williams III et
Blackman finissent d'ailleurs par placer Batwoman dans une position similaire à celle de Manhunter. Mais en feuilletant à nouveau les 6 épisodes, le lecteur s'aperçoit que la rapidité de cette lecture ne masque vraiment pas un scénario vide. En fait il se passe même beaucoup de choses dans cette histoire qui fait évoluer de façon significative la situation de Batwoman, tout en rappelant les principaux éléments de sa situation de départ. Finalement il s'agit d'une histoire rapide et enlevée, disposant de visuels magnifiques et contenant une densité significative d'informations. Si le scénario comprend encore quelques clichés propres aux histoires de superhéros, le niveau de divertissement est élevé et incite à revenir pour le tome suivant.