Un huis clos, avec une question simple .... mais... de taille ! du loufoque qui fait surgir des pointes de comique. Un temps qui s'écoule lentement et nous donne de formidables instants de lecture.
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J'avais déjà lu "
Nous les vivants" du même auteur. Dans "
Antarctique", on retrouve ces mêmes conditions de vie extrêmement dures où la neige, le froid glacial, l'éloignement et l'isolement plantent de facto un décor et une ambiance rudes. de là découlent nombreuses difficultés.
5 hommes (et très rapidement 4 seulement) se trouvent dans la promiscuité d'une station polaire, éloignés de tout. Ils sont quasiment démunis de tout, sauf d'un minimum de chauffage et de suffisamment de nourriture. Ils sont limités dans leurs possibilités à cause du froid très hostile qui constitue une entrave récurrente, omniprésente. Les communications avec l'extérieur sont très incertaines, voire souvent impossibles.
L'histoire nous plonge d'emblée dans une scène de crime. Pour le chef, Anton, va alors se poser la question de savoir que faire du cadavre, mais surtout comment gérer le criminel, Vadim. Ils sont coupés du pouvoir étatique soviétique , des équipements et dispositifs judiciaires. le chef, Anton, ne sait comment gérer seul la situation. Il se rattache un son recueil de procédures écrit par Moscou pour essayer d'y trouver une réponse.
Ce chef est plutôt diplomate et bienveillant, doté de patience. Mais son humanité ne fera pas le poids face à la brutalité et la stupidité de Vadim.
Anton est botaniste de formation. Ses subalternes sont soit ingénieur, mécanicien, tractoriste, glaciologue. A l'inverse de leur chef, ils ont donc un métier directement en lien avec les besoins en connaissanes techniques et scientifiques que requiert ce genre de station. "Le botaniste", c'est ainsi que l'auteur nomme souvent le chef, comme pour pointer du doigt ses connaissances décalées, voire franchement inutiles, pour être compétent au poste de chef de station polaire.
Dans ce huis clos, la vie paraît monotone, monochrome, sans sens, sans but. La moindre petite activité, petite nouveauté devient alors un casi événement qui redonne un petit regain d'intérêt dans l'esprit des personnages.
Comme livrés à eux-mêmes ces hommes semblent partir à la dérive. Les repères de fonctionnement qu'ils avaient acquis sont devenus caducs, inutilisables, ayant perdu de leur pertinence dans cet autre monde esseulé que constitue la station. A l'instar de "
Vendredi ou la vie sauvage" de
Michel Tournier, on retrouve donc le besoin de se rattacher aux règles, aux repères, aux rituels, à l'organisation de notre société d'origine. C'est un besoin humain profond, on s'y accroche pour ne pas se perdre.
Bien que le rythme paraisse plutôt lent, cette histoire m'a happée. Je sentais bien qu'il devait se passer quelque chose, cela a attisé ma curiosité de lecteur et m'a apporté des moments de lecture passion. C'est une lenteur très justement dosée, qui nous laisse le temps d'apprécier les mots, un style simple et d'une grande beauté à la fois.