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Une maison, une épouse et deux enfants. Benoît devrait être comblé et pourtant, à la Libération, il décide de tout quitter pour vivre sa vie. Il s'arrache de la quiétude de son petit village des Charentes pour conquérir Paris. Cette échappée lui permet de s'extraire de l'amour étouffant de sa mère et de la mésentente qui règne dans son couple. Benoît débarque dans la capitale encombré d'un poulet et d'une plante en pot. Penaud, il part en quête de lointaines relations qui ne se précipitent pas pour l'accueillir. Ces déconvenues vont lui ôter ses maigres illusions. Si les mésaventures de ce provincial dans une capitale inhospitalière amusent, le roman pose de véritables problématiques existentielles. Derrière le vagabondage de Benoît se terre une profonde solitude à laquelle il semble impossible d'échapper. Tout échange avec autrui est vain. La vie en société n'est qu'une grosse farce où chacun fait figuration. L'important, c'est le rôle que l'on se donne ou à défaut, que l'on vous offre. L'auteur utilise des images d'une grande finesse comme ce miroir dans une chambre d'hôtel dont on se demande s'il n'est pas une glace sans tain, qui figure la conscience de notre héros. Benoît qui croyait redevenir maître de son existence va être le jouet des événements et se faire bringuebaler par un destin au cours absurde. « L'humeur vagabonde » est un récit charmant au ton aigre-doux qui porte un regard grave et lucide sur le monde.
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J'avais fait connaissance avec Antoine Blondin sans le savoir, en regardant le film Un singe en hiver. Belmondo s'y livre à quelques passes de tauromachie sur le capot des voitures passant dans la rue. J'ignorais que ce dernier ne faisait que reproduire ce que l'auteur facétieux avait eu l'occasion de risquer dans ses frasques juvéniles.

L'époque où le tour de France cycliste n'était pas vécu en direct comme aujourd'hui donnait à quelques chroniqueurs habiles l'occasion de faire valoir leur maîtrise de la langue. On ne l'attend pas vraiment d'un journaliste sportif. Antoine Blondin s'est fait connaître du grand public en ce temps-là. Au-delà des exploits sportifs de nos coureurs, sa plume en a séduit plus d'un avec sa gouaille et son verbe facile. Mais réduire Antoine Blondin à ses chroniques bien tournées ferait oublier qu'il a été un auteur primé. le lire me fait que cautionner le succès dont il a été gratifié.

Je le découvre donc avec son deuxième roman, L'humeur vagabonde. J'ai trouvé l'intrigue un peu faible. C'est un ouvrage déséquilibré dans sa construction, entre l'escapade parisienne de son héros narrateur, Benoît Laborie, et l'événement, dont on ne dira rien, qui découvre tardivement la raison d'être de l'ouvrage. Mais j'ai compensé ma déconvenue par l'exploration d'une écriture témoignant d'une grande finesse d'esprit, en oscillation permanente entre humour et gravité.

En littérature on n'a d'intérêt à l'égard d'un trait d'humour que le temps d'un sourire. A moins qu'il ne soit soutenu par une culture et une maîtrise de la langue qui en feraient une écriture tout en spontanéité, sans lourdeur, qui ne mendie pas la louange. C'est le cas avec Antoine Blondin dont le style sobre, espiègle, piquant à souhait, ne fait de victime que celui qui n'aura pas compris le calembour.

Comme souvent, l'humour est un rempart derrière lequel se retranche l'émotif. Benoît Laborie n'en est pas dépourvu. Faut-il y voir un trait de caractère de son auteur ? Joseph Kessel ne disait-il pas que "la véritable biographie d'un écrivain, ce sont ses personnages".
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Tout quitter, prendre le train, abandonner femme et enfants. Les enfants qui ne parlaient pas encore. La femme qui ne parlait plus. C'est dans un grand silence que Benoit Laborie quitte Mauvezac pour rejoindre Paris.

Benoit Laborie, un anti-héros, une sorte de Meursault avec sa mère en plus. Car l'amour maternel joue ici un rôle central.

A Paris, plein d'espoir, il va chercher à nouer les contacts que sa mère a gardés pour trouver une situation. Mais personne ne se souvient d'eux. Tout le monde ignore ce provincial et son pot d'azalée.

Commence l'errance, et une semaine terrible où les situations cocasses s'enchainent. Désespoir. Il décide de rentrer à Mauvezac, sans rien dire, pour faire la surprise à sa femme. C'est au moment de ces retrouvailles que par un malentendu se produit un évènement dramatique qui bouleversera sa vie.

Benoit Laborie, le médiocre, devient alors l'attraction de la justice et de la presse. de retour à Paris il devient le centre d'intérêt de toute cette société qui l'avait si superbement ignoré. Mais cet intérêt soudain s'éteindra peu à peu alors que le procès dévoilera le manque de consistance du personnage.

La vie de Benoit n'est qu'une salle d'attente de gare, avec les trains qui partent sans nous, et ceux qui partent trop tard, et ceux qui ne partent pas. Et dans cette salle d'attente, les figurants regardent leur vie défiler, sans prise sur elle, sans prise sur rien.

Un texte poétique et plein d'une souffrance larvée, cachée sous l'humour et l'absurdité.
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Troisième opus « de jeunesse », bien qu'on ne puisse pas vraiment parler de trilogie si on le joint aux deux premiers, « L'Humeur vagabonde » complète le tableau de l'immédiat après guerre vu par Antoine Blondin : à l'insouciance de « l'Europe buissonnière » et au désarroi des « Enfants du bon Dieu » succède le désenchantement.
Après la Seconde Guerre mondiale, les trains recommencèrent à circuler. le « héros », Benoît Laborie a l'humeur vagabonde. Jeune agriculteur, il décide de tout quitter : sa Charente natale, femme et enfant. Il monte à Paris et espère bien y faire fortune. Echec et retour à la maison… où sa propre mère ne le reconnaît pas et le prend pour un amant de sa femme … Drame !
On retrouve ici tout Blondin dans le désenchantement et la solitude de son (anti) héros confronté à l'absurdité de l'existence ; plus : cette petite musique aigre-douce d'une écriture d'une grande finesse.
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Mon premier Blondin et pour être honnête voilà un auteur qui, naturellement , ne tombe pas facilement dans nos mains , de nos jours! L'histoire est drôle....j 'ai trouvé ce livre de poche dans la bibliothèque de mon beau père....Et une petite note de sa main indiquait la date d'achat et le lieu....le jour de la naissance de mon épouse et le lieu étant l'hôpital! drôle! Belle écriture ma foi, vive et acérée....l'histoire flane sous la chaleur du mois d'aout dans les 2 premiers tiers puis rebondit astucieusement....A lire!
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Au lendemain de la seconde guerre modiale, Benoit Laborie, agriculteur bachelier à Mauvezac, né à Paris, s'ennuie entre une épouse mutique, deux jeunes enfants dont il ne s'occupe pas et une mère surprotectrice. Il quitte son exploitation pour rejoindre la capitale avec dans son viatique un poulet et un pot d'azalée pour, si ce n'est y faire fortune, au moins pour s'y réaliser et être heureux. Hélas, entre des parents et des connaissances qui se désintéressent complètement de lui, une visite au Père Lachaise qui se termine au poste de police et un logement dans un hôtel de passe, le pauvre hère se rend vite compte que l'adaptation d'un provincial à la vie parisienne n'est pas aussi évidente que ce qu'il pouvait imaginer du fond de ses Charentes. Au bout d'une semaine, il abandonne et reprend le train pour rentrer chez lui. Les désagréments vécus à Paris ne sont rien comparés au drame qui va se jouer à son retour à la ferme, drame qui va entrainer un revirement complet du comportement de la famille de Paris.

Antoine Blondin, plus connu comme chroniqueur sportif du Tour de France à la gouaille formidable et dont la verve a contribué à forger la légende de la plus grande épreuve cycliste du monde est aussi un écrivain à découvrir. Dans ce roman en deux parties disproportionnées, l'auteur de "Un singe en hiver", adapté au cinéma, nous montre tout son talent. Dans un style que je qualifierai de délicieusement suranné, utilisant un vocabulaire recherché, soigné et soutenu comme on n'en rencontre plus guère, Blondin impose un rythme tranquille presque languissant en complète adéquation avec la psychologie du personnage principal qui apparait comme un être au tempérament docile, presque soumis mais aussi finalement assez insensible. Cette histoire à la fois profondément dramatique et humaine, traitée, du moins dans sa première partie, avec humour et légèreté, lui permet d'opposer aussi très clairement les caractères parisiens et provinciaux, le premier faisant montre d'assurance, de frivolité inconstante et souvent de snobisme face au second, terre à terre, respectueux mais aussi naïf et effacé.
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Tout cela est bien écrit... le narrateur erre dans Paris, naïf. Il dort sans le savoir dans un bordel, se perd dans le cimetière du Père-Lachaise, passe une nuit chez les flics. Cela aurait pu continuer. le roman semble être un vagabondage sans fin. le narrateur décide cependant de rentrer dans sa campagne, de retrouver sa femme sans passer d'abord chez sa mère. Là, inattendu, survient le drame. le lecteur a le plaisir rare de la surprise. le coup de fusil vient de nulle part. le roman tourne. Drame passionnel, homme perdu entre son épouse assassinée et sa mère meurtrière, homme que l'on s'arrache dans la ridicule bonne société sans coeur, parce qu'il est peut-être complice, homme qui subit. Il se retrouve figurant de cinéma, métaphore évidente de sa vie, homme figurant de sa propre vie. Tout cela est raconté avec style (notion dont on sait bien qu'elle ne veut rien dire, mais je ne vois pas comment le dire autrement), au temps évaporé où il était naturel de bien écrire.
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Du Blondin comme on l'aime, plus réfléchi peut-être que d'habitude, un peu mélancolique parfois, mais écrit d'une plume admirable.
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"L'homme descend du songe", nous dit Blondin....
Peut être que tout est là. Nous sommes ici devant un livre qui bien que signalé comme roman, est pour moi un roman sans histoire, c'est à dire plutôt un conte.
Certains l'ont qualifié de "balade", et ça lui va bien. Balade au sens de "Blondin homme "; quand on connait sa vie et son mode de pensée et rythme de vie, on ne peut pas être étonné par ce livre. Ce n'est pas autobiographique, mais je crois que c'est très influencé par les expériences de blondin.

Un autre classique de notre littérature.
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Une superbe écriture ...L 'échappée d'un homme de Charente dans Paris ...Cette oisiveté dans les rues sombres de la gare d'Austerlitz au Père-Lachaise de notre héros caresse avec simplicité et tendresse ce moment de lecture ....Une balade d'un homme ordinaire vers le temps qui passe ....une brise légère vers le rêve ....
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