L'écriture lui permettait de réinventer un monde meilleur. Réinventer le fracas de l'âme.
Éteins le silence. La vie est trop cruelle à entendre.
En fait, il était conteur. Il écrivait avec sa voix. Le son des mots. Il était sculpteur de phrases.
Noël, la fête des escrocs, la fête des fausses réconciliations, c'est la fête de la merde dans du papier fin, du foie gras, des petits vieux tout seuls à l'hospice, des hurlements dans leurs oreilles. Joyeux Noël ! Joyeux Noël ! À quoi ça sert, un joyeux Noël quand tu vas mourir, quand t'entends plus rien dans le téléphone, quand tu sais pas le faire marcher, quand il y a trop de verglas pour venir jusqu'à toi.
Paulo était un écrivain qui disait que dès que les mots étaient écrits, ils ne valaient plus rien sur terre. Ils devenaient célestes, une danse païenne qui dirait tout, qui dirait rien. Les mots saignent en silence à certaines heures de la nuit. Un silence hurlant.
Paulo disait qu'il y avait deux écoles. La première était de se jeter dans un livre pour éviter la vie. La deuxième était de se brûler à la vie pour écrire un livre. Lui préférait la voix. Ça brûlait aussi.
Ils aimaient la montée en ivresse. Le largage des amarres terrestres. Où tous les rêves étaient possibles.
Écrire le corps des femmes. Les ombres. Son ventre et son génie, la nuque douce qui déboule, coule, jusqu'au bas du dos. Les épaules pour s'agripper l'un à l'autre, le ventre écrasé contre les fesses rondes et chaudes. Animal.
Paulo disait que la mémoire était tout à la fois. L'amie et la pire ennemie. Qu'écrire n'était qu'une façon de se faire souffrir.
La certitude venait du confort. Seule la pauvreté était compagne de l'incertitude. Le confort ne doute jamais.