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Citations sur King Kasaï (13)

A les entendre, l’ancien musée du Congo Belge a non seulement été restauré, rénové de fond en comble, mais plus encore rajeuni, délivré de ses préjugés et de son lourd passé, en un mot – et je me borne une fois encore à citer leur propos – « décolonisé ». Une ambition qui mérite d’être examinée en ces temps de déboulonnage.
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Dans cette scène de crime, il manque l'essentiel. Le mobile ? Il est abordé ailleurs et de façon édulcorée. Les suspects ? Ils ont été jetés aux oubliettes. Des preuves, alors ? Elles sont là, mais en tout petit, dispersées sur un moniteur en état de veille. Il faut cliquer dessus (p. 113).
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Une trace c'est quelque chose de fragile, d'éphémère. Une trace témoigne moins d'une présence que d'une absence.
(p. 92)
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Des lors qu'un individu (éléphant) évite ses pairs, il est aussitôt considéré comme dangereux. On le soupçonne d'avoir été banni par les siens à cause d'un comportement déviant, alors que son exil est peut-être volontaire et découle non pas d'un goût de la castagne mais d'un esprit contemplatif.
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Dès que la porte d’entrée se referme derrière moi, dans un déclic discret, le silence et la nuit m’envahissent. C’est comme si quelqu’un avait scellé quelque chose d’irrémédiable, de définitif, pareil à un couvercle posé sur un cercueil. J’éprouve le vertige d’un nécromant ou d’un pilleur de tombes.
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À l'époque du roi Léopold, il n'y a pas que les chasseurs d'ivoire et les récolteurs de latex à écumer les forêts. Dans la foulée arrivent des prospecteurs, des géologues, puis des compagnies minières. La terre regorge de cobalt, d'or, de cuivre de manganèse, de tungstène, d'étain, de colombo-tantalite. Ce n'est plus une entité géographique et humaine, mais un tableau périodique des éléments, une longue suite de corps simples aux noms compliqués. Partout, dans les provinces du Katanga, du Kivu ou du Kasaï, on tamise, on fore, on creuse. Les pépites que l'on extrait déchaînent des ruées, des fièvres et bien d'autres troubles. Le pillage du Congo n'en finit plus. La richesse des sols est inversement proportionnelle à la misère de ses habitants. On appelle cela le « paradoxe de l'abondance ». Un pays pâtit d'autant plus de la prédation qu'il est mieux doté par la nature.
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Ses bannières, ses armes, ses uniformes, ses statues racontaient une épopée, non pas la conquête de l'Afrique centrale par une poignée d'aventuriers, mais la victoire de la lumière sur les ténèbres, de la civilisation sur l'esclavage.
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Sur un tas de cendres encore fumant, il hisse un drapeau, érige un comptoir et repart incendier d'autres hameaux. Il doit se dire que c'est ainsi qu'on libère les peuples. Au Congo, la civilisation annonce son arrivée par un mur de flammes au-dessus de la canopée.
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Durant un été, on les a exposés. A tout. A la curiosité des foules, au voyeurisme, aux quolibets, aux sarcasmes, aux intempéries, à la maladie, et enfin à la mort. ils font bien partie du musée. Ils racontent son histoire ou plutôt sa préhistoire. Leurs tombeaux en constituent, pour ainsi dire, la première pierre. L'acte inaugural.
De ces gens on ne connait que des brides. Aucun détail sur leur vie, leur âge, le métier qu'ils exerçaient. On sait, en revanche, d'où ils viennent : de l'unique colonie au monde devenue la propriété d'un seul homme. Ils n'étaient pas des citoyens, ni même des sujets, mais des objets vivants. Léopold II disposait de leur personne, comme du reste.
Quand un possède un bien précieux, on aime le montrer. On en fait étalage pour provoquer l'admiration ou susciter la jalousie. Par exemple, un Rothko ou un Picasso, on évite de le mettre au coffre, on préfère l'accrocher dans son salon ou au siège de son entreprise. Une Porsche Cayenne, on la gare ne double file, si possible devant un restaurant huppé. (p. 13)
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Il [Léon Rom] ne décore pas, il défigure. Il érige des épouvantails autour de lui afin de frapper les esprits. Ce roi de la jungle gouverne par l'épouvante. Son ossuaire répond à un autre motif encore plus effrayant : Léon Rom est un collectionneur. Il pratique la décapitation à titre de passe-temps. Il accumule les crânes humains comme d'autres des timbres-poste. Il étudie leur taille, leur forme, leurs protubérances, leur poids. Il fait partie de ces gens qui proclament la supériorité de l'homme blanc à l'aide d'équerres et de bouts de ficelle. En digne représentant du progrès, il joue au naturaliste amateur. Il s'intéresse aux statuettes et aux objets funéraires. Il en recueille des centaines dont il fera don au palais de Tervuren. À ses moments perdus, il se pique également d'entomologie. Il attrape des papillons avec un filet et les épingle sur du liège, de la même façon qu'il empale des têtes sur des piquets. Il traite les populations dont il a la charge comme des insectes.
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