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EAN : 9782073021311
160 pages
Gallimard (08/02/2024)
3.82/5   102 notes
Résumé :
« Il est tout blanc, d’un blanc spectral, taillé en Hermès. Privé de son socle, pour ainsi dire détrôné, il jouxte des artefacts faits de la même substance dure, compacte, quelque peu élimés par le temps, imprégnés de la même grandeur surannée. La vitrine expose une matière – l’ivoire – à travers ses multiples usages exhumés d’un grenier de grand-mère. Un chausse-pied, des coquetiers, des ronds de serviette, un coupe-papier, un bougeoir, des boules de billard, u... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
3,82

sur 102 notes
Ce livre de la collection "Une nuit au musée", je voulais absolument le lire parce qu'il se passe dans un musée de ma ville, même si je n'habite pas Tervuren (qui se trouve en périphérie de Bruxelles, mais on ne va pas pinailler).

Vivant depuis plus de 20 ans à Bruxelles, j'en avais entendu parler pour la première fois par un de mes anciens collègues, qui avait sorti une blague bien grasse, bien lourde, insultante, dégradante, à consonance raciste et qui m'avait laissée, à l'époque, muette.

Un raciste ordinaire qui pense que les autres sont moins bien que lui. le genre de truc qui me hérisse le poil au plus haut point. Plus tard, j'ai entendu bien pire que sa blague grasse, et là, au moins, j'avais plus de bagage et je n'étais pas restée muette, j'avais volé dans les plumes de la personne. Hélas, impossible de faire changer les opinions de certains…

Donc, si j'ai visité quelques musées de ma ville, je n'avais jamais eu envie de mettre les pieds dans celui qui se nommait auparavant "Musée du Congo Belge". Eh oui, le Congo appartenait exclusivement à Léopold II, roi des Belges (et non De Belgique comme on fait souvent la faute), notre ancien roi.

Non, je n'en tire aucune fierté de cette ancienne possession, mais je ne vais pas me flageller pour des fautes commises par certains. Pendant que les colons belges creusaient la terre pour pilier le Congo de ses richesses, mes ancêtres retournaient leurs terres pour planter des céréales, les faire pousser avant de les récolter (oui, je descends de céréales killer) et pour eux, Bruxelles était à l'autre bout du monde, alors le Congo, vous pensez bien…

Cette lecture m'a appris bien des choses et fait remonter des souvenirs datant de mon enfance, lorsque mon grand-père me lisait "Tintin au Congo" (j'avais 5 ans), un album bourré de clichés, puisque Hergé n'a jamais mis les pieds au Congo, mais avait visité son musée… Oui, son guerrier léopard vient du musée ! J'avais même oublié combien Tintin était hautain avec les autochtones et qu'il dézinguait des tas d'animaux…

Racontant sa nuit au musée, l'auteur parlera, entre autre, du chasseur qui a abattu le magnifique éléphant qui se trouve dans la rotonde, le fameux King Kasaï, remontant aussi le fil des ancêtres de ce chasseur, surtout ceux qui ont été au Congo, sans oublier ceux qui y ont fait des carnages en tuant X animaux d'une même race alors qu'un seul aurait suffi pour la taxidermie.

Ma lecture était très instructive… Puis, au détour d'une page, les horreurs sont arrivées, elles m'ont prises à la gorge, m'ont tordu les tripes, font monter la bile dans ma bouche : l'auteur parlait des exploitations de caoutchouc, des mains que l'on coupait pour justifier des balles tirées, des têtes que l'on a coupées, des crânes qui furent exposés, sur les piquets d'une villa…

C'est une lecture dont on ne ressort pas indemne, même si l'auteur évite de sombrer dans le pathos, de donner des leçons. Il ne minimise pas, il donne les faits, parlant aussi des statues que l'on déboulonne un peu partout et qui, de ce fait, sont mises sous le feu des projecteurs.

En 160 pages, l'auteur donne un bon aperçu de l'horreur de la colonisation, sans entrer dans tous les détails sordides, bien entendu. Il réussit à faire le point sur le passé colonial de la Belgique, au travers de son roi, sans pour autant nous juger (un pays d'Europe peut-il se taguer de n'avoir possédé aucune colonie ?), sans pour autant excuser.

Une lecture coup de coeur, coup de poing, remplie d'émotions et qui m'a sans doute parlé bien plus du fait de mon appartenance au royaume De Belgique, puisque j'étais directement concernée (l'argent du Congo a enrichi le roi, une partie de ses sujets, mais aussi le pays et Bruxelles lui doit certainement la magnificence de certains endroits).

Une lecture coup de poing, une lecture qui parle des pages sombres de notre histoire à nous, les Belges, et dont nous ne sommes pas fiers (hormis les indécrottables racistes, suprémacistes, ou les descendants de ceux qui s'y sont enrichis). Une lecture des plus instructives, sans oublier émotive.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Bienvenue à l'Africa Museum qui fut autrefois Musée du Congo belge, puis Musée royal de l'Afrique Centrale, édifié à la gloire de l'empire colonial belge. Fermé en 2013 pour « réparations » il a été rouvert en 2018 et Christophe Boltanski a décidé d'y passer la nuit. Il arrive par un petit chemin, et découvre des tombes où sont enterrés des Africains jadis « exposés » dans le musée. Puis direction, le sous-sol où sont entassés statues, masques qui étaient exhibés autrefois à la gloire du colonialisme.

Puis ses pas le conduisent au pied de celui qui fut le symbole du musée, King Kasaï, un éléphant abattu puis empaillé en 1956.

"Je suis allongé en chien de fusil devant l'un des plus grands éléphants d'Afrique. Eu égard à son rang et en raison de ses origines, il a été baptisé King Kasaï"

L'auteur nous raconte l'histoire du musée, la manière dont le Congo est devenu propriété personnelle de Léopold II, roi des Belges qui était vexé de ne pas avoir d'empire colonial. On apprend, au passage qu'un village « typique » avait été créé les Africains étant habillés comme dans leur pays (avec la différence de température, on imagine leur ressenti !) cela fait froid dans le dos.

On va ainsi connaître l'histoire coloniale, mais aussi le pillage du Congo belge, devenu Zaïre, puis RDC, les massacres d'animaux à visée « taxidermiste » ce qui nous permet de faire la connaissance de quelques-uns de ces massacreurs tel Léon Rom qui chassait les crânes humains, comme d'autres les papillons, qui a inspiré à Joseph Conrad le personnage de Kurtz dans son roman « Au coeur des ténèbres » ?

Christophe Boltanski évoque également, outre le pillage des sols, le calvaire des Africains chargés de récolter le caoutchouc, les châtiments encourus quand le rendement n'était pas celui escompté : mains coupées par exemple (c'est certain, on est plus efficace, les mains en moins !).

Ce petit livre (160 pages) est un véritable uppercut, dans l'exploration de la colonisation et des horreurs commises au nom de la suprématie blanche, sur fond de racisme profond et de haine, à l'heure où l'on déboulonne les statues, mais est-ce vraiment la solution ? Ce passé a bel et bien existé et ce n'est pas en effaçant qu'on peut se faire pardonner. Il faut expliquer encore et encore comme pour la Shoah.

Une petite note d'humour (on rit jaune c'est vrai) à la manière dont Hergé a conçu « Tintin au Congo » sans jamais mettre les pieds en Afrique, mais uniquement inspiré par le musée.

Ce livre m'a donné envie de lire « Au coeur des ténèbres » qui ne me tentait pas tellement jusqu'à présent, et aussi « La cache » de Christophe Boltanski qui attend toujours dans ma PAL.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Stock qui m'ont permis de découvrir ce livre et son auteur.

#kingkasaï #NetGalleyFrance !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Suite de cette formidable collection, qui propose à un écrivain de passer une nuit dans un musée. j'ai été très émue par le texte de Lola Lafon et sa nuit avec Anne Franck.
Cette fois-ci, nous allons passer la nuit avec Christophe Boltanski à Bruxelles à l'Africa museum.
Avec une exergue de Frank Fanon et dans sa poche, le roman "au coeur des ténèbres" de Conrad, Christophe Boltanski va nous raconter le passé colonial de la Belgique et en particulier du fameux Congo belge de Léopold II.
D'ailleurs, ce musée a changé de nombreuses fois de nom : du musée du Congo Belge au musée royal d'Afrique centrale et maintenant, après des travaux, l'Africa muséum. Fermé en 2013, il était le dernier musée colonial du monde et a réouvert en 2018.
"Ces changements d'appellation (.../...) visent à faire oublier ou, du moins, à estomper le projet initial, celui d'un musée entièrement dédié à une colonie." p19
En 1897 et l'exposition universelle de Bruxelles, Léopold 2 est un "montreur d'hommes". Dans son domaine de Tervuren, un Congo miniature va être présenté aux belges. 267 hommes, femmes et enfants vont être "exposés" dans trois "villages négres". En 1899, 400 africains vont aussi être exhibés aux Invalides lors de l'exposition universelle de Paris.
30 000 personnes défilent dans le parc de Teruren. Puis un palais va être construit par l'architecte parisien Charles Girault (il avait crée le Petit Palais et le musée belge est une copie de ce bâtiment).
Avant de rentrer dans le musée, C Boltanski arrive par un chemin et va trouver les tombes de 7 morts, des africains "exposés" et enterrés dans le jardin du musée. Puis nous allons le suivre dans les sous sols, les couloirs, les salles de ce musée.
Des images impressionnantes jaillissent de ce texte. Il est seul, quasiment dans le noir, avec la torche de son téléphone portable. Dans le sous sol, il va trouver des statues du musée initial, mises au rebut, "de fait de préjugés et stéréotypes profondément ancrés qui ont contribué au racisme de nos sociétés modernes". "Une forêt de statues, des capitaines, commandants blancs et des êtres nus, vernissés de noir, des masques mortuaires".
Puis les salles rénovées et il va se coucher quasiment dans les pattes du king Kasai, un éléphant empaillé qui fut longtemps le symbole du Musée royal de l'Afrique centrale.
L'auteur va aussi nous parler de la famille de Boekhat, qui ont été parmi les colonisateurs du Congo, à l'époque de Léopold 2 mais aussi récemment avec un des descendants, qui a été mercenaire pour les entreprises minières belges.
L'auteur se questionne sur la colonisation, en se souvenant de ses lectures des Tintins, lors de son enfance : d'ailleurs Hergé a visité plusieurs fois ce musée pour ensuite écrire son fameux 'Tintin au Congo", sans jamais être allé en Afrique.
Ce texte nous questionne sur l'histoire des colonies et comment appréhender cette histoire.
A une époque où on déboulonne certaines statues, comment raconter ces histoires, ces conquêtes, l'exploitation de ces terres (qui perdurent d'ailleurs avec les mines qui sont exploitées par de grands groupes internationaux et où les conditions de travail sont ignobles). Que faut il faire des représentations de l'époque, les cacher, les flouer, les annoter ?
Christophe Boltanski essaie de comprendre, de raconter.
J'ai aimé passer cette nuit de questionnements, dans les sous sols, dans les couloirs, dans les salles de cet étrange musée, étrange car c'est un musée ethnographique (des masques, des statues) et d'histoire naturelle, avec des animaux empaillés. Christophe Boltanski nous parle aussi de personnages de l'époque et de ces aventuriers, dignes personnages du roman de Conrad (dont je vais profiter pour le relire)
Peut être que ce texte est moins personnel que les précédents, mais il donne un point de vue sensible, parfois drôle, de nos questionnements sur la colonisation, décolonisation et nos façons de ne pas oublier ces périodes et surtout comment les "raconter".

#kingkasaï #NetGalleyFrance
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Ce livre appartient à la collection « Ma nuit au musée ». En l'occurrence l'auteur va passer une nuit au "Musée royal de l'Afrique centrale", rebaptisé vilainement "AfricaMuseum", situé à Tervuren dans la banlieue de Bruxelles. Ce musée fut pensé à l'origine comme la vitrine du colonialisme belge en Afrique, mais sa conception a depuis été revue.
C'est l'occasion pour l'auteur de se pencher sur les méthodes et les visées impérialistes et intéressées du roi Léopold II à l'origine de l'entreprise coloniale belge dont il dresse un portrait sans complaisance.
L'auteur nous présente également quelques protagoniste de cette entreprise, dont Antoine de Boekhat, aristocrate viandard sans limite et pourvoyeur de dépouilles animales pour les taxidermistes européens, et Léon Rom assassin raciste hallucinant.
Les immenses richesses du Congo sont mises en évidence par le musée, sans que les conditions d'exploitation soient évoquées ; l'auteur fait heureusement la lumière sur celles-ci.
Ce musée témoigne donc à tout oeil critique de la prédation insensée et sans limite du colonialisme occidental, et de ses méthodes inhumaines.
Le livre de référence sur ce sujet reste "Congo – Une histoire" de David van ReyBrouck. À tout lecteur intéressé qui serait rebuté par ses 700 pages et plus, le livre de Christophe Boltanski est une parfaite alternative.
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« Je me dirige vers une énormité. Un empire comprimé dans une boîte, une encyclopédie en trois dimensions, une arche qui contient tout. Faune, flore, hommes et dieux. Toute la mémoire d'un monde rassemblée dans un même écrin.
Je m'apprête à passer la nuit à l'intérieur d'un bâtiment monumental et aux prétentions exorbitantes. Appelé à l'origine « musée du Congo belge», puis «musée royal d'Afrique centrale», il a été rebaptisé depuis peu «Africa Museum» en anglais (ou en latin); ça fait tout de suite plus classe. »

King Kasaï, Christophe Boltanski @manuitaumusee @editionsstock

Sortie le 11 janvier 2023. #rentreelitteraire #janvier2023

Il est des musées dont on ne sort pas indemne, dont l'histoire, chargée d'un lourd passif, nous bouleverse et nous révolte à la fois! Il est des récits, alimentés par diverses sources, qui nous habitent et nous hantent, longtemps après que l'ultime page du livre ait été tournée… Il était une fois le Congo belge, raconté par Christophe Boltanski, à travers sa nuit passée à l'Africa Museum de Tervuren @africamuseumbe

En tête-à-tête avec King Kasaï, l'éléphant qui trône à l'entrée de la salle aux animaux empaillés, l'auteur parcourt les grandes lignes de l'origine de ce musée: Léopold II, sa colonie personnelle, l'horreur de celle-ci qui, par-delà la mer, a mené à l'exposition d'êtres vivants comme bêtes de foire…

« Il y a des montreurs d'ours ou de singes savants. le deuxième roi des Belges est un montreur d'hommes. »

L'innommable est présenté sans filtre, sans fioriture! Dans toute sa laideur!

« Durant un été, on les a exposés. À tout. À la curiosité des foules, au voyeurisme, aux quolibets, aux sarcasmes, aux intempéries, à la maladie, et enfin à la mort. Ils font bien partie du musée.
Ils racontent son histoire ou plutôt sa préhistoire.
Leurs tombeaux en constituent, pour ainsi dire, la première pierre. L'acte inaugural.
De ces gens, on ne connaît que des bribes.
Aucun détail sur leur vie, leur âge, le métier qu'ils exerçaient. On sait, en revanche, d'où ils viennent: de l'unique colonie au monde devenue la propriété d'un seul homme. Ils n'étaient pas des citoyens, ni même des sujets, mais des objets vivants. Léopold II disposait de leur personne, comme du reste. »

Ce livre fait pour moi écho à celui que j'ai lu il y a quelques mois: Notre royaume n'est pas de ce monde, Jennifer Richard. Ici aussi l'auteur aborde l'histoire réelle de cette colonie belge et, de manière plus large, de la colonisation en Afrique…

« Caoutchouc signifie
«le bois qui pleure». C'est ainsi que les Indiens du Pérou baptisent sa résine. À la longue, les arbres n'ont plus de larmes. Alors, on oblige les hommes à s'enfoncer encore plus loin dans la forêt et on punit de mort les récalcitrants, on retient leurs femmes et leurs enfants en otages, on tue, on tranche, on brûle. »

Je suis belge, il est vrai, et ce récit me touche sans doute différemment du fait qu'il concerne l'histoire de mon pays! Mais je pense que, peu importe le pays, l'histoire des colonies s'est partout illustrée dans l'horreur, la cruauté, la déraison de l'homme qui se croyait supérieur, devenu bestial, sauvage, primitif!

« Léon Rom est un collectionneur. Il pratique la décapitation à titre de passe-temps.
Il accumule des crânes humains comme d'autres des timbres-poste. Il étudie leur taille, leur forme, leurs protubérances, leur poids. Il fait partie de ces gens qui proclament la supériorité de l'homme blanc à l'aide d'équerres et de bouts de ficelle. En digne représentant du progrès, il joue au naturaliste amateur. »

Cette nuit au musée n'est pas comme les autres: elle renvoie à notre côté sombre d'être humain et, à la noirceur de la nuit, répond celle de l'âme humaine dans ses plus sombres tréfonds!
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critiques presse (6)
Culturebox
26 mars 2024
Le récit de cette nuit au musée de Tervuren est passionnant et glaçant, vaut pour ses références et pour une description détaillée des lieux et du foutoir colonial qu'il recèle. Avec pour l'auteur, devant chaque découverte, un constat : la violence et l'inhumanité cachée derrière cette histoire mise en scène dans ce musée.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LeMonde
21 mars 2023
L’abondante description de l’AfricaMuseum, ex-Musée du Congo belge, près de Bruxelles, dans lequel Christophe Boltanski s’est laissé enfermer une nuit en 2020, n’y peut rien : King Kasaï ne donne jamais une vision claire du dédale de salles obscures au cœur de l’imposante bâtisse.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeMonde
13 mars 2023
King Kasaï ne donne jamais une vision claire du dédale de salles obscures au cœur de l’imposante bâtisse. Une façon délibérée, pour l’écrivain français, de souligner le « fragile entre-deux » résultant du chantier mené de 2015 à 2018 pour « décoloniser » ce musée datant de 1910.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaCroix
02 mars 2023
Dans ce livre saisissant, Christophe Boltanski fait resurgir l’histoire dramatique de la colonisation du Congo à travers le musée qui lui fut dédié.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LePoint
27 février 2023
Christophe Boltanski reveille les fantomes de l'AfricaMuseum, en Belgique, et de son elephant, abattu le 4 août 1856.
Lire la critique sur le site : LePoint
Bibliobs
16 janvier 2023
Avec « King Kasaï », Christophe Boltanski raconte la nuit qu’il a passée à l’Africa Museum l’ancien musée d’art africain belge, prétendument décolonisé.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
A les entendre, l’ancien musée du Congo Belge a non seulement été restauré, rénové de fond en comble, mais plus encore rajeuni, délivré de ses préjugés et de son lourd passé, en un mot – et je me borne une fois encore à citer leur propos – « décolonisé ». Une ambition qui mérite d’être examinée en ces temps de déboulonnage.
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À l'époque du roi Léopold, il n'y a pas que les chasseurs d'ivoire et les récolteurs de latex à écumer les forêts. Dans la foulée arrivent des prospecteurs, des géologues, puis des compagnies minières. La terre regorge de cobalt, d'or, de cuivre de manganèse, de tungstène, d'étain, de colombo-tantalite. Ce n'est plus une entité géographique et humaine, mais un tableau périodique des éléments, une longue suite de corps simples aux noms compliqués. Partout, dans les provinces du Katanga, du Kivu ou du Kasaï, on tamise, on fore, on creuse. Les pépites que l'on extrait déchaînent des ruées, des fièvres et bien d'autres troubles. Le pillage du Congo n'en finit plus. La richesse des sols est inversement proportionnelle à la misère de ses habitants. On appelle cela le « paradoxe de l'abondance ». Un pays pâtit d'autant plus de la prédation qu'il est mieux doté par la nature.
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Durant un été, on les a exposés. A tout. A la curiosité des foules, au voyeurisme, aux quolibets, aux sarcasmes, aux intempéries, à la maladie, et enfin à la mort. ils font bien partie du musée. Ils racontent son histoire ou plutôt sa préhistoire. Leurs tombeaux en constituent, pour ainsi dire, la première pierre. L'acte inaugural.
De ces gens on ne connait que des brides. Aucun détail sur leur vie, leur âge, le métier qu'ils exerçaient. On sait, en revanche, d'où ils viennent : de l'unique colonie au monde devenue la propriété d'un seul homme. Ils n'étaient pas des citoyens, ni même des sujets, mais des objets vivants. Léopold II disposait de leur personne, comme du reste.
Quand un possède un bien précieux, on aime le montrer. On en fait étalage pour provoquer l'admiration ou susciter la jalousie. Par exemple, un Rothko ou un Picasso, on évite de le mettre au coffre, on préfère l'accrocher dans son salon ou au siège de son entreprise. Une Porsche Cayenne, on la gare ne double file, si possible devant un restaurant huppé. (p. 13)
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Il [Léon Rom] ne décore pas, il défigure. Il érige des épouvantails autour de lui afin de frapper les esprits. Ce roi de la jungle gouverne par l'épouvante. Son ossuaire répond à un autre motif encore plus effrayant : Léon Rom est un collectionneur. Il pratique la décapitation à titre de passe-temps. Il accumule les crânes humains comme d'autres des timbres-poste. Il étudie leur taille, leur forme, leurs protubérances, leur poids. Il fait partie de ces gens qui proclament la supériorité de l'homme blanc à l'aide d'équerres et de bouts de ficelle. En digne représentant du progrès, il joue au naturaliste amateur. Il s'intéresse aux statuettes et aux objets funéraires. Il en recueille des centaines dont il fera don au palais de Tervuren. À ses moments perdus, il se pique également d'entomologie. Il attrape des papillons avec un filet et les épingle sur du liège, de la même façon qu'il empale des têtes sur des piquets. Il traite les populations dont il a la charge comme des insectes.
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Dans cette scène de crime, il manque l'essentiel. Le mobile ? Il est abordé ailleurs et de façon édulcorée. Les suspects ? Ils ont été jetés aux oubliettes. Des preuves, alors ? Elles sont là, mais en tout petit, dispersées sur un moniteur en état de veille. Il faut cliquer dessus (p. 113).
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Vidéo de Christophe Boltanski
De #MeToo à "Black Lives Matter", les bouleversements de notre société s'invitent dans la sphère culturelle. À l'heure où les sociétés occidentales questionnent leur héritage, comment les musées s'adaptent-ils ? Pour en parler, Guillaume Erner reçoit Cécile Debray, conservatrice générale du patrimoine et présidente du musée national Picasso-Paris, et Christophe Boltanski, grand reporter au "Nouvel Observateur".
#culture #musée #blm ____________ Découvrez tous les invités des Matins de Guillaume Erner ici https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDroMCMte_GTmH-UaRvUg6aXj ou sur le site https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins
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