J'aurais dû écrire le titre sur un bout de papier.
Parce que ce livre était dans la réserve de la médiathèque.
Et que franchement, devoir réclamer ce titre à haute voix à la bibliothécaire, ça a été un grand moment de solitude.
Surtout qu'à part de la provoc', le titre n'exprime rien qui soit saillant dans l'histoire.
Bref.
L'histoire est celle d'Amédée-Jonas Dieusérail (qu'on surnomme Dieu, pourquoi faire compliqué) qui, dit-il, est tombé amoureux de l'Afrique en se baladant au Jardin des plantes à Paris. Il s'y rendra pour vivre différentes carrières : prof pédophile, puis curé, puis défroqué, et enfin riche planteur et businessman. L'Afrique, c'est pour ce personnage abominable un terrain de chasse et un terrain de jeu : "Elle n'avait que douze ans. Chez moi, je n'aurais jamais osé."
Pour l'Ivoirienne Tanella Boni, c'est l'occasion d'explorer les différentes facettes de la colonisation, puis celles de la Françafrique.
Sauf que…
Il ne se passe rien dans ce roman, à part des dialogues entre la narratrice et Dieu (Amédée-Jonas, si vous avez suivi), entre la narratrice et une ancienne maîtresse de Dieu, entre la narratrice et la fille de Dieu, etc. Que des gens qui causent. Ah si, un extrait des mémoires de Dieu, aussi.
Bon, c'est le choix de l'autrice, qui suis-je pour juger.
Mais entre ça et les longues réflexions qui entrecoupent ces dialogues, je me suis ennuyée et j'ai eu du mal à venir à bout de ces deux cents pages.
Challenge Globe-Trotter (Côte-d'Ivoire)
LC thématique d'octobre 2022 : "Le verbe haut !"
Commenter  J’apprécie         1420
_ Seules les littératures venant des pays pauvres m'intéressent !
_ Des pays pauvres ?
_ Disons ceux du Sud, selon l'expression consacrée par les critiques...
_ Je vois. Vous vendez donc à Paris des livres exotiques, ceux qui permettent aux Occidentaux d'aller en vacances en restant assis à leurs bureaux, dans un train ou un métro et aux femmes dans leurs cuisines ! Peut-être bien des scènes d'amour inédites.
Car, dans ces conditions, l'Eglise catholique part perdante, trop froide, trop sereine et monotone. Les gens ont besoin de sang neuf, ils ont besoin de miracles. Pendant les campagnes d'évangélisation, les paroles fortes et mielleuses des prédicateurs provoquent des guérisons spectaculaires, délivrent les âmes de toute torpeur, de la peur de vivre, redonnent des forces neuves aux chômeurs, aux déprimés.
Car l'amour est une danse langoureuse dans un espace public, un endroit sous haute surveillance depuis toujours (...) Et les autres, chameaux ou dromadaires muets et inoffensifs pour un temps, n'en croient pas leurs yeux. Ils se métamorphosent pas à pas en rapaces. Ils prévoient quelque moment fatidique, l'instant où l'un ou l'autre tombera, raide, sans souffle.
Les humains sont pires que les animaux, quand ils squattent un bout de terre rencontré sur leur passage, un lopin qui leur plaît, ils ne se contentent pas de le parfumer avec leurs crottes et leurs urines. Ils marquent les lieux au fer rouge, afin que leurs descendants se souviennent.
Et de toute façon, la vie, pour les filles, était beaucoup plus rude. Parce que les hommes n'ont jamais été des saints, vous le savez bien (...) Je lui ai fait un bébé ! Elle n'avait que douze ans. Chez moi, je n'aurais jamais osé.
Tanella Boni "Les Idées mènent le Monde" à Pau - 2017