Le grand tour, tome 1

C'est un exercice difficile que de critiquer une oeuvre dont on n'est pas le public. Ainsi, j'ai reçu ce roman des éditions Thierry Magnier dans le cadre d'un Masse critique destiné à la jeunesse, attirée par sa couverture sertie comme un bijou.
Toutefois, une fois les premières pages tournées, le charme n'opère plus. Jeunesse ou pas, une bonne histoire devrait pouvoir charmer petits et grands. On suit les aventures de trois adolescents dans un monde merveilleux identifiable au Moyen-âge, où se multiplient les enjeux politiques. Si le synopsis peut paraître ambitieux et prendre son lectorat au sérieux, l'écriture est indigente et plate. Au lieu de s'étoffer sous les innombrables toponymes et riches illustrations, le récit s'étiole et l'on est tenté de lire toujours plus en diagonale.

Un livre comme un carnet de voyages, bleu et or comme un lazuli, magnifique. Comme pour une rivière de diamants, on parcourt du doigt les pages où sont parsemées cartes, illustrations et pages bleu klein, dans un monde imaginaire féodal où les codes sont régis par les pierres précieuses. le Grand Tour suit les aventures de trois jeunes personnes : Aglaé, noble désargentée et sacrément douée, recrutée dans les bataillons ducaux (qui ne manqueront pas de rappeler L'Attaque des Titans à certains), Arto, prince cadet capricieux contraint de s'éloigner de sa cour pour parcourir le Grand Duché, et Siebel, son amie d'enfance fiancée à l'héritier du Régent pour une alliance politique. Alors qu'ils partent chacun à l'aventure, les troubles se multiplient dans le Duché quand mystères et des intrigues se nouent...
Passée la merveilleuse première impression, ce roman jeunesse déçoit malheureusement par son écriture, pauvre, linéaire et caricaturale. La psyché humaine et les intrigues politiques tombent à plat et on est bien en peine de s'intéresser au noeud de l'histoire, quand nos trois personnages principaleaux ne se révèlent pas carrément insipides. Les pierres précieuses ne semblent quant à elles n'apporter qu'une dimension esthétique au roman. Je n'en suis pas venue à bout.
Un caillou dans un écrin d'or ciselé.

Comme beaucoup, je tiens à saluer le travail qui a été réalisé sur la couverture du livre. Les dorures sur fond bleu font incontestablement leur petit effet et donnent envie non seulement d'acheter le livre mais aussi d'explorer l'univers dont la carte s'étend sous nos yeux.

Hélas, j'ai trouvé que la promesse d'aventure n'était pas totalement tenue. L'intrigue démarrait pourtant bien, mettant en place un personnage atypique sur le point de débuter son "grand tour". Mais rapidement, je me suis sentie perdue dans l'univers foisonnant de l'auteure, notamment sa géopolitique complexe. Même la présence (indispensable) de la carte des territoires en début de livre ne m'a pas suffisamment aidée à me repérer et saisir tous les enjeux politiques de l'histoire.
En ce qui concerne les pierres décrites au fil des pages, j'ai trouvé que mis à part le fait d'indiquer la position sociale des personnages, leur conférer certains droits, elles ne servaient pas à grand chose dans l'intrigue. J'ai eu l'impression qu'il s'agissait plutôt d'une fantaisie de l'auteure destinée à apporter de l'originalité et lui permettre d'ajouter des petits dessins (ce qui est certes sympa mais pas indispensable).
Pour ce qui est des personnages, je reconnais avoir eu du mal avec eux, dans le sens où je n'ai pas vraiment accroché à leur personnalité.

Malgré ces différentes remarques, je suis tout de même curieuse de découvrir le second tome. Peut-être me réconciliera-t-il avec l'histoire et me permettra de m'attacher un peu plus aux personnages.

Ayant reçu ce roman dans le cadre d'une masse critique, j'ai d'abord été séduite par la couverture, qui est très belle : la carte du monde y est représentée avec une belle couleur or en relief ; sur le fond bleu de la couverture, le rendu est très chouette ! Ce bleu est également utilisé pour l'intérieur du livre : le texte, ainsi que les dessins, sont bleus. Certaines pages sont intégralement bleues et signalent ainsi une lettre, un document important, un récit raconté par un personnage, une légende... et permettent ainsi de mettre en avant la différence entre le récit principal et ces informations supplémentaires. le rendu visuel est très réussi, notamment grâce à la multitude de petits dessins qui émaillent les pages, et rendent le monde plus consistant !

Pour ce qui est du récit, les chapitres se concentrent tour à tour sur 3 personnages principaux : Arto, le fils cadet d'un haut digitaire, jeune homme au caractère difficile qui n'en fait qu'à sa tête ; Aglaé, jeune femme déterminée qui s'engage dans l'armée ; Siebel, jeune femme destinée à un mariage arrangé. Si Arto est véritablement le personnage pénible du livre, les deux femmes sont intéressantes à suivre. Ces 3 héros ont des destins bien différents, mais on sent que leurs chemins vont bien finir par s'entrecroiser. Les trois histoires sont prenants en tout cas !

L'écriture est agréable, les évènements et les chapitres s'enchaînent bien, les personnages réagissent de manière logique et les explications sur la manière dont fonctionne le monde sont distillées au fur et à mesure, ce qui rend la lecture légère. Un excellent premier tome ; j'ai hâte de lire la suite !

Le grand tour, c'est d'abord un très bel objet, simple et raffiné.
L'univers est surprenant et étrangement nous paraît familier et cohérent. La présentation des trois personnages m'a tout de suite happée.
C'est un livre qui vous embarque tout de suite, avec une réelle générosité et il est difficile de voire la fin avancer tant on prend de plaisir à suivre les aventures des trois jeunes protagonistes.
Heureusement Sandrine Bonini nous promet une deuxième et dernière partie et le plus dure et de patienter.
L'écriture est simple mais accessible et les illustrations qui parcourent le livre nous immergent encore plus dans l'univers en amenant un côté atlas à l'objet.
Ce livre est un ovni dont les protagonistes continuent de vous accompagner bien des jours après sa lecture.
Attention, chef d'oeuvre.