Tandis qu'elle se demandait si la blessure qu'elle avait faite au jeune homme pouvait lui être fatale, Ravier porta une première attaque d'une rapidité époustouflante. Elle s'affaissa aussitôt sur le parquet grinçant. Son bras gauche la faisait souffrir alors même qu'il ne lui semblait pas avoir reçu un seul coup.
- Il me semble que tu parais souvent à gauche ? demanda Ravier.
- Je me suis entraînée à ne pas avoir une gestuelle trop systématique, comme me l'a enseigné mon entraîneur, répondit Aglaé en serrant les dents.
- Est-ce qu'il ne t'a pas également appris à abandonner, lorsqu'il est encore temps ?
- Je n'ai pas retenu cette leçon, je suis désolée.
Le Lieutenant lui asséna un deuxième coup sur la cuisse qui la fit tomber à terre. Elle roula au sol pour éviter un troisième coup tout aussi violent. Ravier était en train de lui administrer une authentique punition et il ne paraissait pas prêt à s'arrêter.
Elle sortit sans un bruit, avec une pelote de fil qu'elle avait obtenue de Thadée. Ces derniers temps, la Maison ne la laissait plus guère se promener toute seule sans jouer à l'égarer pendant de longues heures : l'astuce de la pelote permettait à Siebel de circuler un peu à sa guise. Elle attacha l'extrémité de la ficelle à la porte de sa chambre et commença sa promenade. Si les forces surnaturelles qui habitaient la Maison l'avaient au départ effrayée, elle appréciait à présent de ne pas tout maîtriser. Le seul fait de savoir qu'elle retrouverait son chemin lui suffisait, et tant pis si elle n'atteignait pas l'endroit exact qu'elle cherchait.
Cette nuit-là, le trajet fut aisé.
LA BOÎTE À QUESTIONS - Sandrine Bonini