Deuxième roman de la collection Vendredi 13, après Close-up dont je vous ai déjà parlé. Même jaquette, même mise en page et police d'écriture très agréables. Des livres qu'on a plaisir à avoir dans les mains. L'idée du directeur de collection,
Patrick Raynal : un jour particulier, le vendredi 13, 13 romanciers s'en emparent et rendent leur copie. Close-up m'a emballé, L'arcane sans nom, tout pareil, dans un genre très différent.
Là, ce n'est point l'écriture de
Pierre Bordage qui m'a séduit –encore qu'elle n'ait rien à envier à bien d'autres-, elle est simple, directe, efficace, au service de l'histoire, de ses rebondissements et des personnages. La majeure partie du roman se passe à Paris, mais on revient de temps en temps, dans la tête de Sahil, en Afghanistan, dans les combats terribles entre les talibans et l'armée dite régulière, dans les actes abominables proférés par les deux parties qui bouleversent et hantent encore le jeune homme.
Le voilà bien mal embarqué Sahil : empêtré dans une histoire qui le dépasse, lui qui veut juste aller dans le nord du pays pour émigrer en Angleterre, pays nettement plus accueillant que le nôtre, en ce moment pour les réfugiés, ce qui n'est pas à notre honneur (parenthèse personnelle) ! Mal embarqué, certes, mais bien entouré, entre Ten, la jolie sataniste dont il est amoureux, mais qu'il n'ose pas toucher tellement elle est loin de la représentation de la femme qu'on lui a inculquée
C'est donc à un audacieux et réjouissant mélange des genres, des cultures, un melting-pot comme on disait dans le temps que nous invite l'auteur. le choc des cultures pour Sahil, l'opposition entre son éducation et la vie occidentale. Ce roman ne laisse aucun temps mort, ni à Sahil ni aux lecteurs : c'est rapide, efficace, sans chichi.
Néanmoins,
Pierre Bordage ne dédaigne pas faire des remarques sur la guerre en Afghanistan, sur notre manière de recevoir les réfugiés : ce ne sont pas des parenthèses personnelles de l'auteur intervenant en tant que tel dans son roman, il met plutôt ses réflexions dans les voix de ses héros. Il est vrai que le monde qu'il décrit, celui des laissés pour compte, des marginaux n'est pas vraiment engageant, ni leur présent ni leur avenir et que la France n'a pas à s'enorgueillir actuellement ni de ses conditions d'accueil ni de ses conditions de reconduite aux frontières.
Action, rebondissements, personnages attachants et bien décrits avec leurs bons côtés mais aussi leurs travers, lieux glauques et situations qui ne le sont pas beaucoup moins, plus le talent et l'efficacité de
Pierre Bordage (dont j'avais beaucoup aimé le
Porteurs d'âmes) font que je viens de finir un excellent polar et que décidément, cette collection Vendredi 13 m'a l'air bien prometteuse.
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