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EAN : 9782253124757
436 pages
Le Livre de Poche (17/06/2009)
3.89/5   240 notes
Résumé :
Léonie, une jeune Libérienne d’une vingtaine d’années, s’enfuit de chez sa tante qui la prostitue depuis l’âge de huit ans. Pour survivre dans la France des blancs, elle expérimente des médicaments pour un étrange laboratoire. Des médicaments qui lui font entendre des voix et la rendent quasiment folle. Condamnée à l’expulsion, elle s’échappe du foyer d’accueil qui l’avait recueillie et entame une errance dangereuse.
Cyrian, riche et brillant étudiant de l’Éc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (65) Voir plus Ajouter une critique
3,89

sur 240 notes
Diablement captivant !

« Porteurs d'âmes » est un livre engagé qui nous offre un espoir, celui de changer les hommes et les femmes en ne limitant pas leur monde à leurs propres perceptions. Il donne en effet envie de découvrir le monde à travers les yeux d'autrui, les sens d'autrui, ce monde qui est le même et pourtant tellement différent que celui appréhendé avec nos propres sens. Un polar mâtiné de SF. Un roman d'amour aussi. Pierre Bordage, auteur bien connu des lecteurs de la région nantaise du fait de son superbe festival de SF le bien nommé Les Utopiales, bouscule les genres et les codes avec ce livre, tant dans sa structure, dans son style que dans son scénario.

La structure tout d'abord. Une structure tertiaire, un roulement de trois chapitres par trois chapitres tel un chassé-croisé, mettant en valeur trois vies, trois destins, trois personnages qui, a priori, n'ont absolument rien à voir les uns avec les autres, si ce n'est peut-être de vivre tous en région parisienne. Il y a tout d'abord Léonie, jeune clandestine arrachée de sa terre rouge d'Afrique, du Libéria exactement, alors qu'elle avait 8 ans, vendue par son père à sa terrible tante résidant en région parisienne, vendue pour être prostituée. Elle parvient à s'échapper au bout de douze ans d'enfer, et devient par là même une clandestine en errance dans la capitale. Pour pouvoir se faire un peu d'argent facilement, elle se rend dans un centre qui propose, contre 1500 euros, de tester un nouveau médicament. Vient ensuite Edmé, inspecteur quelque peu las et désabusé, qui va suivre son instinct sur une affaire de meurtres en série. Et enfin Cyrian, jeune homme riche, étudiant, qui fait tout, jusqu'à se compromettre, pour faire partie de la Confrérie des Titans. Jusqu'à vendre son âme…Il va découvrir via cette confrérie une nouvelle expérience totalement tenue secrète mais qui pourrait bien avoir des applications vertigineuses, tant en termes politiques, géopolitiques, économiques : les voyages extracorporels dont il va devenir complètement accro. Des voyages de la conscience, quatre jours durant, dans le corps de personnes ayant accepté plus ou moins consciemment de porter ces âmes.

Jusqu'au tiers du livre, nous ne voyons pas ce qui lie ses personnages et chaque chapitre est réjouissant tant ces portraits sont marqués, forts, prenants. En cela, Pierre Bordage est un incroyable conteur car même si nous ne voyons pas les liens immédiatement, les personnages sont tellement bien campés et passionnants que nous désirons vraiment savoir comment ces personnes vont finir par se rencontrer, se mêler, liens qui peu à peu se font avec subtilité : Pierre Bordage coût leurs faiblesses avec des fils de tendresse qui les relie peu à peu pour en faire un tissu maillé et entremêlé.

Le style ensuite est singulier : A chaque chapitre, à chaque personnage, sa façon de parler, de s'exprimer, à chaque personne sa vision, ses métaphores. Sa façon d'être et de vivre. Léonie affuble chaque personnage de noms d'animaux et se fait le porte-drapeau de Pierre Bordage pour dénoncer injustices et inégalités. Edmé a le parler de l'ours mal léché, un peu taiseux et à la cinquantaine aggravée par la cigarette, l'alcool, le manque de reconnaissance professionnelle et la solitude, tandis que Cyrian nous parait de prime abord peu attachant tant il semble suffisant, arrogant, un gosse de riche autocentré. Et lorsque les liens vont s'établir, les styles vont naturellement s'entremêler.

« - L'affaire ne s'annonce pas très bien pour toi, miss Afrique – Il jubilait le faucon, il la tenait entre ses serres, il justifiait d'un seul coup les mois de salaires versés par l'administration, il s'apprêtait à trainer devant ses responsables la clandestine, la hors-la-loi, débusquée par son flair dans un obscur troquet du 12e, il se gonflait d'importance, il avait rendu un fier service à la nation ».

Enfin le scénario : celui-ci tourne autour de cette notion de voyages extracorporels. le cerveau ne serait qu'une interface permettant à une conscience – l'âme selon Pierre Bordage - de communiquer avec un corps. L'auteur imagine ainsi un translateur permettant de déplacer une conscience vers un autre corps. Mais ces voyages sont avant tout placés au coeur d'une véritable intrigue policière, fil conducteur du livre. C'est bien vu. Une mixture étonnante ce mélange de la SF et du polar. Alors que provoquent vraiment ces voyages extracorporels ? Imaginez si vous pouviez voir ce que voit une personne, entendre tout ce qu'elle entend, sentir tout ce qu'elle sent, goûter à tout ce qu'elle goûte. Pendant quatre jours, son corps est votre corps, pendant quatre jours vous allez vivre par ses yeux, ses oreilles, son nez, sa bouche, ses mains et ses pensées les plus intimes. Ses ressentis. Sa vision. Un corps d'emprunt. La perception du monde par d'autres sens autre que les vôtres.

«Il avait redécouvert les rues et les places de Paris, le ciel, le métro, les boutiques, les terrasses des cafés auxquels il avait fini par ne plus prêter attention. Il ne voyait plus les choses de la même hauteur, il ne privilégiait pas les mêmes sons, il n'était pas sensible aux mêmes odeurs, aux mêmes saveurs (…) Les êtres humains vivaient tous sur la même terre mais chacun se figurait que l'univers se résumait à ses seules perceptions, à son seul moi ».

L'engagement de Pierre Bordage est clairement exprimé, assumé, nous pouvons dire revendiqué avec force et constance, qu'il s'agisse du racisme, des forces de l'ordre, des clandestins malmenés :
« Il avait connu la faim, la soif, la peur, il avait entrevu un cadavre égorgé dans la cave d'un immeuble et croisé son meurtrier, il avait couché à la belle étoile, il avait passé quelques heures en prison, il avait été enlevé, enfermé dans une cave, giflé, battu jusqu'au sang…Souffrance, humiliation, exploitation, le lot quotidien de millions d'hommes, de femmes et d'enfants sur la terre pendant que d'autres se vautraient dans un luxe tapageur en agitant, comme des crécelles, les droits de l'homme, les Lumières, la raison, la démocratie, une face sinistre dont il était l'un des acteurs ou, au moins, le spectateur complaisant ».

Cette histoire est menée tambour battant, il n'y a pas de longueurs, pas d'ennui, je suis restée parfois à le lire très tardivement malgré la fatigue de journées chargées, je n'avais qu'une envie : le continuer. Les sentiments éprouvés lors de cette lecture touchent à la peur, à l'effroi, au dégout, à l'amour, à l'espoir, à la curiosité, à l'étonnement…Large panoplie de ressentis généreusement offerte même si les férus de SF trouveront sans doute que le côté SF n'est pas assez approfondi (l'idée est excellente mais son traitement reste léger car l'objectif de Bordage est, à mon sens, davantage porté sur l'intrigue policière).

Les porteurs d'âme sont au final celles et ceux qui ouvrent nos esprits, qui nous permettent de capter le monde avec leur vision, de transformer nos points de vue, nos horizons. Des vaisseaux salvateurs permettant d'affiner notre capacité d'adaptation et de changer nos points de vue.
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Je suis assez surprise de me l'entendre dire, au fait, pourquoi je ne l'ai pas lu avant ? C'est avec mon amie Crasynath, que j'entreprends cette lecture. Je ne sais pas du tout à quoi m'attendre et je me laisse happer tout simplement par cette histoire, que nous offre Pierre Bordage.
C'est donc un petit pavé, et on met une semaine à le finir. Je n'en reviens pas, aussitôt que je rentre dans l'histoire, je suis subjuguée par son écriture, je découvre les personnages et je suis toujours attirée par cette histoire. Je constate que l'énigme est bien construite, le suspense est au rendez-vous et tu es toujours sur l'adrénaline.



C'est également un beau partage avec Crasynath, on s'attend toujours à notre point de rencontre, pour échanger ensemble. Je crois qu'on ressent les mêmes impressions pour cette histoire : elle se lit vite, elle est vraiment captivante et on va à la rencontre des personnages tout en couleurs.

Sentimental, Intense, Enveloppante

Je constate au fur et à mesure, qu'on avance, on suit effectivement une intrigue policière et on fait la connaissance d'un policier, que je suis sous le charme. Il se prénomme Edmé et on l'accompagne dans son enquête. Il nous amène avec lui sur des terrains glissants, dont on sent constamment le danger et le piège se refermer sur lui, si on n'y prend pas garde.



Je définis cette histoire empreinte d'amour, de couleurs et de saveurs. C'est une belle découverte et elle se révèle à mes yeux : un beau coup de coeur. Pierre Bordage aborde des thèmes qui lui tiennent à coeur, et il amène très bien les sujets. Je ne ressens pas qu'il est moralisateur, il fait juste passer son message. Je trouve que c'est assez intéressant pour le lecteur, il amène des bons points et ça n'enlève rien dans le récit.
C'est une histoire qui te tient en haleine, du début jusqu'à la fin. Je tiens à dire que chaque personnage joue un rôle important, qui soit principal ou secondaire. Tu es également conquise par Léonie, Cyrian, Edmé, qu'on prend plaisir à les découvrir, au cours de l'histoire.
Ce qui retient également mon attention, c'est la Confrérie, qui joue également un rôle vraiment déterminant et c'est juste vers la fin, qu'on va savoir c'est quoi sa véritable fonction dans cette histoire.



J'apporte également quelques précisions, on retrouve effectivement du vocabulaire vulgaire même voire raciste. Pour le lecteur, on peut être dérangé par certains passages qui sont brutes, violents et dominants. Pierre Bordage sait bien équilibrer le tout car je découvre encore une fois une plume qui sait transmettre de la profondeur, de la tendresse et de la chaleur humaine à ses personnages. Il nous offre aussi des belles phrases, qui font le bonheur du lecteur, j'en suis ravie.



Pour terminer, Pierre Bordage signe encore ici une excellente histoire. C'est vraiment facile à lire, il n'a pas de passages qui peuvent horrifier des lecteurs. C'est un auteur qui m'impressionne toujours, peu importe le livre qui nous offre, c'est vraiment un conteur remarquable et talentueux. Il nous fait également réfléchir sur notre instinct de survie, sur nos valeurs et sur la société. C'est un livre, que tu n'es plus capable de lâcher, dont l'auteur sait garder ton attention et il te laisse toujours sur la faim, jusqu'à la toute fin. Je trouve que finalement le titre du livre « Les porteurs d'âmes» porte bien la signature de l'histoire.



Je remercie également Crasynath pour notre bel échange et pour nos ressentis qu'on partage au cours de la lecture. Je crois qu'on ressent pareil, c'est vraiment une magnifique histoire, ça ne s'explique pas, il faut le lire. Il compte maintenant parmi mes livres préférés dont «Chronique des ombres» de cet auteur. Si vous voulez lire une histoire, qui est riche en voyages, péripéties et complots, vous allez être servis avec celui-ci.

Challenge Pierre Bordage 2016/2017

Siabelle
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Bordage nous raconte l'histoire de trois vies, de trois destins.

Léonie, une jeune femme africaine, vendue par ses parents et prostituée depuis l'âge de 8 ans, jusqu'au jour ou elle arrive a s'enfuir. Clandestine dans la capitale, elle sert de cobaye dans un pseudo institut pharmaceutique afin de pouvoir survivre.
Cyrian, un jeune étudiant, issu de la haute bourgeoisie. Imbu de sa personne et capable de tout pour arriver à ses fins. Il désire plus que tout entrer dans la confrérie des Titans. Une confrérie ou tout est permis et ou les expériences sortent de l'ordinaire.
Et enfin, Edmé, la cinquantaine, flic en errance, que sa direction cherche à mettre sur le carreau.

Il est intéressant de voir chaque chapitre raconter, l'un après l'autre, l'histoire des personnages. D'autant que Bordage, aussi bien dans le caractère que dans la narration arrive à créer un monde appartenant à chacun d'eux.
Il faut avouer que ce roman est très riche, l'auteur, une fois de plus, arrive a méler les genres avec brio. On passe du fantastique au policier / thriller en passant par un roman de société. En effet, Bordage n'est pas avare dans ses critiques de notre monde actuel.

J'ai beaucoup apprécié ce roman, qui met en avant les affres de notre monde d'aujourd'hui et qui touche juste, là ou il faut.

Je n'aime pourtant pas , en général, les romans qui relatent de violence sexuelles, mais j'avoue que Bordage a su le faire avec une grande humanité et ma lecture n'en a pas été perturbée.

Ce roman est peut-être long a démarrer (cela se conçoit avec trois personnages à mettre en place), mais une fois passé ce cap il est complètement addictif..
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Porteur d'âme…. Mais l'âme c'est quoi au juste ? appelons maitre Jung pour un petit cour isotéro quantique de l'interprétation subjective archétypale d'un inconscient anima persona gratta…

Jung : C'est une figure archétype de l'éternel discontinuité de l'ordre inconscient.

Freud : Cher confrère vous vous fourvoyez, c'est une bite, une énorme bite…

Nietzsche : C'est le surmoi d'une sagesse dogmatique d'un éternel retour subjectif de l'art.

Moi : ????

Vous l'aurez remarqué dans certains de mes avis qui pullulent de médiocrité par un délire ironique qui me caractérise fort bien, je ne comprends jamais grand-chose, du coup et c'est un peu l'effet « Nobel » ou pour faire plus simple : « L'habit ne fait pas le moine » : je n'ose pas remettre en doute la parole d'évangile de prophètes intellectuels certainement très habiles et certainement pas cons pour un concept mais à côté de mes pompes… et de ce fait cognitif bien connu est forcément gage d'objectivité et de véracité.

Plus c'est compliqué, poétique et sophistiqué, donc incompréhensible, plus notre cerveau biaise notre compréhension, et plus il est simple d'employer le même principe d'élucubration pour se rendre l'audimat complaisant, perdu dans des interprétations personnelles subjugué par tant d'aisance et de charisme chamanistique, ce qui rend l'explication complètement subjective et souvent irréfutable de véracité.

La personne qui écrit se voit attribuée un statut intellectuel dès plus bandant, un vocabulaire Houdinesque, un jargon scientifique pompeux et hasardeux, bref mon intuition me glisse souvent à l'oreille que je lis probablement de la merde mais que pour des raisons de bonne entente sociale je ferme ma gueule parce que c'est incompréhensible pour mon petit moi de rien du tout…

car quelquefois je pige tout heureusement pour mon égo sous-dimensionné, mais bizarrement quand je pige bien tout comme il faut, ce sont des bouquins de vulgarisation scientifique avec des choses avérées, prouvées, et confirmées par un grand nombre de scientifiques reconnus dans leur domaine (et pas dans celui d'un autre)… bien sûr il faut être capable de dissocier le parti pris propre à chacun qui souvent nous emmène dans de nébuleuses interprétations, mais dans les grandes lignes et jusqu'à preuve du contraire je me range du côté des études scientifiques claires et précises. Bref je vais plutôt croire ce qui est rationnel et cohérent.

Alors bien sur nous n'en sommes pas à jeter toutes les idées grotesques aux oubliettes sous prétexte que je n'ai rien compris hein, mais on veut tellement comprendre et croire que notre raisonnement trouve une certaine cohérence avec une corrélation certaine entre ce que nous pensons et ce que pense l'auteur, en gros on cherche à justifier notre incompréhension, pour donner un peu sens à nos lectures et quelquefois pour paraitre un peu moins con. Notre intuition est trompeuse, elle nous protège en quelque sorte, elle n'est pas rationnelle dans la majorité des cas, elle se range à la majorité ou à l'autorité compétente pour notre bien.

- Dessine-moi un mouton.
- Oui chef

Je plaide coupable, Mais notre boite à comprenette s'affute au fur et à mesure de notre maturité et de notre expérience, en restant sceptique, on peut se soigner de grandes choses.

J'ai appris à mes dépends que j'étais très influençable dans mes opinions, bah en fait pas plus que ça, si mon interlocuteur me prouve que j'ai tort alors je sais reconnaitre ma connerie, je ne m'enfonce pas dans un délire pour sauver un égocentrisme douteux et un narcissisme déroutant de bêtise populaire. Et quand je ne comprends absolument rien, souvent il y a un truc qui cloche.

Bref je n'ai aucune croyance dogmatique, je ne crois absolument pas au surnaturel, à l'ésotérisme à l'alchimie, à l'ostéopathie, au magnétisme, aux croyances diverses et variées qui peuplent notre vaste monde, je crois en la théorie de l'évolution, à l'astronomie, au calculs mathématiques, à l'égalité des sexes, j'emploie le quantique de manière ironique mais j'en connais le principe.

Et je ne crois pas en l'âme mais bien en la mort, je ne cherche pas à l'oublier ou la rendre plus acceptable ou plus douce, je ne cherche pas le sens de ma vie sur terre, j'essaie d'accepter qu'il n'y en ait pas, le hasard scientifique fait de nous ce que nous sommes, des animaux intelligents et sociables qui s'inventent des fables pour faire passer la pilule éternelle de l'oubli, notre âme quant à elle est scellée dans les bouquins d'histoire ou dans l'esprit de nos descendants.

Il faut distinguer l'imaginaire du réel, l'un nous protège, l'autre nous agresse continuellement, faisons la part des choses en acceptant l'inéluctable.

Sinon le bouquin qui n'a rien à voir avec mes conneries est pas mal du tout.

A plus les copains
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Dans un Paris plus ou moins proche, ça commence comme un chassé-croisé
entre Cyrian, un jeune sans état d'âme tout fraîchement promu titan qui va faire son premier voyage extracorporel , Edmé, un flic en bout de course à l'âme désabusée qui découvre un horrible charnier et Léonie, une jeune libérienne à l'âme meurtrie qui sert de cobaye...

Porteurs d'âmes de Pierre Bordage mélange les genres (thriller, SF, polar) sans complexe . Un peu comme le fait Maurice Dantec mais dans une vision moins nihiliste. Bien que la violence soit omniprésente dans son roman, Pierre Bordage croit en l'humanité, en l'amour salvateur.

Il nous offre une plongée sidérale dans l'Autre...
Un voyage clandestin schizophrénique borderline.
Et sait atterrir sur la terre ferme lorsqu'il dénonce les conditions d'exploitation d'une frange de la population (les réfugiés, les sans papiers, les SDF).
Les trois héros ne manquent pas d'âmes...en revanche les autres comme la hyéne, le Paon, les hiboux et les gothiques pas très catholiques en sont fort dépourvus...
Un sacré raconteur d'histoire qui sait nous transporter.

Le mélange des âmes et des genres à la sauce Bordage, ça déménage !
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critiques presse (1)
Lecturejeune
01 mars 2008
Lecture jeune, n°125 - Ce roman à trois voix déroule trois récits parallèles qui finiront malgré tout par se rejoindre : celui de Léonie, jeune libérienne sans papiers, acceptant pour un peu d’argent de tester des médicaments ; celui de Cyrian, jeune privilégié cynique, prêt à toutes les trahisons pour intégrer une société secrète – la confrérie des Titans, qui lui garantit réussite sociale et poste de pouvoir ; et enfin celui d’Edmé, dit « le Miso », vieux flic désabusé à l’esprit trop libre pour ses supérieurs, mais dont les facultés d’intuition vont se réveiller lors de la découverte d’une série de cadavres dans la Seine. Le tout s’inscrit dans un très proche avenir où les travers de la société française ont développé leur logique ; notamment la corruption, l’exclusion sociale, l’obsession sécuritaire. Un objet favorise la rencontre de ces trois héros : un « translateur », étonnante découverte de la confrérie des Titans qui offre à certains privilégiés la possibilité de faire voyager leur âme dans un corps « d’emprunt », souvent celui d’un exclu prêt à tout pour un peu d’argent. L’originalité du livre repose sur ce thème du voyage extracorporel et de l’expérience de l’altérité : Cyrian découvre peu à peu de nouvelles perceptions dans un nouveau corps et commence à comprendre la relativité de sa compréhension du monde. L’intrigue policière liée au translateur, tragique enjeu de bien des convoitises, donne au livre un rythme soutenu, une tonalité sombre et pessimiste. Toutefois, les histoires d’amour qui se nouent en arrière-plan apportent une note d’espoir. Marie-Françoise Brihaye
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Citations et extraits (77) Voir plus Ajouter une citation
L'indiscipline des parisiens, leur manie de prendre leur voiture dès qu'ils avaient plus de cent mètres à parcourir, leur agressivité, avaient découragé la municipalité de chercher une solution efficace aux problèmes de circulation. Un projet de péage avait été repoussé pour éviter la grogne d'un cinquième du peuple français avant les élections présidentielle et législatives. Concilliants avec la population de l'intérieur,impitoyables pour les populations de l'extérieur, tels se présentaient les programmes minimalistes, de la plupart des candidats. Pratiquement rien sur les délocalisations accélérées, rien sur la fin programmée du travail productif, rien sur la fuite des élites dans les paradis fiscaux, rien sur l'écart grandissant entre la minorité possédante et la majorité appauvrie, rien sur le système de santé en pleine déliquescence, rien sur les gigantesques flux d'argent transitant par les Bourses."
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"Elle avait d'abord été émerveillée par l'élégance de son écriture, une écriture d'écolier appliqué avec des pleines, des déliés, des arabesques, puis envouté par la magie de ses mots. Elle ne les comprennait pas tous, mais ils formaient dans sa tête des farandoles joyeuses, gracieuses, ils s'envolaient comme des nuées de papillons aux couleurs vives, ils la rendaient légère, presque euphorique. Elle s'était demandée comment un vieux singe pouvait détenir un tel pouvoir sur les mots, pourquoi il refusait de partager son trésor avec les autres. Anselme avait répondu qu'il s'arrangerait pour éventuellement faire publier ses écrits après sa mort. Les poètes , quand ils ne mouraient pas avant d'être connus, devenaient des emmerdeurs gavés de gloire, des habits verts, des imposteurs. Le refus était l'essence même de la poésie, le refus transperçait les illusions comme une pointe de sabre, le refus permettait à l'homme de briser ses chaînes et de renaître au monde vrai, là où le temps cessait d'exister, là où l'être se revelait dans toute sa dimension. La richesse, les honneurs, la reconnaissance obscurcissaient l'esprit, alourdissaient le corps, brisaient l'envol. Le poète n'était pas maudit, seulement condamné à l'ascetisme. Anselme avait connu des jours difficiles dans les rues, des nuits d'une solitude si féroce qu'il en était presque devenu fou, et, pourtant, pour rien au monde il n'aurait renoncé à cette vie d'errant, jamais il n'aurait troqué les minuscules fragments d'inspiration offerts par le ciel pour un confort de tous les instants. Ne possédant rien, il régnait sur la terre et le ciel, il visitait les astres lointains et les créatures étranges du fond des océans, et les labyrinthes ténébreux de la nature humaine, et les coeurs brûlants des déserts. de ceux qui le regardaient avec pitié et de lui qui les regardait avec compassion, qui était le plus malheureux ?"
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Il avait grandi dans le silence feutré de la grande bourgeoisie de province, celle qui se nourrit de la peur et de la sueur des hommes sans jamais se départir de ses oripeaux humanistes. Celle qui met sur la paille plusieurs centaines ou milliers de salariés sans donner l’impression de s’en laver les mains. Celle qui fournit en armes les deux belligérants d’un conflit tout en organisant des charters humanitaires pour les survivants. Les parents de Cyrian étaient de ceux-là : le groupe NATECNO fabriquait, entre autres, des missiles à nano-téléguidage et des bombes à phosphore, interdits par la Convention de Genève mais discrètement commercialisés par les États européens. Tandis que son père vendait ses merveilles technologiques conçues pour massacrer des milliers d’inconnus, sa mère présidait une association qui expédiait des soignants dans les régions du globe ravagées par les guerres. L’une s’appliquait à réparer ce que l’autre pulvérisait.
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Un mois après l’évasion de Léonie, une autre pensionnaire du foyer, Lia, une gamine à la blancheur, à la maigreur et à la blondeur éblouissantes, lui avait parlé d’un boulot hyper bien payé, pas vraiment un boulot, juste jouer les cobayes pour de nouveaux médicaments, mille cinq cents euros, ouais, j’déconne pas, tu t’y rends deux fois, la première pour prendre le médicament, la seconde trois ou quatre jours plus tard pour les analyses de sang, t’as rien d’autre à faire que t’allonger sur un pieu propre et dégager ton bras, t’es pas obligée de baiser ou de sucer, y a pas de mains baladeuses, pas de saloperies, une toute petite piqûre de rien du tout dans la veine, tu palpes les mille cinq cents balles en liquide, pas de reçu, pas de bulletin de salaire, pas de charges, pas d’impôts, tu te casses avec les thunes, ni vu ni connu, le super bon plan, quoi !
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Souvent Cyrian se demandait pourquoi sa vie lui était tombée dessus, pourquoi il percevait le monde par ses sens et non par les sens d’un autre. En ce moment, le monde se réduisait à un vestibule plongé dans la pénombre et une conversation avec sa maîtresse au corps splendide et meurtri. Le monde se réduisait pour Aurelle à un ancien amant recroquevillé dans un vieux fauteuil en cuir, ratatiné dans ses fringues, cisaillé par les remords, empêtré dans ses contradictions. […] En ce moment même quelqu’un se noyait, une femme accouchait, un couple s’aimait, un grabataire gémissait, deux gamins s’arrachaient les cheveux, un homme hurlait au milieu d’une foule, un voyeur se masturbait, un chirurgien opérait, un désespéré se pendait, une assemblée riait aux éclats, des gens sortaient en courant de leurs maisons secouées par un tremblement de terre… Un puzzle infini qu’on ne pourrait jamais reconstituer, un kaléidoscope dont aucun être humain n’appréhenderait un jour la complexité. Quelle était sa place là-dedans ? Pourquoi était-il lui et pas un autre ? Est-ce qu’il pourrait vraiment un jour changer de moi ? Est-ce que c’était ça, le voyage fabuleux promis par Johannes, le prix de sa trahison ?
Chapitre 5, p 48
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Vidéo de Pierre Bordage
Nous accueillons aujourd'hui l'écrivain Pierre Bordage et l'éditrice Stéphanie Nicot, deux figures de la science-fiction contemporaine.
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