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EAN : 9782070100781
1573 pages
Gallimard (01/05/1936)
4.31/5   8 notes
Résumé :

Ce volume contient les oeuvres suivantes : Oraisons funèbres - Panégyriques - Discours sur l'Histoire universelle - Sermons: Méditation sur la brièveté de la vie. Sermon sur la Providence. Second sermon sur la Providence. Sermon sur la mort - Relation sur le Quiétisme. Édition de Bernard Velat et d'Yvonne Champailler.

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Oui, je sais… Vous vous dites : « Pas possible ! Elle a tourné catho, Nastasia ?! » Eh bien, soucieuse de lever rapidement tout suspense sur cette question, je m'empresse de répondre non, définitivement non. Mais Bossuet, par contre, m'a mis une sacrée claque, mes aïeux, quelle claque !

S'il s'était agi de tout autre chose que de religion, ce n'est pas 4, ni 5, ni mille que je lui en aurai donné, d'étoiles : c'est toute la Voie lactée ! Quel style ! Que c'est beau, mais que c'est beau, nom de dieu ! Quel dommage de mettre un si grand talent littéraire au service d'une si piètre cause.

Sur le fond, cette collection de sermons, d'oraisons funèbres et de panégyriques n'a vraiment aucun intérêt à mes yeux. En revanche, sur la forme, l'excellence de la langue produite, la cadence absolument magnifique des phrases, des paragraphes ; la somptuosité de la ponctuation, en un mot, la magie de ce style, si raffiné, si épuré, si cristallin m'ont vraiment coupé le souffle et ravi les oreilles.

J'ai eu cent fois raison de passer outre mes a priori religieux, dieu me pardonne, pour aller goûter de ce nectar-là. Alors c'est vrai, pour nous autres athées jusqu'au trognon, la constance des références au seigneur, aux évangiles ou aux pères de l'église ont un côté rasoir très affirmé, mais juste pour le plaisir d'entendre sonner la langue, juste pour se rendre compte de ce que l'on peut faire de beau avec cette application pour smartphone qu'on nomme langue française, à l'heure où tout se logge, où tout se dispatche, où tout se keep in touch, où tout se bitlite et se heroicfantasyte, ça fait du bien de lire du vrai français qui sonne, qui vibre comme un diapason à nos oreilles engourdies.

Paul Valéry disait de lui qu'il était probablement le plus grand poète français de tous les temps et « qu'il écrivait ce qu'il voulait ». Je peux désormais comprendre une telle affirmation, aussi surprenante puisse-t-elle paraître. En fait, pour bien me rendre compte, j'aimerais ne pas comprendre le français : ainsi pourrais-je jouir uniquement de la musique (tant mélodie que rythme) qu'a composé Bossuet. C'est quelque chose d'incroyable, qui est clairement et indubitablement de la prose, et qui pourtant est cadencé, musical et sonnant comme de la poésie. Un formidable entre deux, unique selon moi dans la littérature française.

Alors, tant pis pour Jésus, avant que le franglais n'ait grignoté tout l'espace, je me suis fait un petit shoot aux good vibes de Bossuet. Et, entre nous soit dit, les Foenkinos, les De Vigan, les de Kerangal, vous aurez beau suer, vous n'êtes pas près de tutoyer l'altocumulus avec Bossuet, c'est moi qui vous le dit. Croyez-moi, écrivains d'aujourd'hui, de demain, il y a des choses à prendre chez ce grand maître ès-prose qu'était Jacques Bénigne (pas si bénigne que ça d'ailleurs) Bossuet. Ceci étant, ce n'est ni un sermon ni un panégyrique, mais juste mon minuscule avis, autant dire, pas grand-chose.
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L'encenseur magnifique.
(Critique des Oraisons Funèbres)
Le risque principal des oraisons funèbres consiste à vouloir ne conserver pour la postérité que les qualités, les hauts faits du défunt et passer sous silence ce que l'orateur considère comme des petitesses, des mesquineries ou des erreurs. Dans cette perspective, la mort embellit ceux qu'elle touche et nous en apprend autant sur le disparu que sur l'orateur. Bossuet en réalité n'échappe pas totalement à cette tendance de fond. Ses oraisons, prononcées lors de messes de commémoration devant un parterre formé de la très haute société française du 17ème siècle et parfois en présence du roi lui-même, ont remporté un tel succès qu'elles ont été éditées à partir des brouillons de l'auteur qui ne les a que rarement retouchés. Mais en quoi se démarquent-elles des nombreuses autres, à l'époque où elles formaient un genre à part entière ?
D'abord, ce qui retient l'attention, c'est leur nationalisme, leur patriotisme qui se décline en gallicanisme en matière de religion. On retrouve chez Bossuet un constant respect des puissants, des nobles, des « bien en cour » qui influe sur ses réflexions historiques et politiques comme, par exemple, le soutien inconditionnel à la révocation de l'Edit de Nantes. L'orateur apparaît lui-même comme un notable du régime en retraçant la vie du défunt dans une perspective historique qu'il refaçonne en vue de laisser une certaine image à la postérité. Ce récit vaut surtout par les anecdotes et la vivacité propres à ceux qui ont vécu de près les événements qu'ils décrivent.
Ensuite, l'évêque de Meaux considère chaque oraison comme une réflexion sur la mort et surtout comme l'occasion d'un enseignement religieux (ici catholique), moral et philosophique. Il considère qu'il se doit à la fois d'édifier son auditoire et de lui faire ressentir et partager les nécessités religieuses que la mort d'un être cher a rendues plus frappantes. Il n'hésite pas à faire appel à de nombreuses références tirées, soit de l'Ancien ou du Nouveau Testament, soit d'auteurs profanes grecs ou romains de l'Antiquité en gardant le plus souvent la langue d'origine! Il trace la voie d'une foi exigeante qui renie toute hérésie ou déviance. C'est un peu la voix idéale de l'élite de la société française du 17ème siècle.
Enfin, probablement à son corps défendant, Bossuet fait montre des qualités d'un écrivain hors pair qui se hisse à la hauteur des plus accomplis que la langue française ait connus. Son expression s'avère le plus souvent magnifique, éblouissante, inventive, colorée, percutante. Alliant la formule à la métaphore, elle transcende la pensée de l'orateur. Justement, l'orateur : quand on pense que chacun de ces textes a été déclamé (ce qui devait prendre un certains temps !), on reste pantois devant le travail de conception de l'oraison et le fait que cet écrit devait subir le passage à l'oral au cours d'une messe. Il fallait captiver « en direct » l'intérêt et l'approbation d'un public trié sur le volet ! Peut-être est-ce d'ailleurs une des clés de la réussite de ces discours ?
Comme beaucoup d'auteurs, Bossuet reste à la postérité pour des raisons qu'il n'aurait pas particulièrement chéries : sa langue, son style et sa recherche d'une certaine pureté d'expression, davantage que pour son contenu, son enseignement et sa visée morale. Néanmoins, ces oraisons demeurent remarquables par ce qu'elles incitent à la réflexion sur la mort, sur la religion, sur l'histoire, sur l'humanité, sur l'évolution des moeurs et des sociétés.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
" Le monde se réjouira, " dit le Fils de Dieu ; " et vous, mes disciples, vous serez tristes. " Qu'est-ce à dire ceci, Chrétiens ? Le monde, les amateurs de biens périssables, les ennemis de Dieu seront dans la joie : encore ce désordre est-il supportable ; mais vous, ô justes, ô enfants de Dieu, vous serez dans l'affliction et dans la tristesse ! C'est ici que le libertinage que l'innocence ainsi opprimée rend un témoignage certain contre la providence divine, et fait voir que les affaires humaines vont au hasard et à l'aventure.

SERMON SUR LA PROVIDENCE.
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Je ne suis venu que pour faire nombre, encore n’avait-on que faire de moi ; et la comédie ne se serait pas moins bien jouée, quand je serais demeuré derrière le théâtre.

Méditation sur la brièveté de la vie.
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«  Le bonheur humain est composé de tant de pièces qu’il en manque toujours » .
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Il y a une éloquence du silence qui pénètre plus que la langue ne saurait faire .
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La modération, que le monde affecte, n'étouffe pas les mouvements de la vanité: elle ne sert qu'à les cacher; plus elle ménage le dehors, plus elle livre le cœur aux sentiments les plus délicats et les plus dangereux de la fausse gloire. (p.103)
(O.F. de Henriette-Anne d'Angleterre)
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Videos de Jacques-Bénigne Bossuet (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacques-Bénigne Bossuet
Parmi les écrivains les plus illustres du XVIIe siècle, Corneille, Racine, Molière, La Fontaine, Bossuet, Boileau, Mme de Sévigné, Mme de Lafayette, figure La Bruyère. Avec Les Caractères ou les Moeurs de ce siècle, il a tendu au public de son époque un miroir qui nous reflète toujours. Bien des comportements de la société de Louis XIV ressemblent aux nôtres. Les temps changent, pas le fond des hommes. Jean-Michel Delacomptée explore ce miroir et ce que ses reflets disent de nous. De La Bruyère lui-même, on sait fort peu de choses. Quels milieux fréquentait-il ? Était-il misanthrope, misogyne ? A-t-il aimé ? Était-ce un orgueil blessé ? Quelle était la morale de cet auteur si grave et pourtant si drôle ? Jean-Michel Delacomptée brosse le portrait captivant de ce classique de notre littérature. Il ouvre ainsi une porte dérobée dans les Caractères, dont il rappelle avec force l?intemporelle grandeur.
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