Une thèse de doctorat en anthropologie peut-elle vraiment présenter un intérêt pour le commun des mortels ? Oui, définitivement, si elle est, comme ici, remaniée pour en purger les éléments trop académiques sans toutefois rogner sur la profondeur des analyses ni sur les enseignements que Bouchard tire de sa fréquentation des truckers québécois qui ont contribué la grande entreprise de la Baie James. Car c'est à toute une culture, avec ses codes, ses valeurs, ses rites, que nous introduit par ce bouquin Bouchard dont la réputation de grand observateur du “vrai monde” n'est plus a faire. le sujet est pointu, mais ce livre se lit en partie comme un roman d'aventure, en partie comme un essai brillamment vulgarisé. Chose certaine je ne vois plus les camions que je croise sur les routes de la même façon qu'avant . . .
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Juste avant son décès, Serge Bouchard a enfin publié un remaniement pour le grand public de sa fameuse thèse sur la culture des camionneurs des routes sauvages du nord-ouest québécois. Je dirais que ce n'est pas le livre que je donnerais à quelqu'un qui veut lire leur premier livre de cet auteur extraordinaire. Mais c'est définitivement un sujet très rarement exploré dans les livres et ça pourrait valoir le détour, surtout pour les fans fini de Serge Bouchard!
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Un nouveau livre de Serge Bouchard, c’est l’assurance d’un plaisir de lecture. Cette fois-ci, le plus que sympathique anthropologue a décidé de donner une nouvelle vie à ses observations sur les camionneurs du Nord-Ouest québécois.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Une incursion fascinante dans le monde des camionneurs d’hier à aujourd’hui signée Serge Bouchard et Mark Fortier.
Lire la critique sur le site : LActualite
Déposée en 1980, sa thèse de doctorat sur les camionneurs du Nord devient enfin un livre.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Les nomades aiment le nomadisme. Les camionneurs aiment les camions. Pour les comprendre, j’ai aimé les camions comme j’ai aimé la taïga, en essayant simplement de saisir la réalité telle qu’elle se manifestait dans la tête de ceux qui la vivaient - sur le territoire à la manière innue, sur la route des camions à la manière des chauffeurs. Cela s’appelle la sympathie.
Chaque camion est un sujet, chacun a un timbre sonore, une manière de forcer, chacun a son histoire, ses cicatrices, son usure. On peut parler comme un camion, avec une grosse voix tranquille, de la même manière que les conteurs innus savent parler comme un ours. Les routiers sont des passeurs, comme tous les nomades de ce monde.
Y en a dans le tas qui vont sacrer en ostie quand y vont se réveiller. Des fois tu veux canter pour une heure, mais quand t’es ben dans un parking comme ça, avec d’autres trucks autour, ça ronronne en tabarnak pis tu pars pour la nuit, c’est pas long. Tu te réveilles cinq ou six heures après, pis là, t’es en calvaire après toi.
Heureusement, l'humanité est une mauvaise herbe qui repousse partout où on l'arrache.
Pour devenir un truckeur, il faut admettre que la route n’est pas une ligne entre deux points. Elle est un cercle, un univers comprimé et refermé sur lui-même. La route est bornée, mais infinie.
Conférence de Serge Bouchard 4/4