Imaginaires et réalités vikings.
Aborder les Vikings par les contes et légendes peut passer pour un manque manifeste de sérieux. de plus, avec des illustrations typiques d'un livre de jeunesse, la cause est entendue: cet ouvrage est à réserver aux enfants, pas même à de jeunes adolescents, qui se délectent d'histoires exotiques, fantastiques et invraisemblables. Ces constatations seraient en partie défendables si on ne se plaçait pas, comme ici, dans l'imaginaire des sociétés nordiques anciennes. A partir de là, n'y voir que de vieilles histoires de la tradition orale destinées à égayer les longues et froides soirées scandinaves serait commettre une grave erreur.
En effet, si on prête une réelle attention à ces récits, si on les lit sérieusement, on y découvre de nombreux centres d'intérêt. D'abord, l'importance du sentiment religieux : Récits de création et de fin du monde, les Dieux s'inscrivent dans une histoire, ils sont présents dans la vie quotidienne, ils possèdent la capacité d'infléchir le destin des hommes aussi faut-il se les concilier et donc connaître les rites. Ensuite, une société patriarcale où la force, la détermination, la bravoure guerrière, la descendance masculine représentent des atouts essentiels, souvent ces "qualités" sont associées à la beauté physique (individus grands, blonds, aux yeux bleus). Puis, la ruse, que ce soit celle des Dieux (Loki) ou celle des hommes, tient une place capitale dans les relations de pouvoir. Enfin, il ne faut pas oublier le rôle des noms propres. Chaque individu exemplaire est identifié par un nom qui lui est particulier, mais c'est aussi le cas d'attributs exceptionnels et magiques comme le marteau de Thor (Mjollnir), le cheval d'Odin (Sleipnir), l'épée de Heidrek (Tyrfing), ...
On s'aperçoit ainsi qu'on a affaire, dans ce petit recueil, à une véritable prise de connaissance de modes de vie vikings dans leurs composantes religieuse, politique et sociale, presqu'à une esquisse d'anthropologie: Pas mal pour un simple livre de jeunesse!! En fait, il s'agit plutôt d'un début de vulgarisation exigeante des sociétés Vikings qui donne envie de fouiller davantage, d'aller plus en profondeur grâce à d'autres approches complémentaires (archéologie, histoire, sagas, ...). Un livre qui atteint donc son but sous des aspects faussement faciles (dessins, illustrations) qu'on peut lire au premier degré mais qui nous rappelle que c'est un complet non-sens de réduire les Vikings à des hordes de pilleurs barbares, ignares et indisciplinés.
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L'homme à la tête vide
croit que tous sont ses amis
parce qu'ils rient avec lui;
mais il s'aperçoit
quand il va au tribunal,
qu'il a peu de défenseurs.
(Les avis d'Odin, p.129)
Parle sur le champ,
car le voyageur reposé
peut faire un rapport erroné
et le trainard a le temps
de broder des récits mensongers.
(La ballade de Thrym, p.86)
Je me sentais bien riche
quand je trouvais un ami;
l'homme est un plaisir pour l'homme.
(Les Avis d'Odin, pp.130-131)