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3,85

sur 272 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Le premier mot qui me vient à l'esprit pour parler de ce texte de plus de 900 pages, c'est « monstrueux ». Oui, à bien des égards, Grégoire Bouillier, quand il s'empare de l'affaire Marcelle Pichon, produit un récit proprement monstrueux.

D'abord parce que la mort de cette femme, qui décide un jour de 1985, d'arrêter de s'alimenter et de tenir le journal de son agonie, exerce une fascination morbide sur l'écrivain, et sur le lecteur aussi.

Ensuite parce qu'à partir de cet évènement, le travail de recherche colossal, de documentation, d'enquête, cette somme que l'on peine à soulever (plus d'1 kg vraiment) est monstrueusement impressionnante par son volume et la complexité de ce que construit l'écrivain.

Par ailleurs, c'est bien un monstre que finit par créer Bouillier, celui d'une fiction totale qui, si elle s'appuie sur le réel pour exister, échappe complètement à son créateur. C'est l'histoire d'une obsession pour Marcelle Pichon qui se transforme en une quête des origines, d'un livre pour comprendre l'autre qui devient de la littérature de soi.

Enfin, cette lecture a pris souvent l'apparence d'une expérience de lecture complètement excessive : j'ai adoré les conversations avec Penny, la fiction de l'agence de détective BMore, la plongée dans la France des années 40, les références littéraires à foison, l'humour teinté d'absurde et la douce folie qui habitent Bouillier.
Et puis j'ai détesté ses bavardages incessants et stériles parfois, je n'ai pas adhéré à la pure spéculation autour du suicide de Marcelle, ou des motivations de chacun des protagonistes liés (de près ou de trèèèès loin) à sa vie, et la conclusion du récit m'a très peu convaincue.

Adoré et détesté donc, ce récit que je n'ai pourtant pas réussi à lâcher. Si finalement je n'en sais pas davantage sur les motivations de Marcelle-la femme, je n'oublierai jamais Marcelle-personnage, née de l'incroyable travail littéraire de Grégoire B.

Je suis ressortie de cette lecture sonnée et soulagée, impressionnée et consciente d'avoir lu un truc indéfinissable et beau. Un joli monstre.
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Se souvenant d'un fait divers entendu à la radio il y a 32 ans, l'auteur n'adhère pas aux articles des médias qui expliquent le suicide d'une femme de 64 ans comme un drame de la solitude.
D'autant plus que, se laisser mourir de faim pendant 45 jours, tout en tenant le journal de son agonie, pourrait s'expliquer par une contrainte encore indéterminée mais semble incompréhensible pour un suicide.

Alors en 2018, il invente un couple de détectives, Bmore et Betty qui vont enquêter pendant 3 ans sur cette mort insolite et tenter d'en savoir plus sur la vie de cette Marcelle Pichon, autrefois mannequin-vedette chez un grand couturier sous le nom de Florence.

Survolant le XXème siècle de la naissance de cette femme en 1921 jusqu'à sa mort en 1986, Grégoire Bouillier nous entraîne sur les traces de ses deux détectives, s'inspirant de la littérature, de l'Histoire et de la psychologie, pour mieux comprendre ce qui peut pousser quelqu'un à s'infliger un tel supplice.

Ecrit dans un mélange d'essai et de roman, ce livre qui ne fait pas moins de 1271 pages, nous parle de l'abandon par la mère, du culte de la beauté et des apparences, de la peur du regard des autres et du vieillissement. Et avant tout, il réfute l'idée d'un drame uniquement social qui nierait la personnalité et l'existence hors du commun de Marcelle/Florence.

Si l'on tient le coup pendant cette longue lecture, on va y retrouver beaucoup du style débordant d'idées de Philippe Jaenada (cité à plusieurs reprises) et se passionner pour l'histoire de ce « fait divers » qui défraya si peu la chronique. J'ai parfois manqué de patience et de persévérance, mais au final, en y prenant le temps, cette analyse sociétale et historique était bien intéressante et je n'en regrette pas la découverte.

Merci à lecteurs.com et aux éditions J'ai Lu pour ce roman.
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Voici un livre, qui me plonge – je dois bien le reconnaitre – dans le « flou le plus artistique » ! Les premières pages m'avaient plutôt ravie, me laissant présager de très forts moments de lecture ! Dans un style très proche – pour mon plus grand plaisir – de celui de Philippe Jaenada (car, oui : je me suis vraiment régalée dernièrement, en lisant « Au printemps des monstres » …)

Cette Marcelle Pichon, morte de façon si horrible à l'âge de 64 ans, donnait franchement envie d'en savoir plus ! Autant sur sa vie que sur son tragique destin ! En tout cas, c'est ce que nous laissait entrevoir Grégoire Bouillier-Baltimore (« B-more », détective privé …) Seulement voilà, malgré ma bonne volonté (et le réel désir de l'auteur de nous décrire son propre arbre généalogique, ainsi que celui de la pauvre mannequin de Jacques Fath) j'ai fini par me sentir un peu « perdue » dans cet « embrouillamini » d'informations …

Bon, on ne peut pas reprocher à Grégoire Bouillier sa « persévérance » (il dissèque en menus détails les années 1920 à 1985 …) Voire les années précédentes … Tout en conjecturant (de façon assez décousue) avec Penny, l'assistante de « B-more Investigation », sur l'éventuel quotidien de « Florence – Marcelle » (Florence, c'était son nom « d'artiste » …) À tel point que j'ai fini par me sentir vaguement « nauséeuse » (une bonne « overdose », provoquée par toutes ces extrapolations, je suppose ?! …)

Bref, il m'a fallu beaucoup de courage pour arriver à la fin de ce lourd (et parfois un peu indigeste ?!…) pavé de plus de 900 pages, qui m'a bizarrement laissé sur ma faim … Ce qui est le comble du paradoxe, non ??? Avis sur l'ouvrage particulièrement mitigé, donc !
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Pas facile de parler de ce bouquin qui part dans tous les sens et le moins que l'on puisse dire c'est que Grégoire Bouiller ne connait pas l'art de la concision.

J'ai un sentiment bizarre après avoir terminé le livre, celui d'avoir appris pas mal de choses mais en même temps l'impression d'avoir perdu mon temps.

Commençons par ce qui m'a plu :
Comme Grégoire Bouillier l'explique dans l'émission « Affaires Culturelles » sur France Culture (à écouter bien entendu), on sait dès le départ qu'il a l'interdiction d'écrire en son nom propre (dixit l'email reçu de la petite fille de Marcelle Pichon) et qu'il va utiliser Bmore et Penny comme dispositif fictionnel. J'ai trouvé ça intelligent car via ce procédé, il va avoir le champ libre pour mener son enquête.

Mais le point de départ vient de cette rencontre avec cette personne travaillant à l'INA et qui va lui permettre de retomber sur l'émission radio passée à l'époque et démarrer son enquête.

C'est un livre un peu fou qui va remonter dans le temps, jusqu'aux aïeuls de Marcel Pichon. Chaque indice va être un prétexte pour embrayer sur un sujet, pas toujours intéressant d'ailleurs mais globalement on apprend plein de choses via des petites anecdotes historiques. le tout étalé sur plus de 900 pages et ça aurait pu continuer comme ça pendant des centaines et des centaines de pages.

Il y a plein de moments désopilants, notamment cette rencontre avec ce couple d'octogénaires de l'immeuble de la rue Championnet. On a aussi des moments d'exaltation, comme la découverte de la sépulture de Marcelle Pichon.

Ce qui m'a moins plus, c'est la rédaction du livre, en même temps que l'enquête qui me donne l'impression de lire un rapport d'investigation où l'auteur écrit comme il parle. C'est peut être aussi ce qui fait son charme mais en ce qui me concerne j'avais l'impression de lire les épreuves de l'ouvrage.

Je dois aussi avouer que je n'ai pas toujours suivi avec intérêt les digressions historiques, beaucoup trop étalées à mon goût ou encore ces phrases ressassantes qui au final n'apportent rien mais certainement expliqué par le caractère obsessionnel de l'enquête.

Au final, un livre qui ne laisse pas indifférent, comme embarqué dans des montagnes russes avec des moments de jubilation et des moments plus ennuyeux.

A lire bien entendu, rien que pour l'expérience mais ne plaira pas à tous les lecteurs.
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Je trouve le geste de Bouiller plutôt beau mais assez vain en définitive.

Si on commence par le style très libre du livre, j'ai bien aimé toute la chaleur qu'il mettait dans ses pages, très vivantes. C'est tout de même remarquable à quel point il va dans sa quête formelle d'anarchie. Il s'autorise de longues descriptions puis quelques phrases jetées. C'est jouissif.

On ne peut ensuite pas dire que son envie psychanalytique me déplaise. Je ne connais pas cet auteur et c'est le premier livre que je lis de lui. Je ne suis pas exacerbé par ses lignes mais il est pertinent d'avoir le point de vue de quelqu'un qui à travers une enquête, cherche en fait sa propre identité.

Je suis néanmoins assez dubitatif quant à la finalité de ce texte. La balance investigation/psychanalyse est pour moi assez pauvre. Quand on prend le bilan des savoirs que l'on a sur Marcelle, ils sont moindres. Beaucoup de ce qui nous est raconté est en fait basé sur des digressions de l'auteur. C'est de ce fait assez instable et je ne suis pas sûr du moins que la personne Marcelle m'intéresse tant que ça.

J'ai donc ainsi apprécié ma lecture que je n'ai pas non plus trouvée transcendantale. La narration de Bouiller très psychologique ne m'a pas tant touchée que je l'aurais pensé.
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Le récit commence par le macabre constat de la découverte du cadavre d'une femme, quarante-cinq jours après le début de son agonie, laissée seule. L'auteur, interpellé par cette histoire, se lance dans une exploration minutieuse pour comprendre les raisons qui ont poussé cette femme à s'infliger une telle punition et à partager son agonie à travers un journal intime. Grégoire Bouillier, accompagné de sa fidèle compagne Penny, transforme cette enquête en un voyage à travers le temps et l'espace. Les archives et la généalogie de la femme deviennent des indices clés dans sa recherche. de l'enfance de la femme dans le Paris des années 20 à son mariage pendant l'Occupation, en passant par ses années de mannequinat dans les années 50 et son intérêt pour les arts occultes, l'auteur tisse une toile complexe pour reconstituer la vie de cette personne énigmatique. Au-delà de l'investigation sur le fait divers, Grégoire Bouillier semble chercher à élucider non seulement les motivations de cette femme, mais également à comprendre sa propre fascination et obsession pour cette histoire. le récit se transforme ainsi en une introspection profonde sur la nature humaine, les choix que nous faisons, et la recherche constante de sens dans nos vies. Je n'ai pas été fan de l'écriture.
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