Les bons esprits l'ont relevé de longue date, le bonheur est comme la santé : lorsqu'il est là, on ne le remarque pas. Mais que passent les années, il vous revient en mémoire, et de quelle façon !
Le diable dans un flacon. La cocaine, c'est le diable dans un flacon !
Bref, l'être humain n'existe plus. Il est hors circuit. C'est un cadavre qui s'agite, languit, souffre. Qui ne veut rien, ne pense à rien, sauf à la morphine. De la morphine!
Voici l'instant où la cocaïne, par on ne sait quelle loi secrète, que nul traité de pharmacologie ne mentionne, se transforme dans le sang en quelque chose de nouveau. Je sais : c'est le diable qui se mélange à lui. Vlas sur le perron se fane et je le déteste, et le couchant agité, grondant, me tord les boyaux. Et ainsi plusieurs fois de suite tout au long de la soirée jusqu'à ce que je comprenne que je suis empoisonné. Mon coeur commence à battre si fort que je le sens dans mes mains, dans mes tempes... et puis il tombe dans un gouffre et il y a des instants où je pense que le docteur Poliakov ne trouvera plus jamais goût à la vie...
Lorsque je ne prends pas de morphine, je redoute les bruits les plus ténus, les êtres humains me sont haïssables. Ils me font peur. En période d’euphorie, j’aime tout le monde mais je préfère être seul.
Peut-être que ma personnalité se désagrège, mais je fais tout de même des tentatives pour limiter ma consommation.
Mon cœur commence à battre si fort que je le sens dans mes mains, dans mes tempes...et puis il tombe dans un gouffre et il y a des instants où je pense que le docteur Poliakov ne retrouvera plus jamais goût à la vie...
Bref, l'être humain n'existe plus. Il est hors circuit. C'est un cadavre qui s'agite, languit, souffre. Qui ne veut rien, ne pense à rien, sauf à la morphine. De la morphine!
Des doses dont, c'est vrai, on ne meurt pas...mais c'est tout... alors que le désespoir reste, qu'il pèse de tout son poids comme il pesait auparavant.
Le morphinomane a un bonheur dont personne ne peut le priver : la capacité de mener sa vie dans une solitude totale.