Les rides du temps
Quoique publié en 1993, ce livre est d'un grand intérêt. Bien sûr de nouvelles découvertes en astrophysique et en cosmologie ont été depuis effectuées, mais la démarche de
George Smoot est originale puisqu'au lieu de nous donner de suite les résultats des recherches, il nous explique en détail les méthodes pour y parvenir. L'image de l'Univers 300 000 ans après le Big Bang, c'est quand même quelque chose ! Elle nous permet de voir comment les galaxies se sont formées. En véritable artisan chercheur, Smoot nous conte son aventure scientifique sous toutes les latitudes jusqu'en Antarctique et sa découverte de l'hétérogénéité apparente du rayonnement initial et donc de rides de l'espace-temps. C'est en véritable archéologue qu'il part à la recherche d'éventuelles erreurs et enlève les couches d'aberrations pour parvenir au résultat : l'obsession permanente de l'erreur d'appréciation ou de calcul guide l'auteur dans sa quête cosmologique.
En dépit des apparences, « la matière de l'Univers est hautement structurée, et notre Univers ressemble un peu à un bain moussant dont les parois correspondraient aux concentrations de galaxies et l'intérieur aux immenses vides de l'espace. » (cit.)
De fait, les étoiles représentent à peine 1% de la matière de l'Univers. Il semble bien que l'essentiel de la matière issue du BB soit invisible. Reste à savoir de quelle façon se répartit cette matière noire : est-elle diffuse ou concentrée en grandes structures ? Et de quelle nature est-elle ? Baryonique ou non ? Et puis quelles sont les conséquences des fluctuations quantiques sur l'uniformité de la bulle en inflation : c‘est ce que
Stephen Hawking, Alexei Starobinsky, Alan Guth, So Young Pi, et d'autres ont tenté d'éclaircir et Smoot nous narre leurs recherches passionnantes.
C'est au sein du fond de rayonnement cosmologique découvert par Penzias et Wilson en 1964 et qui leurs a valu le prix Nobel en 1978, que des indices devraient permettre de comprendre comment les étoiles et les galaxies se sont formées. le résultat « montre que la gravitation peut effectivement avoir modelé l'Univers actuel à partir des fluctuations quantiques minuscules formées dans les premières fractions de secondes suivant le BB. »
Un tour d'horizon historique très intéressant nous remet en mémoire les étapes essentielles de la découverte de l'expansion de l'Univers. Einstein, Hoyle, Gamow, et bien d'autres sont passés en revue. Les théories d'Alfven et l'effet Leidenfrost sont surprenants.
Quant à la forme de l'Univers, cela dépend si vous êtes riemannien, euclidien ou lobatchevskien.
La question de la fuite des galaxies est aussi abordée, et il apparaît que c'est la dilatation de l'espace qui donne l'illusion de cette fuite. L'effet Doppler peut être trompeur.
Un ouvrage de lecture très aisée et passionnant de bout en bout, qui montre que la cosmologie « est au confluent de la physique de la métaphysique et de la philosophie. »