Thierry Bourcy est l'auteur de
la cote 512 : une enquête de Célestin Louise, flic et soldat dans la guerre de 14-18, un livre que je n'ai pas lu, mais qui éveille ma curiosité, donc je l'ai à l'oeil ou je le garde au chaud selon la formule.
Celui-ci étant différent, tout récent, 2023,
Comment je ne suis pas devenu serial killer. Édité par Blacklephant Éditions, qu'on ne s'y ‘trompe' pas, et reçu dans le cadre de la masse critique Babelio, Babelio que je remercie vivement. C'est un livre très plaisant, attachant par la touche et par le ton.
Cyril Meunier se voit remettre son dossier de retraite dûment enregistré et affublé d'un gentil et engageant conseil : « profitez bien de votre retraite », oui, mais. Cyril vient de perdre sa compagne alors comment profiter d'un ‘tout' tout seul. Comment actualiser tous ces projets, ces rêves éveillés qu'on n'a pas manqué de faire à deux, avant, dans un temps donné. Retourner en Ombrie dans le souvenir d'elle, impossible.
Evidemment, c'est triste. On traite le sujet avec drôlerie, et comment faire autrement. On le sait bien que c'est insupportable. Enfin, on le sait… mais on n'y pense pas. On le sait, quand c'est près, quand c'est là, quand c'est soi. On supporte l'insupportable, puis on s'habitue et on rit à nouveau. Il est drôle cet auteur, drôle et naturel donc ‘emportant'. Puis, la dérision, pour vaincre la solitude. On la combat autant qu'on s'y refugie. On se prend des coups, des râteaux, on n'est plus habitué à la nouveauté, à l'inconnu, à l‘inconnue'. On se conduit mal, on éconduit, on le fait exprès, on devient méchant. Paris, Clichy, et puis le vieux train Corail vers la Charité, Nevers, la Loire et ses bancs, ses remous où l'on s'apaise puis on remonte à Paris. Chu en bas de l'échelle, de deux choses l'une, soit on y reste soit on remonte un à un les barreaux. Faire une, des nouvelles rencontres, c'est rebutant ou ragoûtant. On traverse des états, d'âmes, des épopées ; un conte, une fable, la vie. On atteint le dernier palier via la girafe en situation élevée, ou pas.
La qualité du récit c'est le fond, de profond à léger, le style, c'est l'humour et le tout, c'est quand ça touche. Refuge ou énigme sous un parapluie blanc.