Pactum salis

Le troisième livre d'Olivier Bourdeaut que je lis, et donc sa bibliographie complète pour le moment, je confirme le talent de cet auteur.
Style fluide et sans fioritures, dialogues bourrés de réparties bien tournées. L'écrivain sait manier les mots et les formules, c'est indéniable.
On ne s'ennuie pas avec nos deux héros, plutôt anti-héros, Jean et Michel.
Je n'ai pas autant aimé que En attendant Bojangles, mais difficile d'égaler l'inspiration de ce premier roman qui m'avait particulièrement bouleversée.
Espérons que M. Bourdeaut va allonger sa liste de romans vraiment très agréables à lire et emplis de justesse sur les sujets existentiels.

Je ne pouvais pas avoir lu et aimé deux livres d'Olivier Bourdeaut sans lire le troisième. Encore une fois si diffèrent et pourtant si semblable aux deux autres.
J'ai encore une fois été emportée par son roman. Cette fois ci, un peu plus tardivement, la description des personnages étant nécessaire.
Nous nous retrouvons encore une fois, face à une histoire de vies écorchées et pourtant moins folle encore que les deux premières que j'ai lu. L'humour est encore là mais cette fois ci s'ajoute un suspense appréciable et étonnant.

Une écriture prodigieuse. Ce roman est extrêmement bien écrit et l'utilisation d'un vocabulaire très spécifique et soutenu renforce le plaisir de la lecture. J'ai fait de nombreuses pauses pour chercher le sens exact d'un mot ou son étymologie.
La fin m'a laissé un peu dubitative. J'ai adoré les 3/4 du roman mais les dernières pages ne me semblaient plus aussi exquises et poétiques.

C'est parce que je n'avais pas été plus emballée que ça par "En attendant Bojangles", contrairement à beaucoup de lecteurs, que je tente et laisse une nouvelle chance à Olivier Bourdeaut. Il n'a que trois romans à son actif, le choix est assez restreint. J'ai donc choisi son second, intitulé "Pactum salis", qui est globalement une agréable surprise.

Nous suivons en parallèle deux personnages. le premier, Jean, paludier depuis peu sur la presqu'île de Guérande, ancien parisien qui s'est débarrassé de sa télévision et de son ordinateur, plutôt bourru et solitaire, qui aspire à une vie simple, sans personne, sans technologie. Et le second, Michel, agent immobilier ambitieux, nouvellement parisien, matérialiste, fier comme un coq, qui n'hésite pas à exhiber ses possessions, comme sa "Purshe". Quand le destin fait se rencontrer ces deux hommes que tout oppose, cela donne quelque chose de très atypique, de fulgurant dans leurs rapports.

En revenant sur le passé de l'un et de l'autre, sur le chemin qu'ils ont parcouru pour en arriver là où ils en sont aujourd'hui, l'auteur nous aide à mieux les cerner tous les deux. Si je n'ai pas du tout accroché avec Michel (trop imbu de sa personne et alcoolique), j'ai en revanche éprouvé beaucoup de sympathie pour Jean, chez qui je me suis identifiée en de nombreux points. La relation qu'ils entretiennent durant cette petite semaine est étrange, improbable, caustique, épicée, alors que guidée la plupart du temps par la jalousie et la condescendance.

L'auteur n'hésite pas à employer un ton subtilement sarcastique quand il dépeint ses deux personnages, dans leurs échanges également. Il les met dans des situations quelquefois incommodantes, sacrément cocasses du point de vue du lecteur. C'est désopilant, j'avoue que je ne m'attendais pas à en rire autant. D'autant que l'auteur use d'un style d'écriture très élaboré, parfois analogique ou métaphorique, dans lequel il joue avec les mots avec aisance. Cet aspect, à la fois badin et appliqué, m'a particulièrement plu.

Quant aux contexte et lieu dans lesquels se déroule l'action, à savoir principalement dans les marais salants, je les aurais voulu un plus développés afin qu'ils créent une atmosphère un peu plus présente. Ils sont très bien décrits, on peut facilement se les représenter, mais je n'ai malheureusement ressenti aucune ambiance particulière s'y référant.

J'aurais aimé également des personnages un peu moins portés sur l'alcool, moins obnubilés par leur prochaine cuite. Mais là, c'est très personnel, le thème de l'alcoolisme étant souvent rédhibitoire dans le choix de mes lectures.

Dans l'ensemble, et malgré une fin qui me laisse perplexe (je ne suis pas sûre d'avoir tout bien interprété), j'ai passé un très bon moment, dans lequel j'ai souvent souri et ri. Je n'en attendais pas grand-chose avant d'en commencer la lecture, j'en ressors agréablement surprise.

Je reviens vers Olivier Bourdeaut, pas tant pour le très connu En attendant Bojangles (que j'ai aimé) que Florida (beaucoup aimé), un roman qui me semble moins consensuel. Ce que je cherchais en lisant Pactum salis.

Point de vue du rythme, Pactum salis prend un peu plus son temps, pose ses personnages, notamment les 2 protagonistes et la base du roman d'Olivier Bourdeaut est cette relation, l'évolution de cette amitié improbable.

Ce roman nous tient aussi par un léger suspens car un cadavre est découvert dans les salines (on le sait depuis le début). On se demande lequel des deux. Cela ne prend pas trop de place dans l'histoire mais permet d'ajouter un fil continu. Je n'en dirait pas plus.

Pactum salis est bien divertissant mais ne restera pas un grand souvenir non plus. Olivier Bourdeaut met en avant la vie simple, terrienne à l'opposée de celle plus capitaliste et spéculative. Et c'est aussi les marais salants qui sont mis à l'honneur, vestiges de métiers d'antan, dénigrés, sous-estimés mais tout aussi nobles sous la plume d'Olivier Bourdeaut. La dualité, quoi qu'un peu facile, apporte un peu plus de profondeur au roman.

Vous voila prévenu ! Je sais bien que Pactum salis sera un roman lu à la marge et j'espère que grâce à ma chronique, il y aura un peu plus de lumière ou du moins, qu'En attendant Bojangles ne masquera pas ses autres romans.
Lien : http://livrepoche.fr/pactum-..

Un plaisir de lire une si belle écriture
Un plaisir de se trouver emmener dans ce beau paysage au coeur du sel
Un plaisir d'être témoin des contradictions d'une relation entre deux hommes solitaires au caractère bien trempés
Seul bémol la fin….ou fallait-il en arriver là ?

Roman très particulier mais très intéressant de par son style complètement loufoque.
On y retrouve bien le style de l'auteur dans un environnement complétement différent de son titre "en attendant bojangles".
Découverte du monde des paludiers.
Livre à la fois drôle et émouvant.

Sympathique roman, un bon divertissement qui mine de rien, aborde la question de la réussite sociale, argent ou autre chose. C'est un hommage aux métiers manuels, en particulier celui de paludier, (son âpreté, ses satisfactions, le gain aléatoire), et puis cette rencontre des plus loufoques. Mais, au fait, qui est mort dans le marais salant?

On retrouve la belle plume d'Olivier Bourdeaut mais on y perd le charme et les émotions de Bojangles tout simplement parce qu'il n'y a plus la surprise de la première rencontre avec un auteur qui séduit. Petite nostalgie donc mais une lecture agréable tout de même car le tout est bien ficelé et l'écrivain n'a rien perdu de son panache poétique.

J'ai reçu ce livre après un séjour que j'avais dû écourter du côté des marais salants de Guérande. C'était pour compenser la tristesse d'un moment manqué. Je l'ai commencé une première fois, abandonné vers la page 170...n'ayant pas accroché à cette histoire d'amitié tellement particulière. Je regrettais cet abandon, peut-être à cause de la beauté de la couverture. Autre temps. Je l'ai repris et suis tombée sous le charme. de l'histoire improbable, mais surtout du style tellement particulier de l'auteur. Il utilise de beaux mots choisis avec soin qu'il semble manier avec délectation. Il écrit avec beaucoup d'ironie; j'aurais vraiment voulu assister aux conversations de ces deux personnages principaux. La lecture de ce livre fût une gourmandise de la langue française.